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EAN : 9782246776710
336 pages
Grasset (12/01/2011)
3.57/5   23 notes
Résumé :
Chronique du séjour d’Octave, au caractère fermé, et de Robert, plus ouvert, tous deux nouvellement arrivés à Pise pour y suivre leurs études. Chronique de la découverte d’un pays encore très rural au lendemain de la guerre, de leur rencontre puis de leur amour naissant pour Ivanka, de son égale attirance pour eux, et de ses difficultés à les départager.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dominique Fernandez est l'auteur de multiples romans, essais et récits de voyage consacrés à la Russie et à l'Italie, pays pour lesquels il nourrit depuis de longues années une fascination amoureuse teintée de nostalgie. Son dernier roman, Pise 1951, s'inscrit dans cette lignée. Comme son titre le suggère, il a pour cadre l'Italie archaïque et pittoresque de l'après-guerre. Dans ce pays fragile en cours de reconstruction, deux amis parisiens partent étudier durant une année à l'Ecole normale supérieure de Pise. le premier, Robert Colinet, issu d'une famille ouvrière du XVème arrondissement, est sociable, ouvert et entreprenant; le second, Robert Thorel, pur produit de la bourgeoisie intellectuelle du VIIème, se montre plus réservé et renfermé. Ensemble, ils vont vivre une année initiatique au milieu des étudiants italiens et rencontrer l'amour en la personne d'Ivanka, une jeune aristocrate italienne mystérieuse qui mène une existence recluse dans une villa décatie à l'extérieur de la ville.
le roman de Dominique Fernandez séduira les amoureux de l'Italie. Reprenant les topoï habituels du récit d'apprentissage (héros jeune arrivant dans un lieu nouveau où il fait des rencontres amicales ou amoureuses qui sont autant d'initiations dont ils sortira transformé), ils les utilise habilement pour partager avec le lecteur son intérêt pour cette période mouvante au cours de laquelle se construit l'identité de l'Italie moderne. Il décrit ainsi l'instabilité politique du pays à travers les luttes entre étudiants communistes et chrétiens-démocrates, mais aussi, de manière plus discrète, sa situation géopolitique sur la scène internationale par l'évocation de la base américaine qui rappelle la défaite de la seconde guerre mondiale et les débuts de la guerre froide. Sur le plan économique, la situation précaire des Tibaldi souligne la pauvreté du pays, mais les scènes de tourisme automobile suggèrent aussi les débuts d'une prospérité nouvelle. Enfin, c'est surtout la dimension sociale et culturelle qui intéresse le romancier : dans les discussions entre les jeunes étudiants français et leurs camarades italiens (le plus intéressant étant sans doute le cynique et gouailleur Ivos) se dessine un pays prisonnier de ses rigidités sociales, dans lequel les rencontres entre hommes et femmes obéissent à des règles strictes. C'est d'ailleurs le sujet principal du roman, dont l'intrigue tourne autour de la relation complexe qui se noue entre Ivanka et les deux héros. En effet, de manière assez classique dans un récit initiatique, la rencontre avec l'Italie passe par une relation amoureuse, placée ici sous le modèle idéalisé et littéraire de l'amour légendaire entre Dante et Béatrice. Sa particularité dans Pise 1951 est qu'elle met en jeu une jeune fille romantique et mystérieuse et une rivalité entre deux amis opposés par leur caractère et leurs origines sociales. Cette relation ambiguë ira crescendo jusqu'à un dénouement surprenant que je me garderai bien de vous révéler. le récit est servi par une narration fluide principalement centrée sur le point de vue du personnage de Robert, et par un style qui fait la part belle aux italianismes, particulièrement nombreux dans les scènes de dialogue. Cette insistance pourra agacer certains par son côté snob, mais force est de constater qu'elle produit assez efficacement une impression de couleur locale qui ravira les lecteurs italophones.
J'ai choisi ce livre parmi d'autres pour son titre évocateur, en prévision d'un week-end à Pise. Mes obligations professionnelles m'ont finalement contraint à renoncer à ce séjour tant désiré, mais j'ai pu me consoler grâce au récit de Dominique Fernandez. C'est un guide éclairé et passionné, en compagnie duquel j'ai passé un agréable moment.
Lien : http://www.marcbordier.com
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Robert, le narrateur accompagne à Pise son meilleur ami Octave, fils de professeurs de lettres anciennes, qui, malgré les réticences de ses parents a entrepris des études d'italien après un séjour scolaire. Fils d'un garagiste, Robert se sent maladroit dans le milieu de son ami qui est pourtant bien moins ouvert que le sien. Les Thorel, bourgeois socialistes, sont pétris de préjugés et de ridicules qui handicapent considérablement Octave, garçon renfermé et rêveur, d'admiration janséniste. La principale crainte des Thorel, des gens plutôt calculateurs, est qu'une belle Italienne pauvre ne veuille mettre le grappin sur leur rejeton. Les deux jeunes gens sont hébergés à la Scuola normale superiore de Pise, où Octave effectuera une année d'étude dans le cadre d'un échange entre établissements tandis que Robert, étudiant en journalisme, est en stage à la base américaine de Livourne. Dès leur arrivée, ils sont confrontés à la réalité italienne des années d'après-guerre : le souvenir du fascisme, le poids écrasant de l'Église sous la main de fer de Pie XII, la misère et les luttes sociales menées par les jeunes communistes, nombreux à l'École. Et tandis qu'Octave lit chaque jour un passage de la Divine Comédie et se désespère de sa maladresse avec les jeunes filles préférant vivre sa vie et rêver à une nouvelle Béatrice, Robert découvre la réalité d'une époque. Mais les tourments du coeur ne sont pas loin…
Ce roman, qui n'est sans doute pas le plus puissant qu'ait écrit son auteur mais possède le charme et la légèreté de l'adolescence, m'a vraiment beaucoup plu. Quels souvenirs il a réveillé en moi! Ma découverte, à 18 ans, de la Toscane – Sienne et non Pise en l'occurrence mais l'excursion à Volterra m'a rappelé la rude montée pour accéder au centre historique et la visite du musée en compagnie d'un étudiant français qui se plaignait de l'abondance des « Madonne col bambino » ; l'amour de Fernandez pour l'Italie et la langue italienne, qui est aussi le mien, surgit à chaque page. Les sentiments des jeunes gens m'ont aussi plongée dans la douce nostalgie d'une époque où, au fond, mes préoccupations sentimentales étaient assez proches de celles d'Ivanka…
La suite sur mon blog
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Deux amis de lycée, Octave le fils de bourgeois de gauche et Robert, dit Bob, se rendent à Pise en 1951 pour y passer une année d'étude.
Ces deux jeunes français vont découvrir une Italie qui sort de la guerre, avec ses principes, son empreinte religieuse, et son charme latin.
Très vite ils seront attirés tous les deux par la même jeune fille, habitant avec sa famille ruinée dans un château délabré.
C'est un roman qui parle de jeunesse, d'émotions adolescentes, et de nostalgie...
Mais j'ai été gênée par l'écriture qui, à mon avis, manque de simplicité.
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Une belle promenade dans la Pise de 1951. Deux jeunes gens très différents, tant par leur origine sociale que par leur tempérament vont découvrir l'Italie de l'après-guerre, une Italie pauvre et en retard économiquement par rapport à ses voisins.
Tous deux vont faire la connaissance d'une jeune aristocrate dont les parents sont ruinés. La jeune fille va hésiter entre ces deux prétendants..
Une magnifique peinture d'une Italie qui nous paraît bien lointaine maintenant et bien désuète;
Une évocation très intéressante des meurs sévères et hypocrites de l'époque.. et aussi, une belle histoire d'amitié.
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Pise, 1951.

Un lieu, une date.
Ce nouveau roman de Dominique Fernandez, membre de l'Académie Française, est avant tout l'histoire d'un lieu: Pise, ville italienne, et d'une époque, 1951, à la sortie de la guerre.
Mais c'est aussi la nostalgie d'une époque; l'Italie de la Renaissance, de Fra Angelico, de Puccini, des Médicis…Regard rétrospectif, situé volontairement dans une époque déjà révolue.
Nous pensons à Pise, 2011.
Que reste t-il des aventures de Robert, Octave et Ivanka? C'est toute la part qu'il reste à franchir pour le lecteur, invitation au voyage, à la nostalgie, rappel que chaque époque, passe elle aussi.
Octave et Robert passent une année d'étude à Pise. le premier est un fils de « bonne famille » comme on dit, intellectuel timide et passionné, il s'éprend de l'Italie de Boticcelli, et de la belle Ivanka. Robert, le narrateur, est un garçon plus « terre à terre ». Élevé dans une famille rurale, c'est à la vie du quotidien qu'il se dévoue.
Ivanka est la fille d'une riche famille déchue par la guerre. Tous les dimanche, les garçons se rendent avec un troisième camarade, Elio, en vélomoteur pour s'occuper de la vieille demeure en ruine, dernier signe d'un passé glorieux révolu.
L'Italie de 1951 se remet à peine du fascisme, oscille entre moeurs austère et modernisme, entre catholicisme et communisme. C'est un pays et une culture en pleine mutation, loin des clichés de la « dolce vita ».
Au-delà de ce portrait sociologique, c'est aussi des portraits individuels. Celui surtout d'Octave, qui incarne un peu de ce mythe d'une Italie rêvée, et pourtant tourmentée par des réalités bien différentes.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une horloge murale dont le balancier de cuivre heurtait à chaque passage le bois de la caisse sonna minuit, alors que l’après-midi finissait à peine. En évoquant aujourd’hui cette scène, mon premier mouvement serait d’appliquer l’adjectif « étrange » à l’atmosphère d’un salon où une pendule détraquée égrenait en plein jour les douze coups de l’heure des fantômes. Octave m’a appris à bannir cette catégorie d’épithètes, qui sont de jugement, non de description. C’est au lecteur de conclure que l’ensemble des choses qu’on lui montre présentent en effet un caractère « étrange ». (p.132)
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Cette fameuse Béatrice, dont le poète avait chanté les louanges dans la Divine Comédie, combien de fois l'avait-il aperçue? Une fois à l'âge de neuf ans, une seconde fois neuf ans plus tard. Ils ne s'étaient jamais parlé. Pas d'autre échange qu'un sourire la première fois, un salut de la tête ensuite. Ces incidents infimes, ces simples gestes avaient suffi: désormais, de la part de Dante, culte absolu, exclusif, mais réduit à une adoration lointaine où la vie du corps n'avait aucune part.
Béatrice était morte à vingt-cinq ans. Dante continua à l'entourer d'une vénération religieuse. Au fond, que lui importait qu'elle soit vivante ou morte? Ce qu'il voulait c'était un amour intact, incorruptible, à l'abri du temps, soustrait aux vicissitudes d'une relation forcément caduque. Béatrice fut pour lui une passion détachée de tout contact, un enthousiasme à couvert de l'épreuve, la source d'une pure joie de l'esprit.
Depuis le XIII ème siècle toujours selon Octave, cet idéal courtois s'était perpétué.
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"Faciles les filles? où ses parents avaient-ils pris cette idée? Elles restaient murées derrière le triple rempart de l'Eglise, des familles, de l'opinion. Défense était faite à deux jeunes gens, s'ils n'étaient pas fiancés, de se promener ensemble, d'entrer ensemble dans un café. J'incriminais en premier lieu la religion. N'était-ce pas elle la principale responsable? Des années plus tard, j'ai retrouvé, sur le pourtour de la Méditerranée, les mêmes moeurs, les mêmes interdits. Les catholiques de 1951 obéissaient à l'antique et païenne coutume du gynécée, avec la même docilité paresseuse que les musulmans aujourd'hui. L'Etat, en punissant d'une amende le baiser échangé en public, ne faisait qu'entériner le vieux principe grec.
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"il faut en finir avec le malheur d'être gay"
"Pendant quelques années, il m'est apparu impossible d'avoir ce qu'on appelle un rapport sexuel sans l'écrire."
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