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Sophie Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782020476928
223 pages
Seuil (04/10/2002)
3.88/5   39 notes
Résumé :
En 1986, au Cap, Elizabeth Curren se meurt d'un cancer, et elle est brutalement confrontée à l'explosion de rage que le système de l'Apartheid a engendrée. Dans une longue lettre à sa fille exilée en Amérique, Elizabeth relate les événements qui ponctuent ses derniers jours. Témoin de l'émeute et de la répression dans un township voisin, elle découvre le corps criblé de balles du fils de sa domestique noire, et assiste à l'exécution par la police d'un autre adolesce... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le talent et l'engagement de Coetzee, d'abord, vaut au lecteur un moment de bouleversement intense. L'Afrique du Sud quelques années avant la fin de l'apartheid, c'est dur et violent, çà vous déchire et prend à la gorge. D'autres auteurs ont écrit sur des sujets comparable, à commencer par André Brink, "Une saison blanche et sêche". Ils ont leur part dans la fin de l'apartheid, en termes de sensibilisation et prise de conscience.
Au-delà du contexte avec tout ce qu'il contient, c'est ce personnage de vieille femme perdue et éperdue qui est terriblement attachant. Elle sait sa fin proche et n'attend plus grand chose de la vie. Or elle va être bouleversée de fond en comble d'abord par l'irruption d'un SDF dont la seule présence va à l'encontre de tout ce qui a fait sa vie, puis par des évènements qui vont se précipiter et la briser. Coetzee en fait une héroïne totalement hors normes, parce qu'elle est vieille, seule, qu'elle ne croit plus à rien et qu'elle se sait impuissante face à tout ce qui lui échappe, l'assassinat d'un gamin comme son propre sort.
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Très belle lecture sur fond d'apartheid finissant, de violence. Certains événements, la rencontre d'un SDF l'amènent à repenser sa vie alors qu'elle se sait en fin de vie. le livre se veut une longue lettre à sa fille expatriée aux USA.

Plus que l'apartheid en lui même ce qui est bouleversant dans ce livre c'est le cheminement de la vieille femme (elle n'a pas de nom) vers sa propre fin, l'abandon de tous ses principes, de ses certitudes, la remise en question de ce que fut sa vie: son évolution. Autant de sujets universels.
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Roman épistolaire, dur, qui relate sans concession les états d'ame d'une vieille femme blanche en Afrique du sud , confrontée à la maladie, à la solitude, et à la prise de conscience tardive du régime d'apartheid ! Dur mais beau....
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Un livre avec lequel je n'ai pas du tout accroché. Ni pour les personnages, ni pour l'histoire, ni pour le style. A retenter peut-être plus tard...
Lien : http://madimado.com/2011/10/..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Et le jour où ils seront grands, croyez vous que la cruauté va les quitter ? Quelle espèce de parents deviendront-ils, eux à qui on a appris que le temps des parents était fini ? Peut-on recréer des parents une fois que la notion de parent a été détruite en nous ? Ils frappent un homme, à coups de pieds, à coups de poings, parce qu'il boit. Ils font flamber des gens et rient pendant qu'ils meurent brulés. Comment traiteront-ils leurs propres enfants ? De quel amour seront-ils capables ? Leurs coeurs se changent en pierre sous nos yeux et vous, que dites vous ? Vous dites : "Ce n'est pas mon enfant, c'est l'enfant de l'homme blanc, c'est le monstre produit par l'homme blanc". Est-ce tout ce que vous sa vez dire ? Allez vous mettre ce qu'ils sont au compte de l'homme blanc et tourner le dos ?

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Dans un autre monde, je n’aurais pas besoin de mots. J’apparaîtrais au seuil de ta porte. « Je suis venue te voir », dirais-je, et ce serait la fin des mots : je t’étreindrais et je serais étreinte. Mais en ce monde, en ce temps, je dois tendre vers toi des mots. C’est pour cela que jour après jour je me convertis en mots et emballe les mots dans la page comme des douceurs : des douceurs pour ma fille, pour son anniversaire, pour le jour de sa naissance. Des mots venus de mon corps, de fins morceaux de moi-même, qu’elle pourra déballer en son temps, prendre, sucer, absorber.
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Il n’y avait pas tant de ces sans-abri de ton temps. Mais, maintenant, ils font partie de la vie ici. M’effraient-ils ? Dans l’ensemble, non. Un peu de mendicité, un peu de vol ; crasse, tapage, ivrognerie ; rien de pire. Ce sont les bandes de rôdeurs que je redoute, les garçons aux lèvres maussades, rapaces comme des requins, sur qui l’ombre de la prison commence déjà à s’abattre. Des enfants qui méprisent l’enfance, le temps de l’émerveillement, la saison où l’âme croît. Leur âme, organe de l’émerveillement, rabougrie, pétrifiée. Et, de l’autre côté de la grande démarcation, leurs cousins blancs, l’âme également rabougrie, s’entortillent de plus en plus dans leur cocon de somnolence. Cours de natation, cours d’équitation, cours de danse ; cricket sur la pelouse ; vies passées dans des jardins ceints de murs, gardés par des bouledogues ; enfants du paradis, blonds, innocents, brillant d’une lumière angélique, tendres comme des chérubins.
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Et cette longue lettre – je le dis maintenant – est un appel lancé dans la nuit, vers le nord-ouest, pour que tu me reviennes. Viens enfouir ta tête au creux de mes cuisses comme le font les enfants, comme tu le faisais, ton nez cherchant comme le museau d’une taupe l’endroit d’où tu es venue. Viens, dit cette lettre : ne te coupe pas de moi. Ma troisième parole.
Si tu reconnaissais que tu es venue de moi, je n’aurais pas à dire que je sors du ventre d’une baleine.
Je ne peux pas vivre sans enfant, je ne peux pas mourir sans enfant.
Ce que je porte, en ton absence, s’appelle douleur. Je produis de la douleur. Tu es ma douleur.
Est-ce une accusation ? Oui. J’accuse. Je t’accuse de m’avoir abandonnée. Je lance cette accusation vers toi, vers le nord-ouest, sur les ailes des vents hurleurs. Je te lance ma douleur.
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Charité : vient d’un mot latin qui veut dire cœur. Il est aussi difficile de recevoir que de donner. Cela demande autant d’efforts. J’aimerais que vous l’appreniez. J’aimerais que vous appreniez quelque chose au lieu de traîner comme ça.
Mensonge : la charité, caritas, n’a rien à voir avec le cœur. Mais qu’est-ce que cela fait si mon sermon s’appuie sur de fausses étymologies ? C’est à peine s’il écoute quand je lui parle. Peut-être, malgré ces yeux acérés d’oiseau, est-il plus embrumé par l’alcool que je ne le pense. Ou peut-être qu’au bout du compte il ne s’en soucie pas. En vérité, c’est le souci qui va avec la charité. J’attends qu’il se soucie, et il n’en fait rien. Parce qu’il est au-delà de tout souci, le sien comme celui des autres.
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