Le sentiment raffiné, que nous allons considérer à présent, existe d’abord sous deux formes : le sentiment du sublime et celui du beau. Les émotions produites par l’un et l’autre sont agréables, mais sur des modes très différents. La vue d’une montagne dont le sommet couvert de neige s’élève au-dessus des nuages, la description d’un orage furieux ou le tableau du royaume infernal chez Milton plaisent, mais en éveillant aussi de l’horreur ; au contraire, la vue des pelouses pleines de fleurs des vallées, ou serpentent des ruisseaux couverts de troupeaux qui paissent, la description de Élysée ou la ceinture de Vénus que peint Homère nous causent un sentiment d’agrément, mais qui est gai aussi, et souriant. Si donc c’est cette impression de grande force qui nous survient, nous avons le sentiment du sublime, et, pour bien gouter l’autre expérience, un sentiment éprouvé devant la beauté.
Le mélancolique n'est pas ainsi nommé parce que, se privant des joies de la vie, il s'abandonne à une sombre tristesse, mais parce que ses sentiments, s'ils dépassaient un certain seuil ou s'ils recevaient de quelque cause une fausse orientation, le porteraient plutôt à cet état qu'à tout autre. Le mélancolique a surtout le sentiment du sublime.
En religion, le colérique est orthodoxe
le sanguin libre penseur
le mélancolique exalté
le flegmatique indifférent
C'est l'une des découvertes essentielles de Kant, l'idée qu'il existe un mobile sensible, qu'il nomme le respect, susceptible de relier les êtres humains à la loi morale. Une exigence qui est au coeur de l'éthique contemporaine, du rap au sport en passant par les luttes contre les discriminations.
Martin Legros, rédacteur en chef à Philosophie magazine, présente cette notion en vidéo ! Retrouvez son article en intégralité dans notre hors-série spécial Kant, en kiosque jusqu'au 8 mai.