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EAN : 9782362291616
128 pages
Editions Bruno Doucey (19/10/2017)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Cette anthologie de poèmes rassemble 62 poètes et écrivains qui nous rappellent que l'hospitalité est une des valeurs phares de l'humanité.
Destinée notamment aux adolescents et aux CDI de collèges et lycées, elle ne se contente pas de réunir des textes sur le thème de l'exil : elle étage un propos, construit une réflexion, facilite une prise de conscience.
Être né quelque part ; devoir fuir son pays ; traverser la mer au risque de sa vie ; arriver en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Passagers d'exil, combien de temps encore?
Impossible de dire que j'aime ce livre.
Je ne peux pas aimer ces désespérances qui hurlent, je ne peux pas apprécier ces textes comme si ce n'était que quelques poèmes jetés ici ou là comme quelques balises, quelques bouées, quelques témoignages, quelques appels de détresse.
Ces textes ce sont avant tout de la poésie, de la Grande poésie, de celle qui vient du plus profond de l'humain, de celle qui vient du dernier espoir avant que le vital ne redevienne poussière.
Poussières, celles des ruines, celles des bombes.
Des bris de rêves encore chauds mêlés aux poussières d'étoiles artificielles, semées par tous les vendeurs de larmes de la planète, viennent mourir au plus haut de la courbe d'un cil. Comme une dernière goutte de vie avant la sécheresse.
Poussières, celles de la terre. Cette terre qui ne nourrit plus, épuisée par les hommes, sèche comme leur conscience.
Débris d'enfances sur lesquels le temps n'aura pas eu le temps d'oeuvrer.
Guerres, famines, religion, pollution, économie, argent, banquiers parasites, égoïsme, pouvoir, ignorance, bêtise, que le meilleur gagne…
Je ne peux pas aimer ce livre, c'est bien plus fort que ça.
C'est un rappel toujours douloureux de la fragilité de la vie, cette vie qui ne tient à rien, cette vie dont les maîtres du monde se sont emparés. Ces enfoirés de barbus de tout poil, ces cravatés des places de marché, ces manipulateurs aux crocs acérés, ces assoiffés de toujours plus, ces exploiteurs de la misère, se sont octroyés le droit de vie et de mort sur leurs semblables.
C'est un livre que je ne peux pas aimer, je ne peux que le ressentir.
C'est un état des lieux de plus, malheureusement un peu plus nécessaire jour après jour.
C'est l'écho du rien qui vient se heurter au mur du superflu.
Passagers d'exil, comme des passagers clandestins de la vie.
Migrant, comme l'on met son avenir sous ses pas, comme l'on met son histoire dans un baluchon, comme on mendie un droit de vivre, comme si on entrait par effraction dans l'humanité.
Je ne peux pas aimer ce livre qui ne devrait pas avoir besoin d'exister, je le vénère.
Tous les cris qui s'ancrent dans les plis du papier, dans les replis de nos sociétés, me jettent à la gueule mon impuissance, ma passivité.
Un espoir tout de même.
Toutes les portes qui se ferment, tous les murs qui se dressent, tous les barbelés qui écorchent, toutes les frontières dessinées cèderont un jour quoi qu'il arrive. Le brin d'herbe arrivera toujours à bout de la dalle de béton. Il mettra le temps qu'il faudra mais la vie prendra toujours le dessus. Le fluide s'infiltrera toujours dans la fissure, pas une barrière pas un bouchon n'empêchera l'eau de couler.

Passagers d'exil c'est un recueil de poésie, l'essence même de ce qu'est la poésie. Une poésie qui rime à tout, qui rime à être libre. Liberté, égalité, fraternité, si ce n'est pas de la poésie que de vouloir y croire…
Nous sommes si fragiles…
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« Un seuil historique a été franchi. Selon le rapport statistique annuel du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), le nombre de personnes déracinées dans le monde en 2015 a dépassé les 60 millions, atteignant le seuil historique de 65,3 millions de personnes. Soit un être humain sur 113 ».LE MONDE 06.2016
Haïti, Tunisie, Turquie, Syrie, Espagne, Algérie, Ukraine, Argentine, Palestine, Honduras, Iran, Vietnam, Roumanie, Rwanda…
Des points, des lignes, des cartes, des routes, des files, des bateaux, des mers, des îles, des guerres, des dates, des famines, des génocides, des chiffres, des solitudes, des espoirs, des haltes, des camps, des frontières, des ponts, des fleuves...
Angola, Erythrée, Somalie, Croatie, Serbie, Bosnie, Chine, Cambodge…
Des trains, des rencontres, des tentes, des grilles, des hasard, des langues, des sons, des demandes, des attentes, des convois, des barques,
L'exil est un radeau. Un acte. Une sauvegarde. Un risque. Une sauvetage. Une douleur. Une mort. Une blessure, une déchirement. Un espoir. Un demain, un peut être. Un espace, une lumière, une plage, un pahre, une main, un regard, un départ, un possible.
Nigeria, Mali, Guinée, Libye, Afghanistan Pakistan ,Yémen...
Des points, des rives, des lignes, des visages ...par millions, des noms... parfois.
Un nom, une histoire, une lettre, un poème. Un appel, une déclaration de perte, d'amour, de vie.
Pourquoi réunir ces textes ? Pourquoi et pour quoi cette veillée ?
Pour qu'ils existent, pour qu'ils soient lus. Pour qu'il soit dit que des hommes sont passés.
Que depuis des millénaires, des hommes sont passés.
Pour que de ces lignes se dessinent leur voyage, leur visages, leurs routes.
L'exil, coûte que coûte, malgré tout.
Le poids est lourd. La terre, le sable, l'enfance, les parfums, les fruits, les couleurs, les villages. La mémoire.
Le poids est lourd. L'absence leste l' exil.
Acte de survie, d'espoir, déclaration de vie.
Bruno Doucey le rappelle : «  L'histoire des exilés est vieille comme le monde »
Nous sommes tous les derniers nés de ces premiers qui nous ont devancés.
De ce ceux qui sont passés.
Avant toute cité, il y a toujours eu une halte, un premier feu, une première nuit. .
Avant toute cité, il y a eu un fétu d'hommes et de femmes que des vents ont portés, que des glaces ont poussés, que des guerres, des famines, ont chassés.
Une halte, un nouveau feu, un premier jour.
Passagers d'exil regroupent des textes nombreux venus de partout, du passé, d'aujourd'hui, de pays de glace, de sable, de cendres, de plaines, de montagnes.
« Souviens toi » pourrait être le titre de ce recueil.
Souviens toi de nos peurs, de nos espoirs, de nos promesses, de nos rencontres, de nos rires, souviens toi que l'étranger n'existe que dans l'ignorance, et l'effacement de notre mémoire. Celui qui se souvient, qui garde et partage les mots, celui là n'a pas d'ennemi.
Celui qui accueille aujourd'hui fut un jour celui que l'on a accueilli.
Celui qui passe aujourd'hui sera celui qui un jour accueillera.
C'est ainsi que nous avons tous, depuis toujours survécu.
« Lorsqu'ils ouvrent les mains
Ce n'est pas pour supplier
C'est pour offrir
Le rêve d'Europe
Que nous avons oublié ». Laurent Gaudé
Tendre une main, c'est ouvrir un livre.
«  alors que tu t'éloignes
ici tout ce retire ». A. Lasssaque, « elle », extrait.
60 auteurs, 60 mains, un livre. Un seul continent.
un supercontinent, la terre mère, qui contenait toutes les masses continentales, s'est formé il y a environ 1 100 millions d'années . Il était entouré d'un seul océan appelé Mirovia. Il y a 750 millions d'années, il se scinda en huit continents qui dérivèrent. A leur bord, des passagers : les humains.

Passager de l'exil ! Souviens toi.


Opération Masse critque Babelio- Les Editions Bruno Doucey.
Astrid Shriqui Garain
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J'ai reçu ce recueil de poèmes dans le cadre de l'opération masse critique, je remercie Babelio pour cet envoi accompagné d'un mot de l'auteur ce que je trouve très sympa.

Moi qui lis peu de poésie (et encore moins celle destinée à la jeunesse) j'avais à la fois très envie de découvrir cet ouvrage dont le dessin en couverture m'a tout de suite séduite et en même temps je craignais de m'ennuyer. Et bien pas du tout. L'ouvrage est construit de manière intéressante: les poèmes sont regroupés sous forme de chapitres qui forment une progression. Mis bout à bout ces poèmes deviennent les porte paroles de tous les exilés . une histoire plusieurs fois millénaire. A la lecture de ces poèmes on prend conscience que l'exil est vieux comme le monde et que l'histoire de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants n'a pas fini de se répéter.

Les chapitres débutent par quelques citations sur l'exil, viennent ensuite les poèmes. Pour chacun d'entre eux le nom de l'auteur est indiqué et quelques lignes nous éclairent sur sa vie et souvent sur les raisons qui l'ont amené à aborder le thème de l'exil.

A chaque chapitre on franchit une étape et on découvre un nouvel aspect de l'exil et des conséquences qui en découlent.

Si cette histoire avait été rédigée en prose nous aurions découvert l'histoire d'une personne, d'une famille, voire d'un groupe mais l'avoir abordé au travers de poèmes a permis de donner une vision plus globale. Pendant quelques minutes nous sommes cet exilé.

De nombreux auteurs donc des poèmes variés, certains m'ont plu d'autres moins. J'ai par exemple était ravie de croiser Jacques Prévert.

A la fin de cet ouvrage des conseils de lecture sur le même thème mais aussi des chansons à écouter, des films à voir, des sites pour s'informer pour ceux qui le souhaitent et même l'adresse du musée de l'histoire de l'immigration. Je trouve que c'est une bonne idée pour donner envie aux jeunes lecteurs, ou à leurs parents, d'approfondir le sujet.
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52 poètes : Flora Aurima Devatine, Sophie Charpentier, Peter Bakowski, Nelly Sachs, Jeanne Benameur, Nazim Hikmet, Aurélia Lassaque, Michaël Gluck, Hala Mohammad, Magyd Cherfi, Soprano, Antonio Machado, Teresa Rebull, Mireille Fargier-Caruso, Pierre Kobel, Juan Gelman, Saleh Abdalahi Hamudi, André Laude, Jean Joubert, Murielle Szac, Tanella Boni, Gaël Faye, Emma Lazarus, Margaret Atwood, Rolando Kattan, Caroline Boidé, Maram al-Masri, Clementina Suarez, Mahmoud Darwich, Michel Baglin, Pierre Maubé, Miguel Angel Asturias, Karl Lubomirski, Yannis Ritsos, Claude Ber, Langston Hugues, Patricio Sanchez, Hermann Hesse, Souad Labbize, Éric Dubois, Louis-Philippe Dalembert, Sabine Huynh, Jacques Prévert, Sabine Péglion, Jean-Marie Berthier, René Depestre, Bruno Doucey, Ananda Devi, Roja Chamankar, Benjamin Fondane, Laurent Gaudé, Eschyle.

Autres écrivains, en écho : Aris Fakinos, J.M.G. le Clézio, Gaëlle Josse, Susanna Moodie, Qassim Haddad, Seymus Dagtekin, Elsa Solal, Rachel Hausfater, Didier Daeninckx, Anne-Laure Bondoux.
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Diversité des voies, diversité des voix... Une clameur, des mots comme supplique ou cri. Des mains tendues vers l'inconnu dans l'espoir de voir s'ouvrir les portes et les coeurs.
Des auteurs classiques et contemporains -poètes, dramaturges, romanciers- pour inviter chacun·e à l'accueil et à l'hospitalité.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Regardez-les, ces hommes et ces femmes qui marchent dans la nuit.
Ils avancent en colonne, sur une route qui leur esquinte la vie.
Ils ont le dos vouté par la peur d’être pris
Et dans leur tête,
Toujours,
Le brouhaha des pays incendiés.
Ils n’ont pas mis encore assez de distance entre eux et la terreur.
Ils entendent encore les coups frappés à leur porte,
Se souviennent des sursauts dans la nuit.
Regardez-les.
Colonne fragile d’hommes et de femmes
Qui avancent aux aguets,
Ils savent que tout est danger.
Les minutes passent mais les routes sont longues.
Les heures sont des jours et les jours des semaines.
Les rapaces les épient, nombreux.
Et leur tombent dessus,
Aux carrefours.
Ils les dépouillent de leurs nippes,
Leur soutirent leurs derniers billets.
Ils leur disent : « Encore »,
Et ils donnent encore.
Ils leur disent : « Plus ! »,
Et ils lèvent les yeux ne sachant plus que donner.
Misère et guenilles,
Enfants accrochés au bras qui refusent de parler,
Vieux parents ralentissant l’allure,
Qui laissent traîner derrière eux les mots d’une langue qu’ils seront contraints d’oublier.
Ils avancent,
Malgré tout,
Persévèrent
Parce qu’ils sont têtus.
Et un jour enfin,
Dans une gare,
Sur une grève,
Au bord d’une de nos routes,
Ils apparaissent.
Honte à ceux qui ne voient que guenilles.
Regardez bien.
Ils portent la lumière
De ceux qui luttent pour leur vie.
Et les dieux (s’il en existe encore)
Les habitent.
Alors dans la nuit,
D’un coup, il apparaît que nous avons de la chance si c’est vers nous qu’ils avancent.
La colonne s’approche,
Et ce qu’elle désigne en silence,
C’est l’endroit où la vie vaut d’être vécue.
Il y a des mots que nous apprendrons de leur bouche,
Des joies que nous trouverons dans leurs yeux.
Regardez-les,
Ils ne nous prennent rien.
Lorsqu’ils ouvrent les mains,
Ce n’est pas pour supplier,
C’est pour nous offrir
Le rêve d’Europe
Que nous avons oublié.

Laurent Gaudé
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Regardez-les, ces hommes et ces femmes qui marchent dans la nuit.
Ils avancent en colonne, sur une route qui leur esquinte la vie.
Ils ont le dos voûté par la peur d'être pris.
Et dans leur tête,
Toujours,
Le brouhaha des pays incendiés.
Ils n'ont pas mis encore assez de distance entre eux et la terreur.

Ils apparaissent.
Honte à ceux qui ne voient que guenilles.

(extraits d'un poème de Laurent Gaudé)
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Dans le mot exil
il y a une paire de semelles
qui ne se parlent plus
un baluchon plié
en haut du placard
une boussole rongée de remords
un dictionnaire bilingue
qui dit peu de choses
de l’exil
juste assez
pour cacher sa douleur

(poème de Souad Labbize)
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Baluchon d’exil


Extrait

Dans le mot exil/il y a une paire de semelles
[…]
des semelles
un baluchon
une boussole
qui ne rentrent pas
dans la traduction
du mot exil
une boussole
des semelles
un baluchon
qui ne rêvent plus
du droit au retour

Souad Labbize // Passagers d’exil
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Nous vivons dans un jardin que l'on nomme la Terre. Nous pourrions y vivre ensemble, libres et égaux. Mais voici que des fruits sont offerts aux uns et refusés aux autres. Voici que des murs, des grillages, des haies de barbelés viennent nous séparer. Voici que des "demandeurs d'asile" passent sous nos fenêtres. Ne voyez vous pas? N'entendez vous pas? Et gronde la colère ... Et chantent les poètes... Il est peut être temps de penser le monde autrement.
p113.
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Vidéo de Bruno Doucey
VLEEL 300 Rencontre littéraire avec Bruno Doucey, Indomptables, Éditions Emmanuelle Collas
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