On se sent parfois un peu indiscret dans cet échange si personnel...
J'avais été beaucoup plus touchée par "Des silences et des mots" du même auteur
Commenter  J’apprécie         00
Etre léger, visiblement, c'est démasquer les vaniteux. C'est inquiéter les imposteurs. C'est confondre les méchants. C'est opposer la grâce à la mauvaise humeur. C'est donner en outre un témoignage exquis de pudeur morale...
Vous nous citiez le mot de Feydeau à qui l'on venait de servir un homard auquel il manquait une pince.
- Maître d'hôtel...
- Monsieur Feydeau ?
Désignant son assiette et le homard, Feydeau lui faisait alors remarquer :
- Je préférerais le vainqueur !
- François ! Cela fait dix fois que je supplie qu'on prenne soin de fermer les portes du studio. Il vient un courant d'air horrible qui me glace les os. Voulez-vous avoir l'obligeance d'y veiller, je vous prie. Et de transmettre à qui de droit...
[...]
François Gir s'empresse donc de transmettre votre souci à "qui de droit". Et tandis qu'il revient vers vous, mission accomplie, on entend la voix de "qui de droit" susurrer derrière le décor :
- Alors les connards ! Vous pourriez p't'être boucler la lourde ! Le maître se les gèle ! Combien de fois faudra vous le répéter...
Vous vous penchez alors vers François Gir et vous laissez tomber :
- Il ne dit pas bien mon texte...
Le fait de n'attacher qu'une importance relative à sa propre opinion vous confère le droit absolu de n'en attacher aucune à l'opinion d'autrui.
Il pourrait pourtant paraître légitime et humain qu'après une guerre qui vient de les détruire, les sociétés aient acquis le droit de rigoler un peu après avoir enterré leurs morts, tout en réparant les dégâts causés par un excès de réflexion sur leur avenir...