AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782823619515
176 pages
Editions de l'Olivier (18/08/2023)
3.31/5   328 notes
Résumé :
En levant les yeux vers le huitième étage d'une tour du XIIIe arrondissement de Paris, Agnès rejoint en pensée Boris et Tsila, ses grands-parents, et tous ceux qui vivaient autrefois dans le même immeuble. Rue du Château des Rentiers, ces Juifs originaires d'Europe centrale avaient inventé jadis une vie en communauté, un phalanstère. Le temps a passé, mais qu'importe puisque grâce à l'imagination, on peut avoir à la fois 17, 22, 53 et 90 ans : le passé et le présent... >Voir plus
Que lire après Le Château des RentiersVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
3,31

sur 328 notes
« Vous ne serez peut-être pas heureux d'être vieux, mais vous pouvez vous efforcer d'être joyeux. » C'est avec une fantaisie irrésistible d'allant et de malice, qu'à cinquante-sept ans, Agnès Desarthe s'empare des thèmes de la vieillesse, du temps qui passe et de la mémoire, pour un récit empruntant de manière faussement improvisée les chemins semés d'images et d'anecdotes de sa réflexion.


Il est possible de vieillir heureux. Preuve en est l'exemple des grands-parents maternels de l'auteur, Boris et Tsila Jampolski, des Juifs originaires d'Europe centrale pour qui, après la guerre, les pogroms et les camps, vieux ne signifiait pas « bientôt mort », mais « encore là », et la mort non « pas ce vers quoi ils cheminaient mais ce à quoi ils avaient échappé. » Au milieu de la soixantaine, ils s'étaient installés dans un modeste immeuble parisien, rue du Château-des-Rentiers, où ils avaient battu le rappel de leurs amis, souvent eux aussi des survivants de la Shoah. Leur « phalanstère improvisé » abritait une vie joyeuse et solidaire que l'auteur évoque avec délice au travers de la dentelle de ses souvenirs, entre les comptines russes et l'inimitable gâteau aux noix de sa grand-mère, les cavalcades d'un étage à l'autre de la bande d'enfants et de cousins ravis de s'y retrouver, et surtout la chaude et bruyante affection de cette communauté soudée en famille élargie par un passé commun et par la ferme intention de « sur-vivre ».


Alors pourquoi la vieillesse nous effraie-t-elle tant ? Est-ce de n'avoir pas souffert, d'avoir « vécu dans un confort tel », que notre génération a cessé de voir dans le grand âge un privilège, pour ne plus retenir que la perte et la déchéance ? Armée de sa mémoire et de son imagination, en une narration originale simulant avec humour et sensibilité, pour mieux nous convaincre, le cheminement soi-disant à bâtons rompus de sa réflexion, Agnès Desarthe use avec virtuosité d'anecdotes personnelles, d'interviews de son entourage, de dialogues avec son alter ego, ou encore d'un projet vaguement utopique d'un lieu communautaire inspiré de l'immeuble où vivaient ses grands-parents, pour, de fil en aiguille, nous projeter avec elle dans « un moment-lieu où il [serait] possible de vivre [vieux] en espérant. Où les souvenirs cesse[rai]nt d'être un poids » pour devenir... « une rente ».


Formidable hommage de l'auteur à ses grands-parents et à leur force de vie grandie sur le silence de leur incommunicable expérience, réflexion originalement menée sur le temps qui, entremêlant passé et présent dans nos mémoires, fait perdurer en nous chacun de nos âges comme autant de poupées russes, ce livre apaisant et apaisé séduit autant par sa réflexion pleine de pudeur, de sensibilité et d'auto-dérision, que par le brio de sa construction, faussement à bâtons rompus. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          8710
Derrière tout ce qu'évoque le titre, riche d'une aisance sociale et d'un peu de rêve de princesses et de cour festive, se cache une adresse chère au coeur de la narratrice. La rue du Château des Rentiers, loin de l'image que son nom renvoie, abritait dans une de ses tours une communauté de juifs d'Europe centrale, et parmi eux les grands parents de la narratrice. La tristesse et la banalité du décor contrastait avec l'esprit communautaire unissant les résidents.

Les souvenirs d'enfance surgissent au fil des pages, réminiscences d'un enfance emplie d'histoires et d'amour, et c'est sans doute ce qui détermine chez la narratrice la volonté de créer une communauté, alternative aux anonymes ehpads, pour abriter ses vieux jours, encore lointains malgré les signes annonçant progressivement la couleur, à travers les douleurs variées et les trous de mémoire.

L'écriture plaisante d'Agnès Desarthe contribue au charme de ce roman nostalgique, parsemé d'indiscutables éléments autobiographiques. Mémoire D une histoire récente pour laquelle la littérature est le dernier rempart pour ne pas oublier, récit de souvenirs personnels tendres comme peut l'être l'amour qui unit une enfant et sa grand-mère, ce sont de bien belles pages que nous offre là Agnès Desarthe.

176 pages L'olivier 18 août 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          721
Esprit es-tu là ?

Agnès Desarthe a reçu ( entre autres) la joie de vivre en héritage,elle nous le prouve en abordant des thèmes plutôt plombants comme le deuil et la vieillesse. Mais dans le mot vieillesse il y a vie !
Avec un savant dosage d'autobiographie, d'imaginaire et de réflexions,elle nous livre la version à la fois fantasque et fantasmée de sa projection dans un futur encore lointain où l'on pourrait profiter jusqu'au bout de tout ce qui fait le sel de l'existence.
Pour cela,elle puise dans le réservoir de ses souvenirs familiaux et l'on apprend que ses grands-parents maternels étaient des juifs immigrés, comme leurs amis et voisins,et que cette petite communauté débordait de joie malgré un passé douloureux et indélébile comme leurs poignets tatoués.
On apprend aussi que la mère d'Agnès a été cachée dans une ferme pendant la guerre située...dans la Sarthe.Cette transmission silencieuse est un exemple : tout resurgit,d'une façon ou d'une autre,tout s'entre-mêle,passé et présent,et par la grâce d'Agnès, tout devient possible,tout s'illumine.
On adhère presque à son projet de phalanstère pour vieillir ensemble dans la gaieté,moi qui le voit plutôt comme un remake de " Vol au dessus d'un nid de coucous"...
Mais qu'importe.Il faut aller dans le château des Rentiers,pour se dire qu'on peut toujours se réinventer et le faire avec tendresse et élégance.
Commenter  J’apprécie          658
Mon premier Agnès Desarthe, et une belle découverte ! Il faut reconnaître qu'avec un retard de lecture de plus de trente ans j'ai encore de quoi faire beaucoup de découvertes ! Certes le sujet, avec une famille survivante de la shoah, a des airs de thème abondamment traité, ! Mais, d'une part il ne le sera probablement jamais assez, d'autre part si ce thème est essentiel dans ce roman, fondateur même, pourrait-on dire, il n'en est pas pour autant central, contrairement à la vieillesse. Et quelle plume douce, légère, papillonnante, malgré la gravité apparente du sujet. Sa vision personnelle de la vieillesse concerne tout un chacun, et son cheminement personnel m'a permis de comprendre mon goût pour les récits de descendants de survivants de la shoah. Chacun des courts chapitres de ce roman est prétexte ou occasion à revisiter des instants passés, des souvenirs personnels ou familiaux fondateurs de son rapport à la vieillesse. L'écriture délicate et les talents de conteuse de l'auteur rendent fluide et facile la lecture de ce texte aux sujets si lourds.
Commenter  J’apprécie          611
Dans ce récit, Agnès Desarthe imagine sa vieillesse calquée sur le modèle de celle de ses grands-parents qui avaient acheté un appartement rue du Château des Rentiers, à Paris, une rue plus belle de nom que de cadre visuel.
Ils avaient acheté ce logement sur plan et pendant la construction avaient attiré des amis , anciens prisonniers des camps pendant la guerre.
S'en était suivi une vieillesse joyeuse et solidaire.
Agnès Desarthe imagine réunir ses amis de jeunesse dans un même projet pour leur avenir, pour vivre leur vieillesse ensemble.
Entre les chapitres, elle interroge de nombreuses personnes dans la soixantaine et plus sur le sujet de la vieillesse , de la mort.
Beaucoup d'humour dans le récit ou plutôt de la légèreté sur un thème qui pour moi l'est un peu moins.
Et oui je suis dix ans plus âgée que l'auteure.
J'avais sans cesse envie d'ajouter une notion intergénérationnelle à son projet car des personnes plus âgées peuvent encore apporter leur temps aux plus jeunes, aux enfants quand ils sont toujours valides. Les jeunes peuvent apporter le dynamisme par contre.
Il y a moyen de se compléter et non pas se complaire entre gens du même âge.
Chacun son point de vue à ce sujet.
Néanmoins, j'ai quand même noté le livre de 3 étoiles car l'écriture est délicate, sincère.
J'ai partagé pas mal de réflexions avec Agnès Desarthe, notamment avec le temps qui s'écoule lentement pendant l'enfance puis très vite par la suite ou sa réflexion très profonde sur l'expression "faire son deuil".
Par moments, elle m'a un peu agacée à tourner toujours tout autour d'elle, avec je lui reconnais, beaucoup d'intériorité.
Vous m'avez compris, c'était une lecture agréable mais pas un coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          580


critiques presse (12)
LeJournaldeQuebec
13 novembre 2023
Dans ce récit à saveur autobiographique qui n’a absolument rien de déprimant, Agnès Desarthe s’interroge sur la vieillesse et sur le deuil. Elle interroge aussi les autres, pour avoir leur avis, connaître leur ressenti. Puis surtout, elle imagine déjà sa propre vieillesse.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
SudOuestPresse
30 octobre 2023
Agnès Desarthe évoque ses grands-parents maternels, juifs originaires d’Europe centrale rescapés de la Shoah, mais qui vieillirent heureux.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LaLibreBelgique
17 octobre 2023
Dans "Le Château des Rentiers", Agnès Desarthe partage un rêve de solidarité joyeuse, inspirée par le souvenir de ses grands-parents.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
17 octobre 2023
"Le château des Rentiers" n’est pas un roman sur les vieux, mais un livre de pensées dont le temps est le véritable héros. Le temps passé, le temps qui file, le temps présent, le temps qui reste.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaCroix
09 octobre 2023
Sur la trace de ses grands-parents, l’autrice hérite d’un espoir : le refuge d’une communauté solidaire. Une utopie qui n’oublie pas le passé des camps de concentration.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Bibliobs
13 septembre 2023
Dans « Le Château des rentiers », Agnès Desarthe explore la vieillesse à l’aune du passé de ses aïeux et réussit la prouesse d’en faire un livre gai.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesEchos
13 septembre 2023
Un demi-siècle après Simone de Beauvoir, la romancière de 57 ans décide d'écrire sur les vieux et signe avec « Le Château des rentiers » un récit personnel plein de sensibilité, de fantaisie et même de légèreté sur un sujet grave.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
07 septembre 2023
Circulant entre les époques et les registres, l’autrice célèbre la beauté, l’incertitude et la bizarrerie de l’existence avec une fantaisie qui n’ôte rien à sa lucidité, une légèreté qui sait le poids du tragique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
07 septembre 2023
Un récit empli du mystère d’être vivant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle
04 septembre 2023
Roman ? Récit ? Fable ? Utopie ? Ce livre qui ressemble d’abord à une autobiographie s’ouvre sur d’interminables couloirs, aux murs recouverts de moquette et aux portes orange, qu’arpentait Agnès Desarthe enfant, lorsqu’elle venait rendre visite à ses grands-parents maternels.
Lire la critique sur le site : Elle
Culturebox
28 août 2023
Dans son nouveau roman, l'autrice convoque le souvenir de ses grands-parents, et s'imagine vivre comme eux en vieillissant, dans une sorte de communauté autogérée entre amis.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
21 août 2023
Comme dans une balade improvisée, de son écriture vive, Agnès Desarthe traverse le temps et les générations pour aborder avec pudeur, légèreté et humour l'Histoire, la sombre, et les questions existentielles les plus intimes.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
"...ma mère avait pensé, jusqu'au 11 septembre 2001, qu'une porte s'était refermée après 1945. La barbarie avait surgi, elle avait tout rangé, puis la porte s'était refermée. Elle et d'autres en étaient les gardiens, s'arc-boutant contre elle afin de s'assurer qu'elle demeurerait bien close. Se rendre compte que c'était exactement le contraire qui s'était produit-la porte avait été enfoncée et à présent a voie était libre, autrement dit, on n'était pas à la fin d'une barbarie ancienne, mais au commencement d'une barbarie nouvelle- a contribué à affaiblir une des personnes les plus endurantes et les plus courageuses que j'aie connues."
Commenter  J’apprécie          00
À l'instar des meilleurs artisans, Éva était minutieuse et méthodique, traçant à la craie les lignes qui guideraient les lourds ciseaux, bâtissant avec soin les différents éléments avant de piquer. Je m'impatientais et elle le sentit. Elle me dit alors, sans doute dans l'idée de m'encourager : « Tu verras, quand tu auras mon âge et que tu n'auras plus ni mari ni enfants, tu auras tout le temps pour coudre. »
Après la première séance, je ne suis pas retournée chez elle. J'ai roulé la robe à moitié finie dans un sac et je l'ai égarée dans ma propre maison. Chaque fois que je retombais dessus, lors d'un rangement ou d'un déménagement, je la regardais, faisais glisser l'étoffe entre mes doigts, et la phrase, comme une malédiction, me revenait en mémoire : « … quand tu n'auras plus ni mari ni enfants… » Je ne pouvais pas jeter tout ce beau tissu noir et blanc au tomber impeccable. Je me sentais obligée de garder ce somptueux chiffon, comme s'il m'avait permis de déjouer le sortilège et d'échapper au destin qu'avait aimablement tracé pour moi mon aïeule. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, elle avait prononcé cette sentence sans amertume ni nostalgie l'état qu'elle décrivait semblait être un idéal auquel elle était parvenue et qu'elle souhaitait que je connusse. C'était le meilleur moment de sa vie, celui où elle était libre de coudre du matin au soir, et même la nuit si l'envie lui en prenait.
Je ne voulais et ne veux toujours pas de cette liberté. J'ai toujours volé mon temps, celui de la lecture, celui de l'écriture, de la musique. Aimerais-je un jour avoir le temps ? tout mon temps ? rien que du temps ? p.182
Commenter  J’apprécie          00
Au cours d'une vie, si tout se passe normalement, on aura été touché en tant que bébé (la peau douce, la chair tendre), en tant qu’enfant (que l'on protège, que l'on chérit), en tant qu’adolescent (par nos contemporains ; amis, amoureux, c'est égal), en tant qu’adulte (mari, femme, amant, amante), jusqu'au jour où, parce qu'on a trop vieilli, plus personne ne songe à nous mettre la main dessus. Notre démarche chancelante n'attire pas les foules, nos rides combinées à l'affaissement de la chair ont travesti notre visage (où sont passées nos joues ?), nos articulations déformées par l'arthrose nous font ressembler à des sorcières à des gnomes. P.150
Commenter  J’apprécie          00
Ce qui ressemble à un paradoxe n’en est pas un : indisponible, elle l’était, pour boire un café, se promener, bavarder au téléphone. Mais fiable et présente, elle l’était aussi, pour s’occuper des enfants, me conduire en voiture, m’aider à préparer un repas. Autrement dit, si c’était pour le plaisir – le sien en particulier -, c’était souvent non. Si c’était pour se rende utile, c’était toujours oui. p.93
Commenter  J’apprécie          00
J’aimais et j’aime toujours admirer. C’est mon moyen de transport fétiche. Je veux être ce que je ne suis pas. Je veux être là où je ne suis pas. Peu importe que j’y parvienne ou non, car le plaisir est garanti par le trajet. p.20
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Agnès Desarthe (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Agnès Desarthe
Par l'autrice & Louise Hakim
Rue du Château des Rentiers, 13e arrondissement de Paris : c'est là que se trouve une tour impersonnelle et peuplée d'habitants tout sauf riches. Là vivaient les grands-parents de la narratrice, Juifs originaires d'Europe centrale, et leur phalanstère, point de départ d'une réflexion superbement libre sur la beauté de ceux qu'on nomme les « vieux » et sur le fait de vieillir soi-même. Ce récit, en forme de déambulation toute personnelle, est à l'image de son autrice : aussi drôle, lumineux que surprenant.
À lire – Agnès Desarthe, le Château des Rentiers, L'Olivier, 2023.
Lumière : Patrick Clitus Son : William Lopez Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
+ Lire la suite
autres livres classés : vieillesseVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (742) Voir plus



Quiz Voir plus

ABO L'ABOMINABLE HOMME DES NEIGES

Où vit Abo?

à la plage
à la montagne
à la campagne

10 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : Abo, le minable homme des neiges de Agnès DesartheCréer un quiz sur ce livre

{* *}