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EAN : 9782374280479
130 pages
Atelier de l'Agneau (01/06/2021)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Poésie :

Ces moments privilégiés concernent la Corne d'Afrique, la Chine, la Grèce ancienne, La Crète minoenne mais aussi la peinture.

EXTRAITS

« Et pourtant un inachevé étonnant dans le monde qu’il crée, un manque voulu.

Après la proclamation des résultats, les Maîtres s’approchent du jeune homme vainqueur resté à l’écart, immobile, assis contre l’arbre.

Impressionnés, ils ont longtemps dél... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lorsqu'on lit dans La preuve, d'Agota Kristof, que « [...] tout être humain est né pour écrire un livre, et pour rien d'autre. Un livre génial ou un livre médiocre, peu importe, mais celui qui n'écrira rien est un être perdu, il n'a fait que passer sur la terre sans laisser de trace », il est impossible de ne pas penser à certains auteurs qui nous sont chers. Je n'avais jamais entendu le nom de Jean Esponde, mais je pense que cet auteur a d'ores et déjà tout pour devenir un de mes préférés. Je viens de finir son dernier livre, Zones d'admirations. Dans ce petit bouquin il marie magistralement un texte très agile, voire entraînant, avec un lyrisme devant lequel —sous réserve de ne pas trop se disperser— on ne cesse de s'inspirer.

Même maintenant que je le ferme, je m'aperçois que les divers sujets dont le livre fait mention continueront de résonner en moi comme des tableaux vivants. Son fil conducteur est le voyage dans le temps et dans l'espace sans qu'il soit jamais évoqué comme un but ultime par Esponde qui joue constamment avec différentes Weltanschauungs, parfois discordantes, mais en aucun cas incompatibles. Sa plume aime jouer avec chaque petit détail qui en même temps relie et sépare certaines idées presque comme une casuistique sécrète que le lecteur est invité à intérioriser, comme lors des dialogues entre Plutarque et Ariane (pages 19 jusqu'à 21) ou entre Héraclite et un berger (37-42).

Dans des phrases plus ou moins ciselées, les concepts sont décrits, développés. Puis tout à coup ils sont disséqués sans pitié, détruits rien que pour être repris ailleurs dans l'oeuvre. Rien n'y semble définitif et la porte à l'interprétation est laissée consciemment ouverte dans une poétique de la fascination devant la nature du monde et des êtres. La grandiosité du langage, le fait qu'il ne s'abstienne pas de nous solliciter tout le temps de rester bien attentifs pour ne rien perdre de cette sorte de banquet que l'homme prend à la table des muses, est récompensé par l'humilité d'un esprit qui se sait éphémère, capable de nous émouvoir avec des propos comme celui de la page 49, où on ne peut véritablement dire si la voix narrative continue de parler d'Héraclite ou si, au contraire, ouvre une parenthèse pour faire une réflexion sur sa propre condition :

« Comme celle de tous les êtres, ma singularité présente s'effacera ».

Si elle s'adresse à elle-même, c'est peut-être le cas de la rejoindre pour nous demander aussi : ubi est, mors, victoria tua ? Mais ne désespérons pas et reprenons la lecture sans commisération ni auto-compassion exagérées, elles détonneraient avec l'esprit qui se dégage de la plupart de ces notes.

Alors que par endroits on a l'impression que l'auteur se complaît à parodier les écrivains le plus chers à lui tels Victor Segalen, Jean Genet et spécialement Arthur Rimbaud, une deuxième lecture suffit pour nous éclairer là-dessus. Ce n'est que parce qu'il s'en imprègne qu'il n'arrête pas de penser, certainement il s'agit d'un lecteur invétéré. La Grèce antique et la Chine classique, ainsi que les grands philosophes allemands sont aussi au rendez-vous, ici on ne cache pas son profond respect pour cet héritage venu de si loin.

Il est des livres dont la classification nous échappe : est-ce que celui-ci c'est de la poésie ou de la prose poétique ? Ou de la prose tout court ? Quoi qu'il en soit, Jean Esponde a rendu au lecteur un immense service en lui offrant ce bel opuscule à charge de revanche : on devra tout simplement trouver sa réponse personnelle. Il est fort à parier que chacun qui s'y penche sera sorti avec un avis tout singulier, selon la lecture qu'il fasse de ces 125 pages.

Un grand merci à Babel et aux éditions de L'atelier de l'agneau de m'avoir permis cette découverte dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Zones d'admiration ne se présente pas comme le recueil de poèmes auquel on pourrait s'attendre mais plutôt comme un petit livre protéiforme organisé en plusieurs grandes parties de tailles variables. Si la première s'intitule "Peintures", c'est bien Jean Esponde qui tire un portrait parfois documenté et parfois rêvé d'anonymes _tels que les premiers artistes de Lascaux, ou de génies qui ont fait date : Picasso, Frida Kahlo, Shitao... Pour mieux leur rendre hommage, il se plonge dans leur époque, dans leur espace, et imagine ce qu'ils ont pu penser, se dire. La deuxième grande étape du voyage se focalise sur "Quatre poètes", autour desquels l'auteur brode des textes qui auraient pu être des biographies, mais qui manifestement n'en sont pas. Il s'agit de Rimbaud, de Segalen _omniprésents dans l'oeuvre, du trop souvent oublié Héraclite, du sulfureux Genet. "Enseignement sans parole" apporte une touche philosophique à l'ensemble, et nous fait part de belles réflexions croisées sur les différents modes d'expression. Jean Esponde s'amuse à mettre en scène successivement Lao Tseu, Lu Ji et Héraclite. Guerres, le Devenir et La Civière, plus courtes, forment un ensemble où, à mon avis, la condition humaine est traitée sous ses angles les plus sombres.

En une centaine de pages, Jean Esponde parvient à réunir des millénaires de culture, en nous amenant aux quatre coins du Monde. Aucune des figures qu'il admire et qui l'inspirent ne semble avoir été oubliée. Si, à première vue, l'ouvrage a l'air d'une boîte pleine de pièces de puzzle mélangées, une deuxième lecture évoquera plutôt une page web pourvue de nombreux liens hypertexte : Lascaux, Laas Geel, Lao Tseu, Rimbaud, Héraclite : tout se tient, tous se tiennent par la main, pour une raison ou une autre. Ce panorama éclectique des arts et cette fracture pure et simple des barrières spatio-temporelles sont déroutants ; mais ils ont l'avantage de nous libérer de nos carcans, de nous permettre des regards croisés sur des artistes, des courants artistiques et philosophiques qu'on ne songerait jamais à comparer, habitués que nous sommes à tout cloisonner. D'ailleurs, le poète ne se contente pas de poser des sages et des artistes inspirants les uns à côté des autres, puisqu'il s'essaie _avec succès_ à les incarner ou à les faire dialoguer. Qu'il possède ou non le bagage culturel lui permettant de saisir toutes les références auxquelles Jean Esponde fait allusion, le lecteur sortira grandi et/ou troublé de cette expérience littéraire unique en son genre.

Lien : https://pulco-suivezlepapill..
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C'est une chronique un peu spéciale, car il s'agit d'un avis dans le cadre de la #MasseCritique de #Babelio. Après une sélection ardue des nombreux ouvrages proposés, « 𝒁𝒐𝒏𝒆𝒔 𝒅'𝒂𝒅𝒎𝒊𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 » de Jean Espondes, un ouvrage présent dans la catégorie poésie, m'a été attribué.

Ceci est ma toute première expérience de Masse Critique et je suis ravie d'avoir eu la chance d'être retenue pour chronique ce livre. Je tiens à remercier Babelio, la maison d'édition « Atelier de l'agneau », ainsi que l'auteur, Jean Esponde.

Au-delà de cette expérience littéraire de grande ampleur, cette chronique est aussi spéciale, car je sors totalement de ma zone de confort avec cet ouvrage. Ainsi, ma méthode de rédaction d'avis de lecture change du tout au tout… et c'est tant mieux ! Car quoi de mieux que de bousculer les habitudes ?

C'est justement ce que fait Jean Esponde dans son ouvrage « 𝒁𝒐𝒏𝒆𝒔 𝒅'𝒂𝒅𝒎𝒊𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 ». Je m'attendais à un recueil de poèmes, il n'en est rien. Selon mon interprétation, il s'avère que ce livre est un regroupement de textes pouvant prendre différentes formes. Tantôt poèmes, tantôt répliques de théâtre, tantôt textes prosaïques, chaque page nous révèle son lot de (bonnes) surprises.

Les références sont multiples et empruntent à un large panel de domaines : mythologie, culture africaine ou asiatique, ou à une époque plus contemporaine, en mentionnant Frida Kahlo, Nietzsche ou encore Rimbaud.
Si la forme peu dérouter en début de lecture par son aspect peu régulier, je me suis laissée peu à peu porter par la plume de l'auteur, me plongeant corps et âme dans son univers singulier.

Par ces différents fragments d'âme changés en mot, Jean Esponde nous invite au voyage, à la fois dans l'espace et de le temps. L'auteur aux multiples facettes se dévoile au sein de ses textes et surprend le lecteur à chaque page.

✍ La plume de Jean Esponde est fluide et agréable à lire, créant une atmosphère propre à chaque texte. Ce livre peut être lu d'un bout à l'autre, tel un tout, ou un fragment après l'autre, comme l'on déguste un bon met bouchée après bouchée. Il est de ces ouvrages où chaque lecture et relecture transformera notre appréciation du texte, où le temps de la réflexion fera son oeuvre pour nous en dévoiler les multiples secrets cachés derrière ses mots habiles.

Alors, que retenir de cet ensemble hétéroclite et si personnel qu'est « 𝒁𝒐𝒏𝒆𝒔 𝒅'𝒂𝒅𝒎𝒊𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 » ? 📖

L'interprétation peut être multiple, tant les messages délivrés sont puissants, et propre à chaque lecteur. Ce que j'en retient est que l'auteur met en mot ce qu'il admire, ce qu'il sublime, de la plus belle des manières qu'il soit : par des mots incisifs et brillants, à la fois tendres et percutants, pour former un ensemble qui restera longtemps gravé dans la mémoire de celui ou celle avec qui il le partage. ✨
Lien : https://wendybaqueauteur.wix..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] Sartre ne semble pas entendre la poésie de Genet, ainsi les fleurs réduites à ce qu'elles évoquent banalement. Pour Derrida, Genet et lui-même existent en tant que noms, auteurs, signatures, exclusion, ce que produit l'exclusion, et le poétique - lilas, éclats - l'emporte sur le philosophique.
(page 74)
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Shitao se moquait des académismes : Vouloir à tous prix ressembler à tel maître revient à manger ses restants de soupe : très peu pour moi ! Ce n'est pas comme nos savants d'aujourd'hui qui se contentent de collecter de vieux os et de la cendre éteinte.

(extrait de "L'unique trait de pinceau - p. 27)
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Partout dans la nature, le monde animal, les humains, la cité, les sentiments, les états du corps de chacun.
Les hommes spontanément s'opposent, entrechoquent tout, ils s'arrêtent aux contraires, leurs combats, leur multiplicité. Ils ne saisissent pas l'unicité.
(page 43)
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Héraclite
Ce monde, le même pour tous, ni dieu ni homme ne l'a fait, mais il était toujours, il est et sera, feu toujours vivant, s'allumant en mesure et s'éteignant en mesure.
(p.41)
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Connaître le monde, et d'abord la Chine dont il apprend la langue, c'est une nécessite pour le médecin Segalen ; un énorme et très ancien fruit proche de la décomposition, la Fleur du Milieu.
(page 59)
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