J' enclenche la marche arrière...65 ans de recul, et pourtant, comme le chantait Salvador, c'était hier, ce matin-là.
J'avais 15 ans et ma soeur aînée qui venait de se marier s'était installée dans un nouvel appartement.
A ma première visite chez elle je remarquai des livres bien rangés contre un mur du salon.( Chez moi les livres lus provenaient de la bibliothèque municipale, toute proche de notre maison). Je parcourus des yeux les titres et sortis"
le Voyageur sur la terre", en livre de poche. Au dos on assurait que ces nouvelles faisaient penser à
Edgar Poe, mon dieu d'alors.
J'empruntai le livre et fus tout de suite fasciné (et même un peu effrayé) par la première, celle qui donne le titre au recueil. Je ne compris pas bien les deux dernières "Les clefs de la mort" et "
Léviathan", par contre la seconde "
Christine" me bouleversa.
Ce récit des souvenirs d'un enfant de 12 ou 13 ans, nous apprend que
Christine, une cousine du même âge que l'auteur, s'installe chez lui accompagnée de sa mère.
Green par petites touches , en reprenant à son compte sa naïveté d'enfant, nous laisse deviner que cette fillette n'est pas comme les autres et que son handicap va la conduire à la mort.
J'appris l'intégralité de la nouvelle par coeur et aujourd'hui encore je me rappelle -à peu près- le début du texte (que je n'ai pas relu, depuis):
"La route de Fort Hoppe suit la ligne des récifs dont elle est séparée par des bandes de terres noires et nues.[....]
Au loin on aperçoit une longue tache miroitante et grise: c'est la mer."