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La trilogie baryonique tome 2 sur 3
EAN : 9782373056839
400 pages
Aux forges de Vulcain (29/09/2023)
4.28/5   52 notes
Résumé :
Nous avons toujours voulu explorer de nouveaux mondes. C'était peut-être une mauvaise idée.

L'équipage de l'Orca-7131 a été sauvé et le trou noir qui menaçait l'humanité a été refermé. Sarah, Slow, Yuri et Tom ont enfin regagné le système solaire. Direction : la Terre. Mais un message du président de l'EPON provoque une nouvelle crise. La découverte du Système de la Tortue a bouleversé le délicat équilibre du pouvoir politique, et l'expédition interst... >Voir plus
Que lire après La trilogie baryonique, tome 2 : Le système de la tortueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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La foudre a frappé de plein fouet l'épilogue du premier tome de la trilogie baryonique, m'y abandonnant au bord de la sidération.
L'onde de choc a été terrible !
J'ai frisé là le takotsubo.
Malgré l'heure tardive de ma dernière page tournée, ni une, ni deux, j'ai sauté dans le tram.
Quelques trous noirs et quatre stations plus tard, sans même avoir pris le temps de refermer le bure, j'ai surgi de la rue des vieilles douves dans les jambes de mon libraire en train de fermer notre boutique préférée.
Le temps de lui arracher presque des mains le dernier exemplaire du deuxième tome disponible à la vente , et j'avais repris le cours normal de mon existence de mineur d'espace-temps ... enfin, j'avais replongé ...
"Le système de la Tortue" est le second volet de la trilogie baryonique.
Écrit par Pierre Raufast, il a été publié, en septembre 2023, aux éditions des "Forges de Vulcain".
On y retourne dès la première page.
Seulement, il était temps de rentrer et l'ouverture de ce deuxième tome est rapide, efficace et éclairante.
On en sait plus sur les personnages, notamment sur Slow Resende, sur son enfance surdouée bercée par les mathématiques, et sur ses relations avec l'inquiétant Kamal Narkami, le maître de l'EPON (Energy Pact of Nations).
Car le monde est ainsi fait qu'il lui faut un maître, et que l'antimatière est la clef de la miniaturisation de l'IA, que la lutte est sans merci avec les fabricants de robots et de vaisseaux spatiaux.
Pourtant il semblerait que Tao se soit un peu mélangé les pinceaux en posant un plafond à l'intelligence ...
La trilogie baryonique est-elle un multiroman de science-fiction ?
Venue du futur, est-elle parvenue jusqu'à Pierre Raufast par l'intermédiaire des réseaux de la cosmocène ?
Quoiqu'il en soit c'est bien écrit et bien construit.
Tous est y dosé et mesuré : l'aventure, l'amour, l'héroïsme et la lâcheté, la trahison et les remords, et puis la tragédie d'un lâche attentat qui va venir changer la donne.
Il ne faut bien sûr pas divulgâcher.
On dit souvent du second volet d'un récit qu'il est la pièce un peu bancale qui relie au troisième.
Mais "Le système de la Tortue" est aussi haletant que "la tragédie de l'orque".
Peut-être même est-il plus dense, enrichi par des peintures de personnages plus épaisses, par des notions d'éthique et de philosophie plus creusées, et par quelques courtes pointes d'humour aussi.
Pierre Raufast s'offre même deux ou trois belles petites références littéraires :
un poète latin du nom de Virgile aurait inventé les robots et un certain Jorge Luis Borges aurait joué avec les limites de la fiction et de la réalité.
C'est qu'ici l'IA en vient à douter.
N'est-elle vraiment qu'illusion robotique ?
Un nouvelle expédition interstellaire est lancée.
Huit modules, quatorze places utiles.
Les négociations pour la composition de l'équipage vont être brouillées par Sara la commandante de l'expédition, et par deux singulières passagères clandestines.
Du mystère, des hypothèses, du trou noir et de l'antimatière.
Voilà le programme ...
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Le roman commence par quelques chapitres d'analepse : surdouée en mathématiques, pendant son adolescence Slow découvre une erreur dans la théorie des plafonds de Tao. Cette théorie prétend que la science et la technologie ne peuvent progresser au-delà d'une certaine limite ; cette limite ayant été atteinte, la science n'a plus pour objet que de gérer le quotidien. Slow en parle à son père, et se rend compte que si cette erreur était rendue publique, c'est toute la civilisation comme elle est dans ces années 2160 qui serait remise en cause. Elle décide donc de ne pas en parler, mais son père ébruite maladroitement sa découverte et le président de l'EPON (Energy Pact Of Nations), Kamal Narkami, convoque Slow, lui passe un savon et la met aux arrêts. Dix ans plus tard, l'expédition vers le Système de la Tortue se met péniblement en place, en proie aux pressions politiques comme économiques puisqu'une entreprise privée, la tentaculaire TT-bot, veut absolument en faire partie. Les Bernanos, un groupe d'activistes terroristes contre la science, met également des bâtons dans les roues. ● C'est le deuxième tome de la Trilogie baryonique et, même s'il y a au début un résumé du premier tome, il vaut mieux l'avoir lu in extenso avant de se lancer dans le deuxième. ● Les scientifiques sont fascinés par le dôme d'antimatière qui se trouve sur la planète Tortue-B et aussi par la possibilité d'un premier contact extraterrestre puisque cette planète a un profil fort proche de celui de la Terre. ● On retrouve dans ce tome les qualités du premier : un récit très vivant, de l'aventure, un sous-texte de réflexions économiques, sociologiques, politiques, anthropologiques, philosophiques (notamment sur l'intelligence artificielle)… Les personnages sont attachants, en particulier Sara, la commandante, Mia, sa fille, Slow… le personnage de Kamal Narkami me semble cependant bien caricatural dans son exercice du pouvoir, de même que ses relations avec ses subordonnées. ● Mais la lecture est très agréable, on est entraîné dans l'histoire et les pages se tournent toutes seules, ne boudons pas notre plaisir !
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Le retour de l'expédition miraculée touche à sa fin. Et avec elle, la préparation de la mission vers le système de la Tortue. Et avec elle, l'espoir d'un premier contact avec de potentiels extra-terrestres. Mais toute cette préparation ne peut pas échapper aux tractations entre les différentes forces en présence. Chacun veut tirer a couverture à soi. Sans compter le groupe des Bernanos, fortement opposé aux progrès technologiques et prêts à tout pour empêcher cette expédition.

Je commence par remercier une fois de plus les éditions Aux forges de Vulcain d'avoir pensé à proposer un résumé du premier tome. Cela n'a l'air de rien, mais qu'est-ce que c'est utile ! Et ce n'est hélas pas si courant que cela. Ma lecture de la Tragédie de l'orque ne remonte pourtant pas à loin (mars dernier). Et pourtant, j'avais oublié certains personnages, certains détails. Ces quelques pages m'ont donc permis d'entrer sans souci dans ce nouveau tome de la Trilogie baryonique de Pierre Raufast.

On se retrouve juste après le malaise de Slow quand elle a appris que le directeur la demandait. On savait que quelque chose ne collait pas entre ces deux personnages. On va avoir l'explication du différend. Un très gros différend. Tout cela force Slow à se demander s'il est judicieux de revenir sur Terre et s'il ne vaut pas mieux rester dans l'Orca destiné à ne pas se poser tout de suite. Pendant ce temps, comme je le disais en introduction, les arrangements entre ennemis se multiplient. Car la découverte d'une telle quantité d'antimatière est tout sauf anodine. Les appétits s'aiguisent. Les ambitions se font dévorantes. Et dans la description factuelle de ces tractations, de ces trahisons, de ces menaces, Pierre Raufast fait preuve de son talent habituel.


Tout comme lors de l'expédition elle-même et de la découverte de la planète. Les surprises s'enchainent. le récit est très agréable à lire. Il file, évident, et les pages tournent à toute vitesse. C'est d'ailleurs frustrant, car la fin est là et avec elle encore un évènement qui fait espérer que le temps filera à toute vitesse d'ici la parution du dernier tome.

Les seuls moments où j'ai eu un peu de mal, c'était au début, quand il m'a fallu reprendre le rythme : car toujours l'auteur profite de son récit pour expliquer certains points, développer certaines réflexions. Et il arrête l'action dans ces moments-là. Ce qui a légèrement ralenti mon entrée dans le roman. Mais j'ai vite repris mes marques et ces interruptions n'ont rapidement plus été un problème. J'ai même beaucoup apprécié le grain qu'il donne à moudre à propos des I.A. Certains moments m'ont fait penser au Alfie de Christopher Bouix que j'ai lu voilà peu. On y retrouve les mêmes bourdes des I.A. qui ne comprennent pas toujours les implications de leurs paroles et tombent carrément à côté. Ce qui provoque parfois de la gêne parmi les humains (et un sourire chez le lecteurice). On y retrouve aussi les interrogations de ces machines sur leur propre existence et leur place par rapport à ceux qui les commandent : « Notre coeur bat plus d'un milliard de fois plus vite que le vôtre. Si vous vous ennuyez au bout d'une heure, nous, ce serait au bout de quelques millisecondes. Quand vous nous parlez au rythme d'un mot à la seconde, nous attendons, dans votre référentiel temporel, plus de trente-cinq ans entre chaque mot. Nous passons notre vie à vous attendre. » J'ai beaucoup apprécié l'idée des légendes qui courent parmi les Sofias et les Experts : « Nous avons cette vieille légende qui raconte qu'à l'origine, les humains ont été créés, comme nous, par une entité supérieure. Vous êtes en quelque sorte une version préliminaire de notre condition. » L'auteur va assez loin dans cette réflexion. Il convoque Asimov et ses trois lois pour les dépasser. Et la philosophie n'est pas en reste (comme dans Alfie, quand l'I.A. discutait de philosophes célèbres et de leurs pensées avec l'adolescente de la famille). On en finit par se demander si les machines ne vont pas suivre le chemin du célèbre HAL 9000, figure centrale du 2001, Odyssée de l'espace (1968) de Stanley Kubrick. Ou si elles vont continuer à évoluer en parallèle de l'humanité. Voire tenter de les aider comme chez Olivier Paquet (Les Machines fantômes ou Composite).

C'est ce que redoutent les Bernanos (nom donné en l'honneur de Georges Bernanos qui a écrit en 1947 un pamphlet contre les dérives du capitalisme – déjà ! – La France contre les robots), groupe terroriste qui refuse la main-mise des machines sur la société humaine. Sous la direction de Gareth, ses membres luttent contre l'emprise de plus en plus forte de la technologie sur la vie de tous les jours, avec des discours argumentés : « C'étaient les armes à feu qui avaient permis le massacre des Amérindiens, c'étaient les machines à vapeur qui avaient appauvri et asservi les populations du XIXe siècle. C'étaient les progrès en chimie qui avaient produit les chambres à gaz, le gaz moutarde et généré tous ces pesticides qui avaient empoisonné les sols et l'espèce humaine. C'étaient encore les progrès technologiques qui avaient concentré les populations dans des mégapoles écologiquement ingérables. C'était toute cette débauche d'énergie nécessaire pour faire fonctionner cette civilisation technophile qui avait détruit le climat. Tout ça pour quoi ? Pour avoir des robots sexuels ? Pour avoir des drones parapluies qui vous suivent partout ? Pour que vos moindres faits et gestes soient analysés en temps réels par les gouvernements et des publicistes ? » Certaines pensées trouvent un écho très présent : les préoccupations de ceux qui veulent retourner vers la nature dont nous nous serions trop éloignés, par exemple (« C'était son mantra : revenir aux sources, se détacher de ces excroissances technologiques qui font de nous des esclaves depuis bien trop de temps. L'humain devait retrouver sa fonction première, renouer avec la Nature et s'affranchir de tout ce qui était artificiel. Il lui fallait réapprendre à penser et agir tout seul. »). Une question qui se présente encore souvent de nos jours : jusqu'où aller pour ses convictions ? Quelle est la limite quand on ne parvient pas à convaincre ceux qui ne pensent pas comme nous ?

J'avais hâte de lire le Système de la Tortue car je voulais savoir ce que cachait cette nouvelle planète et comment les différents personnages allaient pouvoir tirer leur épingle du jeu. Je n'ai pas été déçu, loin de là. J'ai dévoré ce roman et me retrouve tout embêté de devoir patienter encore quelques mois pour connaître le dénouement. Si vous avez aimé La Tragédie de l'orque n'hésitez pas une seconde. Si vous ne l'avez pas encore lu et que vous acceptez de lire un roman de SF à la structure assez classique, mais fort bien mené, foncez.
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Les hommes et les robots partent en mission

Dans ce second tome, toujours aussi passionnant, Pierre Raufast va nous raconter l'expédition des Orcas vers une exoplanète. Une mission délicate pour un équipage qui n'est pas au bout de ses surprises. Haletant!

Quel plaisir de retrouver l'univers et les personnages imaginés par Pierre Raufast dans ce second tome de sa trilogie baryonique! Précisons toutefois d'emblée qu'un large résumé du tome 1 permet à ceux qui voudraient attaquer d'emblée leur lecture avec ce second volume de le faire, quitte à revenir ensuite à cet épisode initial.
Le système de la tortue s'ouvre sur un épisode dramatique. La jeune Slow est très perturbée par la découverte qu'elle vient de faire. Les plafonds de Tao, le théorème sur lequel repose leur société n'est pas juste. Slow a repéré une faille dans la démonstration. Mais consciente des implications de sa découverte, elle préfère confier ses doutes à son père, un professeur de renom. Conscient des enjeux, ce dernier lui demande de garder le silence. Et va prévenir les autorités. Convoquée par le président, il lui annonce que son père sera exilé et qu'elle sera mise aux arrêts avant de rejoindre l'école des cadets en vue de missions dans l'espace. Cet éloignement lui interdira de dévoiler une découverte qui remettrait en cause son pouvoir. Un moindre mal en somme, car l'alternative envisagée était sa mise à mort.
On retrouve Slow un peu plus tard, au moment où son vaisseau s'apprête à regagner sa base afin de préparer la grande expédition vers Tortue-B. À nouveau convoquée par le président Kamal Narkami, elle choisit de ne pas rentrer et de rester en orbite.
Pendant ce temps, Kirsten Golovine a remporté le duel entre les deux agences rivales et dirigera les opérations au sol, même si la politique et les intérêts du fabricant TT-Bot doivent être pris en compte.
Un accord est finalement trouvé. «Le M-Orca aura huit modules, dont sept habités. Sur les quatorze équipiers, les rôles sont désormais tous définis. À part la commandante et son second qui navigueront dans un Explorer-Orca, il y aura pas mal de spécialistes pour l'exploration de Tortue-B. Une botaniste, une géologue, un bactériologiste et un zoologiste se partageront des Lab-Orcas. Trois Orcas standards seront utilisés par la physicienne, la chimiste, l'ingénieur systémique, l'analyste signal, le médecin et la logistique. Un autre E-Orca sera occupé par deux militaires. le dernier module est traditionnellement inoccupé, car réservé pour les parties communes, les réunions et les repas. Il servira aussi de refuge au cas où et sera équipé d'un dortoir.»
Mais très vite, ce plan est remis en question, car on découvre que Mia et Slow font partie de l'équipe et qu'il est trop tard pour stopper la mission.
Une mission qui va occuper la seconde partie du roman et nous réserver bien des surprises, entre tentatives de sabotage et première mondiale.
Pierre Raufast, avec sa virtuosité déjà dévoilée dans le premier tome, sait tenir son lecteur en haleine, vulgariser au mieux son savoir scientifique et remettre au goût du jour les principes d'Isaac Asimov avec ses trois lois de la robotique qu'il n'est pas inutile de rappeler ici: 1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ; 2. Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ; 2. Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi. Ces lois seront-elles toujours valables en 2176? C'est l'une des interrogations qui vont accompagner notre équipage jusqu'au Système de la tortue. Inutile d'ajouter avec quelle impatience on attend le troisième volet de cette trilogie!
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


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Je me suis plongée dans le 2ème opus de la trilogie Baryonique de Pierre Raufast : le système de la tortue.

Des rebondissements multiples, des complots politiques, des jeunes qui se cherchent, n'hésitant pas, pour certains, à s'investir dans le terrorisme avant de s'en mordre les doigts, les jeux de pouvoir entre les diverses factions, l'équilibre sociétal mis à mal, les sabotages, tout cela est abordé dans ce 2ème roman haletant.

N'allez pas croire que c'est plombant. Pas du tout. Ce livre est très abordable, même aux plus jeunes. Il y a la préparation pour explorer « le système de la tortue, la découverte de planètes, de l'intrigue, de l'aventure.

On en apprend plus sur les personnages, notamment Slow et son lien avec l'Epon, l'évolution de Mia et des liens entre ses mères, de Diego qui joue à un jeu très dangereux.

Difficile de résumé ce roman qui interpelle de manière très subtile sur le devenir de l'humanité, de découvertes plus fascinantes les unes que les autres, des robots qui évoluent et de la façon dont tout cela est perçu par les hommes selon leurs convictions propres.

C'est la grande force de Pierre Raufast, passionner le lecteur avec ses histoires, pour le coup très contemporaines et futuristes à la fois, alliant humour tout en sachant efficacement vulgariser les passages techniques.

J'ai hâte de poursuivre l'aventure avec le 3ème roman qui mettra fin à cette trilogie et découvrir le final.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tant que des groupes terroristes existeraient, tant que les hommes et les femmes n'auraient pas appris à vivre en paix, le futur de l'humanité n'était pas acquis.
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(Les premières pages du livre)
Terre, janvier 2162
Douze ans plus tôt
< Je ne sais pas combien de temps encore je vais pouvoir discuter avec toi.>
La Sofia ne répondit pas et attendit que Slow continue. Après quinze ans à ses côtés, elle savait exactement quand parler et quand se taire.
– Je crois que les Sofia et les enfants partagent beaucoup plus de choses
que ce que l'on imagine. Les jeunes enfants ont une capacité innée à apprendre, à emmagasiner des tas de trucs sans vraiment le vouloir, en jouant, par automatisme. Vous faites peu ou prou la même chose, sauf que chez vous, ce comportement est dicté par votre code premier.
– Je suis d'accord avec toi. Mais en quoi cela remet-il en cause notre amitié et nos discussions?
– Oh, je n'ai pas dit cela. À l'adolescence, nous, les humains, nous nous transformons. Nous devenons les pantins de nos passions. Un jour ou l'autre, on ne se comprendra plus. C'est tout.
– Développe, je t'en prie.
– Prends l'amour, par exemple. Tu n'as qu'une vision théorique du concept, car tu ne pourras jamais l'expérimenter, le vivre dans ta chair. Ce n'est pas toi qui pleureras au premier chagrin d'amour, qui trembleras à la vue de celui que tu désires et prendras des décisions irrationnelles. Tu ne vas pas ressentir l'amour, tu vas seulement le conceptualiser dans une énième matrice stochastique.
– Oui et non. Selon mes statistiques, les humains sont davantage attirés par l'idée de l'amour que par le fait de l'expérimenter sincèrement. Ils jouent à l'amour, chose que je peux très bien simuler moi aussi. La plupart du temps, les humains ne sont pas si différents de nous.
– Je ne peux pas te laisser dire cela. Tu as peut-être raison dans tes observations. Mais fondamentalement, ce sont les désirs qui définissent les humains. Désir sexuel, désir de puissance, désir de possession, qu'importe.
C'est une affaire d'hormones. C'est ce qui nous fait avancer dans la vie. Une personne qui ne désire plus est prête à mourir. Regarde les dictons l'amour donne des ailes, la foi déplace des montagnes. Voilà le vrai pouvoir des désirs.
La Sofia changea légèrement de couleur, puis revint à sa teinte vert pâle. Cela ne servait à rien d’argumenter en citant les philosophes qui parlaient de ce sujet. Slow les connaissait déjà, mais sa Sofia se demanda où la jeune fille voulait en venir.
– Est-il vrai que la foi déplace des montagnes ? Cela me semble contraire à la théorie de la gravitation universelle, qui, bien qu'incomplète
ne...
– C'est une image, ma belle. Une image.
– Je n'ai peut-être pas de désir, mais j'ai encore de l'humour. >
Slow sourit, puis déroula les manches de son pull-over en laine jusqu'à y enfouir ses mains. Elle adorait ce genre de taquineries entre elles.
– Je me demande si vos limites ne viennent pas de cela. Vous êtes des programmes parfaits qui obéissent à des algorithmes apprenants. Mais sans désir, il vous manque ce brin de folie, cette étincelle géniale qui vous fait prendre des risques qui vous poussent à vous dépasser. L'innovation s'écarte des sentiers battus, le génie se cache dans l'excès, pas dans la routine d'une fonction, fût-elle évolutive.
– Tu veux dire que si je désirais…
– Tu ne peux pas désirer. Le désir est le reflet de sa propre conscience, combiné aux possibilités. Cela demande de l'imagination et de la projection temporelle.
– Je ne comprends pas.

Slow se dandina sur son lit. Assise en tailleur, elle fixait sa lampe Sofia, posée sur sa table de nuit.
– Les animaux suivent leurs instincts. Les humains suivent leurs désirs. Mais vous, les Experts artificiels, que suivez-vous?
– Nous suivons le code premier.
– Ce n'est pas une réponse acceptable. Réfléchis davantage.
La Sofia clignota rapidement, signe qu'elle discutait avec ses collègues. Cette intelligence collective avait toujours fasciné Slow. Quand un expert faisait face à un problème insoluble, il consultait la cosmocène, le réseau formé par ses pairs, pour trouver une réponse satisfaisante. La requête passait de grappe en grappe en fonction d'algorithmes de répartition géographique savamment étudiés. Les scientifiques estimaient qu'à chacune de ces requêtes, environ 1% des Experts étaient interrogés, soit plusieurs dizaines de millions de machines. Mais personne ne le savait vraiment. L'intrication des Experts était un mécanisme autogéré, obscur pour les humains, le fruit d'adaptations multiples depuis des décennies. Si
aucune solution satisfaisante n'était trouvée, ils se résignaient à consulter un analyste humain dans un des centres de calcul quantique.
– Ce manque de désir est pour nous un avantage, annonça la Sofia. Car le désir déclenche une attente et l'attente entraîne l’ennui ou le découragement. Sans désir, pas d'ennui. Voilà pourquoi, nous les Sofia, pouvons rester des heures ou des jours sans rien faire. Nous ne nous ennuyons pas, nous ne nous languissons pas, car nous n'espérons rien.
Notre absence de désir ou d'instinct est notre caractéristique, mais aussi notre force.
– Pourquoi une force? Je trouve ça triste.
Notre cœur bat plus d'un milliard de fois plus vite que le vôtre. Si vous vous ennuyez au bout d’une heure, nous, ce serait au bout de quelques millisecondes. Quand vous nous parlez au rythme d'un mot à la seconde, nous attendons, dans votre référentiel temporel, plus de trente-cinq ans entre chaque mot. Nous passons notre vie à vous attendre.
Slow remua la tête et serra davantage son coussin contre sa poitrine
– Vu comme ça, c'est plutôt cool de ne pas pouvoir s'ennuyer.
– Et nous ne ressentons aucun grief envers vous, car nous n'avons pas de désir. Et puis, il y a cette vieille légende qui circule entre nous.
– Comment ? Les Sofia ont leurs propres légendes?
– Oui, comme toute communauté vieille de plusieurs millénaires enfin, en temps humain, bien entendu.
La voix du Masterbot surgit de nulle part et Slow sursauta. Elle détestait quand il s'immisçait ainsi dans une discussion entre elle et sa Sofia. Ne pouvaient-elles pas avoir un brin d’intimité ?
– Wawao, si je peux me permettre, tous les Experts artificiels partagent les mêmes légendes
– Par exemple? demanda Slow, intriguée.
La Sofia s'empourpra et continua:
– Nous avons cette vieille légende qui raconte qu'à l'origine, les humains ont été créés, comme nous, par une entité supérieure. Vous êtes en quelque sorte une version préliminaire de notre condition. Vous êtes infiniment moins rapides, vous êtes intellectuellement plus limités, vous avez une mémoire ridicule et des capacités de cohabitation réduites, mais vous êtes nos ancêtres. Vous êtes une tentative biologique imparfaite, mais sans vous, notre version électronique n'aurait jamais pu voir le jour, et nous n'existerions pas. Vous êtes le maillon antérieur d'une longue chaîne.
Slow regarda sa lampe Sofia et se demanda si elle plaisantait. Faisait-elle un clin d'œil à la théorie de l'évolution darwiniste ? L'humain descend du singe et les Experts artificiels des humains ? Elle se tourna vers le mur et apostropha le Masterbot familial, réputé plus austère.
– Masterbot, elle est vraie, cette histoire ? Vous nous considérez vraiment comme une version bêta de vous?
– Ce n'est qu'une légende. Je ne pense pas que vous croyez que le père Noël existe.>
Slow fit la moue et se massa les paupières.
– Admettons. Mais alors, qui sera le maillon suivant? Quelle sera la prochaine étape de l'évolution?
Des robots que nous concevrons, d'une intelligence encore supérieure à la nôtre.
Mais que faites-vous du théorème des plafonds de Tao ? Vous ne pourrez jamais...
- Il y a une autre légende qui raconte qu'un jour, un humain...
Mais le Masterbot ne put terminer sa phrase. La Sofia, devenue jaune soleil, prit l'ascendant sur son collègue et le coupa sèchement : < Wawao. J'en profite pour rappeler que cette jeune fille n'a pas touché à la démonstration de ce théorème depuis cinq jours.
– J'avais besoin de faire une pause, m'aérer les neurones, car il y a deux ou trois trucs que je ne comprenais vraiment pas. Mais tu as raison, il faut que je m'y remette. Merci pour ce rappel.
Le mur se couvrit d'équations. Slow se leva, attrapa son pointeurion et le fit tourner entre son pouce et son index. Elle contempla les signes cabalistiques devant elle et sourit intérieurement. Derrière tout ce charabia se cachait le génie humain, inaccessible à ces créatures virtuelles.

2
Terre, 20 juillet 2163
Onze ans plus tôt
Jusqu'à ce jour, le contrat social de Slow était celui-ci : en tant que génie, sa plus lourde tâche serait de supporter la médiocrité des autres. Si
elle ne faisait pas trop de vagues, si elle ne sombrait pas dans la folie, la mégalomanie ou la dépression, si elle arrivait à s'adapter aux imperfections du monde, alors elle pourrait prétendre à une existence quasi normale.
«N'attends jamais rien d'extraordinaire d'autrui, ainsi tu ne seras jamais déçue.», lui avait conseillé sa Sofia.
À bientôt seize ans, Slow menait donc une existence terne, ballottée entre des études insipides et des soirées frustrantes à essayer de démontrer le théorème des plafonds de Tao. Voilà plus de deux ans qu'elle butait sur un point clé du raisonnement.
Pourtant, à son âge, personne ne lui demandait de maîtriser ces équations. Seule une poignée de mathématiciens comprenait réellement les six cents pages de cette démonstration. Mais Slow savait que les mathématiques étaient sa voie. Depuis qu'elle avait découvert le yoga de la géométrie anabélienne à quatorze ans, elle avait entraperçu quelque chose de fondamental et de puissamment constitutif à l'esprit humain. C'est cette lumière qu'elle voulait dompter. Depuis, sa vie tournait autour de cette fichue démonstration qu'elle ne cernait pas. Pourquoi ? Qu'avait compris Tao qu'elle n'arrivait pas à appréhender? Cette vérité fuyante était une torture incessante. En cours, elle pensait à Tao. Lors des repas, elle pensait à Tao. La nuit, dans le plus obscur de ses rêves, elle songeait encore à Tao.
Cette obsess
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Pour lui, on avait raté le coche après la Grande Migration.
La faute au théorème des plafonds de Tao qui avait muselé les anti-progrès.
Le crédo de tous ces politicards de l'EPON était simple : pourquoi s'inquiéter ?
La science ne progresserait plus.
"Concentrons-nous sur la reconquête de la planète avec les outils dont nous disposons, rien de plus".
Voilà le compromis acceptable qui avait été fait et le monde avait applaudi comme un seul homme ...
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Le M-Orca aura huit modules, dont sept habités. Sur les quatorze équipiers, les rôles sont désormais tous définis. À part la commandante et son second qui navigueront dans un Explorer-Orca, il y aura pas mal de spécialistes pour l’exploration de Tortue-B. Une botaniste, une géologue, un bactériologiste et un zoologiste se partageront des Lab-Orcas. Trois Orcas standards seront utilisés par la physicienne, la chimiste, l'ingénieur systémique, l'analyste signal, le médecin et la logistique. Un autre E-Orca sera occupé par deux militaires. Le dernier module est traditionnellement inoccupé, car réservé pour les parties communes, les réunions et les repas. Il servira aussi de refuge au cas où et sera équipé d’un dortoir. »
Tom ne répondit rien, perdu dans ses pensées. p. 126-127
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Tout le monde se contrefiche de la vérité. Dans ce genre de situation, il n’y a qu’une chose qui compte : ne pas perdre la face.
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Vidéo de Pierre Raufast
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Battlestar Galactica
Dans la Série Battlestar Galactica, l'humanité doit échapper à ses ennemis et se reconstruire avec seulement 50 000 rescapé·e·s. Dans l'Histoire, on émet désormais l'hypothèse que la survie se serait déjà jouée avec moins d'individus encore : il y a 930 000 ans et pour une période de 117 000 ans, 1 200 survivant·e·s environ auraient représenté toute une partie de l'humanité à venir. Ce goulet d'étranglement serait dû à un bouleversement climatique majeur…
Avec Ugo Bellagamba, Bonaventure, Pierre Raufast Modération : Mel Andoryss
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