AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782321017950
176 pages
Le Robert (07/09/2023)
3.75/5   6 notes
Résumé :
« Nous sommes dans l’ère de la mutation, cher Alioune, et ce sont les rencontres, comme la nôtre, qui définissent de plus en plus nos rapports. Les nationalités ne veulent plus rien dire. Tu es Sénégalais, je suis Congolais. Et alors ? Notre fraternité est liée à la complicité que nous éprouvons en nous lisant les uns les autres. »

Après Rilke et ses Lettres à un jeune poète, Mario Vargas Llosa et ses Lettres à un jeune romancier, Alain Mabanckou répo... >Voir plus
Que lire après Lettres à un jeune romancier sénégalaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lettres à un jeune romancier sénégalais est un ouvrage épistolaire écrit par Alain Mabanckou en réponse à une série de questions posées par un jeune écrivain sénégalais nommé Alioune. Cette rencontre se déroule à Dakar, dans un cadre symbolique, en l'occurrence l'ancien palais de justice rénové et désormais transformé en centre culturel. Malgré le ton convivial et chaleureux qui prédomine, l'oeuvre porte les traces de la plume élégante, savante et sage de l'auteur, cet homme qui a cherché à faire du roman toute sa vie.
Lettres à un jeune romancier sénégalais aborde une diversité de thématique propre au domaine de l'écriture, oscillant entre l'émotionnel et le factuel. Il s'ouvre sur les doutes et les incertitudes des écrivains en herbe, des jeunes écrivains, la tendance à rechercher la reconnaissance et l'approbation des auteurs confirmés, nourrissant l'espoir que cette forme de bénédiction puisse les propulser vers la carrière littéraire tant convoitée. Alain Mabanckou insiste sur l'importance cruciale d'écouter la voix intime qui réside au plus profond de chaque aspirant écrivain, de prendre confiance et de s'armer de courage. Il souligne également que dans le domaine littéraire, il n'existe pas de phénomène de génération spontanée. Chaque auteur, représente le monde à travers le prisme unique de sa propre perception, souvent motivé par une impulsion émotionnelle, utilisant l'acte d'écrire comme un exutoire pour donner forme à ses sentiments les plus profonds.
Lettres à un jeune romancier sénégalais le livre met en évidence les premiers pas dans le monde de l'écriture, une période souvent teintée de timidité, comme l'a observé Alain Mabanckou lorsqu'il écrit : "Plus je sentais qu'écrire deviendrait mon activité principale, moins je me risquais à montrer mes textes." tout en soulignant qu'une timidité maladive peut entraver le génie créatif.
Toutefois, le parcours d'un écrivain comprend des étapes essentielles : il doit d'abord être un lecteur assidu pour acquérir des connaissances littéraires qui alimenteront son écriture. L'écrivain doit cultiver son don de raconter des histoires tout en maintenant un esprit ouvert à l'apprentissage et à l'émerveillement. La maîtrise de la langue qui sera son instrument de travail est cruciale, il est primordial de maitriser les règles et les exceptions. La persévérance est nécessaire, surtout face à la première publication qui peut ne pas rencontrer un succès immédiat. Il faut aussi gérer habilement le succès lorsqu'il arrive, car il peut devenir préjudiciable. Le
syndrome de la page blanche est un défi inévitable, mais il faut rester maître de ses pensées et de sa créativité. Concernant l'autofiction, chaque écrivain choisit son approche d'écriture qu'elle soit tournée vers soi ou vers l'extérieur. le plus important demeure l'ouverture qu'apportent les oeuvres. Enfin, l'écrivain doit accepter que la réception de son travail par le public peut différer de son intention originale, et que l'épreuve du temps est le facteur ultime qui distingue les chefs-d'oeuvre littéraires du reste de la production.
A mon humble avis, Lettres à un jeune romancier sénégalais revêt une dimension didactique sans être un manuel d'écriture. Si tous les aspirants à l'écriture à un moment ou un autre se sont posés les mêmes questions, il n'en demeure pas moins vrai que c'est l'accumulation d'expériences personnelles depuis la plus tendre enfance qui frayent le chemin vers l'écriture. Devenir écrivain n'est pas une génération spontanée. Les expériences nourrissent le désir d'écrire d'une part tandis que le travail acharné et la volonté forgent l'écrivain.
Lettres à un jeune romancier sénégalais transcende ainsi le simple partage d'expérience, s'élevant au rang d'un mentorat informel où Alain Mabanckou partage ses conseils et son expérience personnelle avec Alioune. L'ouvrage met Alain Mabanckou devant le film de son propre parcours en tant qu'écrivain, en rappelant sa propre visite auprès de Sony Labou Tansi, une expérience qui a profondément marqué son propre parcours.
L'ouvrage se termine par une série de recommandation de lecture à savoir, les essais de Roland Barthes, les textes de Frantz Fanon ainsi que les textes sur les guerres de libérations que sur les questions liées à l'aliénation culturelles et ses conséquences sur les peuples qui ont subi la colonisation.
En définitive, j'aurais aimé être à la place d'Alioune, bénéficier de cette précieuse attention d'un grand écrivain tel que vous, Alain Mabanckou. Cependant, comme le livre nous rappelle, les écrivains sont faits de chair et d'os. Il revient donc d'écouter la voix intérieure , de rassembler le courage nécessaire et de s'armer de foi pour poursuivre sa propre voie dans l'écriture.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne suis pas romancier et si j'avais quelque velléité à le devenir, ma lucidité sur mes propres limites me remettrait vite les pieds sur terre.
Je ne suis plus jeune.
Je ne suis pas sénégalais.
Et en outre, je hais cette hystérie annuelle que l'on appelle "la rentrée littéraire", cette orgie de publications qui n'est après tout qu'une manifestation de plus du consumérisme effréné de notre société obsédée par la production et les nombres. Pensez donc! Quatre cent soixante six titres doivent déferler cet automne sur les présentoirs des libraires, étant entendu qu'il s'agit d'une "petite" année cette fois...
Rien ne me laissait supposer que j'allais lire ce livre donc.
Or il s'avère qu'il est bref -moins de deux cents pages- et que la chaleur accablante dont le dérèglement climatique afflige la cité du Ponant me condamne à attendre à l'ombre de mes pénates des températures plus conformes à la délicatesse de ma constitution. Et pour ronger mon frein, quoi de mieux qu'un livre vanté par un ami emballé?
Je me laisse tenter, qu'ai-je à y perdre?
Je dois dire que j'ai été séduit aussitôt tant par la forme - l'écriture fluide et agréable - que par le fond. Lequel comme il est expliqué en quatrième de couverture ne se résume pas à des conseils à destination d'un écrivain en herbe naïf, ce que l'auteur fut lui-même en son temps, d'ailleurs! J'ai en particulier beaucoup apprécié le rappel d'une évidence encore vraie en Afrique: la culture de l'oral (et en corollaire le respect de la parole donnée) est encore prégnante, par opposition à la nôtre, tout particulièrement en France où la dictature de l'écrit s'impose partout et dès le plus jeune âge, y compris dans l'apprentissage des langues vivantes, quand bien même une langue se parle avant de s'écrire! Incorrigibles Français!... (Et l'on s'étonne qu'ils sont nuls en anglais!...)
Tout autant ai-je apprécié les idées et les remarques de l'auteur sur sa découverte de l'écrit et du livre,( ce qui est bien davantage que simplement apprendre à lire et à écrire), et sur sa volonté de pouvoir un jour, à son tour, en écrire un, voire plusieurs si le talent éclot et est reconnu. Car, comme il le rappelle "au commencement était le "Verbe", à quoi il a aussitôt la finesse d'esprit d'ajouter "même si on ne savait pas à quel temps le conjuguer". Et moi qui suis anglophone, je ne suis pas insensible à son avis sur l'évolution de notre langue que beaucoup décrient comme une contamination par l'anglais (je me range dans cette catégorie, en faisant observer que nombreux outre-Manche sont ceux qui s'affligent de la contamination de l'anglais par les américanismes! On est tous le contaminé de quelqu'un!). Je pense qu'il a raison lorsqu'il dit que ce n'est pas le français qui est menacé (d'autant que les pays francophones sont nombreux et la langue y est vraiment vivante!), mais la France elle-même, petit pays dans le vaste monde qui se croit encore détenteur d'une puissance dans les faits bien révolue depuis longtemps (depuis 1918, à mon sens)
En résumé, cet exercice épistolaire et ses pointes d'esprit m'ont séduit tout en me faisant oublier un instant la folie de notre rentrée et la hausse vertigineuse du mercure dans le thermomètre! Une bonne surprise, merci ami lecteur emballé!
Commenter  J’apprécie          52
Alioune n'a que 18 ans, il est sénégalais et sollicite les conseils du franco-congolais Alain Mabanckou. Ce dernier répond en faisant part de sa propre écriture: ses débuts, ses échecs, ses réussites...le tout avec simplicité et modestie.
Mabanckou fait partie de mon Panthéon.
Commenter  J’apprécie          90
Cet essai qui retrace tant les habitudes d'écriture de M. Mabanckou et son parcours d'écrivain que ses opinions sur l'évolution de la langue française, la traduction, la littérature de manière générale, etc. est vraiment enthousiasmant.
Les multiples références à ses lectures et aux livres qu'il a adorés peuvent vraiment éveiller la curiosité de ses lecteurs.
De plus, la forme épistolaire dans laquelle il s'adresse à un futur jeune romancier sénégalais rend l'essai encore plus accessible et aéré.

À recommander à ceux qui aiment connaître les processus d'écriture de leur auteur préféré.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En vérité, on ne devrait pas écrire avec l'intention de s'enrichir. On finit, dans la plupart des cas, par descendre sur terre. Les auteurs qui connaissent un succès "foudroyant" sont peu nombreux, et ce succès n'est pas une garantie pour l'avenir. Il arrive que le lecteur vienne vers l'auteur pour telles ou telles raisons, dans telles ou telles circonstances qui, si elles ne sont plus au rendez-vous ou deviennent systématiquement un appât, l'éloigneront du créateur, et il est quasiment impossible de le reconquérir une fois qu'il aura tourné le dos.
Commenter  J’apprécie          00
Le pire qui puisse arriver à un auteur, c'est de ne plus avoir que des lecteurs obligés. On vous lit parce qu'on ne peut pas faire autrement. On achète vos livres à une période déterminée : à la rentrée des classes. Et si, par malheur, on vous déloge des programmes, vous retournez dans votre sommeil léthargique [...] Cela peut entraîner un sentiment de rejet.
Commenter  J’apprécie          00
Je craignais de ne pas supporter ces critiques négatives, tout comme je me méfiais des éloges exagérés de mes cousins ou de mes amis. Je me disais qu'il me fallait voir des "praticiens", ceux qui connaissent "l'affaire" de l'intérieur, ceux qui savaient de quoi ils parlaient, puisqu'ils avaient écrit et avaient été publiés...
Commenter  J’apprécie          00
En français, il fallait en effet être un comédien, emprunter, jouer les attitudes occidentales, et lorsque nous souhaitions être naturels nous revenions à nos propres langues, lesquelles, au passage, étaient proscrites à l'école, au risque de subir une punition humiliante qu'on dénommait le symbole.
Commenter  J’apprécie          00
La consolation du romancier ? Réenchanter le réel pour le bonheur du lecteur, de ceux qui aiment la littérature et qui ont le droit de choisir dans un jardin les espèces florales qui les émerveilleraient.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Alain Mabanckou (129) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Mabanckou
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Si je vous dit le Crédit a voyagé : à quel écrivain, qui connaissait bien l'Afrique, pensez-vous ? le voyage… au bout de la nuit… Mort… à crédit…
« Verre cassé », d'Alain Mabanckou, c'est à lire en poche chez Points Seuil.
autres livres classés : sénégalVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..