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EAN : 9782226440716
336 pages
Albin Michel (25/03/2020)
3.86/5   73 notes
Résumé :
Rosa, quatorze ans, veut devenir peintre animalière. Elle espère gagner sa vie en vendant ses tableaux et ne compter sur personne d'autre qu'elle-même. Mais, au XIXe siècle, seuls les garçons sont autorisés à suivre des études d'art. Alors qu'elle désespère, Rosa fait la connaissance de Nathalie, une fille à la santé fragile. Ensemble, les deux adolescentes s'apprêtent à braver les interdits et à conquérir leur liberté.
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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« Peintre animalière ? Pas question ! Qui achèterait le portrait d'une vache ou d'un cochon ? Non, non, tu ferais mieux de t'atteler à la peinture d'histoire. Des rois et des reines, des saintes et des saints, des dieux romains et des déesses grecques. »

Quel plaisir de découvrir Rosa Bonheur dont j'avais à peine entendu parler jusqu'à présent ! Une femme qui aurait toute sa place parmi Les Culottées de Pénélope Bagieu : née à l'aube du 19ème siècle, à une époque où les femmes n'avaient pas le droit d'étudier aux beaux-arts et avaient surtout vocation à se marier, non seulement elle s'obstina à devenir peintre, mais elle opta, complètement à contre-courant des canons de son époque, pour la peinture animalière. Et obtint tous les honneurs.

Autant le dire d'emblée, je suis assez réticente vis-à-vis du genre de la bibliographie romancée au coeur de cette « collection qui rend hommage à des personnalités au destin exceptionnel ». J'avais d'ailleurs été un peu déçue par un autre roman de cette collection consacré à Katherine Johnson. Je n'arrive pas à m'empêcher de m'interroger constamment sur ce qui est historiquement établi, et ce qui est projeté par l'auteur.e. L'exercice est difficile et a probablement quelque chose de bridant. La plume et les dialogues m'emportent moins que dans d'autres textes inspirés par des faits réels, mais assumés comme fictionnels, comme par exemple le magnifique Miss Charity de Marie-Aude Murail.

Cela dit, j'ai fini ici par me laisser fasciner par cette femme hors du commun qui vécut à une époque passionnante peu abordée en littérature jeunesse (cette lecture m'a fait repenser à cet égard au roman de Mario Vargas Llosale paradis un peu plus loin et le personnage de Flora Tristan, autre pionière du féminisme qui vécut à peu près à la même époque). Natacha Henry restitue, en toile de fond, le bouillonnement social, politique et artistique du milieu du 19ème siècle. On découvre le Paris de la monarchie de Juillet, du Louvre et des Jardins des Plantes aux abattoirs. J'ai été intéressée par le parcours d'initiation de Rosa à la peinture, les expériences et réflexions qui contribuent à sublimer son art de représenter les animaux. Des passages qui donnent follement envie d'aller voir ses tableaux qui m'ont touchée par la tendresse du regard posé sur nos amies les bêtes (j'en ai mis trois accessibles via le lien ci-dessous).

Mais surtout, le chemin parcouru par Rosa Bonheur montre avec force le courage nécessaire pour conquérir de nouveaux droits et les enjeux de l'autonomie matérielle pour l'émancipation féminine. On saisit l'importance de l'amour et du soutien de son entourage, avant tout celui de Nathalie Micas, mais celui d'un père en avance sur son temps. On mesure aussi l'ampleur des conquêtes des deux derniers siècles, même s'il reste encore beaucoup à faire.

Une lecture plaisante et inspirante qui donne envie de trouver sa voie en dehors des carcans !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Je suis une grande fan de cette collection Litt' chez Albin Michel. Découvrir le point de vue / l'histoire d'une personne célèbre à travers les yeux de son "lui" adolescent, cela permet de le démystifier et de le mettre à hauteur du lectorat adolescent : excellent choix éditorial !

Après Rester Debout et Combien de pas jusqu'à la lune, je me suis lancée sur les traces de Rosa Bonheur.

Là encore, la promesse éditoriale est tenue : on en apprend énormément sur elle, sur ses débuts, son parcours, ses combats en tant que femme peintre, ses idées, son travail, sa vie en somme. J'ai cependant trouvé l'écriture trop plate, trop détachée, ne dégageant aucune émotion. Choisir une narration à la troisième personne dans ce type de récit ne me paraît pas idéal car on reste spectateur.rice de l'histoire et on le ressent, impossible de s'attacher au personnage.

J'ai regretté l'absence de reproductions de ses tableaux qui m'aurait permis de voir son travail autrement que par des mots. Et comme toujours dans cette collection, j'ai trouvé la fin trop abrupte mais cela reste une belle ouverture qui m'ouvre la porte à sa biographie "officielle", comme cela avait été le cas avec Une vie.

Dans la foulée, j'ai donc lu Souvenirs de ma vie et cela a renforcé la qualité de ce roman adolescent qui approfondit (même si c'est de manière fictive) des passages trop vite survolés de son enfance par Rosa elle-même dans sa biographie (je pense par exemple à ces visites dans les abattoirs).

En résumé, ce roman adolescent est une belle introduction à la vie de Rosa Bonheur, que j'ai adoré découvrir. À compléter donc avec sa biographie pour avoir un portrait complet de cette femme talentueuse qui a oeuvré à rendre plus juste la vie d'autres femmes autour d'elle.
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Avant de lire ce roman, je ne connaissais pas vraiment Rosa Bonheur. Je savais seulement que c'était une peintresse et que son nom avait été donné à deux bars (l'un aux Buttes-Chaumont, l'autre sur une péniche) – autant le dire franchement, je ne savais pas grand chose de cette femme ! Alors quand j'ai vu que les éditions Albin Michel venaient de sortir une biographie, éditions qui m'avaient déjà permis de découvrir Katherine Johnson, j'ai décidé que c'était là l'occasion de découvrir la fameuse Rosa Bonheur. J'appréhendais toutefois un peu car cette collection de livres est destinée à un jeune lectorat et je n'avais pas particulièrement accroché à l'écriture de Trébor, que je trouvais justement trop jeunesse. Cela dit, dès le début du roman Rosa Bonheur, l'audacieuse de Natacha Henry, j'ai su que la plume ne serait pas un problème cette fois – au contraire, j'ai trouvé celle-ci agréable.
Au début du roman, nous sommes informé·es que si l'ensemble de l'histoire s'attache à retracer avec véracité la vie de Rosa Bonheur, nous n'avons malheureusement que peu d'informations concernant la vie intime de l'artiste, ainsi l'autrice a-t-elle donc suivi son intuition pour rédiger le livre. Mais je dois dire que cela ne m'a pas dérangée ; oui, on remarque, de notre regard de lecteur ou lectrice aguerri·e, quels sont les passages romancés, mais ne sommes-nous pas là pour vivre une histoire ? Sinon, autant lire une biographie sur Wikipedia. Qui plus est, cela nous permet de ressentir l'admiration que Natacha Henry a pour Rosa Bonheur. On remarque également qu'elle s'est documentée, qu'elle a retracé le parcours de la peintresse, mais qu'elle n'a pas omis de lui glisser quelques péripéties entre les pattes, et quelques belles rencontres qui réchauffent le coeur. Cela en fait un récit rythmé, que l'on suit avec plaisir.
Rosaline Bonheur est née en 1822 et le roman débute alors qu'elle est âgée de seulement 14 ans. A cette époque, c'est une chance, pour une femme, d'apprendre la couture et de pouvoir en faire son métier, mais ce n'est pas ce que désire la jeune fille. Elle, ce qu'elle aime, c'est peindre et elle veut gagner de l'argent avec ses tableaux, comme son père. Sauf qu'elle est une femme et qu'elle ne peut donc pas intégrer les Beaux-Arts (c'est interdit aux femmes). de plus, elle devra dépendre d'un homme toute sa vie durant (son père puis un mari) ; elle ne l'entend pas de cette oreille, elle veut faire ce que bon lui semble. Forcé de reconnaître son obstination, son père la prend alors comme élève et c'est ainsi que débute l'apprentissage, puis la carrière, de la jeune femme.
J'ai été emportée par l'histoire de Rosa Bonheur – quelle femme ! Elle semblait beaucoup aimer ses sujets (les animaux) et elle était si passionnée qu'elle était prête à tout pour les reproduire avec le plus d'exactitude possible ; de fait, elle n'a pas hésité à se faufiler dans des abattoirs pour observer l'anatomie des boeufs, par exemple. J'ai trouvé qu'elle était un véritable modèle de passion, de persévérance, d'émancipation… Tout cela m'a donné envie de découvrir son travail, ce que j'ai fait en naviguant sur le net ; j'aimerais beaucoup voir ses tableaux en vrai, désormais.

Ainsi vous recommandé-je chaudement Rosa Bonheur, l'audacieuse afin de découvrir cette grande peintresse animalière et qui, mine de rien, a prouvé – il en était bien besoin, à l'époque – que les femmes ont autant de talent – si ce n'est parfois plus – que les hommes.
Je vous souhaite une très belle découverte.
Lien : https://malecturotheque.word..
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Ce roman n'est pas une biographie car il ne traite pas de l'ensemble de la vie de la peinteresse Rosa Bonheur. Il n'est pas non plus un simple roman car c'est réellement sa vie qui est dépeinte ici. Ce roman est à mi-chemin. Tout d'abord, il ne traite que des années de formation de l'artiste et le récit s'arrête en 1849. En fait, il s'arrête avec la mort de son père Raymond Bonheur, artiste lui aussi. Avec son décès, Rosa perd celui qui l'a formée et qui lui a permis d'être ce qu'elle a toujours voulu être : une peinteresse animalière.
Car pour Rosa, les animaux sont de meilleurs sujets que les humains et elle voit dans toutes les créatures un sujet de tableau. Vaches, moutons, lapins… elle n'a pas son pareil pour reproduire un museau, un pelage ou un regard. Rosa s'est entraînée, elle a travaillé dur, elle a copié les grands maîtres et s'est perfectionnée. En tant que femme du milieu du XIXème siècle, elle n'a pas pu accéder aux écoles d'arts, exclusivement masculines, alors elle a travaillé seule – ou presque, car aidée par son père – en se rendant au Louvre. Observer, reproduire et tenir bon. Voilà son parcours.
Le roman traite également de sa relation particulière avec Nathalie Micas, qu'elle a connu toute petite et avec qui elle restera liée toute sa vie. L'autrice fait le choix de les dire amoureuse l'une de l'autre. Sur ce point, c'est peut-être ici un parti pris de l'autrice.
C'est une lecture facile et réjouissante, bien documentée, et qui nous fait découvrir une artiste peu connue et peu commune de notre patrimoine culturel.
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Pas spécialement fan des biographies romancées (qui ont souvent tendance à m'ennuyer) je n'avais pas de très grandes attentes concernant cet ouvrage.
Ne connaissant absolument rien du parcours de Rosa Bonheur, j'ai été contente d'en apprendre plus sur elle ainsi que son entourage. J'ai d'ailleurs été très agréablement surprise par le père et son côté féministe (pour un homme et pour l'époque, je ne m'y attendais pas !)
Même si c'est loin d'être un livre qui m'a fait passer des nuits blanches, la lecture a été agréable. Hormis un passage avec une (trop) longue énumération de toiles, je ne me suis pas du tout ennuyée. L'écriture est telle que j'arrivais aisément à me projeter. Les passages dans les abattoirs m'ont tout particulièrement marquée.
Je pourrai donc le conseiller à des passionnés du genre ou à des lecteurs en quête d'histoires de femmes inspirantes.
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critiques presse (1)
Ricochet
20 octobre 2020
Le destin de cette artiste audacieuse et hors normes peut servir d'exemple aux adolescentes frileuses qui hésitent encore à vivre leurs aspirations profondes.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Raimond Bonheur leur enseigna aussi que les couleurs transparentes, associées à de l’huile grasse, formaient un glacis. Qu’il fallait toujours placer les tons sombres, les ombres, avant les teintes claires. Que la patience était mère de sûreté aussi, que respecter le temps de s’échange était absolument primordial. Et ce temps, justement, dépendait des couleurs. Certaines séchaient en deux jours ; à d’autres, comme la laque de garance, il fallait près d’une semaine. Ensuite seulement, viendrait la couche de vernis.
Rêveuse, Rosa guignait les flacons de pigments en poudre. Leurs étiquettes étaient si prometteuses ! Bleu de cobalt, rouge d’Inde, terre de Sienne, vermillon de Chine, jaune de cadmium, noir d’ivoire…
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La révolution ne dura que trois jours, du 22 au 24 février 1848. Elle déboucha sur la victoire des insurgés, l'abdication du roi Louis-Philippe et la création de la II° République. Un temps, les hommes se réjouirent.
Pour Rosa et toutes les femmes, l'histoire n'était pas tout à fait la même. Certaines s'étaient organisées pour réclamer une véritable égalité avec les hommes.
Elles avaient fondé des clubs et des journaux, comme La Voix des femmes d'Eugénie Niboyet, La Politique des femmes de Désirée Gay ou L'Opinion des femmes de Jeanne Deroin. Une dénommée Jenny d'Héricourt demanda l'abrogation du Code civil de 1804, et le droit au divorce. La présidente du Comité des droits de la femme s'adressa au maire de Paris en ces termes: «Les femmes qui comprennent la grandeur de leur mission sociale viennent faire appel à votre sagesse et à votre justice. Elles demandent, au nom de la fraternité, que la liberté et l'égalité soient une vérité pour elles comme pour leurs frères... » Comme Rosa partageait ces espoirs! Femmes et hommes, à ses yeux, étaient égaux en toutes choses. Dans l'exercice de l'art, notamment! Or les Académies, savantes, littéraires et artistiques, les ministères, le Parlement, l'université... tout cela était fermé aux femmes. Des hommes, rien que des hommes. Rosa hésita à rejoindre les mouvements, à défiler avec ses camarades d'infortune. Comme bien des ouvrières, des fleuristes, des danseuses ou des sculptrices, elle n'en souhaitait pas moins que soit accordée à toutes les femmes l'égalité des droits. En vain. Le suffrage prétendument universel ne le devint qu'à moitié, car réservé aux seuls hommes; on sacrifia les femmes, qui n'avaient toujours pas le droit de voter.
(P. 240)
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Peintre animalière ? Pas question ! Qui achèterait le portrait d’une vache ou d’un cochon ? Non, non, tu ferais mieux de t’atteler à la peinture d’histoire. Des rois et des reines, des saintes et des saints, des dieux romains et des déesses grecques.
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- Tu n'auras pas le choix, tu sais. Tout le monde se marie.
- Mais pas moi. Hors de question de dépendre du bon vouloir d'un homme pour décider comment je devrai vivre. Je veux être indépendante, gagner mon argent, et en faire ce que bon me semble. Choisir où je veux vivre, comment j'entends travailler, avec qui je soupe, à quelle heure je me couche... Demander tout cela à un mari? Etre obligée de tout négocier, de quémander la moindre parcelle d'espace et de liberté? Jamais! Plutôt devenir bonne soeur!
- Quand même, pas bonne soeur...
Mais Rosa s'emportait :
- Le mariage, c'est comme une peine à perpétuité : depuis 1816, le divorce est interdit par la loi. Le savais-tu? Si l'on se marie, c'est pour la vie et moi, je refuse de gâcher la mienne. Un époux, des enfants? Cela m'entraverait, je crois, ou freinerait mes progrès. Or je ne souhaite qu'une chose, tu le sais bien : devenir peintre. Réussir.
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Elle claquait des dents en se rememorant la scène : le garçon transformé en brute, son poids sur elle, les mots hurlés à travers la cage d'escalier, son cœur qui cognait, la course éperdue dans les rues.
- L'as-tu dit à ta mère? demanda Rosa.
- Jamais de la vie! Tu es la première à qui j'en parle. J'ai tellement honte! Tout est ma faute. Jamais je n'aurais dû monter dans cette chambre.
Bêtement, elle avait cru en leur amitié, en ses belles paroles. Ah! mais les beaux parleurs ne sont pas toujours les plus fiables.
- Ce n'est pas ta faute.
- Pourquoi lui ai-je fait confiance? Comment pouvais-je savoir ce qui allait se passer? Qu'il allait se transformer, essayer...
- De te violer?
- Oh! Comme je m'en veux!
À présent, la malheureuse pleurait comme une fontaine.
- Non, ma Nathalie, tu n'y es pour rien. C'est une ordure, voilà tout.
Rosa ressentait de la peine, et une immense colère, aussi. Ce sale rapin! Elle avait envie de l'étrangler de ses deux mains!
(P. 260)
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