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EAN : 9782919285303
61 pages
Editions Antidata (07/06/2022)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Stan raconte la traversée de Paris de deux jeunes sans-abris, par une nuit de Fête de la musique. Se mêlant aux réjouissances de bar en bar, ou au contraire s’échappant sur les toits, ils tentent d’oublier pendant quelques heures le sort que la rue réserve en général à ceux de leur espèce. Jusqu’à ce qu’au bout de la nuit, elle se rappelle à eux…
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Sous cette couverture bien rouge et belle comme une affiche de cinéma se terre une soixantaine de pages bien noires : Stan de Roman Parizi.
Un gars, 30 ans peut-être, nous raconte l'histoire des années suivant sa majorité. Sorti des foyers de l'aide à l'enfance pour entrer dans ceux des personnes à la rue, il rencontre le Stan du titre, et quelques autres aux parcours plus ou moins identiques.

« Des histoires, il y en aurait des centaines à raconter, mais la plus mémorable, celle qui hante encore mes nuits, s'est déroulée le soir de la Fête de la musique 2004. Quelques jours plus tard, j'ai quitté la rue pour ne plus jamais y retourner.
Ce soir-là, on avait prévu de se balader dans la ville toute la nuit. À 17 heures on était encore à l'AJ, dernier café, puis on est parti direction le 14e arrondissement. On voulait rentrer à pieds jusqu'à La Chapelle en s'arrêtant partout où il y aurait la fête. On était bouillants. On avait du shit, des clopes, des bières, et une bouteille de vodka dans nos sacs à dos. »

Au travers de son personnage, Roman Parizi fait défiler cette longue nuit. Il en profite également pour conter le quotidien de cette petite bande, la débrouille pour ne pas dormir dehors, les plans bien foireux pour faire un peu de fric, etc : la réalité violente de toutes ces personnes pour qui le bitume est une jungle et qu'on ne voit pas, ou que l'on refuse de regarder.
Ils sortent de leur XVIIIème arrondissement habituel et s'aventurent à la Butte aux Cailles, à Mouffetard, ailleurs et même sur les toits, à refaire le monde et la vie entre deux joints et une goulée de vodka. de quatre au départ, ils ne restent bientôt qu'à deux.
Cette agréable traversée de Paris glisse d'abord vers la fuite après une halte dans le Xème, Stan a des idées d'avenir qui coûtent cher, puis chute dans la tragédie. Peu importe si on comprend bien ce qui va arriver, car le court chemin emprunté par Stan et le narrateur est servi par une écriture crue, raide comme un coup de canne et jamais caricaturale.

Avec ce court texte, R. Parizi inscrit son pas dans la longue listes des piétons de Paris amorcée par Léon-Paul Fargue et Blaise Cendrars, ramenée dans les quartiers populaires par Henri Calet et Jacques Yonnet, enfin plongée dans le caniveau par Didier Daeninckx et Marc Villard, sans oublier le terrible "Sans domicile fixe" de Hubert Prolongeau, et beaucoup d'autres.
J'ignore si Roman Parizi a publié autre chose, a priori non, toujours est-il qu'il doit continuer. Les quelques pages de Stan pourraient bien servir de prémices à autre chose.



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Nouvelle de Roman Parizi parue aux éditions Antidata et lue dans le cadre de l'Opération Masse critique de Babélio. Je profite d'ailleurs de ce billet pour excuser mon énorme retard auprès de Babélio et de la maison d'édition Antidata. Ces dernières semaines perturbées en sont la cause.

Tout d'abord je suis heureuse d'avoir lu cette nouvelle qui me faisait très envie depuis sa parution au printemps dernier. Par son sujet d'abord et par sa maison que j'apprécie beaucoup. Je ne peux cependant m'empêcher de déplorer encore une fois l'accueil très distant que les libraires réservent à ce genre littéraire à part entière (et pourtant j'aime vraiment la mienne (de librairie!)

Cette histoire que nous conte ici Roman Parizi, c'est celle de deux compères de galère et de leur traversée de Paris, de nuit, de bar en bar, au gré de rencontres parfois inattendues, parfois hostiles, parfois empathiques aussi.

C'est l'histoire de deux jeunes hommes qui marchent en marge de la société. Ballottés de foyers en familles d'accueil, les voici livrés à eux-mêmes à l'aube de leurs 18 ans. Mais que peut-on faire quand on n'a jamais connu (ou si peu, tellement peu) l'affection, la bienveillance, les encouragements que tout jeune être venu au monde est en droit de mériter.

Cette nuit que ces deux âmes en peine partagent sera aussi longue que brève. le destin (encore lui) se chargera de leur rappeler qui ils sont et ce qu'ils ne pourront jamais être.

J'ai attendu plusieurs semaines (voire mois) avant de lire cette nouvelle et cette lecture a été à la hauteur de mon attente. C'est rude, dur, âpre, brutal, sans concessions et en même temps on ne peut s'empêcher d'éprouver certaine tendresse pour ces deux exclus. L'art de la nouvelle est amplement maîtrisé et l'écriture fine, ciselée, mordante de Roman Parizy remplit parfaitement son rôle.

Une lecture coup de poing pour remettre certaines pendules à l'heure.
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Un sujet qui interpelle, une couverture attractive, à la fois esthétique et inquiétante, un format idéal pour une lecture soumise à échéance… Ce petit livre m'est apparu comme un bon candidat pour l'opération Masse Critique.

Le narrateur dépose sur papier, en exutoire à son traumatisme, le déroulement de la nuit où sa vie a basculé. Sans-abri à l'époque, ses compagnons de galère et lui tentaient d'oublier un instant la dure réalité de la vie dans la rue en se laissant porter par l'ambiance de la fête de la musique. Mais l'illusion ne dure qu'un temps…

Les gens du « monde normal » et les sans domicile fixe se côtoient dans la rue et pourtant, dans ce même espace géographique, une barrière invisible mais solide se dresse entre ceux pour qui elle est un lieu de passage et ceux pour qui elle est un lieu de vie. D'un côté, on découvre des faits divers dans les actualités, de l'autre, on en est les protagonistes. J'aime quand la littérature ou le cinéma permettent de passer du factuel au vécu et de rapprocher par empathie ceux qui ne partagent rien en dehors de cette sphère. On retrouve un peu de cela dans Stan mais, forcément, de façon rudimentaire vu la brièveté du livre.

Du reste, si le choix d'un tel registre de langage s'imposait pour un récit narré à la première personne dans ce contexte, l'utilisation de l'argot peut résister à la lecture. J'ai personnellement mis un certain temps avant de me plonger dans l'histoire pourtant très courte.
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C'est dur, le bitume, la nuit. Une nouvelle lancinante et crue de dèche et d'amitié.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/11/27/note-de-lecture-stan-roman-parizi/

Racontant ses années de galère et de bitume de très jeune adulte sans domicile fixe, dix ans après les faits, le narrateur parle de son quotidien de l'époque, de ses rudesses à noyer dans la survie au jour le jour, sublimées pourtant par son ami Stan, découvert presque par inadvertance, et qui s'affirme aussitôt comme un véritable prince haut en couleur des nuits mal pavées. Mais la volonté de pittoresque, de non-drame, déployée de toutes ses forces, crues, par le récit, inventant d'étranges nuits fauves là où il y a surtout de la misère et du désarroi, se heurte pourtant une nuit à un mur de réalité tragique, lorsque la nuit d'asphalte, au lieu de secréter de simples « embrouilles », se met à vomir le désastre pouvant surgir à chaque coin de rue.

Longue nouvelle publiée chez Antidata en juin 2022, « Stan » constitue une brûlante démonstration de l'art de communiquer pleinement la rudesse d'un monde sans céder un millimètre de terrain au pathos qui garantit trop souvent le succès commercial. Comme nous le rappelait la superbe investigation d'Arno Bertina dans son « SebecoroChambord » de 2013, auto-analyse, entre autres, de sa propre écriture du bouleversant « Numéro d'écrou 362573 », il y a ici à l'oeuvre une éthique et une technique, que trop de littératures contemporaines méprisent, pour témoigner (l'auteur Roman Parizi est lui-même travailleur social, et sait particulièrement bien de quoi il parle lorsqu'il incruste dans nos chairs la dèche et la rue) en évitant tout romantisme de façade. Même si les pérégrinations des deux compères nous offrent un spectacle parisien coloré et mélancolique qui peut évoquer, il est vrai, Léon-Paul Fargue, Robert Giraud, le tandem Jean-Paul Clébert / Patrice Molinard, voire Jacques Yonnet, nous sommes loin ici de toute tentation de rendre célestes ces clochards-là. Jean-Luc Manet, l'un des piliers solides de la maison Antidata, ne s'y était pas trompé lorsque, travaillant depuis un angle bien différent et mobilisant sa formidable capacité d'empathie avec les petits et les écrasés, il avait su, dans son « Trottoirs » et son « Aux fils du Calvaire », rendre justice lui aussi à une dignité paradoxale qui n'excluait pas le sens concret des réalités menaçantes. Dans un univers capitaliste tardif où le SDF est devenue une figure terriblement banale, des auteurs essentiels, dont Roman Parizi fait ainsi pleinement partie, nous donnent à ressentir et penser ce qui peut se jouer là, dans la froideur de l'indifférence des mieux nantis.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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✨Je suis contente d'avoir reçu ce roman via la Masse Critique de Babelio !

✨J'ai d'abord été étonnée par le petit format de ce livre. En effet, il fait 17 cm sur 10 cm pour 61 pages. Il est donc très court et se lit très vite.

✨Ce récit nous raconte la vie de jeunes adultes qui pendant leur enfance se sont fait trimballer de foyer en famille d'accueil... jusqu'à leur majorité où ils ont été laissés à la rue. Il n'y a qu'un seul chapitre dans cette oeuvre, mais vu sa petite taille, cela n'est pas non plus très dérangeant. La plume de l'auteur est très immersive. Je sais que la nouvelle est en partie inspirée des expériences professionnelles de l'auteur, je ne sais donc pas si l'histoire est vraie, mais dans tous les cas, cela fait réfléchir. Même si l'histoire n'est pas réelle, elle pourrait très bien l'être.

✨Par contre, ce qui m'a perturbé dans ce livre, c'est le manque de définition des abréviations. Par exemple, il parle de l'ASE, l'AJ ou encore TS. Mais il n'indique pas qu'elles sont ses personnes ou structures. Si vous ne connaissez pas déjà, une petite recherche google est nécessaire pour bien comprendre.

✨En conclusion, une bonne petite histoire qui fait réfléchir, mais qui manque de certaines précisions.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ça m’arrive, encore.
Je me réveille en sueur, paniqué, persuadé d’y être. Les sensations sont exactement les mêmes. Cette peur viscérale. L’adrénaline. Les images de cette nuit défilent non-stop, s’enchaînent dans le désordre, comme dans un mauvais trip sous stroboscope, jusqu’à la nausée. Je me réveille brusquement, le souffle coupé comme si j’avais reçu un violent coup au sternum. L’angoisse monte à une vitesse folle, je tremble. Il faut que j’allume la lumière pour arrêter le processus et me convaincre que ce n’est pas réel, que je suis bien dans ma chambre, dix ans plus tard, à huit cents kilomètres de là. Je ne me rendors jamais. Je fais un café, j’allume la télé, j’essaye de ne plus y penser.
Mais son visage ne me lâche pas. Je le revois très nettement, comme si on s’était quittés hier. Je replonge inexorablement dans le passé, à cette époque si particulière de mon existence qui aujourd’hui me semble irréelle.
C’était vraiment dans une autre vie, dont cette nuit-là marquait la fin.
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C’était le début des années 2000. Tout juste majeur, je venais de quitter le foyer pour mineurs où j’avais passé les huit dernières années de ma vie. J’avais tout foiré, tout arrêté, l’école, les formations, j’en avais rien à foutre d’à peu près tout. J’étais complètement largué et personne à cette époque n’aurait pu m’éviter de finir à la rue. J’ai passé quelque temps chez mon frère et sa femme, à Torcy, mais je n’y avais pas ma place, et elle me le faisait sentir tous les jours. Il fallait que je parte. Des lascars croisés un soir dans un squat où je dormais occasionnellement m’ont indiqué une adresse à Paris, une structure qui venait en aide aux jeunes dans ma situation. Dès le lendemain j’y suis allé. C’est ce jour-là que j’ai rencontré Stan, qui est devenu mon pote de galère.
Je vais essayer de raconter mon histoire, et la sienne. La nôtre. Sans artifices, sans filtre, comme elle vient.
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