Flaubert, c'est nous. Entre octobre 1849 et juillet 1850, âgé de 28 ans, il voyage avec son ami
Maxime du Camp en Égypte. Ce dernier était chargé d'une mission officielle consistant à photographier les monuments de l'Égypte antique. Ils remontent
le Nil d'Alexandrie jusqu'en Nubie puis redescendent en passant par mer Rouge.
Expérience exotique, l'orient étant très à la mode, mais surtout expérience érotique, ce récit est peuplé de femmes dépeintes de manière impressionniste. Aujourd'hui, avec le décalage temporel, ces descriptions paraissent au minimum savoureuses.
Une succession de tableaux parfois assez crus
"Kuchiouk-Hanem est une grande et splendide créature plus blanche qu'une Arabe elle est de Damas sa peau, surtout du corps, est un peu cafetée quand elle s'assoit de côté, elle a des bourrelets de bronze sur les flancs ses yeux sont noirs et démesurés, ses sourcils noirs ses narines fendues larges épaules solides, seins abondants"
Ce n'est pas le registre le plus connu de
G. Flaubert.
" J'ai pris Hadély (la seconde), elle a passé devant moi portant un flambeau à la main ses chalouars amples traînaient par terre, et ses sandales claquaient sous ses pieds, à chaque pas bruit d'étoffe et de vent froufrou doux par terre les piastres d'or de sa chevelure, en ligne au bout de fils de soie, bruissaient c'était un bruit clair et lent"
Sans oublier les odeurs ;
" Elle venait de sortir du bain sa gorge dure sentait frais, quelque chose comme une odeur de térébenthine sucrée elle a commencé par nous parfumer les mains avec de l'eau de rose"
Scène presque Christique...
Cette expérience érotique que l'auteur dans ses carnets qualifie de totale, est proche d'une saturation sensorielle et aura une conséquence physique pour l'écrivain :
Flaubert rapportera d'Égypte un souvenir : la syphilis.
Autre conséquence moins mesurable, puisque ce
voyage se situe avant l'écriture de "
Madame Bovary", celle concernant le style de l'écrivain....