Rapt de nuit

Ma période Patricia Mac Donald a succédé à celle de Mary Higgins Clark, ayant un peu mûrie et encaissant les histoires plus dures et plus sordides. Cependant, là, ne résidait pas ma motivation pour ces lectures mais plus pour les intrigues, que je trouvaient bien menées et qui me tenaient en haleine. Comme dans ce roman, où le suspense et le mystère sont au rendez-vous, avec une jeune fille enlevée sous les yeux de sa soeur, cette dernière persuadée de lui avoir rendu justice en faisant condamner son kidnappeur et avec ce coup de théâtre, vingt ans plus tard, de l'ADN qui disculpe l'accusé. Rien que le résumé vous donne envie de vous plonger dans l'enquête de Tess et de résoudre avec elle cette énigme.

Je considère Patricia MacDonald un peu comme une Higgins Clark - même style d'écriture, même style d'histoire - un peu "gneugneu" ... Aïe ! Je vais surement m'attirer des ennemis ... mais bon, ma préférence thriller va davantage vers des Chattam, Vargas ou Grangé ...

Patricia MacDonald, ici, dans le style "petit thriller tout mignon" nous mène dans une histoire dramatique non pas d'une mais de deux familles.
Après l'enlèvement et le viol de sa soeur Phoebe, Tess se rend sur les lieux du drame après l'exécution de son meurtrier. En effet, un test ADN a été demandé par la mère du violeur afin de clamer l'innocence de son fils et ce, après sa peine de mort. le test s'avère négatif. On a exécuté un innocent ... Mais alors qui est le coupable qui court encore ?
Tess est bien décidée à le retrouver.

L'histoire est banale, simplette et Tess est ... une sotte (à mon sens !)
Heureusement la fin de l'histoire rattrape cette banalité, puisque l'on ne s'attends pas au coupable ...

A lire quand on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent.

Focalisée sur l'idée de faire un vibrant plaidoyer contre la peine de mort (ce qu'elle réussit très bien), l'auteure omet parfois d'éviter une certaine prévisibilité dans son histoire et de donner un mobile suffisamment convaincant à son coupable. Néanmoins, une fois dépassé le début, engourdissant, je me suis fait happer par ce thriller plein de suspense et à l'intrigue construite de manière quasi-irréprochable.

En sus, Patricia Macdonald nous offre la radiographie réussie d'une petite ville de Nouvelle-Angleterre, analyse les relations entre les habitants qui se connaissent tous plus ou moins, entre rancoeurs, secrets et non-dits.

Dans l'ensemble, tous les personnages du roman sont plutôt attachants. L'héroïne, Tess, est une sorte de Mère Courage, touchante dans sa quête déterminée de la vérité mais aussi parfois un peu trop bavarde et apathique.

Ces derniers temps, beaucoup de livres du même genre m'avait énormément déçus soit parce que j'avais deviné la fin au milieu du livre, soit parce que le dénouement était par trop tiré par les cheveux. Ce ne fut pas le cas ici. Impossible de trouver l'identité et le motif du meurtre avant les dernières pages. Ca fait du bien un peu de mystère !

Un polar assez psychologique avec une réflexion sur la peine de mort qui a un certain intérêt.
Peu à peu les certitudes de cette jeune-femme qui 20 ans plus tôt a vu sa soeur enlevée sous son nez et dont le témoignage a conduit le coupable à la mort.
Des années plus tard il s'avère que ce n'est pas lui qui a violé l'adolescente et que l'avocat qui met son innocence en lumière est un fervent défenseur de l'abolition de la peine de mort.
J'aurai aimé que ce seul aspect soit creusé mais, très vite on part dans une histoire un peu guimauve entre les personnages qui sont sans aspérités.
Le suspens tient tout de même le lecteur et heureusement parce que pour ce qui est des personnages ils restent tous un peu en surface, ils sont sans nuances et sans grande surprise.
Et cette fin complètement ridicule m'a définitivement fait sortir ce livre de la catégorie polar.

Comme presque tous les policiers que j'ai lu c'est un prêt. J'ai beaucoup apprécié ce livre car on est dans la peau d'une personne lambda. Bien sûr beaucoup de livres nous place dans la peau de pseudo-enquêteurs très brillant, théoriquement ordinaires mais qui finalement s'en tirent avec brio. Ce n'est pas le cas ici, Tess est perdue, accuse tout le monde tour à tour, ne peut se défendre contre les assaillants plus forts... de plus le début est un peu différent, le crime a déjà eu lieu, le coupable a déjà été exécuté...