Je ne sais pas si c'était l'intention de
Maurice Druon, mais il me plaît de croire que le titre du troisième tome des Rois maudits est à double sens.
« Les poisons de la couronne » évoque bien sûr le recours à quelque philtre d'amour ou poison mortel utilisés dans l'entourage du roi Louis X, dit le Hutin, afin d'attirer ou d'éliminer à souhait les pièces de l'échiquier royal. Ce titre peut aussi évoquer ces mêmes personnes qui gravitent autour du roi et qui agissent comme de véritables « poisons ». Et croyez-moi, certains ont remporté la palme !
Ta ta taaam ! Attention ! Distribution des prix !
J'ai nommé 1er poison de la couronne : Charles de Valois, l'oncle du roi Louis X, qui n'aspire qu'à une chose, poser son séant royal sur le trône de France et évincer tous ceux qui lui feraient de l'ombre. Et ce n'est pas difficile pour lui de jouer au souverain à la place du souverain quand ce dernier se révèle incompétent et incapable de prendre des décisions fermes et justes, trop accaparé par ses petits malheurs personnels.
C'est évidemment Mahaut d'Artois qui remporte le prix de second poison de la couronne.
Druon nous la présente comme une conspiratrice dénuée de tout scrupule. Mahaut va jouer un rôle primordial dans ce troisième tome mais je n'en dirai pas plus...
Je nommerai troisième poison de la couronne une des demoiselles de parage de Mahaut, Béatrice d' Hirson. Personnage secondaire, pressentie à un rôle plus important, la belle et troublante intrigante use des philtres et des poisons avec bien du talent !
D'autres personnages, comme Robert d'Artois, auraient pu mériter ce prix de « poison de la couronne » mais sans doute, ont ils trouvé grâce à mes yeux.
Mais je vous rassure, il n'y a pas que des malintentionnés dans ce livre, il y a aussi ceux qui subissent ! Logique, n'est-ce pas ?
Je pense bien sûr à la nouvelle reine, Clémence de Hongrie, qui sent bien dès les présentations qu'elle est tombée sur le mauvais numéro. Certes, le frère du roi, Philippe de Poitiers a plus de prestance que Louis mais la jeune reine, pieuse et dévouée, se résigne et va même jusqu'à obtenir de son époux qu'il soit plus charitable. Merveilleux chapitre que celui nommé « La fourchette et le prie-Dieu » dans lequel la confrontation des deux époux tourne à l'avantage de Clémence. La fourchette a beau piqué de belles colères et frappé dans tous les sens, c'est bel et bien la droiture et la sérénité du prie-dieu qui l'emporte ! Pour autant, on plaint cette pauvre Clémence qui méritait mieux que ce fat et ridicule époux, tout couronné soit-il.
Peut-on placer également Marie de Cressay, personnage de fiction, parmi les opprimés ? Forte de son amour pour l'aventureux et courageux Guccio Baglioni, elle doit cependant éprouver la rigueur et la perfidie de sa mère, qui refuse toute alliance avec un roturier. Mais Guccio a plus d'un tour dans son sac...
J'entame déjà le quatrième tome de cette série historique, toujours aussi enchantée par l'écriture de
Maurice Druon qui relate avec brio ces conflits d'intérêt politique, à la veille de la guerre de cent ans, y mêlant joyeusement complots et trahisons, romance et impertinence.