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Jean Bühler (Traducteur)Una Murphy (Traducteur)
EAN : 9782228888189
308 pages
Payot et Rivages (30/11/-1)
4.17/5   26 notes
Résumé :
Né en 1856, mort en 1937, Tomas O’Crohan, pêcheur et paysan écrivit «L’homme des îles» en gaélique vers 1925, sous forme de lettres à un ami.
Témoignage précis et poignant de ce qu’était alors la vie des quelques 160 habitants de «La dernière paroisse avant l’Amérique,» «L’homme des îles» suscita dès sa parution une émotion considérable, seulement comparable à celle qui salua en France «Le cheval d’orgueil.»
Heinrich Böll, en Allemagne, s’en fit le tra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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C'est en fouinant sur le net que j'ai découvert l'existence de ce livre, celui écrit par un habitant du Grand Blasket, Tomas O'Crohan. Il s'agit d'une biographie, mais bien plus que cela. Les îles Blasket ont été évacuées le 17 novembre 1953 parce qu'on y a jugé la vie des îliens comme étant devenue trop difficile. Cela fait donc plus d'un demi-siècle qu'elles sont inhabitées, si ce n'est pas des moutons redevenus sauvages, que des hommes vont tondre une fois par an. Elles sont redevenues le royaume de la faune et de la flore.

Pour situer, ces îles sont dans le prolongement de la péninsule de Dingle dans le Kerry (sud-ouest de l'Irlande)

Ce livre est donc la mémoire du Grand Blasket (le plus grands des petits cailloux rudoyés par les vents et les pluies). Tomas O'Crohan n'a pas écrit ce livre de lui-même, mais à la demande de Brian O'Kelly, un homme de Killarney, sensible à la mémoire de ces îles où l'on parle irlandais et non pas anglais. Tomas O' Crohan, né en 1856 a terminé ses écrits en 1926, et le livre est paru en 1929. Notre homme pose fièrement avec son ouvrage entre les mains sur la couverture !

Cet ouvrage a l'autre particularité d'être traduit directement du gaélique en français et non du gaélique en anglais puis en français. Les traducteurs (Jean Buhler et Una Murphy) l'ont souhaité pour coller au plus près de la version originale sans passer par une langue intermédiaire, bien qu'une édition anglaise existe depuis 1937. L'idée d'une version francophone date de 1949.

Au regard de ses cailloux posés sur l'Atlantique, on pourrait s'attendre à un récit relatant la difficile vie de ses habitants. Eh bien ce n'est pas le cas ! Il y a beaucoup de gaité et d'humour dans le récit de Tomas O'Crohan : jamais une plainte, jamais une lamentation, rien de tout cela. Au contraire, il y a de la joie de vivre dans ce livre, alors qu'on avalait à cette époque "des pommes de terre, du poisson une tombée de lait quand il y en avait", c'est tout. Pourtant ces îliens qui étaient à la fois des marins et des paysans ne ménagaient pas leurs forces. La pêche était leur quotidien l'été. le lecteur savoure les pêches aux homards, à la langouste mais aussi évidemment au poisson. Toutes ces besioles marines vivent à profusion dans les eaux des Blaskets, ce qui finira par susciter la convoitise des "étrangers". Quand ce n'est pas la pêche qui les monopolise, ce sont l'apparition de quelques phoques qui permettra de remplir le garde-manger. Quand ce n'est pas les phoques ou le poisson, ce sera les lapins bien gras qui pullulent dans le collines, sans oublier les oeufs de poules que l'on peut ramasser... sur les toits de chaume des maisons (eh oui, c'est que les poules du Grand Blasket sont assez dégourdies pour voler sur un toit de maison !). Parfois, les navires échoués sont des aubaines pour les îliens qui récupèrent leur chargement !

Parfois, une institutrice fait son apparition, mais jamais bien longtemps car elle trouve le moyen d'être demandée en mariage par quelqu'un de la "grande île" (comprendre "l'Irlande" ). Mais l'institution de l'éducation "nationale" trouve tout de même le moyen d'envoyer des inspecteurs, sous le regard étonné des gamins, surtout quand il s'agit d'un inspecteur à "quatre yeux" (avec des lunettes) !

Malgré cela, l'île n'échappe pas aux famines ni aux épidémies, ni aux accidents mortels. Tomas O'Crohan raconte comment il a eu 10 enfants qui lui ont tous été repris ou presque par la vie, tout comme sa femme. Passage très touchant où l'écrivain pourtant ne sombre pas dans le pathos.
Il explique également que tous les îliens, malgré la promiscuité de la Grand Blasket (5 km de long et 1 mile de large - et c'est la plus grande des îles!) s'entendaient bien. Ils se serrent les coudes pour chasser les autorités qui tentent de saisier leurs biens parce qu'ils ne paient pas le fermage en vigueur à l'époque : les pierres sont presque les meilleurs armes pour empêcher les intrus d'accoster, c'est bien connu !

"Je n'ai pas dit toutes les souffrances qui s'abattaient parfois sur nous", avoue Tomas O' Crohan à la fin de son livre. Mais peu importe. Il a réussi son pari : rendre son écrit inoubliable et son île immortelle !
Autant vous le dire tout de suite : j'ai fini le livre les larmes aux yeux.
Je ne peux pas m'empêcher d'extrapoler sur ce qu'il aurait pensé aujourd'hui : il est mort en 1937 et il n'a donc pas connu l'évacuation des îles en 1957.

Il existe 3 autres écrivains ayant écrit la vie des Blaskets : Peig Savers (son livre existe en français), Micheal O'Gaoithin et Maurice O'Sullivan. Leurs récits vaut sans doute également le détour pour toute personne s'intéressant aux îles d'Irlande ! Je suis curieuse de lire les écrits de Peig, qui est une femme...

En tout cas, je ne peux que vous recommander l'expérience de la lecture de L'homme des îles. Malgré quelques redites et petites longueurs parfois, c'est un magnifique témoignage !
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.Le récit de Tomas O'Crohan(1856-1937) nous transporte au point le plus occidental d'Europe,l'archipel des Blasket,dernière paroisse avant l'Amérique.Ces îlots moins connus que les Aran(voir le cinéma de Robert Flaherty) ont vu leur population quasiment disparaître.Les 22 derniers habitants de Grand Blasket furent évacués en 1953,Dublin considérant que la vie y était impossible.

Tomas O'Crohan raconte par le menu et sans bravades le quotidien des îliens.Modestes parmi les modestes les gens des Blasket chassent le lapin,heureusement fort prolifique en ces climats.Ils chassent aussi le phoque qu'ils assomment allégrément en prenant bien des risques.De très belles pages nous décrivent les grottes marines et la pêche aux homards,les rivalités avec les "continentaux" de la péninsule de Dingle,les morts prématurées et l'absence de soins de ce bout du monde.O'Crohan lui-même aura dix enfants dont deux survivront,c'était à peu près normal.Ne manquent pas bien sûr les jours de marché à Dunquin ou Dingles,les chansons arrosées et cette fraternité rude qui n'exclut pas les bourrades,du classique en Irlande,plus marqué encore en ces contrées inhospitalières.On parle aussi assez souvent de l'autre côté,l'Amérique,chimérique et souvent pourvoyeuse de retours piteux.

J'ai eu l'occasion de visiter il ya quelques années le Centre du Grand Blasket à Dunquin qui tente avec un certain succès de faire revivre la mémoire de cet archipel de l'extrême,nanti de photos superbes et des écrits des poètes de Blasket,plus nombreux que partout ailleurs en Irlande où ils sont déjà plus nombreux que partout ailleurs en ce monde.Tout cela fait un peu cliché.Mais tout cliché recèle une bonne part de vérité.
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Le nom des Blaskets m'était inconnu avant de lire ce récit majeur. Quelques recherches sur Internet permettent de situer cet archipel à l'ouest de l'Irlande, de voir les photos de maisons abandonnées et les magnifiques paysages, dont peut être celle de l'auteur de ce récit, d'apprendre que les 22 derniers habitants ont été évacués en 1953 par le gouvernement qui trouvait la vie trop dure. Aujourd'hui les Blaskets sont un lieu de tourisme, une étape de croisière autour de l'Irlande.
A l'époque de Tomas O'Crohan, c'était le rude décors de la vie d'un groupe de pêcheurs et paysans qui devaient arracher leur subsistance à une nature impitoyable.
Par des mots simples, un récit direct et vivant, où la vie et la mort sont en permanence présentes, il nous touche, nous fait frissonner, nous émeut, nous fait rire parfois. On travaille dur, on se marie, on élève des enfants qui trop souvent meurent avant que d'être grands, on boit, on fête, on se bagarre, on rit, on se dispute, on risque sa vie dans des tempêtes. Certains partent pour l'Amérique et parfois en reviennent. Il faut surtout apprendre à se protéger seul des dangers et des misères. Et éviter que le gouvernement vienne y mettre ses règles et ses taxes. Des hommes et des femmes farouches et indépendants, toute une culture qui ne sera pas totalement oubliée.
A noter ces minuscules iles ont donné le jour à 3 autres écrivains : Peig Sayers, Maurice O'Sullivan et Elisabeth O'Sullivan : étonnant non ?
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Un très beau roman dont l'action se situe sur le minuscule archipel des Blasket à l'Ouest de l'Irlande. Et quand je parle d'action c'est parce la vie y est d'une incroyable dureté sur cette terre inhospitalière. On est immergé dans la vie d'une petite communauté de gens modestes, mais au caractère bien trempé, qui se dressent contre le gouvernement et tentent de préserver leur mode de vie, leur culture, une partie de leur âme. Un roman qui vous transporte sur d'autres terres, dans un autre temps, dans une autre vie tellement dure, tellement forte.
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J'ai vraiment beaucoup aimé ce témoignage. Pas de grand héros ni de grandes aventures c'est un récit du quotidien, les hommes modestes ont le courage chevillé au corps. le style est désarçonnant maladroit par moment, certaines expressions très imagées sont un vrai bonheur. Malgré cela la gaieté n'est qu' apparente et derrière la sobriété de l'écriture on ressent une grande nostalgie.
C'est un témoignage magnifique...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation


Des pommes de terre, du poisson et une tombée de lait, quand il y en avait, c'était notre nourriture en ce temps-là.
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Quant au thé, à cette époque et même longtemps après, personne n'avait encore vu une bouilloire dans l'île.
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La bande des filles que nous avions dans l'île à cette époque étaient des demi-sauvages ou à peu près.
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Cet écrit fera savoir comment les insulaires vivaient dans l'ancien temps.
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