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Dernier Royaume (Pascal Quignard) tome 10 sur 11
EAN : 9782246817932
288 pages
Grasset (12/09/2018)
3.83/5   20 notes
Résumé :
«Ne me touche pas !» dit Jésus à Madeleine quand il s’approchait d’elle dans le jardin, après sa mort.
«Ne te retourne pas !» dit Hadès à Orphée tandis que celle qu’il aimait remontait des enfers, à sa suite.
«Ne me regarde pas !» dit Amour à Psyché dans la pénombre de la chambre, après qu’il l’eut étreinte.
Que lire après Dernier royaume, tome 10 : L'enfant d'IngolstadtVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
De Pascal Quignard je ne connaissais que l'inoubliable Tous les matins du monde. Avec L'enfant d'Ingolstadt, je découvre qu'il est l'auteur prolixe d'une oeuvre érudite.

Dixième tome du Dernier Royaume — une série où l'auteur se livre à des réflexions sur des thèmes qui lui tiennent à coeur tels que la mort, le rêve, le silence, la musique, le désir, la peur, l'angoisse, la sexualité — L'enfant d'Ingolstadt est consacré selon ses propres mots : « à l'attrait de tout ce qui est faux dans l'art ou dans le rêve. » Une brillante démonstration qui repose sur l'évocation de rites antiques, de mythes et de contes, des analyses d'oeuvres, des réflexions philosophiques, sociologiques ou étymologiques.

Incontestablement intense, inclassable, brillant, pas toujours facile, j'ai aimé L'enfant d'Ingolstadt. Merci à NetGalley et aux Éditions Grasset pour cette lecture enrichissante.
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Avec ce dixième volume du cycle « Dernier royaume », Quignard poursuit son étrange entreprise, qui, à ma connaissance, est unique en son genre. Seule certitude, ces textes érudits sont bien de la littérature, et de la plus exigeante. S'y entremêlent critique d'art, philosophie, étymologie, poésie, fragments biographiques, rites antiques et chrétiens, sexualité, théorie psychanalytique et réminiscences de contes, à la manière de « L'enfant entêté » un conte des frères Grimm issu d'une ballade du XVIème siècle, « Le garçon mort d'Ingolstadt ».

Ce conte très bref tient en quelques mots. Un enfant bat sa mère. Elle survit. Il meurt et on enterre son corps. Mais sa main ne cesse de se dresser de terre. Seule sa mère, en frappant cette main jusqu'au sang, met fin à ce désordre. Pascal Quignard en fait un exemple, parmi beaucoup d'autres, de la force vitale présente jusqu'à la mort, qui se manifeste dans tous les êtres, humains ou animaux, prédateurs et proies.

Le propos de Quignard n'est pas désincarné. Au contraire il est toujours au plus près des corps, de leurs exigences, de leurs défaillances aussi. La tonalité générale est donc sombre, marquée par l'angoisse, les souffrances mais aussi les brèves exultations des vivants.

Il déclare explicitement consacrer ce tome à « l'attrait » de tout ce qui est faux dans l'art et dans le rêve. Il y développe notamment de nombreuses variations autour du thème de la fascination : images dans lesquelles la pensée se perd devant leur force mais aussi, au delà de l'art et des mots, regard insondable entre proie et prédateur, qui renvoie bien évidemment à la mort.

En ce qui me concerne cette lecture m'a permis de découvrir deux types d'oeuvres qui m'ont saisi : d'abord celle du peintre Jean Rustin, qui a été l'ami de Quignard et dont celui-ci donne ici une sorte de tombeau. Puis les mosaïques dites « chambre non balayée » dont Sôsos de Pergame passe pour avoir été le créateur, natures mortes assez incroyables.

Elle m'a également donné très envie de revenir au début de cette série du Dernier royaume, « Les ombres errantes » (prix Goncourt 2002) que je lirai prochainement.

J'ai pu lire et commenter ce livre grâce aux éditions Grasset et à NetGalley.
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critiques presse (2)
LeMonde
05 octobre 2018
Avec « L’Enfant d’Ingolstadt », l’écrivain fait jaillir du champ de ruines des croyances le désordre bouillonnant de la joie et de l’effroi.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
01 octobre 2018
Dans "l'Enfant d'Ingolstadt", Quignard converse avec Michel-Ange, Colette et Landru. Le plus naturellement du monde.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le groupement humain est une chose dangereuse. ... La densité entraîne un stress dans le groupe qui provoque ou le suicide de celui qui est oppressé ou l’éviction de la victime qui s’ignore sanctionnable. La médiation qu’apporte l’exclu aux survivants, voilà ce qui fonde la société humaine et qui modélise ses joies principales. C’est ce que pensait Étienne de La Boétie.
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CÛDAPANTHAKA


Extrait 1

     Il y a un refrain très simple et très beau dans une chanson que composa Malherbe qui dit avec beaucoup de vigueur et de brusquerie ce que je cherche à définir ici ‒ et au fantôme de quoi il faut fournir sans fin à force d’offrandes alimentaires, de trésors monétaires, de gloire et de défi, de colliers et de brassards, de broches, d’agrafes, de parures, de perles, de dents, de larmes.
     « Qui me croit absent, il a tort :
     Je ne le suis point, je suis mort. »
     Je me souviens qu’André du Bouchet offrit ‒ dans un état enfantin d’enchantement ‒ ces deux vers à Paul Celan, dans son petit appartement rue des Grands-Augustins, quand il les découvrit. Francis Ponge venait de faire paraître son livre sur Malherbe. J’assistai à ce don enchanté avant que Paul Celan se jette dans le fleuve.
     Les larmes constituent ces libations naturelles que le corps verse sur les vides, sur les abandons, sur les sauts, sur les plongées, sur les ruines, sur les absences, sur les détresses que la langue parlée ne sait pas dire.
     Une narration « dotée de sens », voilà ce qui cherche à s’opposer à l’absence du souffle tiède d’un vivant. Une biographie. Mais la vie n’est pas une biographie. Mais être mort, c’est cesser de ternir le miroir. Tel était le geste que les Anciens faisaient pour s’assurer du décès de leurs familiers. On allait quérir un petit miroir de bronze qu’on approchait des lèvres des êtres immobiles.
     Le défaut de buée ou, si l’on préfère, le reflet sans défaut, le contact sans écran de réel à réel, témoignait de la perte de la vie.
     Ce petit miroir fait en bronze, frotté de laine, tout brillant, ce reflet pur c’est-à-dire vide, net de vapeur ou bien de brume lointaine ou bien de silhouette indécise sur la surface métallique et polie permettaient d’éloigner définitivement le mort dans son nom.
     Alors ils l’appelaient trois fois.
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Comme la pluie tombe…


Comme la pluie tombe.
Comme l'automne tombe.
Ce qui choit avec le corps naissant, c'est aussi le
délivre. L'arrière-faix du monde ancien.
Comme la neige qui s'étend sur le lieu en silence et
accorde la couleur et la lumière solaire prodigieuse-
ment répercutée et l'étrange étouffement sonore de
l'hiver.
Miraculeuse tombée.
L'étrange poche assourdie et blanche de l'hiver.
Son nom même vient et l'ouverture de la bouche
en hiver. Ab hiatu hiems. En latin le mot hiver désigne
ce morceau de brume qui se lève dans le froid sur la
bouche vivante des hommes et des bêtes qui traversent
la neige.

p.180-181
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Tout ce que nos yeux ne peuvent voir et que nos yeux ne peuvent toucher n’est pas absent du monde.
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Celui qui a tord (tordu) est celui qui est contraire au droit. Par la torture le vrai sort du tort. On tord le corps telle une éponge en sorte d’exprimer la ligne de sang du vrai, pour produire le gémissement de la vérité dans le champ rouge de l’ordalie. C’est cet étrange gémir que Descartes appelle l’évidence.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
#amour #litterature #language ______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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