Lettres à un jeune romancier sénégalais est un ouvrage épistolaire écrit par
Alain Mabanckou en réponse à une série de questions posées par un jeune écrivain sénégalais nommé Alioune. Cette rencontre se déroule à Dakar, dans un cadre symbolique, en l'occurrence l'ancien palais de justice rénové et désormais transformé en centre culturel. Malgré le ton convivial et chaleureux qui prédomine, l'oeuvre porte les traces de la plume élégante, savante et sage de l'auteur, cet homme qui a cherché à faire du roman toute sa vie.
Lettres à un jeune romancier sénégalais aborde une diversité de thématique propre au domaine de l'écriture, oscillant entre l'émotionnel et le factuel. Il s'ouvre sur les doutes et les incertitudes des écrivains en herbe, des jeunes écrivains, la tendance à rechercher la reconnaissance et l'approbation des auteurs confirmés, nourrissant l'espoir que cette forme de bénédiction puisse les propulser vers la carrière littéraire tant convoitée.
Alain Mabanckou insiste sur l'importance cruciale d'écouter la voix intime qui réside au plus profond de chaque aspirant écrivain, de prendre confiance et de s'armer de courage. Il souligne également que dans le domaine littéraire, il n'existe pas de phénomène de génération spontanée. Chaque auteur, représente le monde à travers le prisme unique de sa propre perception, souvent motivé par une impulsion émotionnelle, utilisant l'acte d'écrire comme un exutoire pour donner forme à ses sentiments les plus profonds.
Lettres à un jeune romancier sénégalais le livre met en évidence les premiers pas dans le monde de l'écriture, une période souvent teintée de timidité, comme l'a observé
Alain Mabanckou lorsqu'il écrit : "Plus je sentais qu'écrire deviendrait mon activité principale, moins je me risquais à montrer mes textes." tout en soulignant qu'une timidité maladive peut entraver le génie créatif.
Toutefois, le parcours d'un écrivain comprend des étapes essentielles : il doit d'abord être un lecteur assidu pour acquérir des connaissances littéraires qui alimenteront son écriture. L'écrivain doit cultiver son don de raconter des histoires tout en maintenant un esprit ouvert à l'apprentissage et à l'émerveillement. La maîtrise de la langue qui sera son instrument de travail est cruciale, il est primordial de maitriser les règles et les exceptions. La persévérance est nécessaire, surtout face à la première publication qui peut ne pas rencontrer un succès immédiat. Il faut aussi gérer habilement le succès lorsqu'il arrive, car il peut devenir préjudiciable. Le
syndrome de la page blanche est un défi inévitable, mais il faut rester maître de ses pensées et de sa créativité. Concernant l'autofiction, chaque écrivain choisit son approche d'écriture qu'elle soit tournée vers soi ou vers l'extérieur. le plus important demeure l'ouverture qu'apportent les
oeuvres. Enfin, l'écrivain doit accepter que la réception de son travail par le public peut différer de son intention originale, et que l'épreuve du temps est le facteur ultime qui distingue les chefs-d'oeuvre littéraires du reste de la production.
A mon humble avis,
Lettres à un jeune romancier sénégalais revêt une dimension didactique sans être un manuel d'écriture. Si tous les aspirants à l'écriture à un moment ou un autre se sont posés les mêmes questions, il n'en demeure pas moins vrai que c'est l'accumulation d'expériences personnelles depuis la plus tendre enfance qui frayent le chemin vers l'écriture. Devenir écrivain n'est pas une génération spontanée. Les expériences nourrissent le désir d'écrire d'une part tandis que le travail acharné et la volonté forgent l'écrivain.
Lettres à un jeune romancier sénégalais transcende ainsi le simple partage d'expérience, s'élevant au rang d'un mentorat informel où
Alain Mabanckou partage ses conseils et son expérience personnelle avec Alioune. L'ouvrage met
Alain Mabanckou devant le film de son propre parcours en tant qu'écrivain, en rappelant sa propre visite auprès de
Sony Labou Tansi, une expérience qui a profondément marqué son propre parcours.
L'ouvrage se termine par une série de recommandation de lecture à savoir, les essais de
Roland Barthes, les textes de
Frantz Fanon ainsi que les textes sur les guerres de libérations que sur les questions liées à l'aliénation culturelles et ses conséquences sur les peuples qui ont subi la colonisation.
En définitive, j'aurais aimé être à la place d'Alioune, bénéficier de cette précieuse attention d'un grand écrivain tel que vous,
Alain Mabanckou. Cependant, comme le livre nous rappelle, les écrivains sont faits de chair et d'os. Il revient donc d'écouter la voix intérieure , de rassembler le courage nécessaire et de s'armer de foi pour poursuivre sa propre voie dans l'écriture.