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Frédéric Cotton (Traducteur)Michael Albert (Préfacier, etc.)
EAN : 9782910846084
165 pages
Agone (22/10/1998)
4.31/5   13 notes
Résumé :
À quoi bon dénoncer les crimes dont sont coupables les régimes totalitaires, si l’on est incapable d’investir la même énergie militante et la même rigueur intellectuelle à révéler ceux commis par les démocraties si habiles à draper dans la défense des droits de l'homme leurs interventions les moins honorables ?
Telle est la question qui ouvre cette série de textes de Noam Chomsky. Analysant le sort médiatique réservé aux conflits imperialistes contemporains, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Responsabilité des intellectuels est un recueil de conférences données par le linguiste, sociologue et philosophe américain Noam Chomsky entre les années 1995 et 1996. Traduit en français par l'expérimenté Frédéric Cotton et édité par les éditions Agone, l'ouvrage est pertinemment préfacé par l'économiste libertaire Michael Albert qui présente l'auteur et le contexte de ces conférences, puis y développe sa métaphore du « train de la mort violente » pour invoquer les millions de vies détruites et volées par l'application méthodique et mondiale de « l'American Spirit » que Noam Chomsky mettra en exergue plus tard dans l'ouvrage.
Ce recueil suit une construction rhétorique très anglosaxonne. En effet la première partie, extraite d'une conférence donnée en Australie en 1995 intitulée Powers and Prospects, Reflections on Human Nature and the Social Order, s'ouvre sur une prise de position très claire de la part de Chomsky sur le rôle et la responsabilité d'un intellectuel dans un pays développé comme les Etats-Unis. Ensuite seulement, plusieurs arguments très détaillés, concernant notamment les différences de traitements médiatiques dans les atrocités commises par chacun des camps dans les guerres en Indonésie ou au Timor Oriental, viennent étailler le raisonnement initial de Chosmky.
Cette démonstration par l'exemple, basée sur une conférence donnée à la Duke University en 1996, ouvre la voie à un élargissement du scope et c'est une critique plus globale qui vient conclure l'argumentation de Noam Chomsky. Critique du détournement de l'argument démocratique en vue de la création de marchés pour un nouvel ordre mondial au profit seul des grandes puissances.
En guise de conclusion, fidèle à l'enthousiasme qui semble se confondre en tout libertaire, c'est un véritable appel à l'espoir et à l'humanité que nous offre Chomsky dont je vous livre ici quelques lignes : « L'autre voie est faite de luttes, souvent de défaites, mais aussi de gratifications que ne peuvent imaginer ce qui succombent au « nouvel esprit du temps : s'enrichir et ne penser qu'à soi » ».
Un ouvrage donc très instructif mais qui plaira surtout au lecteur déjà convaincu par les idées libertaires, l'apport théorique étant assez faible comparé à la valeur et la somme des arguments déployés.
Le contenu argumentatif, et les exemples de l'Indonésie, du Cambodge ou du Timor Oriental, pourront sembler assez dépassés alors que le XXIe siècle est maintenant déjà bien entamé et que malheureusement, de très nombreux exemples beaucoup plus contemporains pourraient maintenant être utilisés en vue d'appuyer la prise de position de Noam Chomsky sur le rôle des intellectuels et les responsabilités du marché mondial capitaliste.
Un livre qui reste important dans l'histoire de la construction d'un mouvement mondial libertaire mais qui peut aujourd'hui sembler assez anachronique, bien que les sujets abordés et la réflexion fondamentale résonnent, encore une fois, de manières malheureusement très actuelles.
Il faut toutefois souligner l'intelligence dans le recoupement et l'organisation de ces extraits choisis, qui rendent le propos de Chomsky bien plus clair que ce qu'il n'a pu être lors des conférences initiales. de plus, la nécessaire et induite oralité qui se dégage de ce livre permet de rendre l'argumentation accessible à n'importe quel lecteur, qui ne se perd pas dans de longues phrases à rallonge qui parsèment généralement les essais sociopolitiques, ainsi que les critiques Babelio.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le livre est riche en informations, comme d'ailleurs toutes les autres oeuvres de Chomsky. Néanmoins, là, le titre est un peu trompeur. L'auteur ne donne pas une vision axée sur les responsabilités de l'intellectuel, ni il les détermine et non plus il les énumère, et ce contrairement à ce que le titre le laisse entendre au premier abord, mais plutôt on trouve qu'il nous livre une analyse historique et économique sur des faits concrets se rapportant essentiellement à la politique étrangère des Etats-Unis, notamment la guerre du Vietnam, la crise indonisio-timoraise et le conflit afghano-soviétique.

Au cours de ces analyses, Chomsky essaie de nous démontrer la complicité de certains milieux scientifiques avec le pouvoir, soit en justifiant certains de ses crimes, soit en dévalorisant voire ignorant certains d'autres.

Cette attitude - de complicité - est condamnée par l'auteur qui voit en elle une sorte de trahison de la véritable mission de l'intellectuel. Une mission qui doit obéir à certaines valeurs morales et éthiques, ainsi et surtout à certaines obligations, dont on y trouve essentiellement l'obligation de dire la vérité et de dénoncer les mensonges.

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Si la responsabilité des intellectuelles est de dire la vérité, il semble que l'énergie déployée varie selon les sujets. Noam Chomsky compare le traitement des atrocités commises par les Khmers rouges avec celui de celles commises au Timor-Oriental par l'armée indonésienne pour mettre en évidence un processus idéologique au service des seuls intérêts économiques des pays riches, États-Unis en tête.
(...)
Cette description historique de la doctrine économique basée sur la supercherie du droit naturel est rigoureuse, précise et profondément instructive. Un ouvrage assurément à conseiller.

Article (très) complet en suivant le lien.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le niveau intellectuel du discours actuellement dominant ne mérite que mépris, et son habillage moral est parfaitement grotesque. Il faut pourtant s’efforcer de porter un jugement sur les projets réactionnaires qui sous-tendent ce discours. C’est ce que nous devons faire aujourd’hui en tenant compte des fins et des moyens. On peut, comme par le passé, choisir d’être démocrate au sens où l’entendait Jefferson, ou bien se conduire comme un aristocrate.
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L’expression « défense nationale » est une mauvaise plaisanterie qui devrait friser le ridicule chez les gens qui ont encore un peu de respect pour eux-mêmes. Les États-Unis n’ont à affronter aucune menace mais dépensent beaucoup en matière de « défense » (autant que tout le reste du monde). Les dépenses militaires, cependant, ne sont pas une plaisanterie. À part assurer une forme particulière de « stabilité » dans la gestion des « intérêts permanents » de notre pays, le Pentagone est utile pour pourvoir aux besoins de Gingrich et de ses riches électeurs, afin qu’ils puissent continuer de fulminer contre l’État-providence, qui déverse les fonds publics dans leurs poches.
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Les hommes noirs sont considérés comme une population criminelle, conclut le criminologiste William Chambliss d’après de nombreuses études, incluant une observation directe effectuée par des étudiants et par les services de la faculté dans le cadre d’un projet commun avec la police de Washington. Mais ce n’est pas tout à fait exact : les criminels sont censés avoir des droits constitutionnels ; or, comme le montrent cette étude et bien d’autres, ce n’est pas le cas des communautés visées, qui sont traitées comme une population sous occupation militaire.
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Les intellectuels qui se préoccupent du social ne peuvent pas se contenter de décrire l’horrible réalité. Cette insistance sur les horreurs du système et les crimes du pouvoir ne peut que nourrir le cynisme ou le fatalisme ambiants. En tant que groupe social, en tant que totalité, les intellectuels doivent à présent passer de la description de ce qui ne marche pas – du pourquoi et du comment cela ne marche pas – à une réflexion sur la « société dans laquelle nous souhaiterions vivre » et sur les moyens de la réaliser.
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Les classes ne sont pas seulement une manière de différencier les rapports à la propriété, les unes possédant les capitaux et les autres ne possédant que leur force de travail. En fait, entre le capital et le travail, se trouvent ce que j’appelle les coordinateurs ; des gens à qui leur position dans le système économique confère un relatif monopole sur l’information et un certain contrôle sur leur propre rôle économique ainsi que, bien souvent, sur celui des autres.
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