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Frédéric Chambert (Traducteur)Victor Fuenmayor (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782864243618
192 pages
Editions Métailié (31/10/2000)
3.86/5   121 notes
Résumé :
Lorsque Quiroga parle de folie et de mort, c'est en connaissance de cause ! Il avait trois mois quand il a vu son père - suicide ou accident ? - mourir d'un coup de fusil, dix-sept ans quand son beau-père se suicide devant lui, également d'un coup de fusil. Lui-même, Horacio, tue accidentellement son meilleur ami en manipulant un pistolet. Sa femme se suicide et Quiroga, à son tour, se donne la mort à Buenos Aires en... >Voir plus
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Ce recueil regroupe quinze textes du remarquable conteur uruguayen Horacio Quiroga. Je déplore qu'il soit si peu connu et si peu lu en France car il n'est pas exagéré de le considérer comme le tout premier grand écrivain latino-américain et, qui plus est, comme le premier à initier ce qui fait la grande originalité de cette littérature, à savoir le réalisme magique dont Fuentes, Cortázar et surtout García Marquéz sont d'éminents représentants.

Tout est déjà là, en germe, chez cet énigmatique Quiroga. Je ne suis pas toujours transportée par le fond de ses histoires ; en revanche, sur la forme, quel styliste, mes aïeux, quel styliste ! C'est fluide, limpide, précis, percutant : un grand maître du genre si particulier qu'est la nouvelle.

Le titre du recueil est on ne peut plus parlant car toutes les nouvelles parlent soit d'amour, soit de folie, soit de mort mais le plus souvent deux, voire les trois notions y sont étroitement imbriquées.

Horacio Quiroga a le don de nous amener des histoires à caractère réaliste puis, imperceptiblement, à distiller un soupçon de surnaturel, d'ésotérique ou de mystérieux qui crée à la fois une certaine ambiance lourde d'angoisse et qui confine à l'irrationnel. En ce sens, il s'appuie sur et prolonge le grand nouvelliste français Guy de Maupassant, notamment dans ces nouvelles comme le Horla, Fou ? ou encore La Peur.

Toutes les nouvelles sont assez brèves, à l'exception des deux dernières, Une Saison D'Amour et La Méningite Et Son Ombre. Il me reste peut-être à vous indiquer celles qui m'ont le plus intéressée ou qui sont mes favorites. Il s'agit de la Poule Égorgée, La Mort D'Isolde, À La Dérive, yaguaï, Les Pêcheurs de Grumes et enfin La Méningite Et Son Ombre.

Bien entendu, tout ceci est extraordinairement subjectif et le mieux sera toujours que vous vous fassiez vous même votre propre palmarès car ceci n'est qu'un avis, amoureux, fou et mortel, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le titre est plutôt explicite, mais ajoutons encore que Horacio Quiroga situe ces quinze nouvelles dans une région d'Argentine où il a vécu pendant plusieurs années, près de Misiones, dans la forêt tropicale où la nature et les animaux sont parfois féroces, et les hommes rudes. Précisons aussi que depuis sa naissance, la mort rôde autour de l'auteur, touché par le suicide ou la fin de tragique de plusieurs membres de sa famille proche au fil des ans. Avec tout cela, vous aurez une petite idée de l'ambiance étrange, malsaine, angoissante, parfois glauque ou surréaliste qui plane sur ce recueil. La plupart des histoires commencent banalement, on se demande ce que l'auteur va pouvoir en tirer de remarquable, et c'est à ce moment qu'il distille une touche d'horreur ou de fantastique pour faire basculer son récit dans l'inquiétant ou l'extraordinaire.
Dans un style sobre et clinique, Quiroga nous immerge dans une nature monstrueuse, ou dans les tourments enfouis de l'âme humaine, qui le sont parfois tout autant.
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« … j'ai accepté simplement cette mort hypnotique, comme si j'étais déjà annulé. »

Beau et puissant.

Des contes d'amour de folie et de mort, jamais un titre n'aura pu coller autant avec cette lecture. L'écriture est sobre et efficace, une fausse simplicité qui rend l'histoire contée d'autant plus percutante au lecteur. Il reste dans l'esprit, après chacun de ces contes, une image forte, clouée à chaud dans le cerveau et qui marque à jamais. Je ne dis pas que je me souviendrai de l'histoire de chacun de ces contes, mais c'est évident qu'un détail ou un autre, inoubliables, ressurgiront au gré du vent. Une broche, un petit chien qui gratte la terre, une barque au large, des yeux enfiévrés, voire un « oreiller de plumes »… que d'éléments du quotidien resteront marqués, pour ce qui me concerne, de l'empreinte de Quiroga dorénavant. La mort rôde, la folie et l'amour aussi, tous pris dans un maelstrom où l'homme, fétu de paille, ne peut que sombrer. le bateau flotte mais pas l'homme, qui s'y perd, « à la dérive. » Un souffle d'absence de liberté plane dans ces histoires, un homme prisonnier de lui-même, dont aucune voie s'ouvre parce qu'il n'est pas libre, pas seul à décider. L'histoire est déjà écrite.

C'est la fin. La seule fois où j'ai senti une bouffée d'air, ce fût « notre première cigarette » mais déjà « l'insolation », « la méningite et son ombre » approchaient. Une cuillère de « miel sylvestre » pour faire passer la fièvre ? Je vous le déconseille. La « saison d'amour » se termine entre « les barbelés », c'est « la mort d'Isolde. »

« Non, non… C'est trop tard ! »
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Un recueil, de nouvelles plus que de contes, qui porte on ne peut mieux son titre car il y est bien question «d'amour de folie et de mort». J'ai rarement lu un recueil de nouvelles avec autant d'unité, même si certaines m'ont beaucoup moins plu que d'autres, cela n'enlève rien à cette sensation de baigner dans un même climat d'une noirceur implacable, où la vie est plutôt cruelle, que ce soit à cause des humains ou de la nature rude et dangereuse de la région de Misiones. Je n'ai guère trouvé de fantastique dans ces 15 récits, plutôt quelque chose des récits de Boulgakov médecin (pour L'oreiller de plumes), des contes bruns du XIXème siècle, certaines nouvelles De Maupassant ou de Poe. Nul surnaturel, mais plutôt de l'horrible, du mystérieux que l'homme aurait tendance à expliquer par de l'ésotérisme ou des superstitions. L'âpreté de la vie en forêt tropicale ( le miel sylvestre, A la dérive, Les tâcherons, L'insolation ) n'a rien à envier à celle de la vie plus «civilisée» (La poule égorgée, le solitaire, Yaguai). La mort rode en permanence, la violence peut surgir n'importe quand, même dans les rares nouvelles où personne ne meurt. Les hommes semblent particulièrement durs entre eux, comme si la cruauté de la nature les poussait à devenir aussi durs à leur tour. Trois des nouvelles sont centrées sur des animaux, et dans deux d'entre elles ils parlent, ce qui est un peu surprenant (un croisement entre Marcel Aymé et la cruauté de Pergaud). Mais des trois, j'ai de loin préféré la plus classique, Yaguai, qui met en scène un fox-terrier. Tout cela est bien sombre, comme l'a été le vécu de l'auteur, confronté à de nombreuses morts prématurés dans son entourage. Et malgré tout ce n'est pas démoralisant même si certains contes ont la violence d'un uppercut et nécessitent de faire une pause avant de passer au suivant (en particulier le premier récit !). L'écriture est percutante, sobre, précise, elle va droit au but avec une remarquable économie de moyens. Une très belle découverte d'un auteur dont je n'avais jamais entendu parler. A connaître absolument !
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Avec Contes d'amour, de folie et de mort un recueil de quinze nouvelles, le lecteur est invité à découvrir la vie dans la région de Misiones, dans la forêt tropicale de cette région d'Argentine qu'Horacio Quiroga connaît bien pour y a voir vécu une quinzaine d'années. Des nouvelles qui dépeignent une réalité difficile où nature et humains peuvent se révéler cruels; la nature dans ce qu'elle a de sauvage entre fourmis carnivores qui peuvent dévorer un homme en quelques heures, serpents dont la piqûre mortelle ne peut trouver d'antidote en plein milieu de la jungle, une nature qui ne se laisse pas dominer tout comme les sentiments humains...Entre la folie des quatre frères, inspirés par leur gouvernante qui égorge une poule, Benincasa, le jeune citadin un peu naïf, qui s'égare dans la forêt se délectant de miel sylvestre qui le rend somnolant au milieu d'une nature pleine de dangers, Candiyu le contrebandier qui s'approvisionne en grumes à moindre coût en utilisant habilement ses connaissances des crues du fleuve c'est un panorama d'une nature humaine tantôt bête, tantôt filoute, subissant leur condition de vie dure comme celle des péons, ou la petite bourgeoisie qui cherche les alliances pour caser une jeune fille à marier...
Une mosaïque d'histoires dont les chutes sont quelquefois inattendues, souvent cruelles - avec la mort toujours présente - contées par Horacio Quiroga lui-même touché de près par la mort par suicide (son, père, son beau-père, sa première femme et lui même lorsqu'il se sait atteint d'un cancer) et qui porte un regard quelquefois fataliste et détaché sur les malheurs ou les peines des protagonistes de ses nouvelles sans jamais recourir au lugubre.

Contes d'amour, de folie et de mort est une découverte intéressante qui permet de faire connaissance avec le style concis et quelquefois très poétique et baroque d'Horacio Quiroga.
Une lecture intéressante et surprenante.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
La mère fit clairement comprendre au jeune homme qu'elle comptait ce soir-là sur la présence de son père.
— Ce sera difficile, répondit Nébel après un silence mortifié. Il lui est pénible de sortir le soir… Il ne sort jamais.
— Ah ! lança-t-elle seulement, avec un bref pincement de lèvres.
Il y eut une autre pause, lourde de présages cette fois.
— Parce que vous ne vous mariez tout de même pas en secret, n'est-ce pas ?
— Oh ! Nébel s'efforça de sourire. Ce n'est pas non plus ce que voudrait mon père.
— Et bien, alors ?
Nouveau silence, toujours plus orageux.
— Est-ce à cause de moi que monsieur votre père ne veut pas venir ?
— Mais non, non, madame ! s'exclama enfin Nébel, impatient. Il est comme ça, c'est tout… Je lui en reparlerai, si vous voulez.
— Moi, si je le veux ? Elle sourit mais ses narines palpitaient. Faites ce que bon vous semble. À présent, Nébel, voulez-vous bien vous retirer ? Je ne me sens pas bien.
Nébel s'en fut, profondément contrarié. Qu'allait-il dire à son père ? Ce dernier persistait toujours dans son opposition catégorique à ce mariage, et le fils avait déjà entrepris les démarches nécessaires pour se passer de son consentement.
— Rien ne t'en empêche, et tu peux même faire tout ce qui te chante. Mais mon consentement pour faire de cette cocotte ta belle-mère, jamais !
Trois jours plus tard, Nébel décida de couper court à tout cela et il profita d'un moment où Lidia n'était pas là.
— J'ai parlé à mon père, commença Nébel, et il m'a dit qu'il lui serait tout à fait impossible de venir.
La mère pâlit un peu cependant que ses yeux, dans un éclair subit, s'étiraient vers les tempes.
— Ah ! Et pourquoi ?
— Je ne sais pas, répondit Nébel d'une voix sourde.
— C'est-à-dire… que monsieur votre père craint de se salir en mettant les pieds ici ?
— Je ne sais pas ! répéta-t-il avec la même obstination.
— Est-ce que c'est un affront gratuit de la part de ce monsieur ? Qu'est-ce qu'il se figure ? ajouta-t-elle d'une voix maintenant altérée, les lèvres tremblantes. Mais qui donc est-il pour le prendre sur ce ton ?
Ce fut un coup cinglant qui fit se rebiffer en Nébel le sentiment enfoui de sa race.
— Ce qu'il est, je n'en sais rien ! répondit-il à son tour avec précipitation. Et non seulement il refuse de venir, mais il ne donne pas son consentement.
— Quoi ? Il ne donne pas quoi ? Mais pour qui se prend-il ? C'est bien à lui de faire des histoires !
Nébel se leva :
— Vous ne…
Mais elle aussi s'était levée.
— Si, si ! Vous n'êtes qu'un enfant. Mais demandez-lui d'où il sort sa fortune ! Volée, volée à ses clients ! Et ces airs qu'il se donne ! Son irréprochable famille sans tache, il en a plein la bouche ! Sa famille !… Demandez-lui un peu qu'il vous dise combien de murs il devait sauter pour aller coucher avec sa femme, avant son mariage ! Oui, et maintenant il en remet avec sa famille !… Très bien, allez-vous-en ; j'en ai jusque-là de ces hypocrisies ! Et bon vent !

UNE SAISON D'AMOUR.
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Cette nuit-là, l'eau monta encore d'un mètre, et le lendemain après-midi Candiyu eut la surprise de voir tout un banc, un véritable troupeau de grumes à la dérive qui passaient la pointe d'Itacurubi. Du bois à l'écorce blanchie et parfaitement sec.
Là, il tenait son affaire. Il sauta dans sa barque et pagaya à la rencontre de sa proie.
Cela dit, dans une crue du Haut Parana on trouve bien des choses avant d'atteindre la grume repérée. Des arbres, bien sûr, arrachés d'un seul coup, leurs racines noires à l'air comme des pieuvres. Des vaches et des mules mortes, en compagnie d'un bon nombre d'animaux sauvages noyés, tués par un coup de fusil ou une flèche encore plantée dans leur ventre. Des pyramides de fourmis entassées sur une souche. Et parfois, un tigre, des îlots de " camalote " et de l'écume à foison — sans compter, évidemment, les serpents.
Candiyu dériva, esquiva, huerta et manqua chavirer plus souvent qu'à son tour avant d'atteindre sa proie. Mais enfin il y était ; un coup de machette mit à vif la veine sanguine du bois de rose et en se courbant sur le tronc de bois il dériva de travers avec sa grume pendant quelques mètres. Mais les branches, les arbres qui passaient sans cesse, l'entraînaient.
Il changea de tactique ; il amarra sa prise à sa barque, et c'est alors que commença une lutte muette et sans merci, dans laquelle, en silence, il suait sang et eau à chaque coup de pagaie.
Dans une grande crue, une grume dérive avec une telle puissance que trois hommes hésiteraient avant de s'y risquer. Mais Candiyu n'était pas seulement très courageux ; il avait derrière lui trente ans de piraterie en eaux basses ou hautes et, de plus, il désirait devenir propriétaire d'un gramophone.

LES PÊCHEURS DE GRUMES.
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C'était moi qui venais rompre, et on prenait les devants. L'amour-propre, un vil amour-propre touché à vif, me fit répondre :
— Parfaitement. Je pars. Puisses-tu être heureuse… une autre fois.
Elle ne compris pas, et me regarda d'un air étrange. J'avais commis la première infamie ; et comme toujours dans ces cas-là, j'ai été pris du vertige de m'avilir encore plus :
— C'est clair ! lançai-je brutalement, parce que de moi, tu n'as pas eu à te plaindre… n'est-ce pas ?
C'est-à-dire : je t'ai fait l'honneur d'être ton amant, et tu dois m'en être reconnaissante.
Elle comprit mieux mon sourire que mes paroles et, tandis que j'allai chercher mon chapeau dans le couloir, son corps et son âme s'écroulaient dans le salon.
À l'instant même où je traversai le vestibule, j'éprouvai intensément combien je l'aimais, et ce que je venais de faire. Mon envie de luxe, de mariage mondain, tout cela creva dans mon esprit comme une plaie. Et moi qui m'offrais aux enchères aux laiderons fortunés du grand monde, qui me mettais en vente, je venais de commettre l'acte le plus outrageant que l'on puisse infliger à une femme qui vous a trop aimé.

La Mort d'Isolde.
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Nous avions donc volé un paquet de cigarettes à cet individu sévère ; nous étions bien tentés de nous initier sur-le-champ à la vertu virile, mais nous attendîmes l'instrument. Il s'agissait d'une pipe que j'avais fabriquée moi-même : un bout de roseau comme fourneau, une fine tringle à rideau comme tuyau et, pour cimenter le tout, le mastic d'une vitre récemment réparée. La pipe était parfaite : grande, légère et de plusieurs couleurs.
Nous la transportâmes, Maria et moi, dans notre repaire entre les roseaux avec une onction ferme et religieuse. Cinq cigarettes y laissèrent leur tabac. Nous nous assîmes en levant les genoux, j'allumai la pipe et aspirai. Maria, qui dévorait mon acte des yeux, remarqua que les miens se remplissaient de larmes : jamais on n'a vu ni ne verra chose plus abominable. Malgré tout, je déglutis ma salive nauséeuse.
— C'est bon ? demanda Maria, alléchée, en tendant la main.
— C'est bon, répondis-je lui passant l'effroyable machine.
Maria aspira, encore plus fort. Moi, qui l'observais attentivement, je remarquai à mon tour ses larmes et le mouvement simultané de ses lèvres, de la langue et de la gorge, qui repoussaient cette chose. Mais elle eut plus de courage que moi.
— C'est bon, dit-elle les yeux pleins de larmes en faisant presque la grimace. Héroïque, elle porta à nouveau la tringle de bronze à ses lèvres.

NOTRE PREMIÈRE CIGARETTE.
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Un soir j'allai là-bas bien disposé à rompre et animé, pour cette raison, d'une mauvaise humeur manifeste. Inès se précipita pour m'embrasser mais, soudain très pâle, elle s'arrêta.
— Qu'as-tu ? me dit-elle.
— Rien, répondis-je avec un sourire forcé, en lui caressant le front. Elle laissa faire, sans prêter attention à ma main, en me regardant avec insistance. Enfin, elle détourna ses yeux crispés et nous passâmes dans le salon.
La mère entra mais, sentant l'orage venir, elle ne resta qu'un moment et disparut.
Rompre, c'est un mot court, facile ; mais commencer…
Nous étions assis et ne parlions pas. Inès se baissa, écarta ma main de son visage et me fixa d'un regard douloureux, me scrutant avec angoisse.
— C'est évident…, murmura-t-elle.
— Quoi ? lui demandai-je froidement.
La tranquillité de mon regard lui fit plus de mal que ma voix et son visage s'altéra :
— Que tu ne m'aimes plus ! articula-t-elle avec une oscillation lente et désespérée de la tête.

LA MORT D'ISOLDE.
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Video de Horacio Quiroga (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Horacio Quiroga
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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