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EAN : 9782226179159
622 pages
Albin Michel (15/03/2008)
3.96/5   12 notes
Résumé :
Spécialiste de l'antisémitisme, Simon Epstein a constitué au fil des ans un socle informatif considérable sur les itinéraires contrastés de deux catégories de Français : ceux qui protestèrent contre le racisme et l'antisémitisme dans les années 1920 et 1930, avant de s'engager dans la Collaboration ; et ceux qui exprimèrent une hostilité ou un préjugé à l'égard des Juifs, puis qui se retrouvèrent, l'heure venue, dans la Résistance. Ce livre ne retrace ni l'histoire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une RE-VE-LA-TION! Je suis agrégé d'histoire, donc titulaire d'un concours général d'enseignement, mais ma partie, c'est le XIIe siècle (donc je suis médiéviste). Ma connaissance de l'époque contemporaine est bassement standard. Or ce livre a bouleversé mes idées reçues. Je remercie pour ce partage mon ami Daniel, lui-même professeur d'histoire, et auteur de l'effarant article dérivé que je mets en lien et qui remet en question tout ce qu'on nous serine depuis des dizaines d'années. Un "must-read" absolu pour se décrasser la tête des mensonges médiatiques martelés 24/7.
Lien : https://censuresurleweb.blog..
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Ce livre a beaucoup fait parlé de lui lorsqu'Eric Zemmour l'a cité en 2014. Mais peu de personnes l'ont lu, et quand on voit le nombre de pages (plus de 600), on comprend pourquoi. Quel dommage que l'auteur ne cesse de se répéter et de multiplier de morceaux de biographies pas franchement passionnantes. S'il avait divisé par trois son nombre de pages, il aurait sûrement rencontré un plus grand succès. Et son propos l'aurait mérité.

En effet, Simon Epstein s'intéressait aux affrontement entre la LICA (Ligue Contre l'Antisémitisme, ancêtre de notre LICRA) et l'Action Française (association nationaliste et antisémite) depuis l'affaire Dreyfus. Il a choisi ces deux associations parce qu'elles étaient assez centrale dans leur champs politique respectif (gauche et extrême-droite). Mais quel ne fût pas sa surprise de constater le nombre invraisemblable de militants anti-racistes qui ont terminé dans la collaboration ainsi que le nombre tout aussi étonnant d'adhérents de l'Action Française à s'être retrouvé dans la résistance. Simon Epstein a donc décidé de creuser ce mystère, ce « paradoxe français ».

Ses conclusions sont les suivantes : la gauche de l'entre-deux-guerre était à la fois anti-raciste (et donc contre l'antisémitisme) et pacifiste. Mais, à partir de 1933, ces deux valeurs deviennent antinomiques. Difficile de demander à la fois la paix avec Hitler et la défense des Juifs d'Europe. le dilemme s'aggrave encore quand les panzers défilent aux Champs-Élysées : de nombreuses personnes ayant horreur de la guerre acceptent la défaite et versent dans la collaboration. D'ailleurs les exemples sont célèbres : Doriot, Pierre Laval, René Bousquet... Ce ne sont pas des brebis égarés, la LICA a gardé des (longues) listes de « traîtres », de personnes ayant écrit dans ses journaux pour ensuite servir Vichy et même participer à l'élaboration des lois antisémites de Vichy.

Quant à l'extrême-droite elle se retrouve dans le même retournement idéologique. Elle détestait à la fois les Juifs, vus comme des ennemis de l'intérieur, et les Allemands, vus comme des ennemis de l'extérieur. Mais à partir du moment où la Wehrmacht occupe notre beau pays, nombre de militants de l'Action Française se pressent de défendre la France éternelle. Ils y rencontre beaucoup de juifs et revoient, de façon plus ou moins radicale, leur antisémitisme. L'auteur analyse bien la façon dont cette organisation a contribué à effacer sa propre mémoire de la résistance. D'abord, son chef, Charles Maurras, a considéré qu'il ne fallait surtout pas faire la guerre à Hitler au moment où l'Allemagne s'occupait du problème juif. Il ne cessait de fustiger les résistants (terroristes...), les juifs, les franc-maçons, les bolcheviks. Bref le chef n'a pas brillé par sa défense de la patrie pendant la deuxième guerre mondiale, au contraire. Or, les anciens de l'Action Française ont préféré reformer les rangs, réconcilier les anciens collaborateurs et anciens résistants pour les prochains combats, notamment en Algérie, plutôt que de traiter, comme l'a fait la gauche, les pétainistes comme des monstres immoraux dont il faut radicalement se détacher.

Néanmoins, tout cela est très bien expliqué en introduction et en conclusion (et elles sont déjà très répétitives). Au milieu, l'essentiel de l'ouvrage n'est pas palpitant, à moins d'être passionné par le sujet. On peut noter quand même la parcours politique pré-deuxième guerre de De Gaulle (que je connaissait déjà) ou celui de Mitterrand (que j'ai découvert) qui ne manquent pas d'intérêt, surtout la façon dont le second a soigneusement souhaité effacer son passé à l'extrême-droite. Bref, cet ouvrage est difficile à digérer mais il ne manque pas d'intérêt si on réussit à le lire en diagonale.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais voilà, Tissier n'aime pas les Juifs. Il se précipite chez De Gaulle "Comment ? J'apprends que George Boris va être admis chez nous. Cela n'est pas possible ! - Et pourquoi donc ? - Ne le savez vous donc pas ? Ce Georges Boris est un juif, un apôtre du Front populaire, et il a été le chef de cabinet de Léon Blum.

La réplique de De Gaulle est magnifique : "Eh bien, M. Georges Boris est peut-être juif, partisan de M. Léon Blum et bien d'autres choses encore ; moi je ne vois qu'une chose, c'est que c'est un un Français qui s'est engagé pour se battre à cinquante-deux ans, qui a fait la campagne de Flandres, et qui veut se joindre à nous pour continuer à lutter pour la France. Cela me suffit ; je ne connais que deux catégories de Français : ceux qui font leur devoir et ceux qui ne le font pas . M. Georges Boris fait son devoir. Il a sa place ici. C'est la dernière fois que je veux entendre des remarques de ce genre."
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Député du Gers de 1919 à 1928, professeur de droit constitutionnel, Joseph Barthélemy (1874-1945) s’élève en 1933 contre les exactions antijuives en Allemagne.
Il signe une pétition proclamant que « les représentants de la conscience française, en dehors de toute considération politique, ont été profondément meurtris par le réveil de la barbarie qu’est l’antisémitisme qui sévit actuellement en Allemagne. Ils protestent au nom de l’humanité et de la civilisation. Ils s’indignent des violences criminelles dirigées contre une minorité confessionnelle . »
Barthélemy dénonce les lois roumaines de janvier 1938, lesquelles discriminent les Juifs en violation flagrante des traités de paix et du droit des minorités.
S’il nie en 1938, dans un célèbre article du Temps, que la France ait encore des responsabilités à l’égard de la Tchécoslovaquie, il prend fermement position, à plusieurs reprises, contre le racisme nazi. Il s’oppose aux décrets-lois français du 12 novembre 1938 modifiant la loi de 1927 sur la naturalisation et prévoyant la possibilité d’un retrait de la nationalité française aux étrangers naturalisés .
Le 17 mai 1940, une semaine après le début de l’offensive allemande, il rend un ultime hommage à l’héroïque petite Belgique qui s’effondre sous les coups de Hitler, le « crapuleux aliéné de Berchtesgaden».

Le même Barthélemy est ministre de la Justice entre janvier 1941 et mars 1943.
On lui doit, notamment, les juridictions spéciales de Vichy et le deuxième Statut des Juifs, celui de juin 1941. « La plupart d’entre nous ont eu des Juifs parmi leurs amis ; j’ai eu des amis de cette race et je tiens à les garder. C’est un fait cependant qu’ils refusent depuis des siècles de se fondre dans la communauté française. […] Le gouvernement français ne les expulse pas. Il ne les prive pas des moyens d’existence. Il leur interdit seulement les fonctions de directeur de l’âme française ou des intérêts français », écrit-il en défense et illustration d’une loi qu’il juge cruelle mais nécessaire .
En août 1941, il déclare avoir des amis juifs, mais explique que la chirurgie (antijuive) est essentielle à la guérison du patient français . L’aryanisation des biens juifs l’indispose (ne fait-elle pas entorse au droit de propriété ?) mais il investit son autorité morale et sa dextérité professionnelle dans l’élaboration et l’application de la législation antijuive du régime.
Arrêté à la Libération, il meurt avant d’avoir comparu devant la Haute Cour.
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Accordant une priorité absolue à leur idéal de paix, certains pacifistes avancent quatre arguments dans la grande dispute qui s'enclenche. Le premier est que le nazisme est le fruit des iniquités du traité de Versailles, et que les vrais coupables ne sont donc pas les Allemands... mais les Français. Le deuxième est que la paix est indépendante des régimes politiques, et qu'il faut entretenir de bons rapport avec le Reich hitlérien autant qu'il fallait le faire avec l'Allemagne weimarienne. Le troisième argument est que la lutte pour la paix est d'autant plus urgente que le nationalisme risque de gagner du terrain en Allemagne et donc aussi en France : il faut se méfier des fauteurs de guerre qui ne cessent de propager des nouvelles fausses ou délibérément grossies. Un quatrième thème, moins répandu mais touchant particulièrement l'ultra-gauche, fait ressortir que les crimes du nouveau régime berlinois n'excèdent pas ceux que commettent quotidiennement dans le monde, en toute impunité, les impérialismes français ou britannique : il n' y a aucune raison de considérer qu'ils sont pires que les autres.
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>France : histoire>20e siècle>Troisième République: 1870-1945 (178)
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