Ce livre nous plonge dans cette Amérique Centrale irrésistiblement attirée par sa voisine du nord : les Etats-Unis d'Amérique. La raison en est la grande pauvreté dont on ne voit pas le bout. Cette dernière est d'abord matérielle car la terre ne nourrit plus les familles de paysans pauvres. Également morale où le travail des enfants ou plutôt leur exploitation dans des conditions qui les mettent en danger et leur interdit toute formation et donc tout avenir meilleur. Il n'y a aucune espérance d'une amélioration du sort de ces familles possible. Restent deux issues : la drogue qui permet d'oublier ou l'exil et donc choisir la clandestinité et ses dangers.
C'est ce que vit une famille que nous suivons dans ce livre, à mon sens très bien décrit, sans misérabilisme. Bon, c'est vrai que cela évolue un peu comme un conte de fée, mais enfin cela ouvre nos horizons à des réalités que bien souvent nous préférons oublier.
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Grand-pa c'était le roi des poches. Il en avait pour tout: les bouts de ficelle, les graines, son briquet, son couteau, ses bières, son tabac...Le tissu tout élimé de sa veste disparaissait sous l'épaisseur de celles qu"il cousait lui-même avec la toile de sacs à haricots. Elles étaient en permanence gonflées de tout un tas de trucs sauf celle qu'il réservait à l'argent. Celle-là je l'ai toujours connue plate comme une feuille de papier à cigarette. En quatre-vingts ans de vie, Grand-pa n'a jamais trouvé de quoi la faire grossir.
- Regarde Adriana, disait Grand-pa en soufflant la fumée de sa cigarette, c'est le coeur de la richesse qui bat là-bas, au pays des ranjeros. Les toits de leurs maisons sont en or et leurs rues sont pavées d'argent... On raconte que, chez eux, les hommes gagnent en un jour ce que personne ne gagne ici en une vie... Et leurs femmes se baignent dans des rivières de parfums.
Dressé sur son perchoir, Miss Perfumado n'a rien dit. J'ai ouvert la porte de sa cage. Il a hoché la tête et d'un minuscule bond, s'est agrippé au rebord.
- Et toi, tu seras où ?
Miss s'est envolé dans la nuit, droit vers les énormes projecteurs avec lesquels les militaires pourchassaient les clandestins. Je ne pouvais pas passer le Cerco sans donner sa chance à l'oiseau qui m'avait protégée depuis des mois.
de Xavier-Laurent Petit
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/va-bien