“Je ne veux plus jamais rien lire de ma vie. Les livres ? Je m'en fiche, des livres !”
écrivain maudit… m'enfin je commence à m'interroger : est-ce vraiment un signe distinctif dans la jeune Russie soviétique (cf
Akhmatova,
Boulgakov, Blok, Pasternak,
Mandelstam et
Tsvétaieva… ) ?
“Dites à vos pompiers que coeur en feu a besoin de caresses. Je m'éteindrai tout seul. Pomperai par tonneaux dans mes yeux enlarmés”
Le Nuage en Pantalon, paru en 1915, est un poème explosif, agité, exaspéré, sensuel, insolent mais, déjà, désespéré.
“Je reste le plus beau”. Maïakovski, poète national sous l'ère communiste, contraint d'abdiquer son anarchisme pour un bolchevisme docile, entretint sans doute un rapport plus contrasté avec l'idéologie du régime que la version stalienne post-mortem.
Le jeune poète géorgien connaît son charme, et après
Lili Brik et
Elsa Triolet, c'est carrément la vierge Marie qu'il tente de rencarder dans son poème “je demande simplement ton corps, comme le demandent les chrétiens : « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. » Marie, donne !”
Même Dieu en prend pour son grade: “Écoutez, monsieur Dieu ! N'en avez-vous donc pas assez de tremper toute la sainte journée vos vieux yeux gonflés de bonnasserie dans la gelée des nuages ?”
Vladmir Maïakovski nous fait sentir toute la tourmente et l'insécurité causées par la création poétique, confessant qu”avant qu'on ne commence son chant, on erre longtemps, les pieds couverts d'ampoules”, état pitoyable où le poète avoue que “la carpe stupide de l'imagination patauge mollement dans la vase du coeur”. Il faut rester patient, sacrifier au doute et à l'angoisse mais ne pas abandonner même si l'on ne sait pas encore où tout cela mène, ce qui me rappelle
Gérard Macé, qui souligne dans
La Pensée des Poètes, “c'est souvent après coup que le poète découvre ce qu'il avait à dire.”
Pourtant, son énergie poétique reste funeste, il ne croît pas aux lendemains qui chantent, et pour cause il mettra fin à ses jours quinze ans après ces lignes: “Rien ne se fera. La nuit surviendra, mâchera, avalera.”
Qu'en pensez-vous ?