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EAN : 9782070314669
192 pages
Gallimard (01/07/2004)
3.52/5   93 notes
Résumé :
Le rêve en sa mémoire perdait de sa fraîcheur, mais non de sa force, et si la violence du songe demeurait, ainsi que les multiples détails de la scène comme par exemple les gestes des deux hommes, le bras nu de la femme au carrosse poussiéreux, la jeune femme ne parvenait plus que très rarement, et à chaque fois avec une peine accrue et une intensité moindre, à éprouver la trouble émotion née de son rêve, ce vertige qui nouait et dénouait ses entrailles quand les ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce recueil, dont le titre est emprunté à Blaise Pascal, vous trouverez :
Des morts inexpliquées, Un brigand qui fait le récit de sa vie et de ses méfaits, La rencontre d'un voleur avec la mort, Un peuple qui tue des poètes, Une femme qui cherche à retrouver l'émotion folle ressentie dans un rêve, Un vagabond qui nourrit le doux souvenir de son étreinte avec une servante rousse, Un marchand qui part chercher Rimbaud jusqu'à se perdre lui-même, Des auteurs malmenés, Un mot dont le sens échappe à celui qui le cherche, Des condamnés qui se réjouissent de bâtir leur geôle, Un homme mort dans la solitude, Une femme qui fonde une nouvelle génération d'hommes.

Chaque nouvelle a des airs de légendes, de contes millénaires, voire de paraboles. Impossible de ne pas penser à Michel Tournier ou à Jorge Luis Borges. Impossible de ne pas savourer chaque mot qui coule de la plume de Philippe Claudel. J'aime ses romans qui lui permettent de déployer le caractère de ses personnages pour mieux fustiger la nature humaine, mais j'apprécie tout autant ses nouvelles dont la fulgurance éclairée compense la brièveté. Il faut si peu de mots à cet auteur pour peindre une scène aussi vibrante qu'un tableau ! « Adossé contre un mur toujours chaud, j'écris de petits romans, très courts, acérés comme des poignards, et que je vends contre un repas, une bouteille de vin, un lit malpropre pour une nuit. » (p. 111)
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La Feuille Volante n° 1185
Les petites mécaniques – Philippe Claudel- Mercure de France.

Un recueil de nouvelles est toujours un univers délicat. Ici tous les textes qui le composent sont liés à la mort et l'auteur nous transporte par les mots dans un Moyen-Age obscur où la camarde rôdait dans les villes et les campagnes parce que les guerres étaient fréquentes, l'insécurité quotidienne, la paix publique un voeu pieux et la santé un don de Dieu ou dans un espace indistinct où le temps se confond avec le rêve ou avec le cauchemar.

De nos jours, si les choses ont un peu changé (encore que) nous sommes toujours les usufruitiers de notre propre vie et elle peut-être interrompue à tout moment, surtout quand nous y attendons le moins. En occident, allez savoir pourquoi, on nous entretient dans cette ignorance de la mort ou à tout le moins dans l'oubli de sa réalité, comme si nous étions perpétuellement attachés à cette terre. Est-ce parce que la religion chrétienne nous assure de la réalité, mais dans un autre monde seulement, d'une vie qu'elle nous dit, avec cependant un évident abus de vocabulaire, éternelle, je ne sais pas, mais ce que je sais c'est que, dans d'autres cultures pourtant contemporaines on regarde davantage la mort comme une réalité et on célèbre les morts lors de manifestions festives quand notre Toussaint n'est que l'occasion de faire refleurir les cimetières même si les morts sont oubliés le reste de l'année.. Elle fait tout simplement partie de la vie dont elle est la fin naturelle parce que nous ne sommes sur cette terre que de passage. Ce n'est pas faute de lui avoir donné les traits effrayants d'un squelette armé d'une faux et habillé d'un suaire alors que dans l'Antiquité c'était trois femmes qui étaient chargées de filer puis de trancher le fil de la destiné.

Dans l'interruption de la vie, la mort a différents visages, l'accident, l'attentat, le meurtre la maladie… ceux qui choisissent le suicide n'ont pas la patience d'attendre le terme et nous invitent à nous interroger sur la liberté ou sur le destin. Nous sommes, à titre temporaire, titulaires d'un contrat à durée indéterminée que nous n'avons ni voulu ni signé, qui de plus en plus fait de nous des emphytéotes et nous devons à d'autres d'être ici. Ils nous chargent souvent d'assumer nous- mêmes le choix qu'ils ont fait pour nous, quand ils ne nous mettent pas eux-mêmes des bâtons dans les roues. Au cours de cette vie nous avons l'occasion de vérifier la fragilité des choses humaines, la jeunesse, la beauté que chassent l'oubli et le silence envahissant qui se marient si bien avec la vieillesse et la douleur. Les écrivains attentifs matérialisent par l'écriture tous ces parcours réels ou imaginaires, héroïques ou banals, ils manient les mots et transforment en chefs-d'oeuvre ou en bluettes ces « bien petites mécaniques égarées dans l'infini » que sont nos vies. Avant la mort, il y a la vie, ce long combat mené le plus souvent pour rien parce qu'il est aussitôt oublié par ceux qui restent, avec, pour chacun d'entre nous une sorte d'étoile.à laquelle nous croyons et que nous voulons atteindre. Au bout du compte, c'est souvent un échec, un vrai combat dont nous sommes les victimes pourtant pleines de bonne foi et de bonne volonté. Ainsi, après un tel parcours marqué par des souvenirs, des échecs, des regrets et des remords, des espoirs déçus et des projets avortés, la mort devient-elle une délivrance salutaire d'une existence qui s'arrête enfin.

J'ai eu plaisir, une nouvelle fois, de retrouver le style poétique de Philippe Claudel, toujours aussi émouvant et plein de sensibilité, malgré le thème proposé..

© Hervé GAUTIER – Novembre 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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La nouvelle est loin d'être un genre mineur. Claudel en fait la preuve dans ce recueil, Les Petites mécaniques.
Des personnages du commun basculent dans l'inévitable gouffre du destin, saisis à l'instant de déséquilibre et de chute. L'écrivain voit dans ce moment l'occasion de travailler dans un registre à la limite du fantastique.
Je l'ai lu avec un bonheur gourmand. Je savoure de plus en plus son style (il me fait un peu penser dans certaines nouvelles comme Les Confidents à Barbey d'Aurevilly qui aimait ausculter les âmes dans ce qu'elles ont de noirceur...); je déguste sa poésie (il aime rappeler, comme Baudelaire : "Sois toujours poète, même en prose"), comblée par ses références artistiques qui servent d'appui à la narration (poètes, peintres, écrivains...). de petits textes pour de la grande littérature!
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Toujours un grand plaisir à lire Philippe Claudel. J'ai toujours été sensibilisé par le choix de ses adjectifs dans ses phrases, comme un peintre qui avec de belles touches de couleurs rend son tableau encore plus beau. 13 nouvelles dans ce livre, on voyage dans le temps, comme dans les lieux pour rencontrer Arthur Rimbaud quelque part en Arabie, la Mort sous un arbre. Des leçons de vie, des morales parfois, un grand plaisir, un beau voyage dans la vie comme réglée à l'avance mais qui peut s'arrêter , peut-etre est-ce une défectuausité dans la mécanique ?
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Dans ce recueil, composé de treize nouvelles, l'auteur mentionne son attrait tout particulier pour la fragilité « de nos vies » qu'il compare à de « petites mécaniques » vulnérables au moindre écart.

Philippe Claudel explore à travers ses textes ( il n'y a pas d'unité entre les nouvelles; elles sont, au contraire, extrêmement diversifiées ) la tournure que peut prendre certaines vies ( vagabond, paysan, voleur, aristocrate, petit commerçant… etc.) bien réglées.
L'abandon, le doute, le folie, et même la mort sont là de petits grains de sable qui peuvent bloquer les rouages d'une vie bien assise...

Son écriture est concise et sa plume est très sensible : les nouvelles portent des teintes sombres mais tellement poétiques !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'homme prit Tania par le bras, l'amena vers la table d'auscultation et lui fit signe de s'allonger dessus. Une fois la jeune femme couchée, il saisit ses orteils et plaça ses pieds nus dans les étriers de métal qui se dressaient de part et d'autre de la table. Les yeux de Tania se perdirent dans l'obscurité de plafond. Après quelques minutes, il se leva et vint vers elle, l'inspecta comme si elle était un morceau de viande. Il regarda ses dents, les compta, les fit sonner avec un petit marteau. Il palpa les muscles de ses bras, ceux de ses cuisses et de ses mollets. Tania se laissa palper, toucher, trianguler.
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Le troisième matin, il quitta l'asile pour aller au gré des rues, léger. L'éternelle chaleur de Tunis trempait les murs de torchis de coulées de lumière. des enfants couraient pieds nus en criant après de maigres chèvres. La ville sentait l'orange, la poussière, les feuilles de menthe, la coriandre, la sueur, le poivre et le goudron, le jasmin, le musc, et la merde de chien.
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Nous sommes les prisonniers d'une architecture singulière qui paraît tellement démesurée et sans fondement que nous nous demandons parfois si elle ne se dresse pas simplement dans nos faibles cerveaux.
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« Adossé contre un mur toujours chaud, j’écris de petits romans, très courts, acérés comme des poignards, et que je vends contre un repas, une bouteille de vin, un lit malpropre pour une nuit. » (p. 111)
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Nous sommes de bien petites mécaniques égarées par les infinis
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Connaissez-vous ce grand roman sur l'indicible mais aussi sur l'autre, sur l'étranger, que l'on doit à un écrivain contemporain et qui reçut le prix Goncourt des Lycéens ?
« le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel, c'est à lire au Livre de poche.
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Philippe Claudel est professeur. Auprès de quel public particulier a-t-il enseigné ?

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