Les portugais ne sont pas tous maçons. Stop aux clichés ! Il y a aussi des plâtriers, des couvreurs, des carreleurs, des peintres, des tailleurs de pierre…
Je reviens de Bacalhau city avant l'invasion de tous les scouts et Côme de France pour les JMJ et je suis effaré du nombre de maisons en perpétuels travaux. Moi, les vacances, c'est les pieds dans le sable. Eux, c'est les mains dans le ciment. En fait, incapable de planter un clou droit, c'est vraiment la jalousie qui parle face à ce peuple de bâtisseurs… et d'entraîneurs de foot aussi.
Cette digression inaugurale n'est pas sans lien avec le roman de
Patrice Jean. Gilles, professeur de son état, donne un coup de main et de truelle à un ami pour des travaux dans son appartement parisien. En bleu de travail, une charmante galeriste le prend pour un maçon. Amusé et séduit, Gilles décide d'entretenir le malentendu et il endosse le rôle manuel dans l'espoir de plaire à la jeune femme qui semble plus excitée par la force brute et les mains cornées que par les intellectuels au cerveau en pierre ponce.
La belle Armande va trainer Gilles dans des vernissages nombrilistes de bobos qui se prennent très au sérieux, l'inviter à des performances artistiques improbables qui voisinent le ridicule, le rendre complice d'actions de résistances culturelles pathétiques digne des Césars. Gilles joue le jeu pour mettre la jeune femme dans son lit. C'est le sens masculin du sacrifice.
Comme il n'est pas à un mensonge près, il va s'inventer une épouse en ressortant une vielle photo prise lors d'un voyage au Portugal et sur laquelle il pose avec une belle inconnue. le faux-maçon va repartir à
Lisbonne pour la retrouver ainsi que pour rencontrer un écrivain, Lorenzo de Lenclos, auteur du cultissime « Traité de l'honnête homme au XXI -ème siècle.
Pour mon voyage, j'avais choisi d'embarquer ce roman car j'étais en rade de
Saramago, que
le Livre de l'intranquillité de
Pessoa pour suicidaires amateurs de falaises prend trop de place dans une valise envahie par les paires de chaussure de sa moitié et que les romans de Eça de Queiroz sont des romans de cheminée et pas de plage.
Excuses bidon car la vraie raison, c'est que j'apprécie la vision de monde sarcastique de
Patrice Jean, son aversion pour une culture des artifices et son style classique de dresseur de subjonctifs.
Néanmoins, ce petit roman n'est pas son meilleur. L'histoire est un peu trop décousue, les personnages peu attachants et j'ai trouvé que l'idée savoureuse de départ de jouer sur l'imposture des étiquettes sociales aurait mérité d'être élargie au-delà du microcosme culturel chic.
Il reste des passages assez drôles et des formules bien senties, plats signatures de l'auteur qui boîte à droite.
On dirait pas mais j'adore le Portugal, aimant à retraités défiscalisés. J'aime surtout trop les Pastéis de Nata et le vinho verde...