La littérature maritime est un genre, nous dit
Robert de la Croix, qui eût en France une naissance difficile.
Mais quelle littérature de genre a bien pu avoir dans notre pays des débuts ornés de lauriers ?
Le roman ? pas sûr ...
Le roman policier ? Certes, non ...
La science-fiction ? moins encore ...
Et, rares sont ceux qui sont partis, jusqu'à ce livre "les écrivains de la mer", pour des courses lointaines, tenter de faire le tour de cet océan de pages marines, de cette flotte de "livres-navires" qu'est la littérature maritime.
L'ouvrage de Robert de la Croix est précieux.
Alors, que Dieu me savonne et que wiki me pardonne !
Mais j'ai lu quelque part, dans une encyclopédie collective en ligne pour ne pas la nommer, que, dans cette anthologie de Robert de la Croix, "l'on trouve la confirmation qu'une littérature maritime existe bien en France".
Et que même "si nous n'avons pas de Melville, de Conrad, de
Stevenson, cette dernière se révèle pourtant irrégulière mais complètement attachante".
Foutaises et billevesées ! aurait dit l'homme de qualité, le roi de la science-diction*.
C'est nous avons
Alexandre-Olivier Oexmelin,
Bernardin de Saint-Pierre,
Chateaubriand,
Eugène Sue,
Alexandre Dumas,
Victor Hugo,
Jules Verne,
Pierre Loti,
Claude Farrère,
Paul Chack,
Blaise Cendrars,
Pierre Mac Orlan,
Henry de Monfreid,
Roger Vercel et
Edouard Peisson,
Jean Merrien,
Henri Quéffelec, Alain Gerbault et
Bernard Moitessier,
Jacques Perret et Schoendoerffer ... pour ne citer que l'écume de la vague !
Ces quelques lignes jetées sur wiki, sans réflexion et sans réelle connaissance du sujet, font écho d'un vieil, ancestral et injustifié complexe d'infériorité vis à vis de nos voisins anglo-saxons.
Les choses de la mer leur appartiendraient.
La maîtrise des océans et sa littérature seraient leur pré carré !
Foutaises et billevesées !
Notre littérature maritime est foisonnante et riche, prolifique et passionnante.
Qu'on se le dise !
Et puis, tout d'abord, l'ouvrage de Robert de la Croix, "les écrivains de la mer", son dernier livre paru en 1986, n'est pas à proprement parler une anthologie.
Il est à la croisée de l'essai, du roman et ... de l'anthologie.
C'est une galerie de portraits entrecroisée d'extraits des plus belles pages dédiées au genre.
C'est une lecture pleine de plaisir et de découvertes.
Car ce qui fait sa différence, c'est sur sa forme, le mélange d'un style à la fois très littéraire et d'une narration vivante, presque radiophonique même à certaine de ses entournures.
Et c'est sur le fond d'avoir su s'extirper des grands classiques, après une longue et belle mise en valeur, pour se tourner vers des auteurs et des ouvrages plus confidentiels, souvent aujourd'hui oubliés et parfois redécouverts avec bonheur.
Robert de la Croix, qu'il ne faut pas confondre avec
Louis Lacroix l'écrivain cap-hornier, était lui-même un écrivain maritime.
Il a longuement parlé et écrit sur les mystères de la mer, les vaisseaux fantômes, sur la piraterie.
Il a raconté l'aventure des bretons à la découverte du monde .
Mais c'est avec cet ouvrage magnifique, "les écrivains de la mer", son dernier achevé, qu'il a marqué le genre qu'il aimait tant.
Son sac de marin rempli de bons livres, d'anecdotes, d'histoires amarinées et de mots chargés d'émotion, il a appareillé une dernière fois vers de lointains océans d'encre et de plumes .
*Achille Talon