Le gros gros bonheur de retrouver Harry Hole après 4 ans d'absence. Il a eu le temps de recharger ses batteries, de se refaire, de se construire un nid douillet. Celui que l'on avait quitté presque heureux dans Police, continue dans le bonheur, l'amour , le sourire, la quasi sérénité. Jusqu'à ce que...Jusqu'à ce qu'Oslo vivent les horribles meurtres de femmes et que l'on demande à Harry de reprendre du service. Ces meurtres viendront installer le doute en lui. La seule affaire qu'il n'a pas résolue, le seul meurtrier qu'il n'a pas arrêté, est-ce que ce serait ...lui ? Harry Hole devra mettre de côté cette sérénité, ce bonheur de vie paisible d'instructeur à l'école de police et de mari heureux de Rakel pour reprendre la traque et replonger dans l'horreur.
Je ne peux que saluer le talent et l'effort de Jo Nesbo qui nous sert ici un travail colossal, rien n'est laissé au hasard, pas un mot, un geste, une action, ne sont superflus. de pistes en pistes, il nous bluffe, nous malmène, nous enfonce.
Mais voilà c'est beaucoup beaucoup. Beaucoup de sang, beaucoup de perversion, beaucoup de femmes mutilées, torturées, humiliées...Quand dans la même phrase un auteur réussit à placer les mots violer, vaincre, obstacles et faire l'amour, je doute, je lâche, je tourne la tête. (P. 404-405) même en sachant que c'est le malade qui s'exprime, je vis un malaise là.
Malgré tout l'amour que je porte à Nesbo et Hole, suis un brin indignée par ce que supporte ces propos, cette violence faite aux femmes...
Revenons à La soif. C'est une soif de tout: de pouvoir, d'admiration, d'amour, de sang, de sexe, de bénédiction, de filiation. de tout. Oui il y a de tout dans ce roman et même si l'ossature narrative est excellente, même si le rythme est essouflant/haletant, même si les personnages connus ou nouveaux sont aussi assoiffés de leur propres attentes, il y a tout "trop" dans ce roman. Même si je disais que c'est peut-être le plus achevé des Harry Hole, je persisterais à dire qu'il a tout "en trop" et que quelquefois ( par exemple la fin) ça terni la crédibilité. Espérons que le porte qui reste ouverte nous offrira un éclairage plus lumineux...Mais je suis comme Harry et je doute.
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Certes, on pourrait penser que le dernier Nesbo n’est qu’un bon roman policier noir, très noir. L’auteur aborde pourtant une série de thèmes fondamentaux.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Dans « La Soif », le Norvégien revient avec Harry Hole, son héros, dans une enquête palpitante comme une carotide.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Voir le monde à travers les yeux d'une femme est "toujours plus inquiétant", affirme l'écrivain star de polars Jo Nesbo, de retour avec un nouveau thriller La soif, dans lequel des femmes inscrites sur des sites de rencontres meurent dans d'atroces circonstances.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Elle allait laisser tomber Tinder. Demains. Assez… Assez de tous ces psychopathes tarés et de ces traqueurs qui la suivaient et s'accrochaient à elle, lui volaient son temps, son énergie, et menaçaient sa sécurité. Assez de ces losers pathétiques auxquels elle avait le sentiment de ressembler. On disait qu'Internet était la nouvelle façon de se rencontrer, qu'il n'y avait aucune raison d'en avoir honte, tout le monde faisait ça. Mais ce n'était pas vrai. Les gens se rencontraient au travail, à la BU, par des amis communs, à la salle de sports, au café, dans l'avion, le bus, le train. C'était comme ça que ça devait se faire, naturellement, sans pression. Et après coup, ils conservaient l'illusion romantique des caprices du destin, de l'innocence et de la pureté du début de leur histoire. Elle "voulait" cette illusion. Elle allait supprimer son compte. Elle se l'était déjà dit, mais cette fois, elle allait vraiment le faire, ce soir.
Katrine caressa son ventre. …
"Vous savez si c'est une fille ou un garçon?"
Katrine secoua la tête.
"Des noms ?
- Bjorn a proposé Hank. D'après Hank Williams.
- Bien sûr. Donc il pense que ça va être un garçon ?
- Quel que soit le sexe."
Elles rirent. Et cela ne paraissait pas absurde. Elles riaient et parlaient de la vie imminente plutôt que la mort imminente. Car la vie est magique et la mort banale.
Le syndrome d'Othello ! s'écria Aune avant de baisser la voix en arrivant au micro. Le syndrome d'Othello est un terme désignant ce que nous appelons jalousie morbide et qui est le mobile de la plupart des meurtres commis dans ce pays. Exactement comme dans Othello, la pièce de William Shakespeare. Roderigo est amoureux de Desdémone, qui vient d'épouser le général Othello. Ce général est détesté du perfide officier Iago, qui considère avoir été lésé quand le général ne l'a pas choisi comme lieutenant et qu'il n'a ainsi pas obtenu la promotion qui lui était due. Voyant une possibilité de faire avancer sa carrière tout en nuisant à Othello, Iago le retors aide Roderigo à séparer Othello et son épouse. Pour ce faire, il inocule un virus dans le cerveau et le cœur d'Othello, un virus mortellement dangereux et résistant, dont les manifestations sont multiples. La jalousie. Othello est de plus en plus malade, la jalousie déclenche chez lui une crise d'épilepsie qui le laisse en convulsions sur la scène. À la fin, Othello tue son épouse, et se tue lui-même. » Aune tira sur les manches de sa veste en tweed. « Si je vous fais tout ce résumé, ce n'est pas parce que Shakespeare est au programme de l'ESP, mais parce que vous avez, vous aussi, besoin d'un chouia de culture générale. » Rires. « Alors, mesdames et messieurs les non-jaloux, qu'est-ce que le syndrome d'Othello ?
Par exemple, la croissance de l'espèce humaine présupposait non seulement que l'on chasse, mais encore que l'on produise de la viande. Rien que les mots « production de viande », rien que l'idée ! Les humains gardaient des animaux en captivité, ils les privaient de toute joie, de tout épanouissement, ils les inséminaient pour qu'ils produisent involontairement du lait et de la chair tendre et fraîche, ils leur enlevaient leur progéniture dès la naissance, ils entendaient les mères beugler de désespoir, et les faisaient aussitôt porter un nouveau petit. Les gens s'insurgeaient de ce que l'on mangeait certaines espèces, les chiens, les baleines, les dauphins, les chats. Mais, pour d'insaisissables raisons, la charité s'arrêtait là, les cochons, bien plus intelligents, pouvaient et devaient être avilis et mangés. Et nous le faisions depuis si longtemps que l'homme ne pensait même plus aux horreurs calculées que requérait la production alimentaire moderne. Lavage de cerveaux !
Et puis il y avait le cinquième réveil. Qui était nouveau pour Harry Hole. Le réveil satisfait. Au début, sidéré qu’il soit possible d’ouvrir les yeux heureux, Harry passait automatiquement en revue tous les paramètres, les constituants de ce stupide « bonheur », en se demandant s’ils n’étaient pas simplement l’écho d’un rêve idiot et délicieux. Mais cette nuit, il n’avait pas fait de rêves délicieux et l’écho du cri était venu du démon, le visage sur sa rétine était celui du meurtrier qui lui avait échappé. Et pourtant, il s’était réveillé heureux, non ? Si. Comme cela se répétait matin après matin, il avait commencé à se faire à l’idée qu’il était effectivement un homme plutôt comblé, qui avait trouvé le bonheur à la fin de la quarantaine et semblait pour l’instant réussir à s’accrocher à cette terre récemment conquise.
La raison principale de ce bonheur reposait à moins d’un bras de distance et avait une respiration tranquille et régulière. Ses cheveux se répandaient sur l’oreiller comme les rayons d’un soleil de jais.
Jo Nesbø - Éclipse totale, une enquête de l'inspecteur Harry Hole