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Daniel Loayza (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080711250
409 pages
Flammarion (30/11/-1)
3.97/5   87 notes
Résumé :

Elle est l'unique trilogie dramatique que l'Antiquité nous ait léguée. Elle est l'oeuvre de l'aîné des trois grands tragiques athéniens. Elle témoigne de la souveraine maîtrise d'un poète qui fut aussi un metteur en scène sûr de ses moyens et de ses effets, composant et montant son spectacle à soixante ans passés, fort d'une expérience théâtrale sans égale. Ombre, sang et... >Voir plus
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Durant ce semestre, nous avons étudié les trois pièces d'Eschyle : Agamemnon, Les Choéphores et Les Euménides, réunies ici dans un seul volume. Sans aucune connaissance en mythologie grecque, il est compliqué de comprendre ce qui se joue ici.

Ces trois pièces sont des drames familiaux, de la tragédie grecque. Même si les trois histoires étaient intéressantes (et ne peuvent, à mon sens, pas se lire indépendamment les unes des autres), j'ai eu du mal à accrocher au style.

Malgré tout, ce livre est un bon moyen de comprendre les mythes antiques et les cours de littérature grecque dispensés à propos de cette oeuvre m'ont permis de mieux l'appréhender. Toutefois, je suis toujours assez perdue du fait du nombre important de personnages dans la tragédie grecque.
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L'Orestie comprend trois tragédies, "Agamemnon", "Les Choéphores" et "les Euménides" qui nous sont revenues intactes après leur création il y a 2500 ans environ.

C'est une oeuvre majeure de la Grèce Antique. On peut aussi dire qu'il s'agit d'un texte fondateur car Eschyle y développe une véritable pensée politique à partir du mythe de la famille des Atrides.

En effet, d'une société que je qualifierai de tribale dans la mesure où le droit du plus fort l'emporte et où la justice est une justice de vendetta, Eschyle va au cours des trois pièces faire évoluer la société vers une société de justice et de droit, bref, vers une démocratie. Mieux, Eschyle initie un système d'alliance entre les cités grecques, Athènes et certains royaumes puissants comme celui d'Argos.

Pour tenter un résumé très rapide de la trilogie, on peut dire que :

La première tragédie évoque le retour triomphant d'Agamemnon, roi d'Argos. Il est assassiné par son épouse Clytemnestre qui vit avec son amant Egisthe, le fils d'un vieil ennemi de la famille des Atrides.

Puis, dans la deuxième pièce, "les Choéphores", Oreste, le fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, parti en exil, revient pour venger le meurtre de son père sur l'ordre d'Apollon reçu dans son sanctuaire à Delphes. En accord avec sa soeur, Électre, il tue Clytemnestre et son mari (usurpateur) Égisthe. Sitôt les actes commis, il devient la proie des Erinyes, les déesses de l'enfer, qui le persécutent sans fin.

Dans la troisième pièce, "les Euménides", n'en pouvant plus de cet acharnement et sûr de son bon droit, Oreste va à Delphes obtenir le soutien d'Apollon qui l'envoie à Athènes demander conseil à la déesse Athéna. Cette dernière refuse de prendre parti dans ces histoires sordides de famille de mortels et met en place un tribunal composé de citoyens athéniens pour juger les crimes d'Oreste entre les accusations des Érinyes et le témoignage favorable d'Apollon. Oreste ressort libre du tribunal et les Érinyes sont transformées en Euménides (bienveillantes).

Mais si on revient au personnage d'Agamemnon, on se rend compte que la situation est bien plus complexe et ambigüe que le résumé ci-dessus. En effet, Clytemnestre a aussi de bonnes raisons de haïr et de vouloir tuer son mari. Elle ne peut admettre qu'Agamemnon ait osé sacrifier (et tuer) sa fille Iphigénie pour obtenir des Dieux des vents favorables pour aller faire la guerre de Troie. D'autant que cette guerre a été initiée par le rapt d'Hélène, femme de Ménélas, lui-même frère d'Agamemnon. Sans oublier que les parents et aïeux d'Agamemnon ont de lourds antécédents criminels envers la famille d'Égisthe dans une lutte récurrente pour obtenir ou maintenir la mainmise sur le royaume d'Argos. On est donc bien dans un enchainement de violences qui se perpétuent sans fin, à chaque génération, uniquement par vengeance. Comme on peut encore le voir dans les systèmes mafieux.

Pour qui s'intéresse à la mythologie grecque, l'Orestie est une bonne porte d'entrée (assez) facile d'accès car les contextes du mythe des Atrides et surtout les interactions et rivalités des divers dieux sont bien expliquées et palpitantes.

Le début de la tragédie "Agamemnon" est saisissant lorsqu'on visite aujourd'hui le palais de Mycènes. du haut du palais, on voit toute une série de montagnes et de collines sur lesquelles on imagine parfaitement le système de veille qui transmettait les informations et les signaux pour prévenir le retour attendu des guerriers partis faire la guerre à Troie. le rôle du Veilleur prend alors tout son sens.

Les sujets traités sont des drames qu'on suit avec un grand intérêt car les personnages des pièces ont des comportements humains très compréhensibles et justifiés. En fait, ils sont complètement manipulés par les dieux qui luttent entre eux à l'insu des mortels. Pour les mortels, ce qui leur arrive leur semble dicté par le Destin auquel il est impossible de s'échapper.

Les tragédies mettent en scène des personnages extraordinairement proches de nous, de nos pensées, de nos préoccupations. On ressent une émotion profonde à lire les péripéties de ces personnages qui se débattent en vain et sont amenés à commettre des actes odieux car ils n'ont pas de meilleure solution et essaient vainement de se justifier à leurs yeux et aux yeux des autres. Il en est ainsi de Clytemnestre qui prend en haine Agamemnon mais aussi ses deux enfants, Oreste et Électre.

Il n'est pas surprenant qu'au cours de siècles, les écrivains ou les poètes, fascinés par ces mythes puissants, aient éprouvé le besoin de réécrire l'histoire de certains de ces personnages en l'actualisant à leur époque.
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J'ai utilisé la traduction de M. Daniel Loayza pour cette lecture, traduction dont je tiens à souligner la grande beauté. Il y a un souci manifeste d'imprimer un rythme et une esthétique sonore, dont j'ignore s'ils se calquent sur les effets du grec, mais qui stimulent en tout cas très plaisamment la lecture.

Tout n'est pas clair comme de l'eau de roche dans cette pièce, l'édition (GF 2017) se fend d'ailleurs d'une introduction et d'une compilation de notes qui occupent plus de la moitié du livre, afin d'expliquer la multitude d'énigmes que propose le texte au lecteur à qui il manque quelques notions de mythologie et d'histoire antique. Il faut d'abord voir dans cette exception culturelle du théâtre antique, la seule trilogie conservée, une oeuvre de propagande dans un contexte d'installation de l'hégémonie d'Athènes. C'est le peuple d'Athènes uni à la sagesse divine d'Athéna au sein de l'institution de l'Aréopage, qui permet de trouver une issue heureuse à un dilemme familial apparemment insoluble dans une cité alliée, ou plutôt subordonnée, Argos, ce qui contraste singulièrement avec l'intention tragique théorique. L'oeuvre offre quelques séquences de joutes rhétoriques très intéressantes, où transparaît parfois une mauvaise foi qui ramène l'intrigue à échelle humaine. On mesure également le caractère sacré des liens du sang dans cette civilisation.

Le moment le plus marquant pour moi, sans grande originalité, est la scène des prédictions de Cassandre dans "Agamemnon", un passage extrêmement émouvant de contemplation solitaire de l'horreur et d'acceptation de son impuissance face au destin. Tout n'est pas évident, comme je le disais, mais en s'accrochant un peu, on arrive à suivre une histoire qui se tient et que l'on se surprend même à apprécier, notamment avec des procédés qui rappellent Shakespeare (ou plutôt l'annoncent), par exemple les conditions de la rencontre nocturne d'Oreste et Electre dans les "Choéphores".

Cette oeuvre légitimement incontournable de la littérature antique, est, en elle-même, très courte à lire ; dès lors, foncez.
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La fatalité s'acharne sur la maison des Atrides : Clytemnestre venge la mort de sa fille Iphigénie en assassinant le responsable de cette mort, son époux Agamemnon, revenu vainqueur de Troie. Oreste, son fils, la tuera à son tour de ses propres mains par fidélité à la mémoire de son père et sera poursuivi jusqu'à Athènes par les Erynies, divinités persécutrices symbolisant le remords.
Chaque génération, en essayant de redresser le tort fait à la précédente, perpétue sans fin la chaîne du crime et de la désolation sous la tutelle des dieux.
Ainsi en va-t-il dans la grande famille humaine : un méfait n'est jamais perdu et sa trace subsiste au-delà de la vie de son auteur.
Mise à part quelques lourdeur de style, notamment dans les propos des choeurs, j'ai aimé la lecture de cette Orestie, et surtout l'ouverture qu'elle donne sur la compréhension des mythes antiques.
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Cette trilogie théâtrale met en scène l'invention de la justice humaine.
Un père, Agamemnon, sacrifie sa fille, Iphigénie ; la mère, Clytemnestre, tue son mari pour se venger ; le fils, Oreste, tue sa mère, ainsi chaque crime est puni par un autre crime. La justice se confond avec la vengeance et plane sur cette famille comme une malédiction. Et la malédiction ne s'arrête pas, puisque Oreste est poursuivi sans relâche par les Erinyes, de vieilles déesses qu'on pourrait associer aux remords. Oreste supplie Athéna de l'aider, celle-ci décide de remettre son sort entre les mains d'un jury populaire. Ce tribunal ne tranche pas vraiment la question et vote à moitié pour sa culpabilité et à moitié pour son acquittement. Mais Athéna prend parti pour Oreste qui est finalement acquitté et, pour calmer les Erinyes, furieuses de ce jugement, elle leur propose de devenir des déesses honorées dans sa cité : les Bienveillantes.
Deux ou trois choses m'ont particulièrement interpellées. D'abord, la première pièce de cette trilogie commence avec le retour victorieux d'Agamemnon de la guerre de Troie. Il est présenté comme un héros et le sacrifice d'Iphigénie appartient au passé. Clytemnestre joue le mauvais rôle, non seulement elle assassine le héros, mais en plus elle nous est présentée comme fourbe, elle a trompé son mari et usurpé le pouvoir. Toutes ces astuces rendent le matricide d'Oreste beaucoup plus acceptable pour le spectateur. L'intervention d'Athéna met fin au cycle du crime et la justice qu'elle instaure parait sage, mais elle reste une déesse et cette justice n'a d'autre fondement que son autorité. Une déesse qui est autant une reine qu'un Dieu. D'ailleurs, au bout du compte, c'est elle qui acquitte Oreste, pas les hommes.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
ATHÉNA : Écoutez maintenant la loi que je fonde, citoyens de l'Attique, qui avez à juger les premiers procès à propos du sang versé. [...] Sur cette colline, le Respect et la Crainte, sa sœur, empêcheront les citoyens, la nuit comme le jour, de commettre des crimes, pourvu qu'ils n'altèrent point leurs lois. Si l'on souille une source limpide d'afflux impurs et de boue, on n'y trouvera plus de quoi boire. Ni anarchie ni despotisme, telle est la maxime que je conseille aux citoyens de pratiquer et de vénérer, et aussi de ne point bannir toute crainte de la ville ; car quel mortel reste juste s'il ne redoute rien ?

LES EUMÉNIDES.
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[Introduction, par Daniel Loayza].

Il s'agit bien d'une réponse, dans la mesure où la déesse reprend à son compte, pour lui conférer une perspective pleinement politique, le mot d'ordre - "ni anarchie, ni despotisme" - lancé par les Érinyes (qui en limitaient peut-être la portée à un cadre plus étroitement domestique). Entre ces deux excès doit se trouver une mesure (metron) sur laquelle les parties en présence peuvent et doivent s'entendre ; entre ces deux déterminations purement négatives de ce qui règle l'existence d'une communauté doit se situer un point médian, solidaire d'un espace qui soit à la fois milieu, intermédiaire et zone commune (meson), où la détermination de règles puisse être débattue.
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CLYTEMNESTRE
Vous voulez m'éprouver comme une femme sans réflexion,
mais je réponds, vous le savez, d'un coeur sans crainte :
que tu me loues, que tu me blâmes,
peu m'importe - voici Agamemnon,
mon époux, tué de cette main,
son corps est mon chef-d'œuvre de justice, et voilà tout.
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LE CORYPHÉE: C'est la jeunesse des vieillards, d'être ouverts à ce qu'on peut leur apprendre

("Agamemnon")
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ÉLECTRE : Ô dieux, faites prévaloir le droit, comme le demande la justice.

LES CHOÉPHORES.
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Vidéo de  Eschyle
ESCHYLE — Le Chœur & le Sacré (UNIVERSITÉ NANTERRE, 1994) Un cours audio de Émile Lavielle enregistré le 8 février 1994 pour l’Université de Nanterre.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature hellénique. Littérature grecque>Littérature grecque : drames (40)
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