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EAN : 9782266106108
540 pages
Pocket (04/08/2000)
4.25/5   59 notes
Résumé :

Plus et mieux qu'une autobiographie, "Lettre au Greco" est l'histoire d'un itinéraire intérieur, placé sous le signe du Greco, parce que ce peintre, d'origine crétoise, nous a laissé des êtres qui sont traversés par la flamme, qui ne sont que flamme. C'est aussi le testament de Kazantzaki, ultime message, où il explique la genèse de ses grandes oeuvres et en précise la signification philosophique, morale e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je croyais deviner l'auteur à travers Zorba. le narrateur et son manuscrit sur Bouddha, c'était lui. le personnage de Zorba tellement puissant, avait occulté celui de Kazantzakis. Je l'imaginais très différent de celui que livre cette autobiographie. Je l'imaginais, comme Zorba, Crétois puissant et bon vivant. Je découvre un homme rongé par la quête inquiète de Dieu, de l'âme, très mystique détaché des plaisirs terrestres. Enivré à la vue d'un amandier en fleur ou de la contemplation des étoiles mais dédaignant le vin fuyant la femme. Gratte-papier et rat de bibliothèque.

Grand voyageur. Ses voyages sont plus des pèlerinages que des aventures. Ce n'est pas l'aventurier Zorba ! C'est le pèlerin qui parcourt la Grèce, Homère et la Bible à la main. Que ses pas mènent au Mont Athos, à Jérusalem, au Saint Sépulcre, puis au Sinaï où il manque de se faire moine au monastère sainte Catherine. Puis il parcourt l'Italie et séjourne à Assise.

A Paris, il découvre Nietzche et part sur ses pas. A Vienne, Freud, une curieuse maladie psychosomatique lui déforme le visage pour fuir une relation charnelle avec une femme. de Paris et de Vienne, peu de descriptions. Sa vie semble s'être cantonnée aux bibliothèques et aux salles de conférences.

Découverte de Bouddha. Puis Berlin, des femmes juives semblent le détacher du bouddhisme et le conduire à Lénine.

Moscou, Saint Sépulcre rouge ! Communion avec les foules révolutionnaires. Encore l'esprit mystique !

De retour en Crète, il semble s'apaiser et trouver l'écriture.

Toutes les préoccupations mystiques, son inquiétude et sa recherche de l'âme, surprennent. J'ai parfois du mal à accrocher. L'écrivain est tellement sincère et puissant que mes réticences fondent. Quand il rencontre enfin Zorba, je me laisse convaincre. Description tellement vivante de la Crète. Puissance d'évocation de tous les mythes fondateurs. Enfant, il racontait la Vie des Saints, gorgé d'Homère et de mythologie antique, la Grèce semble complètement animée. Tous les personnages réels ou imaginaires forment une légende qu'il se plaît à réécrire. Aussi bien quand il évoque Albert Schweitzer qu'Ulysse, son grand père paysan, ou un aïeul corsaire. J'ai envie de relire Zorba.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Pour qui cherche une route, un guide spirituel, quel que soit son âge et les circonstances qui le conduisent vers cette quête, cette "Lettre au Gréco" peut être une réponse si tant est que l'on accepte la notion fondatrice chez Kazantzaki, fondamentale dans son parcours de vie, de Dieu.
Si de nos jours, dans ce monde du règne de la pensée...bienpensante...,des paroles politiquement correctes, certains de ses propos peuvent choquer sur certains sujets, j'avoue que je ressors éblouie de cette lecture captivante, enrichissante, stimulante, réconfortante aussi souvent face à ces questionnements qui demeurent malgré les années qui passent.
Très belle lecture que je ne peux que conseiller si vous avez du temps libre, disponible à offrir à votre cerveau, votre esprit surtout( ! ) car ce livre ne s'apprécie que par une lecture lente.
Aussi lente que l'est notre quête existentielle incessante.
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Ce récit écrit par Kazantsaki à la fin de sa vie n'est pas à proprement parlé une autobiographie ; plus que le cours de sa vie il y raconte son itinéraire spirituel pendant les années de son enfance jusqu'à 1917 ,il a alors 34 ans. S'adressant au peintre Greco dont il fait son modèle et ancêtre spirituel ,il exprime l'attachement viscéral à sa terre crétoise et aux valeurs qui, pour lui , en constituent l'âme : liberté ( comme en témoigne son roman épique « La liberté ou la mort » ) et dignité à préserver à n'importe quel prix . Sa vie aventureuse et riche en rencontres (Lénine, Schweitzer,Zorba) et une suite de combats dans le champ social et le champ spirituel (Christianisme, Bouddhisme,Marxisme…
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Mondialement célèbre pour "Alexis Zorba", l'écrivain grec Nikos Kazantzakis révèle une forme de testament culturel, artistique et spirituel dans sa "Lettre au Gréco". Délire ? "Ce délire est le grain de sel qui empêche le bon sens de pourrir", écrit le romancier des "Frères ennemis". Il annonce rassembler (ses) outils: la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat, le toucher, l'esprit. Bien avant que de telles "révélations" gagnent les étagères des grandes surfaces, Nikos Kazantzakis écrivit l'urgence de "se libérer du (tyran) que l'on porte en soi - l'ignorance, la méchanceté, l'envie, la peur, la paresse, les idées brillantes et fausses; enfin, se libérer... de toutes les idoles, même les plus aimées."
"Heureux", renchérit-il, les jeunes qui croient devoir recréer le monde, et: malheur à qui commence sa vie sans délire. Toujours dans son épître au peintre (crétois d'origine comme lui) El Greco, l'écrivain de "La Liberté ou la mort" (devise des indépendantistes hellènes) ajoute qu'il arrive qu'on soit maudit dans une époque importante.
Kazantzakis estime qu'il ne faut surtout pas "renier sa jeunesse" mais au contraire "lutter toute sa vie pour transformer en un arbre chargé de fruits la floraison de son adolescence".
Dieu, l'Egypte - il visita le monastère de Sainte-Catherine au Sinaï - l'écrivain Panaït Istrati, la Russie, l'acte d'écrire, Kazantzakis aborde tout un éventail de thèmes dans sa missive au peintre crétois. "Je partais pour dire une chose et les mots rétifs, déchaînés, m'entraînaient vers une autre", commente Nikos Kazantzakis. Lequel se battit donc avec les mots pour nouer la gerbe et laisser à la postérité - qui ne l'a pas, à ce jour, oublier, deux générations après sa disparition - ce dense et intéressant testament d'écrivain.

Lien : https://www.bookcrossing.com..
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Lorsqu'on aime , on ne compte pas. En effet j'ai mis du temps à me décider à payer si cher pour ce livre, mais j'ai dû me rendre à l'évidence : pas le choix. C'est la dure loi des livres rares ou qui ne sont plus édités. Je n'ai pas été déçu par contre, le contenu est vraiment intéressant. Un cheminement spirituel, à travers l'explication des grandes oeuvres du Greco.....un ouvrage à la hauteur.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Je rassemble mes outils : la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat, le toucher, l'esprit. Le soir est tombé, la journée de travail s'achève, je retourne chez moi comme la taupe dans la terre. Non que je sois las de travailler, je ne suis pas las, mais le soleil se couche.
Le soleil s'est couché, les montagnes se sont estompées, les chaînes de montagnes de mon esprit conservent encore un peu de lumière à leur sommet, mais la sainte nuit s'étend; elle monte de la terre, descend du ciel et la lumière a juré de ne pas se rendre. Mais elle le sait, il n'y a pas de salut: elle ne se rendra pas, elle s'éteindra.
Je jette un dernier regard autour de moi : à qui dire adieu, à quoi? Aux montagnes, à la mer? A la treille vendangée, à la vertu? Au péché, à l'eau fraîche? Cela ne sert à rien, à rien: toutes ces choses descendent avec moi dans la terre.
A qui confier mes joies et mes peines, les secrètes passions donquichottesques de ma jeunesse, l'âpre heurt plus tard avec Dieu et les hommes, et enfin l'orgueil sauvage de la vieillesse qui brûle mais se refuse, jusqu'à la mort, à devenir cendre? A qui dirai-je combien de fois, escaladant, des pieds et des mains, la pente abrupte de Dieu, j'ai glissé et je suis tombé, combien de fois je me suis relevé, couvert de sang, pour recommencer à grimper? Où trouver une âme percée de mille coups mais insoumise, comme la mienne, pour me confesser à elle?
Je serre calmement, avec compassion, une motte de terre crétoise dans ma main. Je la conservais toujours avec moi à travers toutes mes courses errantes, et dans les grandes angoisses je la serrais dans ma main et ma main prenait force,une grande force, comme si je serrais la main d'un ami bien-aimé. Mais à présent que le soleil s'est couché et que la journée de travail s'est achevée, qu'ai-je à faire de la force? Je n'en ai plus besoin. Je tiens cette terre de Crète et je la serre avec une douceur, une tendresse et une reconnaissance inexprimables;c'est comme si je serrais dans mes mains, pour en prendre congé, la gorge d'une femme bien-aimée. Voilà ce que j'ai été éternellement, voilà ce qu'éternellement je serai, l'instant est passé comme un éclair où tu as, été mise sur le tour, terre sauvage de Crète, et où tu es devenue un homme combattant.
Quelle lutte, quelle angoisse, quelle poursuite du fauve invisible mangeur d'hommes, quelles forces dangereuses, célestes et sataniques, détient cette poignée de terre! Pétrie avec du sang,de la sueur et des larmes, elle est devenue de la boue, elle est devenue un homme, elle a pris le chemin montant pour arriver - pour arriver où ? Cet homme escaladait en haletant la masse ténébreuse de Dieu, tendait les mains, cherchait, cherchait et s'efforçait de trouver son visage.Et quand, les toutes dernières années, désespéré, il a senti que cette masse ténébreuse n'avait pas de visage, quelle lutte nouvelle, toute d'imprudence et de terreur, pour sculpter le sommet brut et pour lui donner un visage - son visage!
Mais à présent la journée de travail s'est achevée, je ramasse mes outils. Que d'autres poignées de terre viennent pour continuer la lutte. Nous sommes, nous autres mortels, l'armée des immortels, notre sang a la couleur du corail rouge et nous bâtissons au-dessus de l'abîme une île.
Dieu se bâtit; j'ai posé à mon tour mon petit caillou rouge, une goutte de sang, pour l'affermir et l'empêcher de périr, pour qu'il m'affermisse et m'empêche de périr; j'ai fait mon devoir.
Adieu!
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La Crète a été le premier pont entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. La Crète a été la première à être illuminée, dans toute l'Europe ténébreuse de cette époque. C'est ici que l'âme de la Grèce a accompli la mission que lui avait confiée la destinée : amener la divinité à l'échelle de l'homme. Les immenses statues immobiles des Égyptiens et des Assyriens sont devenues ici, en Crète, petites, gracieuses ; le corps s'est mis en mouvement, les lèvres ont souri, le visage et la stature du dieu sont devenus le visage et la stature de l'homme. Une humanité nouvelle s'est mise à vivre et à jouer dans les terres crétoises, originale, différente de la Grèce qui lui a succédé, toute faite d'argile, de grâce et de raffinement oriental...
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Etre jeune, n'aimer aucune personne précise, homme ou femme, qui puisse rétrécir votre coeur et vous empêcher d'aimer toutes choses avec un égal désintéressement et une égale impétuosité, voyager à pied, un sac sur le dos, d'un bout à l'autre de l'Italie, que ce soit le printemps, que l'été arrive, puis, chargés de fruits et de pluie, l'automne et l'hiver, je crois qu'il faudrait être impudent pour demander un plus grand bonheur.
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Il y a trois sortes d'âmes, trois sortes de prières:
1. Mon Dieu, je suis un arc dans tes mains, tends-moi, autrement je vais pourrir!
2. Ne me tends pas trop, car je vais me rompre!
3. Tends-moi autant que possible, et si je romps, tant pis!
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Tu trouveras donc, lecteur, dans ces pages, la ligne rouge faite des gouttes de mon sang qui jalonne mon chemin parmi les hommes, les passions et les idées. Tout homme digne d'être appelé fils de l'homme charge sa croix sur ses épaules et monte à son Golgotha. Beaucoup, les plus nombreux, atteignent le premier, le second, le troisième degré, halètent, s’affaissent au milieu de leur marche et n'arrivent pas au sommet du Golgotha - je veux dire au sommet de leur devoir : être crucifiés, ressusciter, sauver leurs âmes. Ils défaillent, la croix leur fait peur, ils ne savent pas que la crucifixion est l'unique chemin de la résurrection, il n'y en a pas d'autre.
Il y a eu quatre degrés décisifs dans mon ascension, et chacun d'eux porte un nom sacré : le Christ, Bouddha, Lénine, Ulysse. Cette marche sanglante de l'une à l'autre de ces grandes âmes, à présent que le soleil se couche, j'essaie de la tracer sur ce carnet de route : comment un homme gravit, exténué, la montagne abrupte de sa destinée. Mon âme tout entière est un cri et mon œuvre tout entière est l'interprétation de ce cri.
Toujours, pendant toute ma vie, un mot n'a cessé de me tyranniser et de me cingler : le mot Montée. C'est cette montée que je voudrais dépeindre ici, en mêlant l'imagination et la vérité. Et aussi les traces rouges qu'a laissées mon ascension. Et je me hâte, avant de porter le « casque noir » et de descendre dans la poussière, car cette ligne sanglante sera la seule trace que laissera mon passage sur terre : ce que j'ai écrit, ce que j'ai fait,s'est inscrit et gravé sur l'eau, et a disparu.
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Vidéo de Nikos Kazantzakis
Nikos Kazantzakis : Le regard crétois (1974 / France Culture). Nikos Kazantzakis sur l'île d'Égine, en 1927 - Photo : Musée Benaki. Par Richard-Pierre Guiraudou. Les textes, extraits d'“Ascèse”, d'“Alexis Zorba”, de la “Lettre au Greco”, de “Kouros”, de “Toda-Raba” et de “L'Odyssée”, ont été dits par Julien Bertheau, François Chaumette (de la Comédie-Française), Roger Crouzet et Jean-Pierre Leroux. Et c'est Jean Négroni qui a dit le texte de présentation de Richard-Pierre Guiraudou. Avec la participation exceptionnelle de Madame Eléni Kazantzakis, et la voix de Nikos Kazantzakis, recueillie au cours de ses entretiens avec Pierre Sipriot, en 1957. Réalisation de Georges Gaudebert. Diffusion sur France Culture le 1er août 1974. Níkos Kazantzákis (en grec moderne : Νίκος Καζαντζάκης) ou Kazantzaki ou encore Kazantsakis, né le 18 février 1883 à Héraklion, en Crète, et mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), est un écrivain grec principalement connu pour son roman “Alexis Zorba”, adapté au cinéma sous le titre “Zorba le Grec” (titre original : “Alexis Zorba”) par le réalisateur Michael Cacoyannis, et pour son roman “La Dernière Tentation” (dont le titre a été longtemps détourné au profit du titre du film et désormais republié sous son nom authentique), adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese sous le titre “La Dernière Tentation du Christ” (titre original : “The Last Temptation of Christ”). Penseur influencé par Nietzsche et Bergson, dont il suivit l'enseignement à Paris, il fut également tenté par le marxisme et s'intéressa au bouddhisme. « Il a poursuivi une quête tâtonnante qui lui a fait abandonner le christianisme au profit du bouddhisme, puis du marxisme-léninisme, avant de le ramener à Jésus sous l'égide de Saint-François. » Bertrand Westphal (in “Roman et évangile : transposition de l'évangile dans le roman européen”, p. 179) Bien que son œuvre soit marquée d’un réel anticléricalisme, il n’en reste pas moins que son rapport à la religion chrétienne laissa des traces fortes dans sa pensée : goût prononcé de l’ascétisme, dualisme puissant entre corps et esprit, idée du caractère rédempteur de la souffrance… Ainsi la lecture de la vie des saints, qu'il faisait enfant à sa mère, le marqua-t-elle durablement. Mais plus que tout, c’est le modèle christique, et plus particulièrement l’image du Christ montant au Golgotha, qui traverse son œuvre comme un axe fondateur. Bien que libéré de la religion, comme en témoigne sans équivoque son fameux « Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre », Kazantzákis restera donc l’héritier de cet « idéal Christ » qui se fond aussi, il faut le souligner, avec celui emprunté à la culture éminemment guerrière d’une Crète farouche encore sous le joug turc dans ses années d’enfance.
Sources : France Culture et Wikipédia
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