Si vous ne connaissez pas
Jane Austen, si vous n'avez jamais lu Persuasion, je vous envie...
Non, je ne blague pas ! Découvrir un tel talent, pouvoir le lire, vierge de tout souvenir, j'en rêve .
Je l'ai lu , relu et vu l'adaptation qui en a été faite pour la télévision (BBC) avec Sally Hawkins et donc je ne vais pas pouvoir le relire infdéfiniment, l'histoire reste en tête longtemps après.
Quelle beauté dans l'écriture, quelle finesse d'observation, quel humour tout en retenue, quelle romantisme. Il fût publié en 1818 , soit un an après la mort de
Jane Austen.
Anne est la deuxième fille d'une fratrie de trois, sa mère est morte lorsqu'elle avait quatorze ans. Sa soeur ainée forme presque un “couple” (en tout bien tout honneur ) avec leur père, ces deux-là s'entendant à merveille, pour parader, s'amuser, bavasser, s'admirer, gaspiller en plaisirs égoistes l'argent du ménage sans que jamais Anne n'en profite. Aussi beaux et vaniteux tous les deux, ils ne font pas grand cas de Anne.
La soeur cadette, Mary, est mariée et a des enfants.
Il y a huit ans, Anne était fiancée au Capitaine
Wentworth, hélas son père, et une amie très chère l'ont dissuadée de l'épouser, le jeune homme n'était pas du même milieu. Depuis, Anne s'est faite une raison, mais la vie est dure pour les femmes non mariées, qui sont souvent déconsidérées.
Obligés de réduire leur train de vie, Elizabeth et leur père, iront à Bath, tandis qu' Anne ira décharger sa soeur Mary de ses tracas familiaux.
Bonne, généreuse et dévouée Anne..
Leur domaine sera loué à un amiral dont la femme n'est autre que la soeur du capitaine Wenthworth, qu'Anne craint de revoir, ses regrets et son amour pour lui n'ayant pas faibli . Leur monde étant un tout petit monde, elle sera amenée à le fréquenter de mille et une façons.
Dans une époque où le mariage est considéré comme la seule façon pour une femme d'être protégée financièrement , dans une époque où 28 ans, c'est vieux, Anne n'est "presque rien", une vieille fille...
Jane Austen en fera une subtile étude de moeurs, une photographie sans concession d'un instant T dans la campagne anglaise au 19° siècle.
- Jubilatoire, tous ces gens qui ne travaillaient pas et qui passaient leurs temps à se rendre visite, confrontés à un autre monde qui émerge , celui des travailleurs, des militaires qui ont réussi , qui ont pris des risques et qui se retrouvent, certains, presque au même niveau de richesse qu'eux. La suffisance des nobles est excellemment montrée.
- Jubilatoire, ces femmes exaspérantes de politesse ou tombant dans les pommes au moindre “choc”, à la moindre contrariété, souvent pour n'en faire qu'à leur tête, jouant les faibles pour imposer leur bon plaisir, leur volonté avec force,parce que la société ne leur laissait pas le choix.
- Amusant cette comparaison, qui est faite avec l'accumulation de miroirs dans une salle de bain entre le père de Anne, et son locataire Souvent ce baronnet m'a fait penser à un personnage de
Molière, un précieux, ridicule...
- Et évidemment superbe cette profonde histoire d'amour, avec ses soupirs, ses hésitations, ses peurs, ses préjugés, l'orgueil .
Quel talent ! Quel plume, que dis-je : quel scalpel , cette précision, cette délicatesse, cette intelligence, cette malice...
J'aimerais tout oublier, pour pouvoir le relire, le relire, le relire...
Il n'y a pas un mot, une virgule, une idée qui sonne faux.
Lire chaque ligne est un enchantement , chaque phrase pétille autant que des bulles de champagne.
Adapté par la BBC,avec Sally Hawkins dans le rôle de Anne,
il a fait l'objet récemment d'une autre version, sur Netflix, avec Dakota Johnson dans le rôle de Anne, Henry
Golding et Cosmo Jarvis ,
Richard E. Grant et Suki Waterhouse. ...