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EAN : 9782290334591
92 pages
J'ai lu (09/06/2003)
3.51/5   195 notes
Résumé :
Monsieur Perrichon a décidément tout de l'honnête bourgeois : la suffisance, l'ingénuité, l'ambition mondaine et une morale quelque peu soumise aux circonstances. Lorsqu'il part en voyage d'agrément avec sa femme et sa jolie fille Henriette, il n'imagine pas que les deux prétendants officiels de sa fille donneront à ce séjour une tournure rocambolesque. Qui, de Daniel ou d'Armand, saura s'attirer les faveurs de la fille, et surtout du père ? De rebondissements en qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 195 notes
Eugène Labiche est un bon gros bourgeois, qui n'a jamais véritablement eu besoin de sa plume pour vivre, ce qui lui permit de s'amuser à écrire. Peut-être sans le savoir, il est à l'origine d'un mouvement et d'un renouveau de la comédie, dite comédie bourgeoise ou vaudeville.

Actif avant le milieu du XIXème siècle, il connaît ses principaux succès au début de la seconde moitié de ce siècle et représente la forme primitive d'un théâtre qui connaîtra son apogée avec Georges Feydeau et qui s'éteindra peu ou prou avec Sacha Guitry. Aux côtés de Feydeau, on peut aussi mentionner Georges Courteline, mais avec un côté plus mordant qui dérive un peu par rapport à la comédie bourgeoise bon enfant qu'initie Labiche.

Le Voyage de Monsieur Perrichon est chronologiquement le deuxième gros succès de l'auteur après le Chapeau de Paille D'Italie, neuf ans plus tôt. C'est une comédie en quatre actes, dont la valeur m'apparaît assez inégale.

On commence par un premier acte mou, convenu et gentillet, sans grand intérêt, puis, doucement mais sûrement, le second acte devient plaisant et drôle, très distrayant. le troisième acte tient lui aussi toutes ses promesses avant que le quatrième nous replonge dans la mollesse plan-plan du début et nous laisse un goût mitigé.

Vous avez compris que s'il n'y avait eu que les actes II et III, j'aurais apporté tout mon suffrage à cette comédie, vaudeville typique, où l'on sent que Feydeau puisera beaucoup de son style et de son inspiration théâtrale.

Nous suivons donc un certain M. Perrichon, bourgeois ayant bâtit une rondelette fortune en tant que carrossier. Avec sa grosse épouse et sa charmante fille Henriette, il s'apprête à partir en voyage à l'étranger en Suisse et en Savoie (n'oublions pas que la Savoie n'est devenue définitivement française qu'en 1860, date de la sortie de la pièce, les vacances dans les Alpes étant alors un sujet brûlant d'actualité).

Cependant, dès la gare parisienne, deux larrons, Armand et Daniel, bourgeois héritiers de bonne famille ont lorgné la petite Henriette et se sont, l'un comme l'autre, promis d'enlever la main de la petite bourgeoise.

Ce faisant, c'est un savant concours de séduction où il faut autant plaire à la promise qu'à sa mère et, surtout, qu'à son père, le veule, hypocrite et orgueilleux petit grand Monsieur Perrichon.

Eugène Labiche de se prive pas pour étriller la bourgeoisie, sur son manque de courage, son inculture, sa fatuité et encore bien d'autres qualités de ce genre. Mais c'est toujours très bon enfant, très paternaliste, très bien pensant. Bref, l'archétype de " la comédie à papa ".

Une forme qui connaîtra son heure de gloire un siècle plus tard au cinéma avec Fernandel et qui de nos jours encore sévit au cinéma périodiquement. Ce n'est pas désagréable, ça se mange sans pain, il y a parfois quelques traits bien sentis, mais ça ne s'envole jamais trop, trop haut. Ceci n'est d'ailleurs pas bien grave, c'est du divertissement et c'est une comédie sans prétention.

Personnellement, j'aime mieux un bon Feydeau, je trouve ça plus fin, plus subtil, mieux écrit par moments, plus délicieusement ambigu et gaillard mais ceci n'engage que moi et ne perdez jamais de vue que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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J'ai passé d'excellents moments bien rafraichissants avec cette pièce d'Eugène Labiche, la première de l'auteur que je lis.

C'est du vaudeville, c'est donc fait pour rire de personnages au caractère tranché et un peu caricaturaux, et on a un champion du monde en la personne de ce monsieur Perrichon. Un bourgeois du second Empire, un carrossier comme dit avec mépris son « ami » Majorin, qui emmène pour la première fois sa famille en vacances à la montagne, en Suisse, voir la mer de Glace. Il est si agité ; il se débat avec des employés de la gare de Lyon peu amènes qui portent déjà toute la réputation de l'accueil à la française (« ce n'est pas ouvert ! », « ça ne me regarde pas, voyez l'affiche ! »). Il est si fier et vaniteux qu'on entrevoit les plumes de paon dépasser sous sa redingote. Et incidemment, il ne supporte de devoir porter le fardeau de la reconnaissance alors qu'il lévite littéralement lorsque ceux qui ont de la reconnaissance pour lui le portent aux nues.

C'est l'expérience que vont faire Daniel et Armand, deux jeunes hommes engagés dans un concours honorable pour les beaux yeux d'Henriette, la fille de Perrichon. Armand suit les élans de son coeur généreux et sauver plusieurs fois la mise à monsieur Perrichon. Ce dernier en éprouve un vague ressentiment et supporte de moins ce jeune homme « qui a un air qui semble crier au voisinage : j'ai sauvé Perrichon » (ainsi le voit-il et il est bien le seul). Comme le dit Daniel : « l'ingratitude est une variété de l'orgueil ». Daniel, donc, a compris le personnage et est plus tactique : il s'arrange pour être redevable envers Perrichon et ne cesse de le remercier à genoux. Perrichon ne se sent plus de plaisir. Bref, pour avoir la fille, il faut plaire au père.

La pièce est aussi un vrai témoignage de la France des années 1860 : les débuts des voyages touristiques, le capitalisme populaire en progression, le rattachement de la Savoie et du comté de Nice à la France, la division de Paris en arrondissements.

Après avoir terminé, j'ai trouvé sur Internet une version jouée en 1997 avec un superbe Jean-Pierre Darras en Perrichon et mis en scène par Jean-Luc Moreau. J'ai trouvé que certains traits d'humour passaient moins bien car ils sont trop associés à l'époque. La lecture permet de se reporter aux notes pour mieux les apprécier.
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Monsieur Perrichon, commerçant devenu rentier, emmène sa femme et sa fille Henriette en vacances dans les Alpes. Amand Desroches et Daniel Savary les suivent dans leur périple, ayant chacun pour objectif d'obtenir la main d'Henriette. S'ensuivra un accident dont Perrichon sera sauvé par Armand ; en conséquence de quoi il lui en voudra terriblement de lui avoir sauvé la vie. Tandis que Daniel, retenant la leçon, fera semblant d'être lui-même victime d'un accident et sauvé par Perrichon, qui lui vouera une amitié sans faille : c'est que ce beau geste lui permet d'aborder des airs de héros, ce qu'il apprécie particulièrement. En sus, Perrichon trouvera moyen d'insulter, via le livre d'or de l'hôtel, un commandant qui viendra lui réclamer justice à Paris, une fois les vacances terminées, sous la forme d'un duel. Chacun, autour de Perrichon (et Perrichon le premier), se livre alors à des petites manigances pour éviter le duel qu'il est certain de perdre. Or Armand, trouvant moyen d'annuler officiellement le duel, va s'attirer encore davantage les foudres de Perrichon, qui souhaitait éluder ceci en toute discrétion et ne pas passer pour un lâche. Pendant ce temps, Daniel s'est montré une fois encore plus rusé que son comparse et se trouve sur le point d'obtenir la main d'Henriette (alors qu'elle préfère Armand). Sauf que Perrichon n'est pas toujours aussi bête qu'il en a l'air...

La pièce est bien construite, elle monte petit à petit en puissance, l'argument est simple, et la caricature de Perrichon fonctionne bien. Labiche et Martin se concentrent essentiellement sur le caractère de Perrichon, sur son ingratitude envers Armand qui ne cesse de s'étoffer. Il ne cesse de s'inventer tous les prétextes possibles pour s'assurer qu'Armand cherche à le diminuer et à faire le malin en lui rappelant qu'il lui a sauvé la vie, ses récriminations se révélant un leitmotiv comique qui marche. C'est la vanité de Perrichon qui est en cause, car, moins il supporte qu'on lui rappelle les services d'Armand, plus il est heureux que Daniel se comporte comme son obligé à vie : ce leitmotiv-là, symétrique au premier, fonctionne peut-être moins bien.

On ne peut véritablement parler ici de critique sociale ; certes, Perrichon est un bourgeois, certes, il affiche fièrement ses fautes d'orthographe sur le livre d'or de l'hôtel, certes, il se prend très au sérieux depuis qu'il est rentier, mais enfin, la vanité et la sottise ne sont pas le lot des rentiers seuls ; on est davantage dans la comédie de caractères. Encore que ce soit le caractère de Perrichon qui domine indubitablement la pièce, les autres personnages faisant plutôt pâle figure. "Le voyage de Monsieur Perrichon" s'avère donc une comédie qui fait sourire, mais qui manque de fantaisie et un peu de rythme, malgré une fin bien trouvée et bien amenée. Une comédie qui est donc un des classiques de Labiche, mais sans doute pas la plus drôle, ni la plus incisive.


Challenge Théâtre 2017-2018
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Une pièce qui relate les diverses péripéties d'un "bourgeois" fraîchement retraité parti en voyage par le train en famille.
L'homme est ridicule et vaniteux et il doit départager deux prétendants de sa fille, le premier qui l'a sauvé, et le second à qui il a porté secours. Il se trouve par ailleurs provoqué en duel par un militaire ombrageux et menacé des tribunaux par un douanier qu'il a insulté...
Nous découvrons un personnage qui n'est guère séduisant et qui se montre peu reconnaissant vis à vis des personnes qui lui rendent service. La bêtise craque sous le vernis de l'homme respectable et riche.
Divertissant.
A noter aussi que la documentation thématique qui complète cette comédie : "Voyage en bourgeoisie sous le second Empire" et "Le bourgeois ce mal-aimé" est fort instructive.
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Le 10 septembre 1860, Eugène Labiche donnait au théâtre du Gymnase à Paris la première de sa pièce la plus représentative de la bourgeoisie du Second Empire : Le Voyage de Monsieur Perrichon, une comédie en quatre actes avec, dans le rôle de Monsieur Perrichon, un célèbre comédien de l'époque : Geoffroy (1813-1883).
"La pièce connut un accueil triomphal et valut à Labiche le surnom de « roi du Vaudeville ». le succès de cette pièce ne se démentira jamais. Elle entra ainsi au répertoire de la Comédie française en 1906. »

Dans le cadre du challenge 19ème siècle, je viens de découvrir cette petite oeuvre du théâtre comique français en quatre actes qui date de 1860. C'est aussi la première pièce connue qui soit consacrée au tourisme, aux chemins de fer et à la montagne.
La famille Berrichon se rend à Chamonix. le père est un bourgeois, sa fille est courtisée par deux rivaux amicaux. C'est une classique comédie amoureuse qui a pour toile de fond les voyages, les aventures à la gare et le tourisme en montagne.
Comédie de moeurs, aux situations cocasses et absurdes, elle met en évidence la peinture psychologique de Mr Perrichon : il se prend d'affection pour celui qui lui rend service et de haine pour celui qui lui sauve la vie : d'où la maxime en fin de pièce « Un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance ».
Je peux dire que je viens de passer un charmant moment en leur compagnie et que la leçon sera bien apprise par Monsieur Perrichon, qui sait reconnaître ses torts.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
MONSIEUR PERRICHON : Tout à coup, j’entends derrière moi comme un éboulement ; je me retourne ; Monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond dont la vue seule fait frissonner. […] Alors, n’écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m’élance…
MADAME PERRICHON et HENRIETTE : Ciel !
PERRICHON : Sur le bord du précipice, je lui tends mon bâton ferré… Il s’y cramponne. Je tire… il tire… nous tirons, et, après une lutte insensée, je l’arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous !…
DANIEL : Monsieur Perrichon, vous venez de rendre un fils à sa mère…
PERRICHON (majestueusement) : C’est vrai !
DANIEL : Un frère à sa sœur !
PERRICHON : Et un homme à la société.
DANIEL : Les paroles sont impuissantes pour reconnaître un tel service.
PERRICHON : C’est vrai !
DANIEL : Il n’y a que le cœur… entendez-vous, le cœur !
[...]
PERRICHON (ému) : Daniel, mon ami, mon enfant !… votre main. (Il lui prend la main.) Je vous dois les plus douces émotions de ma vie… Sans moi, vous ne seriez qu’une masse informe et repoussante, ensevelie sous les frimas… Vous me devez tout, tout ! (Avec noblesse.) Je ne l’oublierai jamais !

Acte II, Scène 10.
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JEAN, entrant un papier à la main. Monsieur...

PERRICHON. Quoi?

JEAN. Le concierge vient de me remettre un papier timbré pour vous.

MADAME PERRICHON. Un papier timbré?

PERRICHON. N'aie donc pas peur! je ne dois rien à personne... au contraire, on me doit...

MAJORIN, à part. C'est pour moi qu'il dit ça!

PERRICHON, regardant le papier. Une assignation à comparaître devant la sixième chambre pour injures envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions.

TOUS. Ah! mon Dieu!

PERRICHON, lisant. Vu le procès-verbal dressé au bureau de la douane française par le sieur Machut, sergent douanier...

MAJORIN remonte.

ARMAND. Qu'est-ce-que cela signifie?

PERRICHON. Un douanier qui m'a saisi trois montres... j'ai été trop vif... je l'ai appelé "gabelou! rebut de l'humanité!..."

MAJORIN, derrière le guéridon. C'est très grave! très grave!

PERRICHON, inquiet. Quoi?

MAJORIN. Injures qualifiées envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions.

MADAME PERRICHON ET PERRICHON. Eh bien?

MAJORIN. De quinze jours à trois mois de prison...

TOUS. En prison!
Acte 3, scène 7
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PERRICHON : En passant à Genève, j’ai acheté trois montres… une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière… et une pour toi, à répétition.
MAJORIN (à part.) : Il me met après ses domestiques ! (Haut.) Enfin ?
PERRICHON : Avant d’arriver à la douane française, je les avais fourrées dans ma cravate…
MAJORIN : Pourquoi ?
PERRICHON : Tiens ! je n’avais pas envie de payer les droits. On me demande : « Avez-vous quelque chose à déclarer ? » Je réponds non ; je fais un mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne : dig dig dig !
MAJORIN : Eh bien ?
PERRICHON : Eh bien, j’ai été pincé… on a tout saisi…

Acte III, Scène 5.
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MADAME PERRICHON : Pingley ?… c’est mon cousin ! Vous le connaissez ?…
ARMAND : Beaucoup. (À part.) Je ne l’ai jamais vu !
MADAME PERRICHON : Quel homme charmant !
ARMAND : Ah ! oui !
MADAME PERRICHON : C’est un bien grand malheur qu’il ait son infirmité !
ARMAND : Certainement… c’est un bien grand malheur !
MADAME PERRICHON : Sourd à quarante-sept ans !
ARMAND (À part.) : Tiens ! il est sourd, notre correspondant ? C’est donc pour ça qu’il ne répond jamais à nos lettres.

Acte II, Scène 9.
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DANIEL : Un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance ; il y a même des gens d'esprit qui sont d'une constitution si délicate...

Acte IV, Scène 8.
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Jean-Basptiste Sastre et comédien et metteur en scène. Après des études au Conservatoire national supérieur d'Art dramatique de Paris, il signe en 1995 sa première mise en scène, Histoire vécue du roi Toto, d'après l'oeuvre d'Antonin Artaud. Il montera par la suite des textes de Genet, Duras, Marlowe, Büchner, Marivaux, Labiche ou Coleridge. Son travail de metteur en scène ne consiste pas seulement à assurer la direction d'acteurs, mais aussi à créer avec ceux qui l'accompagnent, et plus particulièrement les poètes et les plasticiens dont il s'entoure, une esthétique propre à chaque spectacle. À partir de 2005, Jean-Baptiste Sastre, alors lauréat de la Villa Médicis hors les murs à Londres, débute un travail sur le théâtre élisabéthain et tout particulièrement sur La Tragédie du roi Richard II. En 2018, il présente au Festival d'Avignon La France contre les robots de Georges Bernanos, co-adapté avec Gilles Bernanos.
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