Publié en 1999, "
Barbara, claire de nuit" est un récit de l'écrivain français
Jérôme Garcin à qui l'on doit notamment "
La Chute de cheval", "
Les soeurs de Prague", ou plus récemment "
Olivier" consacré à son jeune frère disparu.
Au fil des interviews réalisés dans le cadre de son métier de journaliste,
Jérôme Garcin s'était lié d'amitié avec Barbara durant les 10 dernières années de sa vie.
Il rend ici hommage à l'artiste et à la femme, deux identités qui se confondent indéniablement.
Appuyé par des extraits tirés de bandes-sons d'époque, il dresse le portrait d'une femme toujours complexée, en proie au doute, jamais en paix avec elle-même.
Vive mais d'humeur changeante, sujette au "mal de vivre". Théâtrale mais réservée. Solitaire et insomniaque, effrayée par la lumière et le monde extérieur, détestant être prise en photo, vivant en recluse entre sa ferme de Précy et la scène, s'offrant toute entière à sa seule famille, sa "seule histoire d'amour", le public, préféré aux quelques amants de passage.
Une femme fragile qui sacrifiait tout à son art, préservait sans cesse sa voix pour en offrir le meilleur, quitte à se promener dans les coulisses une clé anglaise à la main pour vérifier que tous les radiateurs étaient bien réglés à 18°C.
L'auteur figure l'être de coeur, la "vigileuse", disponible de jour comme de nuit pour les âmes en détresse, les malades, les prisonniers, les démunis auxquels elle dédiait une ligne téléphonique particulière, distribuant des sacs entiers de préservatifs en tournée au moment où le Sida faisait rage, estimant qu'elle ne pouvait goûter au bonheur en sachant que tant d'autres en étaient privés.
Jérôme Garcin évoque l'artiste à la voix vibrante dont les textes continuent de trouver écho en nous, de nous accompagner dans des moments de vie cruciaux.
Son répertoire fait l'effet d'un journal intime qu'elle incarne véritablement sur scène.
Ainsi quand elle chante "Nantes" - texte qu'elle écrivit à la mort de ce père incestueux dont elle n'obtint ni les aveux ni l'ultime adieu - celle que l'on appelait "La dame en noir" est comme transportée ailleurs, à Nantes, si proche et si lointaine à la fois.
S'il n'est pas difficile de trouver matière à souligner le talent de Barbara, encore fallait-il avoir les mots pour l'exprimer.
"
Barbara, claire de nuit" transpire l'admiration à toutes les pages tout en livrant un portrait sans fard, tendre, sentimental, modeste, à l'image de cette artiste de talent que la gloire présente ou posthume désintéressait, pourvu qu'elle conserve l'amour de son public.
Un hommage enveloppant qui continue de vibrer en moi lorsque j'écoute Barbara.
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