Comme souvent dans les ptites villes on jacte beaucoup mais on pense peu. Il se fait que mon destin m'a conduite à vivre dans de ce type de localités et que je pratique les 2. La jactance et la pensée. Les 2 s'alimentent. Avec des vrais gens, et des livres. Je rencontre plus de livres que de gens. Beaucoup de livres, derrière qui se cachent des gens, forcément. Beaucoup de gens. Des écrivains.nes, qui pensent, et qui font mon bonheur quotidien, ma vitalité, ma verticalité, oui carrément. Aujourd'hui je vous présente
Alain Guyard et son essai en forme de 22 leçons philosophiques, drôle et foutraque, qui déboulonne les certitudes identitaires. Je l'aime parce qu'il parle une langue en voie de disparition, l'argot. le latin des racailles, la langue du bitume, des bistrots, des voyous et des putes, entre autres. C'est fleuri, joyeux, imagée, magnifique. D'où ma fanitude totale pour
Johann Zarca ou
Laurent Chalumeau. Ou feu
Siné de
Charlie Hebdo. (lisez
Ma vie, mon oeuvre mon cul, un régal) Bref, mais en plus, là, avec ces 22 lecons de philo, on a de l'érudition: des portraits de femmes insurgées, peu connues, pratiquant la gynosophie, à opposer à la phallosophie, et oui le gars invente des mots et des concepts en plus. Car jusqu'à présent la philosophie a trop longtemps été une arme de domination masculine, alors il réhabilite ces dames qui pensent, oui messieurs, les gos, les meufs, ça pense. Et pas seulement. Elles peuvent même utiliser votre violence et tenter de vous couper les couilles (
Solanas, "pink bloc à elle toute seule" écrivaine qui pour être publiée et se faire de la pub a voulu tué
Andy Warhol, qu'elle a raté, il s'en ai jamais remis le pauvre, du coup elle s'est prostituée pour écrire).
Mais c'est pas tout. le gars est anarchiste. Radical. Pas de féminisme possible sans s'attaquer au capital qui induit le patriarcat, ou l'inverse. Toute forme d'exploitation est raillée et rayée du champs des possibles.
Le mec s'excuse même, dans un post scriptum qu'il appelle joliment une "apostille préventive", de prendre la parole à la place des femmes. "Mais c'est ça écrire, devenir faussaire des existences d'autrui, leur chouraver la couleur de l'âme pour s'en faire un fard à paupière..." Sublime.
Se crougnougnouter la framboise
Gramahucher une gonzesse
Se retrouver dans la mistoufle, etc, etc.
Me voilà, à 3 jours de Noël, rêvant de me faire offrir le dico
San Antonio, le dico du bistrot, du bitume, le Grand Dictionnaire Larousse de l'argot,
Solanas et son SCUM (Society for Cutting Up Men) manifesto (ou sa pièce Dans ton cul),
Monique Wittig,
l'Opoponax, etc, etc. Un livre renvoie à 1000 autres, une chaîne infinie de penseurs. seuses qui se répondent, au final, ça me coûte cher et tant mieux. Heureusement la mediathéque de Royan est bien pourvue( pour une commune de 19 000 hab. ) . Accueillants et sympathiques, ils achètent qques unes de mes suggestions. J'y ai même trouvé un roman d'
Alain Guyard. Pas encore lu.
J terminerai avec cette phrase de
Nietzsche qui me plaît bien. "Penser fait mal, ne pas penser fait le mal"
Allez debout les morts.tes, à vos livres! Et surtout, à votre bon plaisir ! Lire et jouir, à l'unisson ! Ne pas se faire voler son temps de cerveau disponible (c'est chaud ça quand t'es proprio et surtout salarié.e). Peuple du bas, instruisez vous, les crétins.es diplômés. ées (de l'ENA bien sûr ) nous gouvernent. Eh voilà, je m'emporte. On va dire que c'est de l'hystérie féminine.