Certains le savent et je n'en fais pas mystère: les maisons m'ont beaucoup préoccupée ces temps derniers et me préoccupent encore.
Il fallait tout l'humour de
Jean Paul Dubois - dois-je redire que je l'aime d'amour, ce gars-là?- pour arriver à me dérider sur le sujet, surtout depuis que , livrée à la solitude dans ma vieille maison d'Aubrac confinée ET enfouie sous des tonnes de neige- un pléonasme local-, je me distrais comme je peux en convoquant pour des devis improbables et des travaux aussi pharaoniques que chimériques, une série d'artisans dubitatifs et peu empressés que je supplie, entre autres, de me protéger des vents d'autan redoutables qui secouent ma porte d'entrée et s'infiltrent dans les interstices mal joints des vieux battants fourbus, me contraignant, par ces frimas, à boucher la (trop) vaste serrure avec du sparadrap et à tendre des couvertures de déménagement, désormais sans objet, entre des gonds archaïques, au mépris le plus total de mon sens esthétique, révolté mais impuissant!
Les démêlés de Paul Tanner avec une série de corps de métier (et des drôles de corps, je vous l'assure, appelés surement par des Erinyes vengeresses sur la tète du pauvre Tanner, on ne s'explique pas autrement un tel acharnement du sort, une scoumoune aussi obstinée) ont de quoi faire pâlir le plus optimiste des propriétaires de vieille baraque à restaurer, l'entrepreneur de travaux le plus confiant dans la compétence professionnelle des escrocs patentés auquel il a recours, et le chef de travaux le plus naïf à l'égard de la nature humaine.
Mais ces démêlés sont racontés avec une telle auto-dérision, un sens de la formule si réjouissant (je vous renvoie à la citation du plombier kurosawesque!), une si belle allégresse dans l'hyperbole et l'accumulation qu'on est littéralement mort de rire en les découvrant, sans la moindre pitié pour ce pauvre Tanner à qui, méchamment, on souhaite d'autres électriciens russes "détraqués du caleçon", d'autres Chavolo et Dorado avec meute de molosses et calendriers de bimbos Pirelli, et même un autre Harang, plombier martyre de son perfectionnisme, afin qu'ils prolongent son chemin de croix... pour notre plus grand bonheur!
Un livre joyeux, enlevé, truculent dont le héros, accablé par une Némésis artisanière, et non artisanale, nous renvoie une image réjouissante de nos impuissances à maîtriser le réel.
Merci à toi, Jihef, qui fus l'artisan , (un artisan compétent et efficace cette fois), d'une pause joyeuse dans mes soucis domestiques!