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EAN : 9782020817257
138 pages
Seuil (26/08/2005)
3.5/5   12 notes
Résumé :
Depuis quelque temps le personnage de ma grand-mère italienne, ce que je savais d'elle, mais surtout ce que je ne savais pas, pas bien, me tirait par la manche, faisait des apparitions dans mes livres. J'ai voulu voir de plus près. Je suis allée à Turin, où elle s'était rendue dans les années 30, en plein régime mussolimen, pour accoucher de son deuxième enfant, accompagnée du premier-né, Primo, qui disparut alors mystérieusement. Je suis allée à Annecy où l'empoign... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Maryline Desbiolles nous raconte l'histoire de la branche italienne de sa famille, originaire de Villa de Tresana en Toscane, « mais pas celle des tableaux, la Toscane irreprésentable, trop sombrement verte, la Toscane des forêts de châtaigniers,... ». Ses grands-parents maternels, fuyant la misère comme beaucoup d'italiens à cette époque, sont venus trouver du travail en France. Ils se sont installés à Ugine, en Savoie. L'auteur mêle l'histoire familiale qui lui a été racontée par sa grand-mère à ses propres souvenirs quand elle venait de Nice passer des vacances chez ses grand-parents. Il sera surtout question de ses trois oncles, Primo (le premier né), Renato Romano (appelé René par la suite) et Jean-Claude. Primo, celui qui donne son nom au livre, aura un destin aussi mystérieux que tragique mais la vie des deux autres en sera bouleversée.

J'ai retrouvé avec grand bonheur la manière d'écrire de Maryline Desbiolles, que j'avais déjà adorée dans "La sèche", faite de petits détails savamment cousus entre eux et qui en disent long, qui laissent entendre des joies et des peines (ici, plus de peines que de joies) mais aussi du courage, de l'espoir, l'attachement aux paysages de l'enfance, la force et l'importance des souvenirs. Un souffle qui fait du bien.
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« Depuis quelque temps le personnage de ma grand-mère italienne, ce que je savais d'elle, mais surtout ce que je ne savais pas, pas bien, me tirait par la manche, faisait des apparitions dans mes livres . J'ai voulu voir de plus près . Je suis allée à Turin, où elle s'était rendue dans les années 30, en plein régime mussolinien, pour accoucher de son deuxième enfant, accompagnée du premier-né, Primo, qui disparut alors mystérieusement . Je suis allée à Annecy où l'empoigna un autre drame, à la Libération, en pleine fête du 14 Juillet……... C'était un mouvement qui m'emportait, qui m'inventait, ……… » écrit Maryline Desbiolles dans les premières pages de son roman . Celui-ci se présente comme un moyen permettant de faire émerger des brumes du passé une vérité familiale longtemps tue ou distillée à demi-mot .

En mettant ses pas dans ceux de sa grand-mère, elle fait de celle-ci la figure centrale de son oeuvre . Elle est à plusieurs titres un personnage essentiel :

d'abord dans la formation affective de l'auteur puisque c'est elle qui, dans son enfance, l'a familiarisée avec la notion de mort, lui racontant la guerre . le roman croise le domaine de la famille et de l'histoire, le contexte historique apparaissant, dans certains passages, par des informations précises et chiffrées sur ce qu'a connu la Savoie de 1940 à 1945 .

Mais c'est surtout dans la seconde moitié de l'ouvrage que la grand-mère prend une dimension symbolique . Elle devient la figure allégorique des mères éplorées tenant dans leurs bras leur enfant mort . Dans une longue phrase sinueuse qui, telle une incantation, emmène le lecteur dans sa spirale envoûtante, Maryline Desbiolles donne de sa grand-mère revenant au village son enfant mort dans les bras, l'image d' une piéta, qu'elle associe à toutes les mères victimes de la guerre « « la femme noire du Libéria portant la fillette au crâne ensanglanté, et aussi les femmes arméniennes, ukrainiennes, cambodgiennes, tchétchènes… ….et puis la file des femmes juives dont les enfant sont morts un peu avant elles dans les chambres à gaz … »

Roman d'une famille dont le destin s'inscrit dans le cadre historique de la guerre , portrait d'une femme digne dans l'épreuve, ce roman magnifique , écrit dans un style souple, élégant et toujours chargé d'intense émotion ,constitue en même temps un tombeau : un hommage littéraire à la mère, blessée dans sa chair et dans son coeur .

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
On ne s'est pas laissé prendre par la lumière qui flambait à la fenêtre du café de la gare, on s'est détaché d'elle, on a pris le train, on est allé à Turin, on a rempli les points de suspension du dicton du grand-père, on fait du chemin, on a pu se dire qu'on avançait, quelle rigolade, avancer, gravir, franchir, pauvres images, tant de kilomètres avalés, de sommets vaincus, tant de records, pour des avancées si puériles, le brouillard inentamé, ce brouillard que je ne connais pas dans le pays où je vis et que parfois j'appelle de mes vœux afin d'être bien perdue là-dessous [...]. Attendre dans le brouillard, je ne parle pas des grandes orgues, du percement des nuées, simplement attendre dans le brouillard, se disposer à cette attente, forcer un peu le trait quand on est d'une telle impatience, ne pas rater le rai ou le clignement des paupières qui déride un peu nos us et coutumes, nos phrases toutes faites. Voilà pour l'avancée.
A ce point, ce qui s'est formé dans le brouillard nous pèse un peu, pour se délester il faut soit se coudre les paupières, je m'y oppose, soit compléter le dessin, le trahir dans son entier, élargir le champ.
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