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EAN : 9782070132577
378 pages
Gallimard (02/02/2011)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Venu à Valjoie, où des citoyens de Boston tentent, dans les années 1830, une expérience de vie collective, Miles Coverdale tombe en plein mystère.
Voici Zenobia, parfaitement belle et dominatrice, voici Priscilla, d'une grâce timide et frémissante, entraînées toutes deux dans l'orbite d'un inquiétant réformateur qu'obsède l'amendement des criminels, rivales et cependant unies, semble-t-il, par un lien inexplicable.
Dans le cadre de ce phalanstère que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nathaniel HAWTHORNE (1804-1864) est le Maître du Style et de l'intériorité des êtres. Publié en 1852, son troisième roman "The Blithedale Romance" (textuellement : "La Fantaisie romanesque de la Vallée joyeuse") nous le prouve une fois de plus...

L'auteur se replonge dans ses souvenirs de l'année 1841 où, alors âgé de 37 ans, il s'échappa de la grande Cité de Boston – notamment pour un impératif de survie économique – et a tenté le tout pour le tout : l'aventure humaine qu'il lui reste alors à vivre dans la Communauté utopique de Brook Farm [Cf. le film "La Communauté" de Thomas VINTERBERG, 2016].

On nous rappelle qu'il dût d'abord "verser une caution de 1.000 dollars" et qu'il y était spécialement "chargé de pelleter le monticule de fumier dénommée « la mine d'or » [...] ".

Il y restera, bon an mal an, moins d'une année ; on le verra certainement soulagé de revenir vers "Les Lumières de la Ville", à la fois plein d'usage et raison" mais aussi riche d'expériences humaines et affectives : il se mariera dès son retour, en 1842.

Riche encore de mille souvenirs et impressions fécondes, on le constatera avec bonheur ici...

Ce bon Miles Coverdale (alter-ego de l'écrivain) est un observateur-travailleur aux champs parmi d'autres : ces "autres" si différents et opaques – tels la belle Zenobia, maîtresse et conteuse poursuivie par un amant prétentieux tout cousu d'or, la discrète couturière Priscilla (son modèle réel, Sophia Peabody, "illustratrice et transcendentaliste", deviendra Mrs Hawthorne à l'issue de l'aventure champêtre), l'idéologue Hollingsworth se rêvant en "bienfaiteur de l'humanité" aux rêves altruistes à la fois rigides et fragiles, le laboureur Silas Foster "force de la Nature" aux moeurs mal dégrossies faisant contraste avec celles réservées (par la naissance) à "tous-Ces-Gens-d' La-Ville"...

Quel "melting-pot" fabuleux que l'immortelle Ruralité, au fond !

Les vingt-neuf chapitres de ces tribulations (tout sauf anecdotiques) ne seraient évidemment rien sans les beautés, finesses et mille nuances de la langue imagée qui faisait déjà le charme puissant et intemporel des "Contes et Récits" (la plupart rédigés avant 1850) , de "La Lettre écarlate" (1850) – la plupart de nos amis lecteurs semblant s'arrêter peut-être assez "moutonnement" à ce seul (excellent) roman : crénom, quel dommage !!! – et de "La Maison aux sept pignons" (1851) : l'ironie bienveillante délicieuse de cet auteur qui annonce celle de Anton TCHEKHOV, de Robert WALSER, de Stefan ZWEIG, fins connaisseurs & chantres des charmes de l'humain ordinaire...

Curieux tout de même que tant de lecteurs francophones semblent encore méconnaître le talent paisible et l'originalité de langue du grand homme de Salem, "pilier" de la Littérature de l'Amérique post-puritaine et post-amérindienne...

Un petit chef d'oeuvre finement traduit par Marie Canavaggia en 1952, préfacé par André Maurois (évoquant avec talent les "modèles" humains de la fiction de Hawthorne), accessible au prix dérisoire de 9,80 € (donc quasiment donné !) dans la collection "L'Imaginaire" de l'éditeur Gallimard.





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Valjoie est peut-être le roman mélancolique par excellence, et pas seulement parce que, comme nous l'indique dès le début le narrateur Miles Coverdale, ce fut le lieu d'un projet utopique qui sombra.

Écoeurés de la société contemporaine, Coverdale, Hollingsworth et l'exubérante Zenobia sont bien décidés, avec d'autres, à s'en isoler et à bâtir grâce à la communauté de Valjoie le socle d'un monde meilleur - William Morris n'est pas loin. Se joint à eux la charmante, tendre, vive et énigmatique Priscilla. Entre Hollingsworth, Zenobia et elle prend forme un triangle amoureux dont Miles Coverdale n'est que le témoin passif, mais dont il pressent que des liens sibyllins et peut-être terribles les soudent les uns aux autres.

Ce n'est pas tant le mystère rampant, entaché de surnaturel, que d'ailleurs le narrateur ne tient pas tant que ça à lever, qui fait l'intérêt et la saveur du roman, mais la plume sensible de Hawthorne. À travers son narrateur, il dresse le décor et l'intrigue d'un drame psychologique et passionnel, qui touchera différemment les protagonistes selon le rôle qu'ils ont choisi d'y jouer. Il n'est d'ailleurs pas anodin qu'à un certain point de tension du roman, Miles Coverdale se retrouve à épier les autres personnages depuis sa chambre d'hôtel, tel le spectateur d'une pièce de théâtre.

C'est un roman qui ne brille pas d'un éclat tapageur, mais qui se découvre peu à peu dans toute sa finesse, imprégné de tristesse, de langueur et de douceur, à l'image de son narrateur. On comprendra aux toutes dernières lignes (ou avant !) pourquoi Miles Coverdale traîne cette mélancolie qui l'a accablé toute sa vie depuis la belle utopie de Valjoie.
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Des hippies avant l'heure sous la plume d'un puritain!
Hawthorne s'est inspiré de sa (courte) propre expérience au sein d'une congrégation transcendantaliste pour écrire Valjoie.

Le roman retrace la tentative de communauté utopiste créée par quelques personnages autour de 1850. Tous débutent cette expérience avec enthousiasme et idéalisme, l'envie de créer un nouveau modèle pour améliorer le monde.

Hawthorne frise parfois la satire de cette vie en communauté vouée pour lui à un échec certain (rivalités, divergences philosophiques, promiscuité…).
Ceci dit, l'auteur agrémente cette chronique d'un vrai attirail romanesque : identités à tiroirs, vil séducteur et jeune fille en fleur, noyade, jalousies, mystérieuse Dame voilée…
L'accumulation pourrait sembler grossière, mais la plume de Hawthorne a le don de dépeindre une psychologie plus complexe et retorse qu'il n'y parait, avec en plus un petit féminisme timidou mais d'avant-garde.
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critiques presse (1)
Bibliobs
15 juillet 2013
Dans ce livre, qui n’est pas loin d’être son meilleur, l’auteur de «la Lettre écarlate» romance sa tentative d’installation dans un phalanstère puritain et fouriériste.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Il ne saurait guère y avoir encore pour moi, qui suis vraiment en train de devenir un vieux garçon transi avec, autant dire, chaque semaine un poil blanc de plus dans sa moustache, non, il ne saurait guère étinceler encore pour moi dans un foyer un feu aussi joyeux que celui dont je me souviens et qui, le lendemain, pétillait à Valjoie.
C'était un feu de bois dans la salle d'une vieille ferme par un après-midi d'avril, mais avec le vent d'une tempête de neige grondant par rafales dans la cheminée. Bien vif, il flamboie ce feu, tandis que, dans ma mémoire, j'écarte la cendre pour faire place aux étincelles et les ranimer d'un soupir à défaut d'un souffle rénovateur. Bien vif, la durée d'un instant, mais tout aussitôt avec seulement le plus terne éclat et tout juste aussi peu d'ardeur pour mon cœur que pour le bout de mes doigts ! Les solides bûches de chêne sont consumées. Leur éclat bienfaisant ne peut plus être représenté, dans la mesure où c'est possible encore, que par la lueur phosphorescente qui, plutôt qu'elle ne brille, exsude des débris humides de vieux arbres pourris, trompant le vagabond qui erre la nuit dans une forêt. Autour d'un aussi moqueur simulacre de feu quelques-uns d'entre nous pourraient s'asseoir sur les feuilles mortes, étendre leurs mains vers la chaleur imaginaire et parler de l'échec des plans que nous avons échafaudés alors pour recommencer la vie du Paradis.
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Ce n'est pas, j'en ai peur, une saine occupation d'esprit de s'adonner trop exclusivement à l'étude des individus, hommes ou femmes. Si c'est notre propre personnage que nous soumettons à cet examen, le résultat à peu près certain est une morbide action sur le cœur, qui s'exerce presque avant que nous ayons eu le temps de jeter un second coup d'œil. Si le sujet est un ami, en prenant la liberté de le mettre sous notre microscope, nous le mettons du même coup à part, tranchons des liens qui le relient normalement aux êtres et aux choses, grossissons ses particularités, le découpons forcément en morceaux que, bien entendu, nous rassemblons après très maladroitement. Rien d'étonnant si nous sommes ensuite épouvantés à la vue d'un monstre qui, bien que nous puissions reconnaître chacune de ses difformités chez le véritable personnage, n'en peut pas moins passer en grande partie pour être notre propre création.
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Ensorcelants pour ma fantaisie sont ces repaires et replis où la nature, telle une perdrix égarée, cache sa tête en des lieux depuis longtemps habités par les hommes ! Il faut du reste remarquer, qu'en règle générale, qu'il s'agisse de ville ou de campagne, on trouve beaucoup plus de pittoresque, beaucoup plus de vérité concernant les tendances natives et caractéristiques des êtres, infiniment plus de matière à songeries dans l'arrière d'un demeure que dans sa façade. Celle-ci est toujours artificielle ; elle est faite pour les yeux du monde, elle est par conséquent un voile, elle tend à dissimuler. Les réalités restent à l'arrière et poussent devant elles une avant-garde d'ostentation, de sottise.
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Nous avions laissé derrière nous l'armature rouillée de la société ; nous avions brisé plusieurs de ces entraves qui sont assez fortes pour lier la plupart des gens au train-train fastidieux du système établi, même lorsqu'ils s'en sentent intolérablement excédés que c'était notre cas. Nous étions descendus de la chaire, avions jeté la plume, fermé le grand livre, repoussé la douce, ensorcelante, assoupissante indolence plus délectable, après tout, que la plupart des plaisirs accessibles aux mortels. Nous nous proposions - but généreux certainement et absurde, sans aucun doute, dans la pleine mesure de sa générosité - de renoncer à tout ce que nous avions jusqu’alors acquis, ceci afin de donner au genre humain l'exemple d'une vie gouvernée par des principes différents de ceux, cruels et faux, qui de tout temps ont régi les sociétés humaines.
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Pendant le temps de ma réclusion, de nouvelles recrues étaient venues se joindre à notre petite armée de saints et de martyrs : des gens qui, pour la plupart, avaient traversé une expérience faite pour les détourner des chemins battus, mais n’étaient pas encore assez âgés et n’avaient pas souffert assez profondément pour perdre leur foi en des temps meilleurs. (…) Dans l’ensemble, il s’agissait d’une société comme il ne s’en est pas constitué souvent et peut-être ne pouvait-on pas raisonnablement s’attendre à la voir se maintenir longtemps.
Les gens d’une individualité marquée ne sont pas plus que des branches tordues — et cette appellation aurait assez bien convenu à plusieurs d’entre nous — précisément faciles à mettre en fagots.

(p. 106-107)
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Alors quand elle se fait brutalement kidnapper et qu'elle se retrouve seule, dans la chambre close d'une maison inconnue, elle compte bien se battre et survivre à cette nouvelle épreuve. Pour cela, il va lui falloir comprendre ce qui lui arrive. Comprendre qui sont ses ravisseurs, malgré leur mutisme et leurs cagoules. Comprendre les raisons de son enlèvement.
Et comprendre, surtout, pourquoi elle se sent plus en sécurité emprisonnée dans cette pièce lugubre que dans son mariage de rêve avec le mystérieux Ned.
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