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EAN : 9782070713899
252 pages
Gallimard (05/09/1988)
3.88/5   100 notes
Résumé :
Au cours du mois de mars 1517 les ambassadeurs de Moctezuma, seigneur de Mexico-Tenochtitlan, accueillent le navire de Hernan Cortés en "mangeant la terre", selon le rituel de bienvenue réservé au dieu Quetzalcoatl, et cette rencontre initie l'une des plus terribles aventures du monde qui s'achève par l'abolition de la civilisation indienne du Mexique, de sa pensée, de sa foi, de son art, de son savoir, de ses lois.
Dans cet affrontement, l'un représente la m... >Voir plus
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Lecture du mois de mars sur Babelio autour du thème du Mexique. Venez en parler avec nous sur le forum !

Essai de Jean-Marie Gustave le Clézio.

En 1517, Hernan Cortés et son équipage arrivent en vue des côtes mexicaines. "Le rêve peut commencer, encore libre de toute peur, de toute crainte." (p. 9) Mais le rêve idyllique ne durera pas. Pour les Espagnols, la seule richesse, c'est l'or. "Déjà, c'est l'or qui est la 'monnaie' du rêve."(p. 10) Et c'est l'or qui fera couler le sang parce que ce rêve de richesse ne peut pas comprendre le rêve mythique du Mexique. "Ainsi commence cette Histoire, par cette rencontre entre deux rêves : le rêve d'or des Espagnols, rêve dévorant, impitoyable, qui atteint parfois l'extrême de la cruauté ; rêve absolu, comme s'il s'agissait peut-être de tout autre chose que de posséder la richesse et la puissance, mais plutôt de se régénérer dans la violence et le sang, pour atteindre le mythe de l'Eldorado, où tout doit être éternellement nouveau. D'autre part, le rêve des Mexicains, rêve tant attendu, quand viennent de l'est, de l'autre côté de la mer, ces hommes barbus guidés par le Serpent à plumes Quetzacoatl, pour régner à nouveau sur eux. Alors, quand les deux rêves se rencontrent, et les deux peuples, tandis que l'un demande de l'or, les richesses, l'autre demande seulement un casque, afin de le montrer aux grands prêtres et au roi de Mexico, car, disent les Indiens, il ressemble à ceux que portaient leurs ancêtres, autrefois, avant de disparaître. Cortés donne le casque, mais il demande qu'on le lui rapporte plein d'or. [...] La tragédie de cet affrontement est tout entière dans ce déséquilibre. C'est l'extermination d'un rêve ancien par la fureur d'un rêve moderne, la destruction des mythes par un désir de puissance. L'or, les armes modernes et la pensée rationnelle contre la magie et les dieux : l'issue ne pouvait pas être autre." (p. 11)

Moctezuma, roi de Mexico-Tenochtitlan, le plus grand seigneur de l'empire aztèque accueille Cortés comme un dieu et fait entrer la destruction au sein de son peuple. La tradition aztèque veut que les ancêtres et que le Serpent à plumes reviendront parmi les hommes à la fin du monde. "Aucune civilisation n'a vécu sans doute dans une telle attente de la destruction finale." (p. 233) Cortés, habile stratège, s'appuie sur les mythes millénaires de cette civilisation pour mieux la soumettre et finalement la détruire. S'il offre d'abord des cadeaux de pacotille pour séduire les indigènes, c'est avec la parole et la ruse qu'il commence la destruction et c'est finalement avec le fer, la maladie et la famine qu'il assoit la domination espagnole au Mexique et dans tout le Nord de l'Amérique, ouvrant la voie à la colonisation et à l'esclavage. "Parce que les peuples indiens étaient persuadés de la communauté de la terre et de l'impossibilité de diviser le corps de la déesse-mère, ils abandonnèrent leurs droits à habiter sur leur propre continent, et se retrouvèrent exclus du progrès." (p. 244)

Le nerf de la guerre, c'est l'or, encore et toujours. Mais l'or du Mexique est entaché d'ironie tragique et historique. "L'or est un pacte avec la destinée, puisque ce sont les Indiens eux-mêmes qui fournissent à leurs conquérants la monnaie qui achètera leur extermination. [...] L'or est l'âme même de la Conquête, son vrai Dieu. [...] Il est aussi sa monnaie de songe, et la rapine insatiable des Conquérants ne fait qu'annoncer le commencement du vertige moderne. (p. 24)

Le peuple aztèque et tous les peuples amérindiens sont profondément religieux et vivent dans chaque geste du quotidien une communion absolue avec les dieux. "Pour les anciens Mexicains, il n'y avait pas de séparation entre les hommes et les dieux. le monde terrestre, avec toutes ses imperfections et toutes ses injustices, avec sa splendeur et ses passions, était l'image momentanée de l'éternité. L'organisation de la société était imitée de l'ordre surnaturel." (p. 102) le sang, le feu, le soleil, les flèches, les lames, l'eau et la terre participent tous d'un équilibre et d'une expérience infinie du divin. Cette civilisation magique, mystique et chamanique va entrer en collision avec le christianisme que les Espagnols imposent. La Terre-Mère sacrée des Indiens ne tient pas devant la Croix, les idoles reculent devant l'hostie et les païens doivent se convertir ou mourir. Beaucoup choisiront la mort, incapables de renier une culture millénaire et une philosophie éloignée de toute notion de possession et d'accumulation. L'ultime tragédie qui clôt la Conquête et la destruction des mondes amérindiens, c'est "La reconnaissance de la supériorité absolue du rite et de la magie sur l'art et la science." (p. 204) Les vainqueurs ne sont pas les meilleurs et ils ont foulé aux pieds une richesse bien plus grande que les monceaux d'or qu'ils convoitaient. Les Espagnols et toute la suite des conquérants ont mis en pièce une pensée unique et puissante et ont tenté d'en effacer toute trace. Mais au travers de textes comme L Histoire véridique de la Conquête de la Nouvelle-Espagne de Bernal Diaz del Castillo - soldat de la troupe de Cortés- ou de l'Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne de Bernardino de Sahagun - prêtre espagnol fasciné par la magie de cette civilisation et obsédé par la volonté de protéger le souvenir de ce peuple profondément religieux - des lambeaux de cette civilisation ont traversé les âges. Néanmoins "en abolissant la part du doute, et la philosophie d'un monde voué à la catastrophe, la civilisation européenne préparait de façon définitive les nouveaux empires sur le monde" (p. 235), supprimant toute possibilité de vie spirituelle via les transes et les communions sacrées.

Le grand drame de la civilisation indienne, c'est de s'être tue devant l'inexorable : "Le silence du monde indien est sans aucun doute l'un des plus grands drames de l'humanité. À l'instant où l'Occident redécouvrait les valeurs de l'humanité et inventait les bases d'une nouvelle république, fondée sur la justice et le respect de la vie, par la perversité des Conquérants du Nouveau Monde, il initiait l'ère d'une nouvelle barbarie, fondée sur l'injustice, la spoliation et le meurtre. Jamais l'homme n'aura été semble-t-il à la fois si libre et si cruel, découvrant au même instant l'universalité des lois et l'universalité de la violence. Découvrant les idées généreuses de l'humanisme et la dangereuse conviction de l'inégalité des races, la relativité des civilisations et la tyrannie culturelle. Découvrant, par ce drame de la Conquête du Mexique tout ce qui va fonder les empires coloniaux, en Amérique, en Inde, en Afrique, en Indochine : le travail forcé, l'esclavage systématique, l'expropriation et la rentabilisation des terres, et surtout cette désorganisation délibérée des peuples, afin non seulement de les maintenir, mais aussi de les convaincre de leur propre infériorité. le silence du monde indien est un drame dont nous n'avons pas fini aujourd'hui de mesurer les conséquences. Drame double, car en détruisant les cultures amérindiennes, c'était une part de lui-même que détruisait le Conquérant, une part qu'il ne pourra sans doute plus jamais retrouver." (p. 213)

Le Mexique est le pays des rêves inachevés et inassouvis, "le lieu privilégié du rêve du paradis perdu." (p. 196) C'est au Mexique qu'Antonin Arthaud, dégoûté de l'Europe et des surréalistes, vient "chercher une nouvelle idée de l'homme." Le Clézio bouscule et renverse habilement les clichés attachés à cette civilisation. L'anthropophagie est expliquée et justifiée au sein d'une société toute régie par le divin et la magie, société qui se consacre à ses dieux et accomplit pour eux et en elle-même des actes de sacrifice ultime. Cet essai se lit comme une tragédie qui porte en elle les germes de sa propre fin. Le Clézio use d'une langue teintée de nostalgie et de désespoir : la perte irrémédiable de la pensée mexicaine lui semble un lourd fardeau que les générations futures porteront encore plus douloureusement que la nôtre.

Je termine avec une phrase qui résonne longtemps : "Car celui qui regarde, dans ce drame, est aussi celui qui détruit." (p. 14) Moi-même, lecteur, participé-je à l'entérinement du massacre d'une civilisation et d'une pensée, massacre vieux de plusieurs siècles ? Mais ne pas lire ce texte, n'est-ce pas également fermer les yeux ?
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JMG le Clézion, Prix Nobel de littérature en 2008, nous fait comprendre ici tout le drame de cette confrontation entre deux rêves : le rêve d'or des Espagnols et le rêve des Mexicains basé sur des croyances anciennes. La magie et les dieux ne résisteront pas longtemps au désir de puissance et d'or.

L'auteur s'appuie sur le récit de Bernal Diaz del Castillo, soldat-témoin qui se mit à écrire ses souvenirs à la fin de sa vie. Bernal Diaz accompagna Hernán Cortés, terrible conquistador assoiffé d'or. Ainsi, au fil des pages, nous comprenons mieux ce qui s'est passé grâce à l'analyse que fait l'auteur du témoignage direct de ce qui fut le début de l'anéantissement d'une civilisation prestigieuse dont nous ne savons pas tout encore aujourd'hui. Alors les questions se posent. Que serait devenue la civilisation européenne sans cette destruction accompagnée d'une exploitation vertigineuse ?

Les rivalités, la guerre, la maladie et la famine ont tout anéanti. C'est une civilisation entière qui s'écroule. J.M.G. le Clézio écrit : « Au lendemain de la catastrophe qui anéantit Mexico-Tenochtiltlan, le silence recouvre la dernière civilisation magique, ses chants, ses rites, ses paroles. Ce silence, c'est celui de la mort ou de la barbarie, comparable au sort de Rome au IVème siècle, mais plus étonnant encore, puisque cette civilisation est détruite en plein essor, au terme d'une conquête qui ne dure que quelques mois. »

S'appuyant sur le témoignage de Bernardino de Sahagun, l'auteur détaille les rites magiques des Indiens : le soleil, le feu, l'eau, le sang, la mort, les dieux, les rois et le peuple. Il reprend ensuite les mythes qui sont la base de la pensée indienne : les quatre directions du monde, la création-destruction, les mythes de la catabase (descente aux enfers), les métamorphoses et les contes populaires. le livre se termine par un hommage à Antonin Artaud qui, en 1936, délivra un message révolutionnaire au Mexique puis l'auteur revient sur la pensée interrompue de l'Amérique indienne.

Le rêve mexicain est passionnant jusqu'au bout et riche en informations, allant bien au-delà des idées reçues.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Dans le cadre du club de lecture de Babelio, je me suis décidée à relire ce remarquable essai.

Je l'avais lu il y a quelques années pour faire suite à "la controverse de Valladolid" de Carrière, lequel avoue s'y être référé constemment. Manifestement, Le Clézio est subjugué par les civilisations pré-colombiennes, leurs mythes et leurs religions. Il a abordé cet essai en érudit, et le livre refermé, on a presque l'impression d'avoir revécu la Conquête.

C'est une lecture un peu ardue, et il est parfois difficile de ne pas perdre le fil devant cette abondance de rites et de noms de dieux. On réalise à peine la richesse, la diversité et la complexité de ces cultures ! Mais le propos de l'auteur n'est pas de dresser un catalogue exhaustif des croyances Amérindiennes.
Le Clézio nous interpelle sur la disparition de l'une des civilisations les plus brillantes qui ait jamais existé. D'ailleurs, il démontre clairement que ces civilisations étaient en avance sur l'Europe dans des domaines aussi variés que les sciences, l'astronomie, la zoologie et la botanique et même la médecine.

Cet essai évoque à la fois la Conquête, la destruction des civilisations précolombiennes et la richesse de ces cultures à travers leurs mythes, rites, cérémonies, fêtes, etc.
En les perdant, en les anéantissant, nous avons perdu l'essentiel. Nous avons perdu la magie et la beauté. Et notre civilisation occidentale est si dépourvue de tout cela, si insignifiante, que l'auteur s'interroge sur les conséquences de cette disparition. Quel besoin nous pousse à toujours vouloir détruire et effacer ce qui semble si éloigné de notre modèle occidental et de nos valeurs ? Ces mondes, ces civilisations ne survivent plus que dans la mémoire de quelques hommes et dans quelques livres poussiéreux que personne ne lit plus...


Ce qui frappa les conquérants espagnols, et ce qui fait toute la beauté et la force de ces civilisations, c'est d'abord la place du surnaturel dans la vie des Indiens et, malgré les constructions de pierre, belles et ingénieuses, dont nous conservons les ruines, c'est cette capacité à s'adapter à leur milieu naturel. Deux caractéristiques qui leur vaudront d'être assimilés à des barbares, des sauvages à peine plus dignes d'intérêt que des bêtes.

Bien sûr, aujourd'hui et au quotidien, c'est à peine si ces pensées nous effleurent, et on se dit qu'il y a tellement de choses plus graves, plus pressées ou plus urgentes, mais grâce à Le Clezio, en fermant les yeux, le rêve mexicain perdure, dont on peut toujours entendre les lointains échos...
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Le rêve mexicain, c'est la question que se pose Le Clezio: qu'aurait été notre monde s'il n'y avait pas eu cette destruction, ce silence des peuples indiens? le monde occidental a aboli cette magie propre à la pensée indienne, c'est ce que nous explique Le Clezio à partir de constats historiques: la rencontre entre Hernán Cortés et le dernier empereur Moctezuma va signifier la fin de la civilisation indienne du Mexique, de sa pensée, de son art. Vont s'ensuivre des siècles de colonisation. Quelques témoins espagnols vont témoigner des derniers instants de la splendeur aztèque, comme Bernardino de Sahagun qui rêve devant les ruines de cette civilisation.
Un livre capital pour mieux comprendre l'oeuvre de JMG le Clezio, prix Nobel de la littérature en 2008.
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Il serait possible de commenter des heures cette approche, certes partiale mais hautement structurée et étayée, de l'histoire du peuple Mexicain. Peu importe. Ce que parvient à faire l'auteur ici est moins tant, comme on l'a souvent dit, une réhabilitation de ce peuple, de cette société, mais bel et bien de sa pensée, de siècles de richesses intellectuelle, artistique, mythologique et ce n'est pas la vieille Europe des Conquistadors qui osera parler d'inhumanité à son propos (si ?). le débat n'est pas là. Bien entendu, l'Occident doit assumer ici le plus grand massacre de l'humanité. Surtout, la mise en mots par Le Clézio est ici comme un fil tendu entre les deux mondes, les deux temporalités, pour qu'infuse, si possible, dans notre quotidien d'occidentaux modernes la substantifique moelle de cette pensée animée (au sens d'Aenima) qui ne s'est peut-être jamais tue, de l'autre côté de l'Atlantique. Un bien vel ouvrage de ce point de vue. Où l'on reparle du Mythe de l'Indien ...
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"Le silence du monde indien est sans aucun doute l'un des plus grands drames de l'humanité. À l'instant où l'Occident redécouvrait les valeurs de l'humanité et inventait les bases d'une nouvelle république, fondée sur la justice et le respect de la vie, par la perversité des Conquérants du Nouveau Monde, il initiait l'ère d'une nouvelle barbarie, fondée sur l'injustice, la spoliation et le meurtre. Jamais l'homme n'aura été semble-t-il à la fois si libre et si cruel, découvrant au même instant l'universalité des lois et l'universalité de la violence. Découvrant les idées généreuses de l'humanisme et la dangereuse conviction de l'inégalité des races, la relativité des civilisations et la tyrannie culturelle. Découvrant, par ce drame de la Conquête du Mexique tout ce qui va fonder les empires coloniaux, en Amérique, en Inde, en Afrique, en Indochine : le travail forcé, l'esclavage systématique, l'expropriation et la rentabilisation des terres, et surtout cette désorganisation délibérée des peuples, afin non seulement de les maintenir, mais aussi de les convaincre de leur propre infériorité. Le silence du monde indien est un drame dont nous n'avons pas fini aujourd'hui de mesurer les conséquences. Drame double, car en détruisant les cultures amérindiennes, c'était une part de lui-même que détruisait le Conquérant, une part qu'il ne pourra sans doute plus jamais retrouver." (p. 213)

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"Ainsi commence cette Histoire, par cette rencontre entre deux rêves : le rêve d'or des Espagnols, rêve dévorant, impitoyable, qui atteint parfois l'extrême de la cruauté ; rêve absolu, comme s'il s'agissait peut-être de tout autre chose que de posséder la richesse et la puissance, mais plutôt de se régénérer dans la violence et le sang, pour atteindre le mythe de l'Eldorado, où tout doit être éternellement nouveau. D'autre part, le rêve des Mexicains, rêve tant attendu, quand viennent de l'est, de l'autre côté de la mer, ces hommes barbus guidés par le Serpent à plumes Quetzacoatl, pour régner à nouveau sur eux. Alors, quand les deux rêves se rencontrent, et les deux peuples, tandis que l'un demande de l'or, les richesses, l'autre demande seulement un casque, afin de le montrer aux grands prêtres et au roi de Mexico, car, disent les Indiens, il ressemble à ceux que portaient leurs ancêtres, autrefois, avant de disparaître. Cortés donne le casque, mais il demande qu'on le lui rapporte plein d'or. [...] La tragédie de cet affrontement est tout entière dans ce déséquilibre. C'est l'extermination d'un rêve ancien par la fureur d'un rêve moderne, la destruction des mythes par un désir de puissance. L'or, les armes modernes et la pensée rationnelle contre la magie et les dieux : l'issue ne pouvait pas être autre." (p. 11)

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En admettant les étrangers dans son univers, en cherchant à pactiser avec eux, Moctezuma, sans le savoir, scelle la défaite de son monde, car l'homme blanc ne partage jamais. Cortés va exclure le monde indien, et, l'ayant réduit à l'esclavage, il permettra la conquête de tout le continent américain, du Canada à la Terre de Feu. Sans l'or, sans la matière première, sans le travail des esclaves surtout, quel eût été le sort de l' Europe et de sa révolution "industrielle" ?
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Mais les mauvais traitements des encomenderos, le pillage des réserves de nourriture, et l'esclavage pratiqué systématiquement par une armée qui trouvait là une compensation à une solde inexistante, font éclater la révolte. Malgré la Cédula de 1531 par laquelle Charles Quint interdisait la vente des Indiens comme esclaves, Nuño de Guzman, après la disgrâce de Cortés, devint si orgueilleux, relate le père Tello, et absolu, imbu de lui-même et justicier, avec tant de pouvoir, qu'il effrayait toute la Nouvelle-Espagne et laissait toute licence pour marquer au fer les Indiens comme esclaves, car lui-même, lorsqu'il était à Panuco, fit cruellement mourir beaucoup d'Indiens, et ceux qui restaient en vie, il les vendit et en si grand nombre que cette Province en fut quasiment dépeuplée.
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Il y a, dans la personne du prince-poète quelque chose d'excessif et de baroque qui fait songer au Moyen Age de l'Occident, aux rois francs ou scandinaves, et peut-être plus encore aux grands princes d'Orient du temps de Cyrus. C'est la même puissance militaire absolue (la Triple Alliance qui étend son règne du Guatemala jusqu'aux déserts du nord du Mexique, exception faite de la zone maya et du royaume du Tarasque Zuangua), c'est le même faste ostentatoire, la même cruauté inouïe exercée contre les peuples esclaves, et surtout le même zèle religieux, qui inspire chaque geste du seigneur, dicte chacune de ses paroles.
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Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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