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EAN : 9782330031916
218 pages
Actes Sud (07/05/2014)
3.24/5   44 notes
Résumé :
Quelles métamorphoses subit un être lorsque la dépression le frappe ?
Au cours de l’été 2009, Céline Curiol sombre dans une grave dépression. Tout d’abord incapable de lier deux événements récents et pour elle traumatisants à son inédite fragilité, elle essaie d’échapper seule à une pathologie qu’elle considère comme passagère, voire indigne. Mais la douleur physique s’infiltre en elle et la livre à l’angoisse, anéantissant sa capacité de lire et d’écrire. Ho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le meilleur livre pour moi traitant de la dépression. Pour autant que l'on soit prémuni d'un bon intellect, car ce roman recèle de théories, d'explications, d'extraits philosophiques et littéraires qui mis bout à bout permettent une compréhension fine de la dépression. Qu'a besoin une personne dépressive si ce n'est d'un peu de compréhension... La première partie du roman est une mine d'informations pour comprendre les symptômes, la dernière une incroyable bouffée d'espoir pour s'autoriser à aller mieux... Beaucoup de théories sont ici traitées : le pouvoir de l'imagination, le cerveau magicien, l'intérêt de la répétition, de la simplicité à voir ce qu'on ne veut plus voir étant en dépression, la musique,...
Il ne faut pas s'attendre à lire une auto biographie ou un roman avec une trame. Il est question ici de compréhension de cette maladie qui peut frapper n'importe qui, n'importe quand.
Ce livre m'a apporté beaucoup ! En terme de compréhension mais aussi pour toutes les références cinématographiques ou littéraires ! Lire ce livre m'a permis de me sentir moins seule et d'ouvrir mon intérêt à d'autres ouvrages dont fait référence Celine Curiol. Une vraie pépite !

A lire si vous ressentez le besoin de comprendre la dépression.
A lire si vous désirez entrevoir la guérison.
A lire si vous aimez le beau français.
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Un quinze août à Paris, date et lieu ont longtemps été pour moi le symbole et l'angoisse du vide : lumière trop crue, chaleur accablante, désertification ou abandon. L'automne, c'était la renaissance, pluie, vent, ciel changeant et lumières plus douces.

Le titre de ce récit avait donc attiré mon attention. Mais comment faire l'histoire a posteriori d'un temps figé, d'un brouillard mental, d'une attention et de sensations disparues ? Céline Curiol mêle les souvenirs de ce qu'elle éprouvait à des citations et commentaires de plusieurs auteurs, écrivains, psychanalystes, philosophes sur la dépression. Les divers chapitres thématiques progressent de la difficulté de reconnaître ce qui arrive et donc de nommer la dépression, vers les différents effets ou symptômes, les douleurs morales et physiques, jusqu'aux signes d'un nouvel ancrage dans le temps, l'espace et les relations, par une attention au monde et des sensations qui renaissent.

Pour qui n'a pas connu la dépression, ce peut être un ouvrage permettant d'appréhender sans jugement ce que ressentent (ou ne ressentent plus) les personnes déprimées. Céline Curiol précise que la présence de la famille, des amis et des thérapeutes est importante.

Et le quinze août à Paris, ce peut être aussi le calme d'une ville ralentie au rythme vacancier, et de belles soirées d'été.
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Le billet de cathulu, suivi de la matérialisation du livre sur le présentoir de la bibli, et voilà une lecture qui ne doit surtout pas faire peur!
Récit, est-il précisé, et c'en est un. Je frémis à l'idée de ce que certains auteurs auraient pu écrire, autofiction nous voilà, pathos et compagnie.
Là, non.

Céline Curiol a effectivement souffert d'une dépression, en 2009, après deux pertes sur lesquelles elles ne s'appesantit pas.

"Les souvenirs de mon état d'esprit au cours de l'été 2009 ont été partiellement altérés. J'ai dû résister à la tentation de combler mes oublis, d'apposer des termes inexacts là où le doute persistait, de remplacer la mémoire par l'invention. Ai-je été capable de remonter aux sources de l'histoire sans que mes descriptions ne soient influencées par l'évolution qui a été la mienne? Malgré mon désir de faire preuve d'autant de justesse que possible, le texte qui suit ne peut être qu'un reflet partiel de ce que j'ai vécu. Avec le temps, mon souvenir des phases les plus sévères de la dépression s'est atténué grâce à cette capacité de normalisation, de rationalisation , cet équilibre émotionnel que le processus d'analyse m'a permis de regagner. En guérissant, j'ai oublié.
De la dépression, il est possible de sortir, comme d'un trou, comme d'un piège. Pour apprendre ensuite à demeurer vigilant. Je ne prétendrai pas avoir ici circonscrit le problème de la dépression. Ces pages sont le fruit d'une tentative de retour sur soi, qui m'a aidée et vous aidera peut-être à comprendre. Dans cette perspective s'est inscrite mon ambition : écrire le livre que j'aurais aimé lire lorsque ma vie en dépendait."

En plus d'une analyse fine et honnête des phases de sa dépression, et de la guérison, Céline Curiol offre des réflexions sur les phénomènes liés, neurologiques par exemple. Rien de trop compliqué, et j'ai retrouvé par exemple sans étonnement Siri Hustvedt, dont les essais aiment aborder ces sujets là (elle est d'ailleurs citée dans les remerciements). Notes et bibliographie à la fin sont une vraie mine aussi.

"Non, pardon, mais j'insiste, il me faut le récrire, rendez-vous compte : il m'était devenu impossible de lire."
"Ce fut bien l'évolution de mon rapport au temps qui amorça ma sortie de dépression."
"Les examens des personnes en dépression montrent de fait une modification de leur morphologie cérébrale. En raison de l'appauvrissement en noradrénaline et sérotonine, voire du dysfonctionnement des récepteurs neuronaux, le volume de l'hippocampe, structure cérébrale jouant un rôle important dans le stockage d'informations, se réduit." (je ne peux citer tout ce passage intéressant sur les problèmes de mémoire, ou de mémoire 'sélective')

Pour en finir avec ces citations un peu décousues (vous n'avez qu'à le lire, ce livre!), un appel -entre autres- à l'entourage du dépressif, en tout cas je l'ai vu ainsi:
"Mais je le répète aujourd'hui : de la dépression, personne ne se sort seul. Si la figure du héros solitaire ne manque pas d'attrait, il vient un moment où celui qui l'incarne perd jusqu'à la capacité mentale d'inventer le mythe qui le sauverait. Tôt ou tard, le héros, blessé, au bord de l'abîme, se doit d'être aidé même si sa mise négligée, sa tristesse et sa décadence inspirent avant tout le mépris."

Intelligence, pudeur, lucidité, servis par une écriture fluide pour une lecture indispensable.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Ce petit livre est, contrairement à ce que le titre peut laisser croire, un essai autobiographique et non pas un simple récit de vie. L'auteure explique ce qu'est la dépression, se réfère à de très nombreux auteurs, psychanalystes, chercheurs, psychiatres pour déterminer le sens de la dépression, ses caractéristiques et ses symptômes.
J'ai beaucoup aimé ce livre, qui m'a permis de mieux comprendre cette maladie du corps et de l'âme. Il n'est pas difficile à lire ni à comprendre car l'auteure prend le temps d'expliquer, de décrire et d'analyser ce que ses références exposent. En filigrane, elle évoque sa vie, ses propres symptômes, ses doutes, ses incomphensions, tout en restant discrète et pudique. C'est peut-être cela qui me fait retirer une étoile : le livre est surtout un essai, plus qu'un récit de vie... j'aurais aimé davantage ressentir les émotions, être plus investie dans ma lecture que je ne l'ai été, mais cela est subjectif...
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L'acuité littéraire et scientifique d'un état prolongé sur trois années laisse pantois. Presqu' autant de notes de bas de page ( regroupées en fin d'ouvrage) que de pages à lire. La personne déprimée parle, lit, réfléchit, culpabilise, et ne se résigne pas tout à fait. Cette petite lueur sera son guide pour éviter de sombrer totalement. La déprimée l'est devenue à la suite d'une rupture amoureuse. Elle ne cite pas l'amant, mais nous savons qu'il est homme de lettres connu. le livre de sa mélancolie a été posé deux ans après la vague noire. Ce délai explique probablement la froideur quasiment clinique de sa post-plongée en elle-même. Une tonalité peut-être nécessaire après les turbulences intimes, les orages vécus dans la solitude et l'incompréhension des proches. Céline Curiol a voulu comprendre... rationnellement l'incompréhensible, l'insaisissable de notre psyché. Un exercice d'être ardu, salutaire pour elle, j'espère. Pour d'autres, c'est certain, qui liront avec intérêt l'autopsie d'une petite mort.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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critiques presse (1)
Actualitte
18 août 2014
A la fois intime, empreint de fragilité, d'une douleur profonde, ce récit est l'expression juste (malgré une tonalité plutôt froide) d'une maladie qui, progressivement, replie la narratrice sur elle-même, l'empèse dans son corps et son esprit, lui ôte dynamisme et envie.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, quelqu'un me dit, avec toute l'ingénuité des biens portants : "Il n'y a que toi pour t'en sortir." Sur le coup, j'eus le tort de le croire. Ce n'était qu'en partie vrai.
Il advient un temps où éviter la dépression n'est plus humainement possible : quelles que soient ses ressources et sa résistance, l'individu visé est condamné à subir l'épreuve au risque d'y succomber.
Tout rétablissement implique alors que la personne renforce seule ses capacités à distinguer ses propres signaux d'alerte, à prendre la mesure de ses "états d'âme" sans faire abstraction de leur pouvoir, sous prétexte d'écarter, par le déni, la menace.
Peut-être nécessite-til aussi d'accepter l'inexorable solitude de chacun face à ses cataclysmes intérieurs. Mais je le répète aujourd'hui ; de la dépression, personne ne se sort seul.
Si la figure du héros solitaire ne manque pas d'attrait, il vient un moment où celui qui l'incarne perd jusqu'à la capacité mentale d'inventer le mythe qui le sauverait.
Tôt ou tard, le héros, blessé, abattu, au bord de l'abîme, se doit d'être aidé même si sa mise négligée, sa tristesse et sa décadence inspirent avant tout le mépris.
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De contenance, il fut très peu question pour moi au cours de la période critique de la dépression, je l'ai dit. Il y avait sans doute une sorte de jouissance masochiste à se laisser aller jusqu'au bout, à se laisser envahir par un désespoir suprême. Cependant, la dégradation de mes capacités à me contenir, loin de m'apporter un relâchement, voire un soulagement, contribuait à l'accentuation des mêmes sentiments négatifs, dont l'expression alimentait la perpétuation. Confrontée aux aléas de la réalité, ma sensibilité particulière engendrait des perturbations physiques et mentales qui avaient pour effet de la maintenir en alerte. Cette inclinaison nerveuse semblait accentuer la récurrence de souvenirs attachés au même état d'anxiété. Ce corps, qui n'excluait pas mon cerveau et où je peinais néanmoins à demeurer, m'entraînait dans un éprouvant manège. Il donnait prise à une pensé à peine pensée, l'amplifiait, la relayait. Cela n'était pas juste un "état d'esprit" : même s'il n'existait pas d'examen médical pour le détecter (ou, du moins, ne m'en avait-on pas prescrit), cela avait toute la prégnance d'un dysfonctionnement physique.
Pour défendre sa théorie de la nature corporelle des émotions et de leur apparition en amont de leur représentation mentale; James cite d'ailleurs certains cas "pathologiques" où la "machinerie nerveuse est si encline à une certaine direction émotionnelle" que la majorité des stimuli n'induisent plus que celle-ci. On imagine un automate qui, à toute sollicitation, répondrait par le même mouvement.
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"Union solide entre le moi et le corps, habitation de la psyché à l'intérieur du corps, voilà comment la "personnalisation" est définie par Danièle Zucker. Dans ce cas, la désynchronisation entre mon "corps" et mon "esprit" pouvait-elle être à l'origine d'une forme de "dépersonnalisation" ? Au fil de mes lectures sur la dépression, j'avais rencontré plusieurs fois le terme, désignant "un sentiment d'étrangeté ou d'extériorité par rapport au moi et un sentiment de perte totale ou partielle de l'intégrité corporelle et (ou) psychique". Faute de parvenir à décrire de manière exhaustive comment peut s'éprouver cette dépersonnalisation, cette "perte de soi" partielle et étrange, j'ai cherché des images susceptibles de l'évoquer.
Fantômes d'abord, esprits volatiles, torturés par leur désincarnation. Ce curieux personnage de La Cité des enfants perdus, cerveau en bocal doté d'un seul pouvoir d'influence, celui de parler ; ou encore "âmes égarées" de ces récits de science-fiction qui, à la suite d'une erreur de transfert spatial, ne réintègrent pas le bon corps. Quelque chose ne collait pas, telle était l'impression, une évanescente impression d'insaisissable anormalité. J'étais Jim Carrey dans le film de Peter Weit, The Truman Show, où la vie de son personnage se révèle une terrible mise en scène, les lieux et les gens qu'ils fréquentent, des décors et des figurants, lui, le cobaye d'un jeu cruel de téléréalité.
En quelques mots : je ne me suffisais pas. Le costume était trop large ou la scène trop étriquée, les proportions discordantes ou l'éclairage inadéquat, le rôle très mauvais, tous les autres ayant été de surcroît distribués. Lorsque je cherchais à définir à tout prix qui j'étais, croyant pouvoir m'amarrer à une définition en bonne et due forme, cette version élaborée finissait par s'écrouler, exsangue par l'excès de spécification qu'il fallait lui apporter.
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Nous préférons parfois oublier les incidents qui devraient pourtant nous renseigner sur la réalité de notre conditionphysique-y compris notre condition mentale. Au cours de l'année 2005, j'avais connu des accès de palpitations cardiaques qui se déclenchaient fréquemment sans raison apparente. Lorsque celles-ci commencèrent à se manifester, j'essayai d'abord d'en faire abstraction puis élaborai diverses explications (l'effet du café, de la cigarette...) destinées à me rassurer, voulant croire qu'elles s'estomperaient d'elles-mêmes. Le phénomène au contraire s'accentuant, je pris rendez-vous avec un cardiologue (qui d'autre ?) qui m'assura que mon coeur était en parfait état de marche. Les palpitations ne cessèrent pas pour autant mais j'obtins l'autorisation de cesser de chercher ce qu'elles trahissaient... Trois ans plus tard, il devint clair que ces palpitations n'étaient pas sans lien avec la dépression. Aujourd'hui, je regrette qu'à une époque où la science a tant progressé dans la détection et la compréhension de nos maux, les humeurs de nos corps nous demeurent dangereusement étrangères. Nombre d'entre nous bénéficieraient grandement d'une formation médicale-ainsi que l'on enseigne l'éducation civique par exemple-non pour se substituer aux médecins mais pour devenir de meilleurs vigies.
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Dans un article publié en 1884 dans le journal britannique Mind et intitulé "What Is an Emotion ?", William James formule, pour la première fois, les prémices de sa théorie de l'émotion. Allant à l'encontre de la pensée commune de l'époque selon laquelle l'émotion était d'abord un phénomène mental qui provoquait ensuite certains bouleversements physiques, il y postule que ce sont les bouleversements physiques, engendrés directement par la perception d'un objet, qui constituent l'émotion. Nous ne voyons pas un ours, avons peur et de fait nous enfuyons en courant ; nous voyons un ours, nous enfuyons en courant puis ressentons notre peur. Théorie révolutionnaire s'il en est, qui continue d'être contestée de nos jours, mais qui possède le mérite de rendre au corps une place prépondérante au sein du processus émotionnel. "Si notre hypothèse est vraie, nous sommes amenés à reconnaître plus pleinement que jamais combien notre vie mentale est entrelacée avec notre structure corporelle". Le philosophe proposait donc une réconciliation du mental et du physique, non plus conçus séparément, hiérarchiquement, mais fonctionnant de façon interdépendante, susceptibles d'échanges à double sens.
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0:16 Introduction 0:50 **Le Journal d'Olga et Sasha** d'Olga et Sasha Kurovska et Élisa Mignot 16:44 **Derrière la clôture verte** de Richard Glazar 21:35 **La Chine ou le réveil du guerrier économique** d'Ali Laïdi 28:13 **Earth for all/Terre pour tous. Nouveau rapport au Club de Rome** 32:20 **La Fabrique des animaux** avec Yann Arthus-Bertrand / L'Art faber 33:54 **Les 7 Cabanes** de Lionel Astruc 35:58 **Paysans et citoyens. Enquête sur les nouveaux liens à la terre** de Véronique Duval 39:20 **Invasives, ou l'Épreuve d'une réserve naturelle** de Céline Curiol 45:00 **Le vivant et la révolution. Réinventer la conservation de la nature par-delà le capitalisme** de Bram Büscher et Robert Fletcher 47:52 Cahier militant **Refaire le monde avec Jane Goodall** 49:50 **Naviguer sur les sentiers du vent** d'Olivier le Carrer 57:25 **Énergie ! Comment sortir du labyrinthe de la fatigue** du Dr Anne Fleck
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#rentréelittéraire #essais
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