Le producteur et réalisateur de cinéma, Harvey Weinstein, surnommé entre autres "le loup blanc" et "le Gros Porc" n'est pas exactement le personnage qui vient spontanément à l'esprit, lorsqu'en cette période de l'année ĺ'on pense aux hommes de bonne volonté.
Depuis octobre 2017, #MeToo, ce hashtag "moi aussi" est grâce à lui devenu, hélas, une véritable "épidémie" et il ne se passe pratiquement pas un jour sans qu'il y ait un nouveau cas de harcèlement sexuel dans la presse. Comment est-ce possible qu'en tant que grande figure du 7ème art on puisse en arriver là ? Que l'on puisse manquer de respect envers les femmes de façon si systématique pendant si longtemps ? C'est cette incompréhension qui m'a incité à me procurer et lire cet ouvrage. Par ailleurs, sans aucun enthousiasme !
Et dire que, comme la grosse majorité d'entre vous, j'appartiens encore à la génération d'hommes à l'esprit chevaleresque où une jeune fille et dame sont considérées comme des forteresses qu'il convient d'essayer de "conquérir" avec tact, compliments, amabilités et humour (sans oublier les fleurs) ! Pourtant cet énergumène n'a que 5 ans et demi de moins que moi (né en mars 1952 dans le Queens à New York).
Le récit de "l'ogre sexuel" nous est conté par son chauffeur de limousine attitré, principalement lors de 6 festivals de cinéma à Cannes, de 2008 à 2014,
Mickaël Chemloul. Contrairement à son chef, l'auteur est un homme qui aime sa femme et qui lui est strictement fidèle. Sa Myriam, d'origine algérienne-kabyle comme lui, a été tout au long de cette période son soutien moral et unique point de référence.
Il serait un peu farfelu à cet anthropophage épouvantable d'invoquer comme excuse à ses incalculables infidélités que sa légitime épouse (la seconde) soit bête et moche. Georgina Chapman (née en 1976 à Londres) est une réelle beauté classique qui a beaucoup de classe, qui a fondé avec une amie la maison de mode haut de gamme Marchesa - qui habille des célébrités telles Naomi Watts et Jennifer Lopez - est ambassadrice et styliste de l'Oréal et ex-actrice, notamment de "Match Point" de
Woody Allen (2005).
Avec Harvey, qu'elle a épousé en 2007, elle a eu 2 enfants, India Pearl en 2010 et Dashiell en 2013. Dix ans plus tard, après tous ces scandales, elle l'a quitté, en disant comme sa compatriote, Petula Clark (mais sans le chanter, of course) : "J'a
i le coeur brisé ". La pauvre a aussi exprimé sa sympathie avec les plus de 80 victimes connues d'harassement sexuel (dernière statistique disponible, d'octobre 2018) par son illustre mari, telles
Gwyneth Paltrow, Uma Thurman,
Angelina Jolie, Rosanna Arquette, Ashley Judd etc.
Pauvre, pas dans le sens monétaire, bien entendu, car selon la presse britannique, elle risque de toucher 20 millions de dollars (ou 400.000 par an) dans le cadre de la procédure du divorce.
Conduire ce nabab "tyrannique, pervers, odieux, abject, répugnant, immonde, dégueulasse, infâme" (page 65), du Palais du cinéma aux hôtels Majestic et Cap-Eden-Roc, et la nuit aux boîtes de nuit comme le Bâoli ou à des partouzes, n'est évidemment pas un job de tout repos.
Il est vrai que Harvey Weinstein a une capacité de travail remarquable. Dès l'aube visionner des films, courir d'un rendez-vous pour affaires à une rencontre avec ses financiers préférés : des riches yankees, des princes arabes et/ou des oligarques russes et dans la Mercedes-Benz Maybach S500, entretemps, passer constamment des coups de fil sur son mobile et IPad avec ses collaborateurs à Hollywood, pendant que la limousine file à une allure infernale. À ce propos ses instructions à Mickaël ont été claires et formelles : aller le plus vite possible, sans trop s'occuper des feux rouges par exemple, car il souffre d'agoraphobie et les embouteillages le rendent malade. Et des amendes....ça se paie.
Je dois dire que Chemloul ne cache pas son admiration pour le génie cinématographique de Weinstein, pour sa "capacité à transformer les obstacles en tremplins, les contraintes en leviers" (page 111), la vitesse avec laquelle il assimile des scénarios etc. Et cela en dépit des grosses bouffes et d'un anneau gastrique ! Sans parler de ses constantes aventures "romantiques" avec de toujours nouvelles starlettes !
La filmographie d'Harvey Weinstein est tout simplement incroyable. "L'homme aux 60 statuettes" (un surnom un peu plus sympa) a raflé pratiquement tous les prix, comme producteur et producteur délégué avec des succès comme "
Shakespeare in Love", "Pulp Fiction", "Le Patient anglais", "Le Seigneur des anneaux", "Inglorious Basterds"... et comme distributeur de "Cinema Paradiso", "La vie est belle" en Italie et en France de "La Reine Margot", "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" etc... etc...
Je ne compte pas recommander ce livre, malgré l'honnête témoignage de
Mickaël Chemloul et la bonne assistance dont il a bénéficié de l'écrivain et "script-doctor"
Vincent Colonna, auteur entre autres de "
Alger, ville blanche sur fond noir", car les frasques du "Gros Porc" m'ont copieusement irrité tout au long de ces 278 pages.
Je veux tout de même terminer sur une note un peu plus positive en reprenant la citation, en début d'ouvrage, d'
Aldous Huxley : " L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à un homme, c'est ce qu'un homme fait avec ce qui lui arrive. "