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EAN : 9782869598133
359 pages
Arléa (24/04/2008)
3.25/5   10 notes
Résumé :
Depuis le début de la guerre de 1914-1918, Albert Londres se bat contre la censure. Le travail des correspondants de guerre est réglementé de façon tatillonne. Le reporter s’insurge et ruse autant qu’il le peut. Parfois la censure interdit en totalité certains de ses reportages.

C’est dans cet état d’esprit, rebelle et acharné à dire la vérité, que Londres couvrira jusqu’à la fin de 1918 la plupart des fronts de la Grande Guerre : France, Belgique, It... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au début de la Grande Guerre, Albert Londres a 30 ans. Il est correspondant de guerre pour le Petit Journal et commence son "voyage impartial" par la Serbie et le front des Dardanelles.

En juillet 1917, retour de Salonique, il se trouve sur le front de Champagne où il constate, sidéré et en colère, la destruction de Reims et de sa cathédrale, la dévastation d'Amiens, l'incendie de Cambrai, cette terre de France qu'on assassine, qui est fouillée jusqu'aux entrailles.

Albert Londres est partout, du front britannique aux pentes du Monte Tomba en Italie, de l'Alsace et des cantons rédimés à la boucherie du Chemin des Dames, de Dunkerque à la pataugeoire des tranchées de l'Yser jusqu'à l'effondrement de l'empire germanique en novembre 1918. Il passe quelques jours de décembre à Cologne où l'Allemagne ne s'avoue pas vaincue, elle a juste joué de malchance... le traité de Versailles n'était pas encore signé !

Les chroniques d'Albert Londres sont alertes et photographiques et, parfois, le cynisme n'est pas loin. Elles exaltent le courage des combattants, l'exemplarité du roi des Belges, la détermination des Lillois et des quelques habitants qu'il interroge au cours de ses périples. Il reconnaît la courtoisie des officiers autrichiens prisonniers mais n'a pas de mots assez durs envers les Boches. Son objectivité est probablement irréfutable mais il manque une réalité qu'il ébauche à peine : la propagande et la censure. La propagande qui n'est autre qu'un "bourrage de crâne" n'est même pas effleurée et la censure n'apparaît qu'à trois ou quatre reprises dans le livre. Or, la quatrième de couverture invoque ces deux arguments comme base du livre.

Le choix du livre est celui de l'éditeur qui a décidé de compiler les chroniques de l'auteur sur les deux dernières années de la guerre de 14-18. Ce que l'on sait c'est que le correspondant de guerre était soumis au code de la justice militaire, comme n'importe quel officier et qu'à ce titre, il pouvait être censuré s'il dépassait certaines limites. Albert Londres a été catalogué comme "indésirable" et comme "mauvaise tête" en raison de son insolence et de son insubordination mais il a tenu bon et ne s'est jamais privé de dire ce qu'il avait à dire. Si la censure a découpé des passages arrogants ou méprisants vis-à-vis de l'ennemi, nous ne les connaîtrons pas mais il nous reste tout ce qui a échappé aux ciseaux d'"Anastasia".

Peu importe finalement. le témoignage d'Albert Londres est capital. Il a dû aider nombre d'auteurs d'aujourd'hui à écrire leurs romans sur "la der des ders" et nous gardons ses témoignages comme des documents indispensables à une connaissance de l'ambiance générale sur les différents fronts.
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C'est à l'occasion de ses missions comme correspondant de guerre pour le quotidien le Petit Journal, qu'Albert Londres a couvert les fronts de France, de Belgique, d'Angleterre, d'Italie et d'Allemagne pendant la 1ere guerre mondiale. Toutes parues au journal entre juillet 1917 et décembre 1918, les dépêches rassemblées dans ce document font un état quasi-quotidien des avancées des fronts. Comme l'apprendra Albert Londres à ses dépens, le secret militaire auquel est soumis le reporter de guerre prime sur la liberté de la presse : ayant signé les Instructions concernant les correspondants de guerre français aux armées du Ministère de la guerre, il est contraint à la discrétion voire au silence. Certains de ses articles sont même censurés dans leur totalité car celle que l'on surnomme aussi Anastasia (la censure), veille assidûment sur les informations qu'il convient ou non de divulguer. On ne s'étonnera dès lors pas qu'Albert Londres, loyal partisan de la vérité et fervent défenseur de la liberté d'expression, tente le tout pour faire passer ses papiers, et ce, au risque d'être fiché comme "Mauvaise tête" par le haut commandement de la Mission de la presse française...


Contre le bourrage de crâne, titre j'imagine, donné à ce recueil pour illustrer la révolte d'Albert Londres contre la censure et la propagande, réunit quelques-uns des reportages parus à l'époque. Les scènes (attaques, incendies, rencontres, combats, marches...) décrites par Albert Londres plongent littéralement le lecteur dans la guerre. On s'y croirait. Les chroniques de guerre si l'on peut les qualifier ainsi, sont courtes et elles sont rédigées dans un style très littéraire qui détonne par rapport à l'écriture journalistique à laquelle nous sommes aujourd'hui habitués. Contre le bourrage de crâne se présente comme une simple succession des feuillets qui n'a plus la même résonnance qu'au moment où les articles ont été publiés. Si les faits exposés gardent une forte valeur informative par rapport aux déroulements des événements, j'ai trouvé leur lecture fastidieuse. Malgré le respect chronologique des publications, la brièveté des textes et leur grand nombre ne participent pas à une bonne appréhension de la politique propagandiste subie à l'époque par Albert Londres. Pour moi, il manque quelque chose à ce livre que même la plume d'Albert Londres n'est pas parvenue à compenser... En fait, j'ai eu l'impression que l'évocation de la censure s'apparentait plus à un argument commercial qu'à une sincère problématisation de la question et j'ai trouvé cela gênant. Peut-être est-ce d'ailleurs à cause de cela que je n'ai pas apprécié les textes à leur juste valeur ? En tous cas, c'est mon sentiment et je serais bien curieux de connaître l'avis de ceux qui ont lu ce livre...

Sinon, pour en venir rapidement à la guerre, aux soldats ou aux rencontres militaires rapportés, la narration m'a rappelé certains passages de L'art français de la guerre d'Alexis Jenni qui propose une immersion très réaliste dans les champs de bataille. Pour les curieux, les textes publiés originiellement dans le Petit Journal sont consultables sur la base Gallica de la BNF. Pour ceux qui s'intéressent à l'iconographie relative aux caricatures d'Anastasia, vous pourrez en retrouver sur le site sympathique de Caricadoc (il s'agit d'un site commercial).
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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J'ai lu pas mal de livres d'Albert Londres, et pour le moment celui-ci est de loin le moins intéressant. Il s'agit de la restitution des articles écrits par le journaliste alors qu'il était correspondant de guerre en 1917 et 1918, du front de l'orient à l'Italie, en passant par la Belgique, le front occidental, et à la fin l'Allemagne après l'armistice.
Outre le fait que beaucoup de ces articles sont des dépêches assez factuelles et ont perdu une grande part de leur intérêt 100 ans plus tard (ce qui en fait une lecture parfois fastidieuse que j'ai donc picoré sur une longue période), on ne retrouve pas le Londres dénonciateur de Dans la Russie des soviets, Au bagne, Terre d'ébène ou Dante n'avait rien vu. Soumis de toute façon à la censure (qui apparaît clairement à certains moments dans les articles, qui sautent par conséquent du coq à l'âne), il n'hésite pas à user et abuser d'un patriotisme volontiers grandiloquent. Les poilus, les Belges et les Anglais sont magnifiques, formidables et époustouflants, "le Boche" est méchant et laid, barbare et fourbe, voleur et incendiaire. de nos jours, après un tel ouvrage, Londres serait taxé de propagandiste et de journaliste "embedded" (ce qui n'est pas un compliment dans le milieu), mais avait-il le choix ? Il semble qu'il figurait déjà parmi les fortes têtes des correspondants de guerre, mais rien n'en témoigne dans ces lignes qui sont résolument à charge contre l'Allemagne.
De ce fait, le titre choisi, "Contre le bourrage de crâne", prête à rire. Pour mémoire, le "bourrage de crâne" est une expression inventée par les poilus pour qualifier la propagande dans les journaux. Or, pour certains de ces articles, on n'est pas loin de ce bourrage de crâne tant honni par les hommes du front.
À noter tout de même à la fin les prémisses du génie visionnaire de Londres, lorsqu'il constate en Allemagne que "les Boches" ne se sentent pas du tout vaincus, et qu'il laisse entendre que la messe n'est pas encore dite. Sombre présage dont il ne verra pas lui-même, 20 ans plus tard, le plein accomplissement.
En bref, un Londres dispensable.
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Pas fini, c'est pas mal écrit, c'est pas ça, (trop daté peut-être ? Est-ce que ça ne sent pas trop son époque ou la propagande ? ) . Pourtant admiratrice de Terres d'ébène, du tour de France cycliste, De Marseille porte du sud, juste un peu moins du chemin de Buenos Aires où il était un peu très complaisant, il me semble, des voyous. C'est touchant quand il dénonce , engagé. Quand il traite de sujets sur l'actualité étrangère, 90 ans après, j'ai reposé ses livres par manque de culture, d'intérêts, de temps ou de plaisir.
Il y aurait une BD sortie des artistes Kinder et Borris, Albert Londres doit disparaître.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le soldat déteste que l'on chante sa gloire en détonnant. Les panégyriques que l'on fait de lui sont toujours "à côté". Rien ne l'irrite autant que l'idée théâtrale que l'on a de sa personne... L'encens que l'on brûle devant lui est arrivé à l'écoeurer. Il n'y a que les statues de bois pour supporter sans broncher la fadeur de cette fumée (p. 143).
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Nous entendons qu'ils disent n'être pas vaincus. Savez-vous que tout le pays reçut ses troupes en retraite avec des drapeaux aux fenêtres ? Ils se jugent la victime de circonstances malheureuses. Ils se croient toujours le géant debout ; ils font une concession : c'est que ce géant, pour un moment, doit consentir à ne plus mordre. Quant à ses yeux, ils ne baisseront pas. Le géant est plein de gloire, d'honneurs.
— Mais, dis-je à un jeune professeur, hôte de mon hôtel, et les fers que nous lui avons passé aux pieds ?
Il m'a répondu :
— Nous ne regardons que la couronne qu'il a sur la tête.
C'est le mot d'ordre donné. Ce que dit ce professeur, les journaux l'écrivent. Nous voyons sous nos yeux se dessiner la façon dont ils apprendront l'histoire de leur défaite aux petits Boches. Vous croyez que l'Allemagne est diminuée ? Allons donc ! Elle n'a jamais été si grande !
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Quand un "enfant de France" part à l'assaut, il a sur la tête plusieurs nuits sans sommeil, dans les oreilles de cent vingt à cent cinquante heures d'ouragan terrestre, dans l'esprit le souvenir des ruées sanglantes qui précédèrent, dans les bras des dix kilos de grenades ou d'instruments et sur le dos ses vêtements, ses ustensiles et sa nourriture. L'enfant de France a tout porté, tout supporté, tout gravi (p. 40).
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Le socle c'est l'armée... Jouer de subtilité, de clairvoyance et d'honneur avec les Français ne conviendrait pas aux Allemands. Ils pourront tuer le soldat bleu horizon, s'ils ne sont pas tués par lui, mais le duper, que nenni !... Ils ne parviendront pas plus à lui faire croire qu'ils lui rendent justice en le dépouillant qu'à l'incliner à acheter sa libération par son renoncement (p. 151).
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Un assaut n'est plus une course, c'est un système ; ils avanceront dans une certaine ligne d'où ils ne s'écarteront pas, car les mitrailleuses les flanquent. Puis se démasquera l'homme de feu, l'homme qui porte sur son dos un petit réservoir comme s'il allait sulfater les vignes, mais en fait de sulfate, c'est une flamme dévorante qu'il cache et ses vignes à lui sont les gueules des Boches. Ne criez pas, c'est nous qui avons reçu les premiers du feu dans les yeux : et ce n'est pas cesser d'être humains que de cesser d'être poires.
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Animatrices : - Sarah-Lou Lepers, journaliste et réalisatrice de podcasts - Yasmine Benhachoum, ambassadrice du pass Culture
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