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Daniel Struve (Traducteur)
EAN : 9782234054240
453 pages
Stock (03/10/2001)
3.69/5   16 notes
Résumé :

Retiré depuis la mort de Confucius dans un village perdu du centre de la Chine, un vieil homme, Yanjiang (son nom signifie " Vieux Gingembre "), raconte ce que furent les quinze dernières années du grand maître dont il partagea une partie de la vie.

Pourquoi Confucius abandonna-t-il la capitale de sa province où il avait occupé les plus hautes fonctions ? Avait-il un projet secret ? Le dernier disciple du maître tente de donner les clefs ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Deux noms, Confucius et Yasushi Inoué, un auteur que j'adule, donc un livre qui ne pouvait que m'attirer. Inoué comme je m'y attendais ne nous livre pas ici une biographie classique du Grand Maitre. Sur fond de l'une des périodes les plus troublées de l'histoire de la Chine du Ve siècle avant.J.-C, se mettant dans la peau de Yanjiang ( en chinois "Vieux Gingembre") , un homme qui fût au service de Confucius, il nous interpelle indirectement. Trente-trois ans après sa mort, Yanjiang raconte les quinze années passées à ses côtés, en répondant aux questions des membres zélés de diverses sociétés confucéennes.

A partir du Ve siècle avant J.-C, sept grands États émergent en Chine. C'est la période des Royaumes Combattants, qui malgré les guerres incessantes que se livrent ces États, est une période fructueuse, celle de progrès techniques et économiques déterminants et de la naissance dans ce terreau du développement de plusieurs écoles de pensée dont ici le confucianisme. A l'époque, Confucius un haut fonctionnaire de l'Etat de Lu, un savant de renom, décide de quitter son État à cinquante-cinq ans pour un exil et une mission d'enseignement qui vont durer quatorze ans, avec un but 'humanitaire" afin de mettre un semblant d'ordre au chaos régnant ( " le Maitre pensait qu'il fallait commencer par les fondements mêmes de la société humaine. C'est pour cela qu'il insistait autant sur la "foi", (la crédibilité, qui inspire confiance ) et sur "l'humanité"( considération pour autrui ) " ). C'est durant ce pèlerinage que Yanjiang le rencontre et nous raconte la suite de cette intéressante aventure politique et humaine, qu'il qualifie d'errance somptueuse et qui se terminera avec la fin de son exil et son retour à Lu.

Il nous révèle un homme d'une grande sagesse avec une profonde compréhension du domaine de la vie réelle qui pouvait s'adresser et enseigner à réfléchir aux hommes de tout niveaux d'éducation. Justement "Vieux Gingembre" , le narrateur du livre est initialement un marchand ambulant puis factotum. Sa première rencontre avec Confucius est en tant que factotum et il le restera, bien que le Maitre l'accepte dans son cercle restraint de disciples. Inoué en donnant la parole à ce personnage fictif d'homme simple du peuple, pour narrer ce grand philosophe chinois, nous joue le tour de force de montrer que la philosophie de Confucius est à la portée de tous pourvu qu'on ait la volonté de réfléchir, " Maître ne transmettait ni n'imposait un savoir. Il fournissait matière à réflexion …".
Un livre à lire avec un minimum de connaissance historique sur l'époque, car pas facile de suivre tout ces Etats, ces dirigeants, ces dignitaires nombreux, aux noms chinois courts et faciles à confondre. Sans être une biographie fouillée, Inoué nous donne un aperçu assez précis du Grand Maitre, de la base de sa philosophie, de son amour pour les hommes, de sa passion pour la justice, et de sa volonté obstinée de réduire, ne serait-ce que d'une unité, le nombre de malheureux dans la Chine chaotique de cette ère. De la bouche du malicieux "Vieux Gingembre" qui répond aux questions des zélés ,il fait aussi de nombreuses réflexions sur l'essentiel de ses paroles considérées comme paroles d'évangile.
Confucius, dont la philosophie et les citations ont survécu 2500 ans et sont toujours actuelles ( Eh oui, étrange non , 2500 ans et l'homme en tant qu'âme et esprit n'a pas évolué d'une once ! ) est un personnage complexe, hors norme que seul Inoué avec son érudition, son imagination, son sens de l'analyse et sa prose limpide pouvait le raconter aussi simplement.
Un livre intéressant, déroutant, mais dont la lecture nécessite la patience , car beaucoup de répétitions pour pénétrer lentement dans la pensée confucéenne.
C'est son dernier roman, est-ce son testament, l'homme en quête de paix et d'harmonie comme le prônait son Maître ?


"Quand donc les hommes et les États cesseraient-ils de se déchirer ?" p.427








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Comment parler au 20e siècle de Maître Kong (Kong Zi, latinisé en Confucius par les jésuites)? Voilà un personnage dont la biographie se perd dans les traditions légendaires et dont les textes mêmes sont d'authenticité incertaine. Alors doit-on se fier à son imagination pour écrire à son propos? Pas tout à fait. le grand romancier japonais Yasushi Inoué a trouvé un biais narratif qui souligne la distance qui nous sépare de Confucius tout en rendant présente la discussion sur les traces qu'il a laissées et en restituant l'écho qu'il laissa derrière lui.
Nous suivons les pas de Yanjiang, "Vieux Gingembre". Il n'est pas un disciple du maître à proprement parler. Lors des pérégrinations de Confucius, il croisa sa route et celle de ses trois disciples, Zilu, Zigong et Yanhui, et se mit à leur service. Il joua dès lors un rôle d'homme à tout faire. Et pourtant, s'il a servi le maître jusqu'à la fin de sa vie, c'est en raison de la force spirituelle qui émanait de lui.
La vie de Confucius s'est déroulée durant la période dite "Des printemps et des automnes", pendant laquelle les divers royaumes du centre de la Chine se firent une guerre acharnée, entraînant la disparition des royaumes les plus faibles. Vieux Gingembre appartenait à un de ces royaumes disparus, le royaume de Cai. le récit d'Inoué évoque le désarroi des populations ballottées d'un royaume à l'autre, dont l'identité se fond dans celle de royaumes plus puissants, voire qui sont déportés d'une région à l'autre. Dès lors, sans attaches, il devient réconfortant de suivre Maître Kong.
Après la mort du Maître, Vieux Gingembre se retire dans un village de montagne. C'est là que viennent le trouver des chercheurs en études confucéennes, qui recherchent des témoignages sur Confucius et espèrent authentifier quelques unes de ses paroles. Après avoir raconté son histoire, notre narrateur répond à différentes questions des participants aux réunions, sur des notions comme l'humanité, la confiance, la volonté céleste, ou sur l'histoire des disciples ou la personnalité du maître. Comme il n'est pas un disciple à proprement parler, ses réponses sont très prudentes et même incertaines. Malgré cela, les auditeurs lui sont très reconnaissants, puisqu'il est un des derniers ayant fréquenté le Maître. Ainsi, Inoué multiplie les biais pour évoquer de façon indirecte cette figure si imposante. Certaines discussions peuvent paraître un peu longues ou répétitives. Mais la sagesse ne s'acquiert pas en un jour. Et le rythme de cet ouvrage invite à la méditation.
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Déception... je n'ai pas aimé ce livre de Inoué, contrairement à mes lectures précédentes du Loup Bleu et du Fusil de Chasse. J'étais pourtant particulièrement motivé par une découverte de ce penseur qui ambitionnait, dès le VIème siècle avant notre ère, d'éduquer les princes, soit un siècle avant Aristote et près de 2000 ans avant Machiavel.
Je ne peux enlever à Inoué (et à son traducteur Daniel Struve) ce grand mérite de mettre à la portée du lecteur français un peu de cette morale positive, qui trouve dans le consentement à l'ordre, la discipline individuelle et la soumission à l'autorité dans l'intérêt collectif la voie de l'harmonie, intérieure et relationnelle, donc politique.
En suivant les tribulations de ce chinois en Chine ( ; ) ) , l'européen pétri de liberté individuelle, d'esprit critique et de perpétuelle remise en question des dogmes judéo-chrétiens , véritable force centrifuge là où le confucianisme s'efforce de ramener les énergies au coeur, s'étonne et trépigne de voir ce sage prêcher en vain dans le désert avec une patience infinie.
Pourtant, la quête vaine de Confucius pour trouver dans une Chine alors très troublée un prince prenant le temps d'entendre son enseignement au milieu des luttes de pouvoir, et qui ne cesse d'être expulsé pour finalement revenir docilement mourir dans ses terres natales, n'est pas sans rappeler Socrate buvant la ciguë, se soumettant lui aussi à l'ordre terrestre, alors même que l'arbitraire y règne. le sens du devoir, la tolérance et le respect d'autrui prennent parfois des voies insondables pour le profane… mais l'Histoire semble donner raison au sage, puisque l'enseignement du maître, tout comme celui de Socrate, a finalement traversé les millénaires, en imprégnant toute une civilisation.
Inoué parvient donc nous faire passer, dans son roman, finalement fort peu romancé et clairement bien documenté, à la fois une biographie et un premier aperçu, par l'exemple, de cette philosophie pragmatique agissante. Son slyle à la fois tourmenté et élagué, sa poésie (très présente dans le Fusil de Chasse), ne se retrouve qu'incidemment dans ce roman, qui est avant tout historique. Il nous dévoile le tout par touches concentriques sur 440 pages .
J'ai lu depuis que ce roman s'ouvrait au lecteur curieux et patient… sans doute ai-je manqué du second : pour moi le sujet est intéressant, et l'auteur le connaît parfaitement ; mais le roman est long, redondant, sans action, sans passion, et a suscité un mélange étrange d'intérêt et d'ennui chez l'européen que je suis… ce n'est pas la première fois que j'ai cette sensation en lisant un roman venu d'orient, peut-être comprendrai-je un jour pourquoi… quoiqu'il en soit, le Fusil de Chasse m'avait séduit, le Loup Bleu satisfait… voici que Confucius me laisse un goût désagréable dans la bouche ; merci donc à Inoué pour cette digne introduction aux analectes, mais je crois qu'une petite pause s'impose dans notre relation… sauf peut-être prendre quelques nouvelles de temps en temps…
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Un petit livre hommage à Confucius, mais pas seulement, assez surprenant par sa forme.

Yasushi Inoué invente pour son récit un grand témoin des dernières années de la vie du maître, pas tout à fait un disciple, plutôt un factotum, mais qui pourrait côtoyer et suivre Confucius sans réfléchir à ses paroles et à ses actes, sans être influencé et voir sa vie bouleversée ? Ainsi, "vieux gingembre" est-il, trente ans après le décès du maître, consulté par les cercles intellectuels qui consacrent leurs activités à son rayonnement. En ces temps de témoignages principalement oraux, ou d'écrits apocryphes, de seconde ou de troisième main, qui mieux qu'un témoin, un proche de Confucius pour authentifier paroles et anecdotes ? le vieux Yanjiang se révèlera dans son humilité bien plus qu'un simple témoin, et sa simplicité lui permettra souvent d'offrir un éclairage de bon sens sur des textes réputés difficiles.

Revenons sur la forme de ce roman, assez originale : Yasushi Inoué choisit de nous présenter presque le verbatim de discussions, avec interventions, interruptions et autres commentaires sur le temps qu'il fait, les paysages et les saisons. Au final, une lecture agréable, agrémentée de nombreux commentaires historiques mais aussi de développements sur les principales vertus mises en avant par Confucius, au premier rang desquelles l'humanité.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Jamais, en quelque circonstance que se soit, le Maître ne perdait un seul instant la pleine maîtrise de lui-même. Bien d'autres particularités entraient dans son caractère, mais, lorsque je pense à lui aujourd'hui, plus de trente ans après sa mort, c'est en fin de compte ce sang-froid imperturbable qui me frappe comme le trait le plus extraordinaire de sa personnalité hors du commun.
"Veiller à ce que le peuple ait son dû, respecter les démons et les dieux tout en gardant ses distances avec eux, voilà ce qu'on peut appeler sagesse".
C'est la réponse que le maître donna à son vieux disciple Fan Chi qui l'interrogeait sur ce que devait être un gouvernement sage.
"vous ne savez encore servir les hommes, comme sauriez vous servir les esprits ?"
Réponse à Zilu qui avait interrogé le maître sur le culte à rendre aux esprits des morts.
"Vous ne connaissez pas encore la vie, comment pourriez vous connaître la mort ?
Suite de l'entretien précédent . Zilu avait cette fois demandé ce qu'était la mort.
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Il semble parfois y avoir, parmi les hommes politiques ou parmi les fonctionnaires, des hommes qui se donnent pour tâche la mise en pratique de la vertu d'humanité . Ils sont peu nombreux, mais tant qu'il en existe ne serait-ce qu'une poignée, on peut garder espoir dans ce monde troublé. p.368
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Il suffit que deux êtres humains, père et fils, maître et serviteur ou tout simplement deux inconnus en voyage se trouvent face à face, pour que se noue entre eux un pacte réglant leur relation. C'est ce qu'on appelle "humanité" ou, en d'autres termes, le "souci de l'autre", la faculté qu'a un être humain de se mettre en pensée à la place d'un autre.
(...)
En ce qui concerne en particulier la notion d'"humanité", j'ai eu maintes fois l'occasion par la suite d'assister à des débats sur cette question entre le Maître et nombre de ses Grands Disciples. Souvent ces conversations étaient d'une complexité qui ne pouvait que dépasser l'entendement d'un homme comme moi. C'est pourquoi j'en restais toujours à l'explication qu'en avait donnée le Maître à la capitale de Chen quand il avait défini l'humanité comme la vertu prenant racine dans la relation entre deux êtres humains. Je ramenai tout à cet unique principe et m'efforçai de le mettre en pratique. J'ai beau n'y être jamais parvenu, je n'ai jamais jusqu'à ce jour relâché mes efforts.
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" Zigong demanda: " Peut-on en un mot formuler une règle pour la vie entière?" Le Maître répondit:" La considération peut-être ? N'impose pas aux autres ce dont tu ne veux pas toi-même." p.318
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Il suffit que deux êtres humains, père et fils, maître et serviteur ou tout simplement deux inconnus en voyage se trouvent face à face, pour que se noue entre eux un pacte réglant leur relation. C'est ce qu'on appelle "humanité" ou, en d'autres termes, le "souci de l'autre", la faculté qu'a un être humain de se mettre en pensée à la place d'un autre.
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Videos de Yasushi Inoué (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yasushi Inoué
Extrait du livre audio "Le Fusil de chasse" de Yasushi Inoué lu par André Dussollier. ©Editions Audiolib. Parution en CD et en numérique le 19 mai 2021.
https://www.audiolib.fr/livre-audio/le-fusil-de-chasse-9791035405090
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