Régine Pernoud était une fervente croyante. Un monde sans la foi chrétienne et sans sa galerie de saints eût été pour elle inconcevable. Et il est vrai que les saints sont, à leur manière, les héros du christianisme et ses modèles, comme disciples éloignés du Christ et tentant de marcher comme ils le pouvaient dans ses pas. Leur vie s'entoure évidemment de merveilleux et de miracles - car il faut qu'ils aient fait de ces actes hors normes pour pouvoir être canonisés, c'est de règle. L'Église a besoin de ces personnages masculins et féminins qui sont offerts en exemples à tous les fidèles, et sans doute magnifie-t-on leurs actions - et jusqu'à leur personne - en leur conférant un halo de légende qui aide à les situer bien haut dans une hiérarchie de la vertu et de l'estime. A-t-on ainsi embelli la réalité jusqu'à la déformer pour que cela fasse plus vrai que vrai ? Sans doute un peu, beaucoup. Mais cela n'enlève rien à la beauté de leur parcours et à la valeur de leur action et de leur être.
Régine Pernoud nous offre à contempler une belle galerie de saints et de saintes en nous rappelant ce que fut leur vie, en nous précisant ce en quoi ce qu'ils firent fut remarquable et marquant et ainsi elle en vient à montrer en quoi leur personne et ce qu'ils ont accompli peut encore avoir valeur d'exemple pour nous tous aujourd'hui. On sera peut-être tentés d'objecter que l'Église catholique n'offre pas que de beaux exemples et que ceux-ci ne sauraient faire oublier la masse de contre-exemples qui se dressent entre l'idéal et la réalité. Et sans doute n'aura-t-on pas tort de le faire. Mais on reconnaîtra à
Régine Pernoud de la sincérité dans son propos, assez militant il est vrai, et cela alors même s'il faut bien tracer quelque part une frontière entre l'objectivité attendue de la part de l'historienne qu'elle fut et la fidélité personnelle qu'elle montra à une certaine représentation très catholique du christianisme.
François Sarindar