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Rosie Pinhas-Delpuech (Traducteur)
EAN : 9782264040350
525 pages
10-18 (19/01/2006)
3.87/5   15 notes
Résumé :
Ils s'appellent Micky, Zaki ou Alon.
A dix-huit ans, malgré leurs origines sociales ou ethniques différentes, ils se passionnent pour les mêmes choses, la musique, les filles, le foot, la philosophie... Ensemble, ils vont vivre une expérience qui va bouleverser leur vie. Enrôlés pour quelques mois dans l'armée israélienne, ils vont subir les ordres, la fatigue, les rituels, pour apprendre la plus redoutable activité de l'humanité : la guerre.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'un des romans-phares de la littérature israélienne contemporaine. Une réputation justifiée.

Publié en 1986, le troisième roman de Yehoshua Kenaz est rapidement devenu un best-seller en Israël, avant d'être considéré par beaucoup comme l'un des 10 livres les plus importants de la littérature israélienne contemporaine. À la lecture, cette réputation flatteuse semble largement justifiée.

En 1955, de jeunes Israéliens effectuent leur service militaire au sein d'une unité regroupant les appelés souffrant de légères déficiences physiques ou psychologiques, insuffisantes pour justifier une exemption, mais ne permettant pas l'intégration à une unité de combat. Ces quelques mois passés ensemble, vus à travers le regard des 5 narrateurs choisis au sein de cette section, fournissent l'occasion d'un subtil passage en revue, souvent en demi-teintes, d'éléments-clé de la société israélienne, développés entre 1948 et 1956, mais encore très présents aujourd'hui (relations et préjugés entre sabras, ashkenazes et sépharades, prégnance et opposition des cultures religieuse et kibboutznik, ambiguïté - ou absence d'ambiguïté ! - des sentiments et opinions vis-à-vis des Arabes, rôle de la langue dans l'intégration et la position sociale, culture politique des militaires, culture militaire de la société,... et bien d'autres encore).

Si l'ambiance de la base d'entraînement lorgne parfois du côté ironique et absurdement farfelu d'un "Catch 22", le propos est nettement sérieux, et la galerie parfois baroque des appelés de cette section ne peut faire oublier que l'on traite ici avant tout, et avec brio, de la perte de l'innocence, avec peut-être encore plus d'acuité qu'un Vargas Llosa dans "La ville et les chiens", dont le lycée militaire péruvien n'était pas confronté à la lancinante question de la normalité et de la vie "malgré tout" au sein d'une société nécessairement obsidionale comme le fut l'Israël des années 1948-1982...

Un très grand roman, où la polyphonie des narrateurs, leurs cruautés et leurs amusements occasionnels, fluidifiant le propos, n'en masquent pas le redoutable tragique...

"Nous avions fini la ronde. Devant la baraque, Avner s'est assis par terre et, adossé contre un tronc d'eucalyptus, son fusil entre les genoux, il a mis sa tête entre ses mains. Il regardait d'un air songeur le ciel nocturne. Dans ces moments de silence, on entendait la symphonie des dormeurs. Ronflements, murmures, une toux, un soupir, un cri brusque. Quelque chose de maladif suintait de la baraque, comme des vapeurs malsaines et contaminées de corps défectueux, inaptes, les enfants perdus de Sparte jetés du haut de la montagne déserte."

"En ce moment même, un groupe de parachutistes passe sans doute la frontière vers la Jordanie ou l'Égypte, se glisse sur les chemins des villages, grimpe sur les montagnes en terrasses, descend dans les oueds sans faire rouler la moindre pierre, sans se faire repérer sur les crêtes ; on entend dans les villages les chiens aboyer, ou quelqu'un crier : "Min Hada ?", et aussitôt, comme un seul homme, tout le monde s'aplatit au sol, puis ils quittent la route, contournent le village et avancent vers les champs et les vergers de ce pays antique et mystérieux éclairé par une autre lune, par-delà la frontière ; ils portent sur leur dos les explosifs qui feront sauter le poste de police ou le commandement du camp militaire, vont semer la confusion et la peur parmi leurs soldats, et aussitôt les agresseurs vont se retirer et rentrer par des chemins tortueux, agiles et légers, audacieux et sagaces, tous semblables à Alon, tous cuivrés et de bronze, avec sur leurs épaules les civières des blessés qu'ils n'abandonneront jamais en territoire ennemi.
En ce moment même sans doute, un commando suicide de fedayin s'infiltre en ISraël, marche dans les orangeraies proches de la frontière, s'en va vers les villages agricoles et les routes pour guetter sa proie, lancer des grenades sur un autobus, tuer ceux qui reviennent d'un mariage, se jeter sur le gardien d'une station de pompage. le visage enveloppé dans un keffieh, un visage vide, qui ne ressemble à rien."
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Un gros pavé racontant par le menu les classes, ce début du service militaire où l'on coule les recrues dans un moule. Ce ne sont pas des apprentis-héros, ils ont tous une déficience physique, souffle au coeur, épilepsie ou autre faiblesse....mais ils doivent courir, marcher au pas, et subir les humiliations des instructeurs plus ou moins sadiques.
Tout un condensé de la société, des personnalités différentes, garçons simples, musiciens, poètes ou sportifs. Certains acceptent les contraintes, d'autres se rebellent, certains sont solidaires d'autres égoïstes.
J'ai lu avec plaisir les 200 première page, puis me suis lassée. Quel ennui que ce service militaire! Ce qui ne veut pas dire que le roman soit ennuyeux, au contraire.
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Un livre très grave qui m'a marqué. Beaucoup de contenu et de profondeur
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 septembre 2006
Lecture jeune, n°119 - En 1955, dans une base d’entraînement du Néguev, c’est le début du service militaire pour des jeunes venus de tous les horizons. Hormis leur âge, leur point commun est un « profil déficient », selon le jargon militaire, qui leur a valu de se retrouver dans la même compagnie. Considérés comme de la « chair fraîche » par leur hiérarchie, ils devront se plier à la discipline et aux humiliations. Les conscrits ont des profils et des caractères bien différents, et l’armée, loin de niveler les différences sociales et culturelles, va exacerber les conflits. Ecrit à la première personne, le récit s’inspire sans aucun doute de l’expérience de l’auteur, écrivain israélien majeur et traducteur d’auteurs français. Les conditions du service militaire ont-elles changé, depuis la guerre de l’Indépendance ? Le roman est intemporel, comme la cruauté et la tyrannie aveugle des instructeurs. Dans ce récit d’apprentissage, les adolescents vont perdre toutes leurs illusions, dans une base qui tient du centre de redressement et dont ils ressortiront « cassés ». Les jeunes apparaissent intolérants, méprisants vis-à-vis de la culture et de la musique arabes. L’unité est en fait rarement palpable dans ce groupe disparate, où l’humour jaillit parfois… miraculeusement. Le roman porte un regard sans complaisance sur la société israélienne à travers ce microcosme : critique acerbe de la discipline militaire, description de la relation bourreau/victime. Episode insupportable : un jeune homme épileptique perd la vie au cours d’un exercice, mais le bataillon ne s’arrête pas pour autant. Le récit s’articule autour de trois parties : l’incorporation, la permission qui montre les relations amoureuses ou familiales des soldats, et l’épreuve finale : l’infiltration. Il est porté par un souffle, jusqu’au bout du calvaire. ? Cécile Robin-Lapeyre
Lire la critique sur le site : Lecturejeune

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