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EAN : 9782841004607
249 pages
Bartillat (01/10/2009)
4.17/5   3 notes
Résumé :
En 1929, Victoria Ocampo, une célèbre mécène argentine, d’une grande beauté, rencontre Pierre Drieu la Rochelle, jeune romancier français, jalousé pour ses conquêtes. Le coup de foudre est immédiat. Ils vivent une forte idylle de quelques mois, mais très vite leur passion se dégrade et le souvenir de cet amour hantera tous leurs échanges. Les divergences de vue sur la vie, la politique, le monde iront en s’accroissant.
Quelques années plus tard, Victoria Ocam... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette correspondance entre Pierre Drieu La Rochelle et Victoria Ocampo, où ne figure malheureusement que 16 lettres de Victoria Ocampo, est riche, passionnante et bouleversante car entre 1929, année de leur rencontre passionnelle à Paris, et le 15 Mars 1945, date du suicide de Drieu, ces deux êtres resteront malgré leurs différents et la distance géographique que vient rompre les séjours réguliers de Victoria à Paris et un voyage de conférences de Drieu en Argentine, très proches l'un de l'autre.
«Je suis très heureux de pouvoir venir en Argentine et de vous voir chez vous dans toute votre sérénité. Je suis sûr que notre grande amitié y gagnera, notre amitié qui est aussi de l'amour. Et l'amitié et l'amour, au-delà d'un certain point, c'est la même chose» (Drieu à Victoria début 1932)

Dans ces lettres Drieu se confie à Victoria, lui fait part de ses difficultés d'écrivains, de ses doutes et elle le soutient tout en restant très lucide. Ils échangent également sur leur lectures, sur leurs rencontres etc..
Si leur lien se distend quelque peu au fil des années et de l'engagement politique de Drieu, il redevient plus étroit avec la montée des tensions qui vont aboutir à la guerre, quand Victoria et Drieu sentent qu'ils ne se reverront sans doute plus. Et leur échange est touchant. Comme Victoria on en oublie les muffleries de Drieu pour s'attacher à l'amitié amoureuse qui renait.

Victoria à Drieu Mar del Plata 23 février 1940
«Il y a sur la plage où je vais tous les matins un gosse de 6 ans avec un maillot de bain vert qui te ressemble (avec des cheveux blonds en plus) d'une façon tordante et touchante. Même quand il tire la langue pour faire enrager sa soeur qui le fait enrager en lui lançant des seaux d'eau à la figure. Il tire la langue et crie «Tha Tha Tha» tout à fait comme tu le ferais si tu avais à le faire. Cela m'a donné grande envie de te voir bien que tu sois si porc avec moi que je devrais être dégoutée à jamais de ta personne. le fait est que je n'y parviens pas.»

Drieu à Victoria fin mars 1940
«Ta lettre amicalement tendre a touché le point toujours sensible dans mon coeur où je me souviens et j'espère en toi. Nous nous sommes rencontrés un peu vieux pour la passion, un peu jeunes pour l'amitié ; et le malentendu a rempli de ronces beaucoup de nos années. Et puis, nous avons été distraits l'un de l'autre par d'autres êtres. Pour moi, je peux faire si peu de choses à la fois. La multiplication des besoins et des possibles de l'âme m'a toujours laissé stupide. Mais je suppose que travaille dans nos coeurs, que nous le voulions ou non, une secrète hiérarchie de nos dilections.»

Dans des lettres à Roger Caillois Victoria écrit en 1942 :
«Je crois avoir été pour Drieu, en fin de compte une terre ferme. Je ne voudrais pas qu'il eût l'impression que cette terre manquait sous ses pieds au moment peut-être le plus difficile de sa vie.»
«Je l'aime toujours et il m'exaspère toujours de la même façon(...) Il doit beaucoup souffrir en ce moment. Il doit se torturer du matin au soir.»

La dernière lettre que Drieu écrit à Victoria, juste avant sa première tentative de suicide en août 1944, se termine par ces mots «J'aurais aimé te revoir»
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Lettre de Victoria à Drieu en janvier 1932
Je ne suis pas divisée comme vous l'êtes. Je n'aime pas comme vous aimez. D'abord j'ai eu la chance de n'avoir jamais eu à mêler l'amour à l'argent et quand j'ai aimé les gens, je les ai aimés pour eux-mêmes ; pour ce qu'ils étaient et pas pour ce que j'aurais voulu qu'ils fussent.
Je crois que même si je n'avais pas eu le sou, j'aurais aimé comme j'ai aimé... (sans mélange), sans hantise de pauvreté, de richesse, de perfection, d'imperfection... avec seulement la soif de comprendre tout ce qu'il y a dans un être humain d'humaine faiblesse et d'humaine noblesse à la fois.
Je crois que vous aimez mal, Drieu. Et je n'imagine pas que j'aime bien, moi-même. Mais je sais que je suis en train d'apprendre.
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Victoria à Drieu 14 août 1929
Il me semble que je suis moi-même condamnée à cette affreuse solitude du silence à perpétuité. A perpétuité.
Mais ne touchons pas à ces choses ou nous toucherons au robinet des larmes et ce papier est trop mince pour supporter une pluie salée.
Tu n'imagines pas combien j'ai besoin de ton amitié, quand je me balade par ces ténèbres de silence et que j'en souffre à hurler
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Le 23 octobre 1942.
Lettre de Victoria à Drieu,

(...) Je me demande si nous étions plus riches alors ou maintenant ? Nous avons perdu tellement de choses... toutes celles qui n'étaient pas vraies puisque nous nous lassions de les porter en nous. (...) J'ai beaucoup pensé à toi ces temps derniers. J'ai souvent revécu Versailles (le jour où j'ai trouvé B. dans ta chambre au grand Trianon), et Paris (un coin de la rue de Rivoli où j'ai fait semblant de te dire adieu sans tristesse ; et la rue d'Artois avec cet appartement si laid et si cher où je me regardais dans la glace pour toi plus que pour moi, certains jours ; et l'hôtel du Quai d'Orsay avec ta chambre - celle qui donnait sur une cour, je crois, en tout cas la plus petite des deux où tu as perché successivement - où je te retrouvais en train d'écrire Une femme à sa fenêtre sur un grand cahier ; et les Champs-Elysées où nous marchions sans savoir que c'était si doux de pouvoir faire cette chose si simple ; et tout et tout ce mélange d'une ville que j'aimais et de toi en elle et d'elle en toi).
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J'ai reçu toutes tes grandes lettres du bateau et de l'arrivée. C'est merveilleux que tu puisses m'en écrire si long ; moi, je ne connais pas ces moyens d'expression. L'encre pour moi est une liqueur magique qui m'isole (mais qui me renforce dans le coeur du monde -- mais elle peut multiplier mes rapports avec les individus).
Drieu à Victoria 5 juin 1929
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Beau télegramme de Drieu à Victoria le 27 avril 1929
SINGER IN HIS ISLAND LUTETIAN WOMAN SAILING IN SEAS HARMONIES IN HELL OF ABSENCE
"Le chanteur dans son île lutétienne, la femme voguant sur les mers, harmonies dans l'enfer de l'absence -- Drieu"
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Videos de Pierre Drieu La Rochelle (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Drieu La Rochelle
C'est une histoire française. Elle se passe à Paris pendant l'Occupation, puis dans le maquis du Vercors où les résistants se battent dans la neige, jusqu'au dernier. C'est une histoire qui oppose deux France. Celle des Cossé-Brissac, le côté maternel de l'auteure, dont la grand-mère May, aussi libre de son corps en privé qu'attentive aux conventions en public, reçoit le Tout-Paris de l'Occupation, de Paul Morand à Pierre Drieu La Rochelle, de Josée Laval à Coco Chanel. Une jeune fille grandit là, promise à un mariage de l'entre-soi, bientôt elle sera rebelle. Elle se nomme Marie-Pierre de Cossé-Brissac. L'autre France, c'est celle de la résistance par les idées et par les armes. Un grand médecin juif parisien envoie son fils en province. L'intellectuel rompu aux joutes de l'esprit rejoint le maquis. Il se nomme Simon Nora, rebaptisé « Kim » dans son réseau. À la fin de la guerre, le survivant du Vercors rencontre l'aristocrate en rupture avec sa famille. Les héritiers des deux France s'aiment comme s'ils n'en formaient qu'une. Mais auront-ils le droit à la liberté ?
Ce roman haletant est une fresque guerrière, un amour impossible, une brève libération.
Extrait disponible sur notre site https://www.editions-stock.fr/livres/la-bleue/une-breve-liberation-9782234094024
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