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N. de Sagalyn (Éditeur scientifique)
EAN : 9782876040151
227 pages
Libella Maren Sell (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
« Père et fille... couple mythique infiniment mystérieux. Comment se souviennent-elles de leur père, ces filles grandies, ces femmes que leur métier confronte aujourd'hui à la création ? Restent-elles attachées aux souvenirs ou fuient-elles, au contraire, ce premier regard sur lequel se construira l'image de l'Autre, l'Aimé ? »

NOTE DE L'ÉDITEUR.

Que lire après Voies de pères, voix de filles : Quinze femmes écrivains parlent de leurs pèresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les retrouvailles avec une émouvante anthologie. Quinze récits de femmes écrivains qui parlent de leurs pères . Des cris d'amour, de haine, de colère... de l'amour-fusion à des relations inexistantes, ou pire, destructrices... cette image du Père, reste fondamentale pour la construction de chacune de ces femmes...

"Pères présents ou pères absents, pères inconnus ou mal perçus, aucuns de ces pères ne se ressemblent, chacun évolue avec le regard; aucune de ces relations n'est réductible, toutes sont chargées d'ambivalence: qu'on les regarde en face ou qu'on s'en détourne, nos pères vivent en nous »- (préface –Adine Sagalyn, p.11)

Volume accompagné de photographies noir et blanc… Les auteures qui nous racontent leur enfance et leurs liens ou non-liens avec cette figure combien « sacrée » du « Père » sont:
- Marie-Claire Blais
- -Denise Chalem
- -Andrée Chedid
- -Maryse Condé
- -Sylvie Germain
- -Benoîte Groult
- -Flora Groult
- - Luba Jurgenson
- -Michèle Manceaux
- - Sophie Mayoux
- - Clarisse Nicoïdski
- - Suzanne Prou
- -Jacqueline Rousseau-Dujardin
- - Leïla Sebbar
- - Barbara Voogt
- Certaines de ses femmes auront été directement attirées par la création et l'écriture grâce à la figure paternelle, dont Leïla Sebbar, Clarisse Nicoïdski...

Je pourrais citer mille passages épatants, bouleversants…je me contenterai de citer Clarisse Nicoïdski, qui exprime avec infiniment de justesse cet amour exclusif, jaloux, parfois possessif des pères envers leurs filles, et je terminerai par une merveilleuse citation de George Sand… qui refuse dans son esprit d'enfant, la « mort définitive » … de son papa.

[Clarisse Nicoïdski-Abinun -Pesah...Pâques] « Tu as sur ma vie, mes tenues vestimentaires, mes habitudes, le même regard que lorsque j'avais quinze ans. Tu as de ma vertu- que tu confonds avec mon bonheur- le même soin…jaloux. Depuis toujours, mes décolletés sont trop profonds, mes jupes trop fendues, mes amis trop nombreux, mes sorties nocturnes trop fréquentes. Et la serrure de ma porte, peu sûre.
Or, si aujourd'hui, au lieu de me contenter de répondre par un éclat de rire, j'accepte de discuter des heures durant, de me fâcher, de te fâcher, de jouer l'émouvante réconciliation finale, c'est que nous somme complices et partenaires d'une scène que nous ne finissons pas de parfaire et où nous nous restituons peut-être ce qui nous a été irrémédiablement enlevé : le temps d'autrefois.
Depuis l'âge de la fureur et de l'obéissance, nos discussions n'ont cessé d'être tumultueuses, nos dissensions violentes, nos accords secrets et profonds » (p.120-121)

Tout aussi bouleversante cette vénération envers le métier paternel : « tailleur » formulée de la plus belle façon…

"Je savais que l'Eternel avait fabriqué le premier homme à partir de trois fois rien. Eh bien, toi et lui, vous étiez pareils. Tu rassemblais les membres épars, tu faisais, d'un tissu informe, un corps. Et comme lui, tu réussissais du premier coup. »… « L'habit fait le moine, et cela tu le sais mieux que quiconque, malgré ce qu'affirment les gens. L'habit fait l'homme. Et qu'en est-il de ces textes que j'écris ? Je voudrais qu'ils soient au moins comme ces habits que tu confectionnais: une trace plus ou moins durable qui s'imprime sur le corps et lui donne forme. Et lui donne même, parfois, droit de cité » (p.125-126)

J'ai par choix décidé de ne parler que des liens heureux, même si mouvementés entre pères et filles. J'ai zappé les « démolitions »…et maltraitances...comme celle vécue par Eva Thomas [ "Le viol du silence"]


« Mon papa, lui dis-je, est donc encore mort aujourd'hui ? «
J'avais pourtant compris la mort, mais apparemment je ne la croyais pas éternelle. Je ne pouvais me faire l'idée d'une séparation absolue et je reprenais peu à peu mes jeux et ma gaieté avec l'insouciance de mon âge. de temps en temps, voyant ma mère pleurer à la dérobée, je m'interrompais pour lui dire de ces naïvetés qui la brisaient : « Mais quand mon papa aura fini d'être mort, il reviendra bien te voir ? » ( George Sand, Histoire de ma vie)

Un volume passionnnant de récits personnels, d'évocations d'histoires familiales et d'histoires d'amours filiales singulières...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Benoîte Groult - Filles et Pères

Cela semblait la seule alternative: séductrice ou vieille fille. Mes diplômes, mon amour du sport, de la mer ne semblaient pas constituer le moindre atout valable dans la vie d'une jeune fille. Je me trouvais rejetée dans le camp de ma mère et forcée d'accepter ses valeurs, donc mon échec du moins provisoire, faute d'allié en la personne de mon père.

Je le regrettais, mais sans rancune contre lui et sans tristesse. Je ne voyais pas autour de moi de relations fille-père que j'aurais pu envier. Avant guerre- et mon enfance et mon adolescence se sont terminées en 1939-, il n'était pas de mise que les pères participent de près à l'éducation de leurs filles, suscitent leurs confidences ou leur donnent des leçons de bonne conduite. Ils n'étaient là que pour rappeler de temps à autre les grands principes tout en se désinteressant de leur application. (p.137)
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Michèle Manceaux- La photographie découpée

Comme beaucoup de femmes, j'ai écrit pour me débarasser de ma mère ou pour la célébrer, mais mon père ne m'a pas inspirée. Il gardait le silence et me l'a imposé. (p.167)
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Benoîte Groult - Filles et Pères

Alors le père ? Il était là, figure hiératique, symbolique, mais assez irréelle. Et l'atmosphère que créait ma mère était si riche, si gaie, elle-même était si omniprésente, lisant nos journaux intimes, disséquant nos premiers prétendants, imposant son style de vie, qu'il n'y avait pas de place pour regretter le père. Il trônait en bout de table, conduisait la Citroën familiale, réparait les prises électriques, s'occupait du chauffage central, avait des opinions politiques: c'était cela, être un homme, et cela ne nous concernait pas vraiment. (p.138)
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Video de Adine Sagalyn (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Adine Sagalyn
Adine Sagalyn, interviewée par Dimitri Granovsky dans le cadre de l'exposition "Discover The USA" à la Dorothy's Gallery, à Paris.
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