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EAN : 9782365692915
256 pages
Editions Les Escales (05/01/2017)
3.37/5   116 notes
Résumé :
Alors que la Guerre de Sécession fait rage, deux fillettes que tout oppose, deux destins, vont se croiser.

Au cœur de la Louisiane et de ses plantations de coton, deux fillettes grandissent ensemble. Tout les oppose. Eleanor est blanche, fille de médecin ; Eve est mulâtre, fille d’esclave. Elles sont l’ombre l’une de l’autre, soumises à un destin qu’aucune des deux n’a choisi. Dans leur vie, il y aura des murmures, des désirs interdits, des chemins d... >Voir plus
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3,37

sur 116 notes
C'est la mélopée du roi coton. Elle raconte l'histoire de deux enfants que le destin a réunies, l'une métisse l'autre blanche. Eleanor, fille de médecin, adopte Ève, la jeune esclave, comme on adopte un animal de compagnie. Mais l'avenir des deux fillettes n'est pas très différent, adultes, Ève et Eleanor sont toutes deux prisonnières. L'une d'un mariage qu'elle n'a pas choisi, l'autre de la pauvreté de sa condition d'esclave libérée.

Les courtepointes, patiemment cousues par les jeunes filles, noires et blanches d'Alabama, racontent l'histoire de la construction des États-Unis, un patchwork d'États peuplés de populations venues du monde entier. Une histoire où la guerre de Sécession, qui a fait des milliers de morts, a rendu la liberté aux esclaves, mais n'a pas changé les mentalités. Être noir aujourd'hui en Amérique, comme en Louisiane au XIXe siècle, c'est être plus pauvre et moins libre que les Blancs.

Non, les Américains n'ont pas renoncé au racisme. Lisez La porte du ciel pour vous en convaincre. Un très beau conte, merveilleusement écrit, qui nous emporte en douceur dans un monde où les inégalités raciales ne sont pas révolues. C'est le monde du roi coton à qui la Canadienne, Dominique Fortier, donne une dernière fois la parole : « La nuit s'achève. Le temps est venu maintenant de nous séparer. Du reste, vous savez tout, et je n'ai plus rien à vous montrer. Rentrez chez vous, je resterai ici, dans ce pays qui est le mien, qui est mille et qui est un. »

Merci à Babelio et aux Editions Les Escales pour cette belle lecture.
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Courtepointe, patchwork, c'est à la fois le fil conducteur et la forme du roman.

On est en Louisiane, dans le sud des États-Unis, à l'époque de ce qui sera la Guerre de Sécession. Éléonore est une jeune blanche dont le père est médecin. Devant le spectacle d'une esclave maltraitée par le contremaître, il l'achètera pour sa fille. Il n'est pas esclavagiste, celle qu'on appellera Eve n'est pas une esclave, mais son statut demeure ambigu. Elle peut dormir dans la chambre d'Éléonore, mais ne sera pas bienvenue à l'église ou à la table des Blancs.

L'autrice assemble les carreaux de son histoire, des textures et des formes différentes, certains couleur de ciel et d'autres couleur de sang : les champs de cotons... la mère d'Ève, l'esclave June qui assemble les pièces de sa courtepointe… les soldats qui meurent sur les champs de bataille ou qui en reviennent détruits… les Noirs qui marchent vers le Nord et le maître qui possède des esclaves pâles qui lui ressemblent beaucoup… le pasteur qui affirme que les Noirs sont des animaux et qu'ils doivent rester à leur place… ou le saint homme qui bâtit une église dans le marécage, un temple ouvert à tous, mais qui affrontera le Klan…

Une écriture magnifique, tantôt d'un réalisme brutal lorsqu'elle donne des infos sur le Ku Klux Klan, tantôt poétique dans ses descriptions et ses métaphores.
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Merci aux Editions Les Escales de m'avoir permis la lecture de ce roman dur et tendre à la fois.

Ce récit livre l'histoire de deux fillettes nées au coeur du règne du Roi Coton. "Il est un et il est mille" ce pays est fait d'hommes et de femmes qui ne sont pas égaux. Les blancs éduqués et les noirs pauvres, esclaves, biens meubles de leurs maîtres. le Docteur Mc Coy assiste un jour à une correction que va recevoir une petite mulâtresse du même âge que sa fille.

Il va l'acheter pour lui épargner la punition, la ramener chez lui. La baptiser Eve. Sera-t-elle traitée en esclave, pas tout à fait. Eve n'a pas vraiment de statut, elle est autorisée à grandir au pied d'Eleanor pour lui tenir compagnie, l'amuser.

Toute l'histoire réside dans le statut de ses petites filles, prisonnières de leur condition. Une jeune femme blanche doit savoir jouer du piano, se tenir, savoir coudre. fabriquer des courtepointes. Eve apprendra à lire grâce à la couture, s'éduquera en secret, mais sera toujours l'ombre d'Eleanor.

Une jeune fille de bonne famille n'est éduquée que pour préparer un bon mariage, faire honneur à sa famille. Eleanor ne choisira pas, sa famille s'en chargera pour elle. Elle appartiendra au patrimoine Arlington et pas le contraire. Eve fera partie des bagages et des possessions de la jeune mariée.

La guerre de sécession entamée, "il y eût des batailles, puis des massacres, il y aurait des hécatombes", la bataille de Gettysburg fait son entrée tragique dans l'histoire. Ce livre n'est pas une fresque historique a proprement parlé.


Il faut le lire pour comprendre la place des femmes à cette époque. Lorsque enfin, à l'issue de cette terrible guerre, les noirs libérés eurent à choisir un patronyme certains choisir Pettway (pet way) manière d'animal ? L'auteure aide à comprendre le chemin accompli depuis la guerre fratricide, les exactions du K.K.Klan, jusqu'à la liberté.

Eve comme Eleanor auraient pu se coudre une autre histoire, le fil du bonheur est si ténu. L'émotion vous étreint grâce à l'écriture poétique de Dominique Fortier : un livre à ne pas manquer !
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Au cours d'une visite à un malade dans une plantation de coton, au coeur de la Louisiane, un médecin accompagné de sa fille se prend d'affection pour une jeune enfant, fille d'esclave. Ils décident de la ramener chez eux.
On lui donne le prénom d'Eve. D'abord apeurée par cette nouvelle situation, la jeune fille s'adapte peu à peu au confort d'une maison et d'un foyer.
Tout semble opposer les deux fillettes. Eleanor, blanche, appartenant à une classe sociale élevée, et Eve, mulâtre, elles vont cependant devenir inséparables et entre elles se noue une complicité. Pour les membres de la famille, elle en fait entièrement partie, mais le reste de la communauté n'est pas du même avis.
Elles grandissent et jouent ensemble, Eleanor a ses livres, ses ouvrages de broderie, Eve la suit partout jusqu'à ce que celle-ci épouse un homme possédant une plantation.
Toutes les deux intègrent donc une nouvelle famille, les Arlington, dans une période de guerre où le peuple américain est divisé en deux.

Tout au long du roman, les récits sont tissés pour parvenir au dénouement.
La construction du roman est intéressante, comme des bouts de tissus que l'on assemble au fur et à mesure d'un ouvrage, rappelant les courtepointes réalisées et décrites dans ce livre.
Cependant, j'ai connu quelques difficultés de lecture dans la première moitié du roman qui se sont dissipées lorsque je m'approchais de la fin.
J'ai bien apprécié l'écriture de l'auteur avec des phrases aux accents poétiques. Une très belle couverture qui m'a tout de suite séduite. Bien que ce roman ne soit pas historique au sens strict, il n'en reste pas moins intéressant.
Merci aux Éditions Les Escales pour cette première découverte d'une auteure québécoise.
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«[...] il est un autre moyen de sortir d'un labyrinthe :
c'est d'inventer soi-même le chemin au fur et à mesure,
jusqu'à la sortie, que l'on invente aussi.»

Tout d''abord un grand merci à Babelio et Les Éditions des Escales, Domaine français, de m'avoir permis de découvrir cette auteure, une très belle rencontre que je ne suis pas prête d'oublier.
Je remercie aussi tout particulièrement Caroline Legrand, directrice littéraire pour le Domaine français des Escales, que j'ai eu la chance de rencontrer, une personne passionnante et passionnée, qui fait un travail remarquable, et qui pour nous déniche de belles pépites. Une édition que je vais suivre assurément.
La ségrégation raciale est au coeur de ce roman, l'auteure nous plonge dans L Histoire traumatisante de l'Ouest aux Etats-Unis, confrontée à une guerre civile ô combien meurtrière et qui voit émerger des organisations secrètes comme celles du KKK. Elle revient sur les traumatismes de cette guerre «Ceux qui partent ne reviennent jamais, même quand ils reviennent», décrit les injustices faites aux gens de couleur. «Mais vous n'ignorez pas que ces gens se tiennent entre eux. Qui iriez-vous croire ?»
L'écriture est belle, poétique, emplie d'espoir, comme une invitation au partage. Un espoir incarné notamment par le personnage du Père Louis, qui nous transmet une très belle leçon de vie.
L'histoire est conçue comme un patchwork, telle une courtepointe (les fameuses courtepointes, qui occupent une grande place dans ce récit); défilent devant nos yeux des bouts de vie, des morceaux d'événements, s'imbriquant entre eux, et qui, humblement, avec délicatesse, intimement, nous transportent, nous donnent à comprendre et à ressentir l'atmosphère de l'époque; c'est sur le chemin de la liberté que nous évoluons, sans en avoir pleinement conscience.

«La liberté, mon fils, ce n'est peut-être pas aussi important qu'on le dit. Regarde ce que les Blancs, qui l'ont depuis toujours, ont trouvé à en faire.»

Une guerre civile qui résonne tant encore de nos jours, indéfiniment ...

«Permettez-moi de répondre à votre question par une autre : puisque nul traité de paix n'est venu marquer la fin de cette étrange guerre fratricide, comment prétendez-vous savoir qu'elle est bien finie ?»

Laissez-vous tenter par ce récit, venez côtoyer ces personnages hauts en couleur, tel le père Louis, Eve, Eleanor ou encore ce petit bonhomme, doux et rêveur, qui à sa façon, contribuera à la construction de la maison de Dieu, une maison pour tous.

Un très beau récit, empreint d'humanité. Merci Dominique Fortier.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Je suis un et je suis mille.

Si, pour les siècles des siècles en ce pays, riches et pauvres, esclaves et maîtres, hommes, femmes et enfants, s’agenouillent devant une croix une fois la semaine,c’est chaque jour du matin au soir qu’ils se prosternent devant moi, n’osant me toucher qu’avec délicatesse, du bout des doigts, avec le même respect et la même crainte que ‘ils effleuraient l’hostie consacrée, en prenant soin de ne point me souiller, de ne pas me flétrir et de ne point se blesser à mon contact.

C’est à moi que les cueilleurs doivent leurs pauvres hardes, c’est dans la douceur de mes bras innombrables qu’ils emmaillotent leurs enfants, qu’ils se protègent comme ils le peuvent du froid de la nuit, c’est encore moi qui bois leurs larmes, le sang giclant de leurs blessures comme celui qui coule entre les cuisses des femmes, et les autres liqueurs qui s’échappent de leurs corps abrutis par le travail. Au lendemain du dernier jour de leur vie, c’est moi qui les enveloppe, protégeant leur peau du bois du cercueil et de la terre grasse où ils finiront par retourner me nourrir. Je suis là depuis bien avant eux, quand cette terre était jardin sous le soleil et la caresse de la pluie, et je serai là bien après que tous auront disparu.

D’un seul de mes plants, on tire assez de fil pour faire le tour de la terre, et c’est aussi de mes fruits qu’on tisse les voiles des navires, blanches comme le dessous des ailes des albatros, et la cagoule qu’on passe au condamné, non pas, comme on pourrait le croire, pour empêcher qu’il puisse regarder dans les yeux ceux par qui elle arrive, car de tout temps il est certains égards qu’on réserve aux bourreaux.

On m’appelle Roi Coton, je suis blanc comme neige, je suis mille et je suis un.

Suivez-moi maintenant, car nul ne saurait mieux vous guider en cette terre de fous, en ce pays de marécages, moitié boue et moitié eau, mangé par le soleil. Ne craignez rien. Simplement, ayez soin de mettre vos pas dans les miens, et prenez garde aux serpents. (p. 11-12)
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Dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, quand les canons se seront tus, le temps va s'arrêter sur les berges du lent cours d'eau, il va s'allonger dans l'herbe, s'assoupir et faire le même rêve pendant des générations au cours desquelles les femmes montreront en silence à coudre à leurs filles de curieuses courtepointes que personne ne verra, toutes différentes et toutes mystérieusement apparentées, uniques et soeurs. À même les restes de la vie quotidienne, elles tailleront des morceaux de ciel, échafauderont des maisons, dessineront des labyrinthes pour assembler des ouvrages dont chacun est un miracle.
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Coup sur coup, les deux camps ennemis perdirent ce printemps-là leurs deux figures mythiques : Robert Lee rendit les armes à Appomattox, Lincoln rendit l'âme à quelques coins de rue du théâtre Ford de Washington où il assistait à une pièce, assassiné par un comédien célèbre qui s'était - force de l'habitude? - jeté sur la scène après avoir tiré le coup fatidique, se laissant glisser le long d'un drapeau des États-Unis pour venir se briser la cheville en atterrissant sur les planches. John Wilkes Booth avait réussi son attentat, mais il avait raté sa sortie.
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Vous n'avez pas besoin que je vous explique le moyen de sortir d'un labyrinthe : il suffit simplement de refaire à l'envers le chemin que nous avons parcouru ensemble. [...]
Mais il est un autre moyen de sortir d'un labyrinthe : c'est d'inventer soi-même le chemin au fur et à mesure, jusqu'à la sortie, que l'on invente aussi.
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Dans certaines villes, les volontaires se pressaient pour rejoindre les rangs tant de l'Union que de la Confédération, s'étirant en deux longues files d'un côté et de l'autre d'une même rue, frères, cousins, voisins se saluant de la main avant de prendre les armes les uns contre les autres.
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