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EAN : 9782213710785
353 pages
Fayard (29/08/2018)
4/5   21 notes
Résumé :
Pulvérisateur de frontières, créateur fantasque en dehors de tout système, trois fois oscarisé, Michel Legrand est l'auteur d'une oeuvre foisonnante, en équilibre entre jazz, variété, comédie musicale, musique de films, de concert, de scène, de ballet. C'est un parcours unique où Agnès Varda tend la main à Steve McQueen, Orson Welles à Xavier Beauvois.
Aujourd'hui, Michel Legrand se raconte avec humour, gravité et liberté, entremêlant présent et passé. Aucun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Michel Legrand, le compositeur aux 160 musiques de films se livre, dans une autobiographie aussi dense qu'attendue parue très récemment chez Fayard.

Les mémoires de Michel Legrand, coécrits avec le spécialiste Sté­phane Lerouge, proposent un récit riche et foisonnant avec plein d'anecdotes souvent passionnantes qui éclairent la création de l'oeuvre de cet immense compositeur.
On en apprend longuement évidemment sur ses premiers pas aux Etats-Unis. sur les deux chef d'oeuvre réalisés véritablement à quatre mains avec Jacques Demy (les Parapluies de Cherbourg et les Demoiselles de Rochefort) et on peut voir à quel point le jazz aura toujours été au coeur des créations,durant près de sept décennies de carrière .


Après neuf ans d'études au Conservatoire de Paris, sous la férule de Nadia Boulanger, Henri Challan ou Noël Gallon, Legrand se fait happer par la chanson : il devient l'accompagnateur de Jacqueline François, Henri Salvador, Catherine Sauvage, Maurice Chevalier puis épousera le monde du jazz dans sa pluralité, en se frottant à des figures clés comme Miles Davis, Bill Evans, Stan Getz, Sarah Vaughan ou Ella Fitzgerald.

On aime beaucoup la préface du cinéaste Damien Chazelle qui reconnait que "La La Land" n'aurait pas vu le jour sans son amour pour le compositeur, ou encore certaines anecdotes aussi incroyables que racontées avec gourmandise par Legrand ( comment Michael Jakcson s'est faufilé soi disant discrètement dans le théâtre qui passait la comédie musicale "Le Passe-muraille" d'après Marcel Aymé, joué en 1997 à Paris au Théâtre des Bouffes du Nord.

Cependant , "J'ai le regret de vous dire oui" montre étonamment une autre facette de Michel Legrand un peu médisante : Montand et ses réflexions étranges sur l'inceste, Pierre Boulez dénigré dans un chapitre entier, Nougaro, qui passe pour un vrai soulard, Jean Pierre Melville, Francis Huster ( bon là en même temps, difficile de lui donner tort) et même Michel Drucker en prennent plus ou moins pour leur grade, mais heureusement, il reste le plus souvent bienveillant pour la plupart des artistes qu'il a rencontré.

Une mine d'or pour mieux connaitre cet artiste génial et prothéiforme.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Raymond Legrand fait des arrangements pour l'orchestre de Ray Ventura. Il n'a que des rudiments de musique et joue un peu de tout. Beau parleur, charmeur, mais égoïste et allergique aux responsabliités. Michel n'a que 4 ans quand son père les plante là, lui, sa mère et sa soeur. Désormais c'est sa maman qui devra cumuler les rôles : mère, père, gagne-pain...Sous le coup elle devient une femme/homme, refusant que ses enfants l'appellent "maman", ne montrant aucun sentiment, menant la barque ,seule, héroïque. Ni tendresse maternelle, ni encouragement paternel. Sa mère ( qu'il faut, justement, appeller "samère"), sa soeur, sa grand'mère : pas de références masculines pour ce garconnet dont le père a subitement disparu.

Michel se réfugie dans l'imaginaire, et bientôt se concentre sur un vieux piano qui traînait dans un coin du salon. Il apprend à jouer, d'un doigt, d'une main, puis de deux. Il y passe tout son temps libre. Si la situation financière de la famille n'est pas brillante, elle n'est pas non plus désastreuse, et des cours de piano lui sont bientôt dispensés. Une succession de professeurs finit par le mener au conservatoire, à 11 ans. A 15 ans, Nadia Boulanger - figure influente au conservatoire et bien au-delà - l'accepte dans sa classe. C'est le début d'une immersion intensive et quasi totale dans l'univers da la musique classique.

A vingt ans, il quitte le conservatoire, sentant que l'emprise de Nadia devient trop forte : elle veut l'accaparer, sans doute faire de son meilleur élève son disciple, son élu. Débuts difficiles, jouant du piano dans les salles de cinéma. Collaboration de courte durée avec son père, qui, à défaut de talent, connait les ficelles du métier. Peu à peu Michel Legrand trouve sa voie.

Jamais il ne se laisse enfermer dans un style ni même dans un métier. Ni dans un marriage. Créateur, fou de musique qu'il veut explorer sous toutes ses coutures, amoureux de la vie et du monde, il veut que chaque fin soit un début...




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Les moulins de mon coeur, L'été 42, Les parapluies de Cherbourg, des airs inoubliables qui vous trottent dans la tête en tournant les pages de cette biographie exhaustive d'un des plus grands compositeurs de musique de films.
Sa complicité avec Jacques Demy confine à la fraternité. Ils découvrent presqu' en même temps une actrice prometteuse. Michel 'avait repéré la jeune Catherine Deneuve dans un film en 1960 dont il avait écrit la musique. Jacques avait été séduit quand elle donnait la réplique à Mel Ferrer dans L'Homme à femmes. Catherine sera Geneviève dans Les parapluies de Cherbourg.
Les sources d'inspiration du musicien-compositeur-interprète sont multiples, avec un grosse redevance au jazz. La période américaine de Michel signe un retour aux sources. Il voit Miles Davis et Dizzy Gillepsie. Son osmose avec l'insaisissable Miles Davis est grandiose. À Hollywood, c'est la rencontre éblouissante avec Barbra Streisand. Il vit aussi une grande dépression au début de son installation outre-Atlantique, saut hasardeux dans l'inconnu. Sa vie est une suite d'aigus et de graves, mais le thème général est beau.
Sa filmographie musicale est telle qu'il a fréquenté les plus grands réalisateurs et de nombreux acteurs célèbres. Il a un seul aparté - fugace et intense - avec Steve McQueen sur le tournage de le Mans. Steve lui parle de la merveilleuse partition de L'affaire Thomas Crown.
La vie de Michel Legrand se lit comme un roman. La genèse d'une bande originale est décrite plusieurs fois. C'est passionnant, étonnant, très intuitif.
C'est toujours gai de mieux connaître un ami cher que vous ne verrez jamais.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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On pouvait l'appeler Michel Legrand ou le grand Michel, c'était selon ! Hyperdoué, il faisait figure d'ambassadeur de la France aux States. Un compositeur béni par les muses, un chanteur à la voix posée, un orchestrateur à la palette chatoyante, un jazzman acclamé et un chef d'orchestre encensé. Quel panégyrique ! Fils de Raymond Legrand et de Marcelle der Mikaëlian (soeur de Jacques Hélian), il était un enfant solitaire qui s'ennuyait beaucoup. Pour tuer le temps, il pianotait sur l'instrument abandonné par son géniteur. Il y faisait des gammes et tentait de reproduire ce qui passait à la radio. On l'a envoyé au Conservatoire de Paris, où il s'est épanoui. Prodige, il a dépassé rapidement ses condisciples et a retenu l'attention de ses enseignants. Nadia Boulanger l'a encouragé à persévérer et lui a appris la rigueur et le travail. Lors d'un concert de Dizzie Gillepsie dans la capitale, il a découvert le jazz, une musique qui lui remuait les tripes. Il s'est emballé et a voulu sortir de pareils sons. Son papa l'a appelé au secours pour finaliser la partition de plusieurs longs métrages alimentaires. Un travail de l'ombre. Surtout non-crédité au générique. Qu'importait ! Il se faisait un peu d'argent de poche et se rompait à l'exercice avec une facilité incroyable. Recommandé par son paternel, il a accompagné de nombreux chanteurs et a accepté d'adapter plusieurs chansons. Henri Salvador lui a servi de tremplin vers le succès. En 1954, à la demande de Jacques Canetti, il a orchestré une série de standards parisiens pour la firme Columbia, qui possédait une annexe en France. le disque « I love Paris » s'est arraché chez les marchands. le jeune homme, dix-neuf ans au compteur, est passé à la notoriété. Afin de le récompenser, on lui a proposé un album de son choix. Il a voulu enregistrer avec le trompettiste Miles Davis. Cette session est devenue le classique « Legrand Jazz ». La consécration ! Naturellement, le cinéma et les réalisateurs de la Nouvelle-Vague l'ont courtisé. Il a collaboré avec Jean-Luc Godard, a frayé avec Agnès Varda et a entamé une collaboration sur la longueur avec Jacques Démy. le reste fait partie de la légende !
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Ce mois de janvier 2019 a été marqué par le décès de Monsieur Michel Legrand qui a composé la musique de 160 films, a signé deux concertos et 1 oratorio. « Les Demoiselles de Rochefort », « Peau d'âne » « Les Parapluies de Cherbourg » sont des véritables contes de fées superbes, soutenus par des chansons mythiques et une distribution formidable. Ils font partie du patrimoine culturel français. Les belles mélodies comme « les moulins de mon coeur » ne mourront jamais, elles traverseront le temps et seront éternelles.
Cette autobiographie que je vous propose de découvrir, écrite en collaboration avec Stéphane Lerouge et publiée en septembre 2018 m'a particulièrement séduit car ce grand compositeur se livre, se dévoile sans détours. On découvre un acharné au travail qui ne se décourage jamais.
Pourtant, lorsqu'il voit le jour le 24 février 1932 à Ménilmontant, rien ne le prédestinait à un avenir aussi glorieux. Il n'a pas eu enfance facile. C'était un enfant solitaire. Son père Raymond Legrand, un beau parleur, un charmeur, un musicien, chef d'orchestre, futur collabo quitte femme et enfant, ne laissant comme héritage qu'un vieux piano. Michel n'a alors que trois ans, livré à lui-même. Sa mère est contrainte d'aller travailler pour subvenir à leurs besoins. du haut de ses trois ans ; Michel est capable de reproduire une mélodie rien qu'en l'entendant à la TSF. Il suit bientôt les cours de la rigoureuse Nadia Boulanger qui lui enseigne la discipline avec fermeté. Il devient un compositeur, arrangeur, pianiste, chanteur, chef d'orchestre, réalisateur, perfectionniste. Hollywwod le réclame. Sa carrière aux USA est couronnée par 5 Grammy Awards et trois Oscars. Il enregistre avec Miles Davis, Ray Charles ou Barbra Streisan d. Les films s'envolent grâce à son amitié fraternelle avec Jacques Demy.
Cet autoportrait montre que le destin de Michel LEGRAND est un destin hors du commun, digne d'un héros de roman ou de cinéma. Il vous suffira de vous plonger dans ce livre, pour retrouver la magie d'une époque et vous oublierez, volontiers, pendant ces quelques pages, l'avenir, pour quelques souvenirs, grâce à de savoureuses anecdotes.

Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Nadia Boulanger . A l'époque c'est une personnalité très respectée, la figure de proue du conservatoire, où ses avis font autorité. Je la connais uniquemment de réputation, à travers les compositeurs qu'elle a formé ...Elle a connu Gabriel Fauré, Claude Debussy, Maurice Ravel, est une amie intime de Stravinsky qui la surnomme " Celle qui entend tout."... Traditionnellement, Nadia était vétue de noir, avec des robes droites, très longues, de petites lunettes rondes, un chignon.Elle est sévère, mais avec humanité, pas avec secheresse. Nadia m'avoua avoir vécu une prise de conscience à treize ans : "A cet âge là, mon entourage me faisait beaucoup de compliments sur mes premiers ouvrages. Mais je me suis apercue que je n'avais pas assez de talent, je ne voulais pas devenir la compositrice d'une oeuvre inutile. Alors j'ai pris la décision de servir la musique différemment, de me consacrer aux autres."... Nadia n'a pas été qu'une pédagogue de génie, elle a été ma mère de musique.
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Depuis mon enfance, mon ambition est de vivre complètement dans la musique. Mon rêve est que rien ne m’échappe. C’est la raison pour laquelle je ne me suis jamais arrêté à une seule discipline musicale. J’aime jouer, diriger, chanter, écrire, et ce dans tous les styles. Cette diversité me préserve de l’uniformité.
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Lorsque je me lasse d'une situation ou d'une personne, c'est sans appel. Après avoir pris conscience du risque de m'engourdir sous le soleil californien ou de devenir distributeur automatique d'arrangements chez Philips, j'ai préféré casser le fil. Comme un pari avec moi-même.
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Souvent, il me faut mener de front plusieurs projets à la fois. Je compose pour un film pendant trois heures, je fais deux heures de piano, je termine une chanson, puis retour au film. De fait, chaque travail fonctionne comme la récréation du précédent.
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Généralement, la musique arrive à la fin du processus de création. Le cinéaste est souvent très anxieux, tendu, effrayé par le film qu'il vient d'enfanter. Il faut donc le rassurer, le prendre par la main, avec à la fois douceur et autorité.
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Video de Michel Legrand (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Legrand
Les moulins de mon coeur (1976)
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