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EAN : 9782262028022
300 pages
Perrin (20/08/2009)
3.65/5   132 notes
Résumé :
21 février 1944. A quelques heures de son exécution par les Allemands, Missak Manouchian écrit une lettre bouleversante à sa femme Mélinée.

Janvier 1955. Louis Dragère, journaliste à L'Humanité, est missionné par le parti communiste pour retracer le parcours de ce héros de la Résistance à Paris. C'est ainsi qu'il exhume l'ultime lettre de ce communiste arménien engagé, qui contient de nombreux points de suspension, preuves d'une curieuse censure. De ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 132 notes
Une plongée dans le coeur du Paris des années 50. Petites bandes, musique, politique à tous les étages, quand elle savait donner un sens à la vie. Quand elle participait à la vie des citoyens. Plongée dans les débuts d'un certain Charles Azanavour au plus froid d'un hiver froid, où la Seine monte, monte, le sol de Paris gèle et où l'on découvre que les amis, mêmes résistants ne sont pas toujours fiables et envoient les plus valeureux au pilori. Où la bassesse est plus forte que l'amitié, la confiance et l'espoir. Mais la haine ne gagne pas, jamais. Missak Manouchian, exécuté au Mont Valérien en février 1944, chef des FTP-MOI (Francs Tireurs Patriote-Main d'Oeuvre Immigrée) connu par l'affiche rouge et sa lettre à Mélinée, faisait partie de ces hommes qui avaient une haute idée de la vie et de la liberté. Sans haine et sans ressentiment.

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/manouchian.html
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Missak...c'est Missak Manouchian chef d'un groupe de résistants d'origine arménienne tombés aux mains de l'armée nazie et fusillés le 21 février 1944.
Le secrétaire de Jacques Duclos, secrétaire général du PC convoque Louis Dragère, journaliste à l'Humanité, afin que celui-ci lui fournisse des renseignements sur ce groupe de résistants, et ceci en vue de l'inauguration d'une rue dans XXème arrondissement de Paris ...
Qui les a trahis? Pourquoi?
Ce réseau de résistants d'origine étrangère a accompli des dizaines d'attentats et causé un nombre important de morts parmi les troupes nazies. On doit notamment mettre à leur actif l'exécution du général Julius Ritter dont la mission était de superviser le recrutement de la main d'oeuvre destinée au service du travail obligatoire (STO).
Missak Manouchian est finalement arrêté en novembre 1943, avec vingt-deux autres de ses compagnons. Leur procès qui s'est en février 1944 a fait l'objet d'une très importante propagande nazie. Une affiche, devenue célèbre, l'Affiche rouge, fut placardée sur les murs de Paris. Elle devint le symbole de l'engagement des étrangers dans la Résistance et notamment des réfugiés arméniens. Sur celle ci figurent les visages torturés de Missak Manouchian et de ses camarades.
Peu avant de mourir, au coté de ses camarades, tous d'origine étrangère, Missak Manouchian laissa une lettre destinée à son épouse Mélinée, laissant entendre qu'ils ont été trahis "Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus."
Louis Dragère a un mois pour fournir des informations au PC...un mois d'enquête dans Paris et sa banlieue inondés au guidon de sa moto...
Nous sommes en février 1955. Un mois de rencontres au cours desquelles on croise des personnes dont les noms résonneront aux oreilles de ceux qui ont connu les années 50-60, Duclos, Roger Vaillant, Krasucki, Charles Tillon, Louis Aragon, Prévert, Ferré, Kazan...
Didier Didier Daeninckx s'est appuyé sur une très importante documentation pour la rédaction de cet ouvrage captivant dans lequel apparaît notamment un petit bonhomme, Aznavour en concert au Moulin Rouge.
Roman, enquête historique, enquête journalistique et policière, ce voyage littéraire permet d'en savoir un peu plus sur Manouchian, son parcours qui l'amena à éditer un journal, sur l'extermination des arméniens par l'armée turque, les conditions de leur arrivée en France, de leur intégration, le travail en usine pour des salaires de misère, la vie dans les banlieues, les planques, les radio-crochets.....Et j'en passe
Et surtout sur les combats menés par la Résistance, ces combats menés par des groupes d'étrangers, les trahisons, le Pacte Germano-Soviétique qui déchira les communistes, la répression nazie...Et aussi sur ceux qui, au risque de leur vie, hébergeait ces combattants pour quelques heures, pour un repas....parmi eux quelques mots sur les parents de Charles Aznavour
Passionnant retour sur l'atmosphère des années 50-60 de ma jeunesse.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Didier Daeninckx écrit cette biographie romancée de Missak Manouchian bien avant son entrée au Panthéon de février 2024, mais, comme il l'explique dans la préface, alors que le gouvernement au pouvoir réfléchissait à "l'identité nationale" et questionnait la place des étrangers dans la société française, voulant restreindre les règles d'accueil et les lois encadrant l'immigration... Echo troublant à l'actualité de 2024...
Ce n'est d'ailleurs pas une véritable biographie de Manouchian, l'auteur le dit lui-même, il n'a pas osé présenter de manière fictive un tel homme, un tel héros et un tel poète aussi. Alors, certes, le personnage principal du journaliste n'est pas intéressant en lui-même - comme souvent d'ailleurs chez Daeninckx : c'est plus une utilité, un moyen d'apporter des informations, plutôt qu'un personnage à la psychologie complexe. de même, le personnage féminin ne sert à pas grand-chose pour l'intrigue - à part se faire tripoter les seins.
Néanmoins, ce roman permet d'avoir un autre regard sur Missak Manouchian, qu'il restitue dans son quartier, dans cadre familier et amical : les quartiers ouvriers arméniens de Paris. Et l'autre réussite du texte, c'est de donner à voir un Paris populaire, prolétaire même, oublié que je n'ai personnellement pas connu : celui des cafés et des bistrots où on mange un oeuf mayonnaise avec un verre de vin sans payer des fortunes, des usines en banlieue, de la distribution de l'Huma dans la rue... le récit se passe au milieu d'une crue de la Seine, et la montée de l'eau accompagne les découvertes du journaliste, sa plongée aussi dans les eaux troubles de la politique interne du parti communiste aussi.
Le beau portrait d'un grand homme alors qu'il n'était pas encore si connu.
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Ce roman relate l'histoire de Missak Manouchian, militant communiste, connu pour ses actions de combat contre l'occupant nazi pendant la seconde guerre mondiale. Il fut un des héros de l'Affiche Rouge (même si cette affiche etait une propagande antisémite de l'Etat Français du régime de Vichy), ces 23  partisans, la plupart étrangers, fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944. 

Cette "affiche rouge" que chanta Léo Ferré sur un poème de Louis Aragon a été remis au devant de l'actualité suite à la Panthéonisation de Missak et sa femme Melinée le 21 fevrier 2024. 

C'est pour cette raison que j'ai voulu lire ce roman-enquête de Didier Daeninckx

Après avoir vu le très bon film "l'armée du crime" de Robert Guédiguian, je voulais savoir qui était Missak

Le roman se passe donc en 1955, et le 5 mars de cette année-là, la « rue du Groupe-Manouchian » sera inaugurée dans le XXeme arrondissement de Paris.

Louis Dragère, jeune journaliste, est chargé par Jacques Duclos (secrétaire général du PCF) de faire un dossier sur Manouchian et son groupe pour le journal "l'humanité", lié au Parti Communiste Français (PCF). 

A travers diverses rencontres avec le poète Louis Aragon, Charles Tillon (PC), Henri Krasucki(PC) des témoins, camarades, famille de la communauté arménienne, un ex flic de la brigade spéciale,  Dragère va se plonger dans le parcours de Missak, de l'Arménie à sa vie en France. Ce roman met aussi en question la troublante dénonciation qui décima le Groupe Manouchian. 

Dragère, militant communiste va aussi en apprendre beaucoup sur l'histoire de son parti, le PCF, qui obéissait aux ordres de Staline et pourchassait les trotskystes et toute l'opposition de gauche, en France et ailleurs.

Ce roman historique est une lecture intéressante pour tout ceux qui veulent connaître Missak, son engagement, son amour pour la culture française. Il éclaire aussi sur le contexte politique de la France, ainsi que le rôle du puissant Parti Communiste des années 50. 

Enfin, Didier Daeninckx sait parler des petites gens, des quartiers populaires de Paris, ses troquets et petits restaurants. J'ai aimé courir ses rues avec Dragère, surpris  par les crues de la Seine qui inondait ses rives et sa banlieue sud.

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Missak,
Missack Manoukian,
Traité par Didier Daeninckx....
Eh oui, c'est du lourd, du très lourd,
Une véritable leçon d'histoire.
Ce livre fait appel à notre mémoire et à notre "culture" !
Ou peut être simplement à notre curiosité pour les choses du monde....
Qu'a t on retenu des poèmes d' Eluard et d'Aragon de l'après guerre!
Qu' a t on retenu du film "l'affiche rouge" réalisè par F Cassenti en 1976!
Qu'a t on retenu du documentaire "la traque de l'affiche rouge" réalisé par J Amat et d'Peschanski en 2007 !
Qu'a t on retenu du film "l'armée du crime" réalisé par R Guédiguian en 2009 !
L'histoire est revue et corrigée par un maître de la mémoire de l'Histoire!
D Daeninckx nous interpelle, nous invective, nous poursuit avec l'histoire de ces petites gens que l'on pourrait remiser au fond de notre inconscient!
Il nous pousse à rechercher ce que cachent les différents personnages de ce docu-fiction, ce qu'ils ont dit, ce qu'ils ont fait ou peut être ce qu'ils n'ont pas fait!
Il ne faut pas oublier de tirer des leçons du passé, même si ça fait un peu mal, même si ça remet en cause des valeurs que l'on croyait indécrottables, même si cela rend mélancoliques et incertains qu'en à l'avenir!
N'est ce pas comme ça qu'on avance envers et contre tout?
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critiques presse (1)
Elle
22 février 2024
Didier Daeninckx raconte l’enquête de Louis Dragère, journaliste à « L’Humanité », chargé par le Parti communiste de retracer l’histoire de Missak Manouchian.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En entendant son prénom, Charles Aznavour se glissa dans la conversation. (...)
- Le mois prochain, cela fera onze ans que Missak a été fusillé. Onze ans... Pourtant, j'ai l'impression que je l'ai quitté hier soir, qu'il aurait pu être ici, cette nuit, en notre compagnie... Avant chaque spectacle, dans ma loge, pour me concentrer, je joue aux échecs, une petite partie contre moi-même, et je pense à lui qui m'a initié à ce jeu quand j'avais une douzaine d'années... Je crois qu'il aurait été heureux de me voir sur la scène du Moulin-Rouge, alors qu'il a assisté à l'un de mes tout premiers succès, à deux pas de la place blanche. Un succès modeste, mais un succès quand même. On devait être en 1937... A la maison, on tirait le diable par la queue. Pour aider à faire bouillir la marmite, Aïda et moi, on écumait tous les radios-crochets dont les prix étaient versés en argent liquide. Ce jour-là, Mélinée et Missak nous accompagnaient dans un grand café de la place Pigalle. Elle nous avait bien averti de ne rien commander en nous montrant les deux pauvres francs perdus dans son porte-monnaie. Il y avait des dizaines d'inscrits. Aïda s'est lancée dans une chanson d'amour tragique, du genre "Pardonne-moi si je n'ai pas su te comprendre" qui a fait impression, tandis que votre serviteur, une cane à la main, traversait la scène de long en large en imitant Maurice Chevalier... Au moment de la distribution des prix, on se tenait très fort la main, avec Aïda. Le speaker, avec son nœud papillon, s'est approché du micro et a commencé à lire son papier. Cinquième prix, rien. Quatrième prix, rien. Troisième prix, rien. Mélinée nous a regardés en haussant les épaules, l'air de dire : "ce sera mieux la prochaine fois..." Deuxième prix, un billet tout neuf de cinquante francs est attribué à... Aïda Aznavourian. On n'avait pas fini de l'embrasser que le gars, toujours collé à son micro, annonçait, le premier prix : "un billet tout aussi neuf mais de cent francs, celui-là est attribué à Charles Aznavourian ! " Un jour de gloire, il ne manquait plus que la Marseillaise ! Sur le chemin du retour, Missak a acheté un poulet rôti, un kilo de frites et une bouteille de vin rouge dans une baraque du boulevard et on a tous fait la fête, papa au piano, dans l'appartement en pente de la rue Lafayette...
Sa mère lui coupa la parole.
- J'ai encore dans un tiroir la lettre qu'il m'a envoyée de Bretagne quand il était mobilisé dans l'armée française, au début de la guerre. Il a écrit : "Charles sera l'honneur au peuple arménien, et une gloire pour la France"
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Les enfants vivaient durement, ils survivaient, mais ils ne se considéraient pas comme des pauvres. Au moment où les américains, les riches anglais ont déferlé sur les plages, en distribuant de la nourriture, des vêtements, ils se sont découverts pauvres dans le regard des autres... Ils ont commencé à poser avec des regards larmoyants, à être ce qu'on attendait d'eux. C'était foutu. Avant, on ne pouvait pas donner de nom à ce qu'ils vivaient. Sauf que quand tu prononces le nom, c'est fini, ils sont devenus des mendiants.
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- J'ai retrouvé mes notes de l'époque. Je suis plus ordonné que je le croyais. Si tu me donnes ton adresse, je t'enverrai une retranscription des filatures faites par Piget. Enfin certaines... J'ai également retrouvé la trace de flic qui a dressé un portrait à charge de Piget devant la commission d'épuration. Il s'appelle Navarrenx, avec deux r et un x, comme la ville des Pyrénées. Il est toujours dans la police. Il travaille au Soviet de Saint-Denis...
- Le Soviet de Saint-Denis, inconnu au bataillon, ça veut dire quoi au juste ?
- Qu'il est toujours communiste. L'administration a regroupé dans certains commissariats de la région parisienne tous les flics qu'elle n'arrivait pas à virer de manière directe, pour éviter qu'ils ne gangrènent la troupe. Ce sont les flics eux-même qui ont baptisé Soviet ces commissariats.
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Il venait tout juste de se saisir d'un livre au titre énigmatique, histoire d'O, quand la silhouette d'Aragon occupa le cadre de la porte.
Il était habillé d'un costume croisé de bonne coupe, et regardait son hôte avec un vague sourire aux lèvres.
- Je vois que vous aimez les saines lectures... Alors comme cela, vous vous intéressez, vous aussi, aux martyrs du groupe Manouchian.
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Il aimait les écouter dire l'ordinaire du travail dans la langue des ateliers, ou raconter, pour les plus anciens, des épisodes inconnus de la lutte inlassable des exploités contre les buveurs de sueur.
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Vidéo de Didier Daeninckx
Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis - La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
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