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EAN : 9782848051529
228 pages
Sabine Wespieser (29/08/2013)
3.86/5   777 notes
Résumé :
Michelangelo, en ce printemps 1505, quitte Rome bouleversé. Il vient de découvrir sans vie le corps d'Andrea, le jeune moine dont la beauté lumineuse le fascinait. Il part choisir à Carrare les marbres du tombeau que le pape Jules II lui a commandé. Pendant six mois, cet artiste de trente ans déjà, à qui sa pietà a valu gloire et renommée, va vivre au rythme de la carrière, sélectionnant les meilleurs blocs, les négociant, organisant leur transport. Sa capacité à di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (219) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 777 notes
De la mort d'Andrea, Michelangelo se désola,
son esprit, sa chair, tout son corps était là,
cadavre froid devant l'Artiste qui pleura.
Pourquoi ? La question l'obséda,
tant et si bien qu'à Carrare il alla,
fuyant ses sentiments, fuyant le vieux schéma,
Amitié, Amour ? Il ne s'y résolut pas.

Trouver le marbre du futur tombeau
du Pape Jules II, il s'enquit aussitôt.
Coeur brisé, coeur blessé, jusque sous sa peau,
il voyait Andrea revenu du caveau.
Un enfant, Michele, rabroué aussitôt,
fut, finalement, un immense cadeau.
Innocence et pureté apaisèrent son cerveau.

Orgueil et colère laissent place à la joie,
Andrea et sa mère ressuscitent dans sa foi.
Ses mains vont façonner ce marbre qui fait loi,
au soleil de son coeur, au soleil qui poudroie.

Michelangelo, l'Artiste, le sculpteur, est là,
avec ses défauts, son caractère, son mea-culpa,
sous la plume avisée que l'auteur(e) enchanta,
offrant tout son sens au titre : Pietra Viva !

Mots ciselés dans la veine de la page,
style poétique gravé dans leur sillage ;
Écriture fine invitant au voyage,
pour un magnifique livre à l'heureux présage.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Très beau roman, émouvant et sensible, que j'ai achevé presque à regret. Une belle découverte pour moi assurément, en cette rentrée littéraire, où comme d'habitude 6 ou 700 volumes déboulent sur les étagères des librairies et où il est difficile de tomber juste sur les quelques bouquins qui plairont vraiment, sans succomber aux sirènes du marketing.
Dilemme d'automne...Pietra Viva : touchée !

Carrare, 1505 : Michelangelo Buonarroti, sculpteur de 30 ans déjà reconnu et adulé pour sa Piéta, est venu au coeur des montagnes pour débusquer les marbres parfaits nécessaires à l'édification du tombeau du pape Jules II.
D'un naturel solitaire et tourmenté, le sculpteur va pourtant tisser des liens multiples pendant son séjour de six mois, et en particulier avec Michele, un petit orphelin de mère de six ans, lui permettant de découvrir des émotions enfouies au plus intime de son âme d'artiste, ce qui aura nécessairement une influence sur ses sculptures futures.
C'est toute la magie et l'intérêt de ce roman : révéler un Michelangelo inattendu, aussi bien à lui-même d'ailleurs qu'au lecteur, et assister admiratif à sa maturation artistique en relation étroite avec des pans adroitement choisis de son quotidien ; le tout servi par une écriture qui m'a enchantée par sa justesse de ton, poétique mais sans mièvrerie, permettant aux émotions de Michelangelo d'affleurer avec naturel, telles les veines des marbres qu'il traque inlassablement.
Piétra Viva ou l'art de ciseler avec des mots un portrait d'un des plus grands sculpteurs qui parvint en son temps à ce " Que la chair se fasse pierre ".
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« le mot chéri, un mot simple et doux. Si simple que les lèvres n'ont qu'à se clore deux fois pour le prononcer. Deux « m » entre lesquels s'intercalent une voyelle ouverte et une autre fermée. Ce mot du début de l'amour, de la naissance aux autres ».
C'est de là que tout part, c'est là que tout revient. « Maman », et Michelangelo s'oublie, se reconnait et se retrouve. Parti dans les montagnes âpres de Carrare à la recherche du marbre duquel il délivrera les silhouettes cachées pour le tombeau de Jules II, il atteindra la source de son être : son enfance oubliée, la Beauté, incarnée en la personne d'Andrea (un jeune moine mort peu avant), et la révélation ultime de son talent.
Par la grâce innocente de Michele (le double de Michelangelo?), un jeune garçon qui vient de perdre sa maman, , il s'ouvrira à son monde intérieur, non sans réticence au départ, car Michelangelo est un être à l'extérieur brut et mal dégrossi, contrairement à ce qu'il façonne. « Ce n'est pas si compliqué de donner. Il suffit de faire comme la montagne : se laisser tomber. »
Par la magie des 5 sens, il vaincra la mort et retrouvera sa mère oubliée depuis le jour où il avait enterré ses souvenirs.
Michelangelo vit donc une remontée vers la source de lui-même, partagée par les pierres et les hommes purs. « le ciel commence là où le sol s'arrête », lui a dit Cavallino, un simple d'esprit proche de la nature des choses. Et là, Michelangelo – au nom prédestiné – se sentira en totale adéquation avec le monde de la terre et du ciel.

Et moi j'ai vécu une remontée aux sources de la poésie à travers ce roman, j'ai frémi devant la beauté des phrases, vivantes et odorantes.
Un léger ennui, mélancolique et doux m'accompagnait tout du long, mais maintenant que j'ai refermé ce livre, je ne parviens pas à m'en détacher. Curieux, n'est-ce pas ? Je ne m'interrogerai pas plus avant sur la source de cet ennui, je laisserai vivre en moi les paroles de Michelangelo : « Si tu ne comprends pas, ne me demande pas. Les réponses sont en toi et si tu ne les trouves pas, c'est qu'elles n'y sont pas. »
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Michelangelo, sculpteur et artisan reconnu de tous, apprend tragiquement le décès d'Andrea, un jeune moine dont il était très proche. Parce qu'il lui portait de l'admiration, avait beaucoup d'affection pour lui et éprouvait une certaine admiration, il est affligé de cette bien triste nouvelle. Alors que le Pape Jules II lui a commandé expressément les pierres pour son tombeau, le jeune homme trouve ainsi l'occasion de s'éloigner de Rome, s'occuper l'esprit et tenter d'amoindrir sa peine. Il se rend à Carrare afin de trouver les meilleurs blocs de marbre, mettre à profit son imagination et son talent pour le Pape, se mélanger parmi les tailleurs et discuter avec eux, trouver réconfort mais aussi solitude dans sa petite chambre, profiter de la chaleur pour prendre des bains de soleil, se lier d'amitié avec un jeune garçon qui vient de perdre sa maman et qui n'est pas sans lui rappeler le petit enfant triste qu'il était quand la sienne est morte, se plonger dans la bible que lui a offerte Andrea mais surtout donner vie et âme à cette pierre.

Charpenté dans le roc mais finement ciselé et sculpté, ce roman d'une infinie délicatesse et d'une aura incroyable nous plonge dans les carrières de marbre et l'on aime s'y perdre en compagnie de Michelange, cet artisan de la pierre, cet amoureux des mots, en proie aux doutes parfois. Des histoires d'amour, de coeur et d'amitiés sont ici d'une grande richesse pour chacun et sont porteuses d'espoir et de renouveau. Tel le sculpteur qui peaufine et admire son travail d'orfèvre, Léonor de Récondo écrit délicatement, pose ses mots justement et finement et compose ainsi un véritable poème.

Pietra viva... taillé sur mesure...
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Un petit garçon jette quelques brins d'herbe et de trèfles dans une boîte, tourne la clé, jette la clé au fond du puits, enterre la boîte au pied d'un arbre. Il a 6 ans, il s'appelle Michelangelo Buonarotti et il vient d'enterrer sa mémoire, pour oublier à tout jamais le souvenir de celle qui l'a abandonné, sa mère qui vient de mourir.
En 1505, Michel Angelo 30 ans. C'est un sculpteur reconnu et admiré mais une nouvelle mort vient bouleversé son coeur, celle d'Andrea, un jeune moine d'une beauté proche du divin. Anéanti, le sculpteur fuit Rome pour Carrare où il doit choisir le marbre pour le tombeau que lui a commandé le pape Jules II. Là-bas, dans la campagne toscane, entouré des carriers et des tailleurs de pierre, Michelangelo se ressource et se transforme au contact de Michele, un enfant qui vient de perdre sa mère.


Un texte très poétique qui raconte un épisode de la vie de Michel-Ange qui, pour l'anecdote, se situe juste avant le voyage à Constantinople évoqué par Mathias Enard dans Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Mais au-delà de la vérité historique, Léonor de RECONDO creuse plutôt du côté du génie de l'artiste, comment l'apprivoiser, comment le concilier avec le quotidien bassement matériel. Michel-Ange apparaît comme un homme tourmenté, irascible, égoïste, un écorché vif qui ne trouve la sérénité que dans son travail.
Belle réflexion sur le deuil, le désir, l'amour, l'art et l'inévitable solitude de l‘artiste, Pietra viva est un petit bijou d'élégance et d'émotion, écrit comme on sculpte, par petites touches délicates et précises.
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critiques presse (3)
Actualitte
06 janvier 2014
Pareils à de petits mouvements d'une large partition qui oscille entre lenteur et vivacité, les chapitres du livre égrènent une profonde évolution du maître qui participe, et ce n'est pas douteux, au génie qui transpire de ses œuvre parvenues jusqu'à nous. [...] A lire d'une traite.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LesEchos
13 septembre 2013
L’écrivaine fait fondre le marbre des montagnes et le cœur de pierre de Michel-Ange pour exalter la sensualité du beau. « Pietra Viva », telle une pierre blanche, devrait marquer cet automne…
Lire la critique sur le site : LesEchos
Telerama
22 août 2013
La pierre vivante, « pietra viva », dans laquelle cette romancière sculpte avec ferveur, est un épisode de la vie de Michel-Ange, au creux d'une carrière de marbre, à Carrare.[...]Source d'inspiration inépuisable, il offre ici un visage plus ascétique et plus recueilli, en proie à des obsessions à la fois sépulcrales et solaires.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (167) Voir plus Ajouter une citation
Les tailleurs de pierre riaient de voir cet enfant de la ville, si prompt à les suivre dans la poussière, s'y frotter avec autant de plaisir. Voyant que les adultes ne lui prêtaient pas volontiers leurs ciseaux, il commença à dessiner tout ce qu'il voyait. Et les tailleurs cessèrent de rire tant le talent de l'enfant dépassait l'entendement. Certains prétendirent même que le diable y était pour quelque chose. Mais Michelangelo ne les écoutait déjà plus. Un chemin lumineux et sanguin s'était ouvert en lui et il s'était promis de le suivre toute sa vie.
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« C’est beau, n’est-ce pas ? »

Michelangelo sursaute et lui répond :

« C’est vrai ! Aujourd’hui, ça me foudroie. »

Les deux hommes restent un long moment à regarder la paroi de marbre qui étincelle. Par respect pour la beauté environnante, Topolino maintenant chuchote :

« Sais-tu que ce lieu, il y a bien longtemps, s’appelait Luna ? »

Michelangelo ne quitte pas la montagne des yeux et demande à son ami de poursuivre. Topolino ne se fait pas prier :

« Imagine les visages des premiers hommes quand un bout de paroi est tombé, quand le blanc a scintillé et qu’ils ont découvert ces pierres si blanches, issues de cette montagne si verte.

Ils ont dû se retourner pour regarder la lune briller dans le ciel nocturne et se sont dit que des morceaux d’elle s’étaient échoués là.

Comment auraient-ils pu appeler l’endroit autrement que Luna ? Ils ont raison. Tu ne crois pas ?

Peut-être que sans le savoir nous continuons à creuser la lune, à la percer, à la trouer. Toi, tu la sculptes ! »
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Dialogue entre Michele, enfant de six ans et Michelangelo :

- Quelques jours après la mort de maman, je me suis retrouvé seul avec papa dans la maison. Il était assis près de la cheminée, la tête entre ses mains. Je croyais qu'il s'était endormi. Je me suis approché et je lui ai tapoté l'épaule. Quand il m'a regardé, j'ai vu qu'en fait il pleurait. Il s'est alors mis à genoux et a éclaté en sanglots dans mes bras. Comme un enfant. Tu vois, l'enfant, c'est lui maintenant ! Tu comprends ?
- Je comprends bien.
- Comment te dire exactement ? C'était comme si j'enlevais ma petite veste en peau de moutons pour ne plus jamais la remettre. Tu comprends ?
- Je comprends bien.
- Tu dis que tu détestes les enfants, mais moi je n'en suis plus un !
Michelangelo caresse la chevelure de Michele et lui répond :
- J'ai une veste comme la tienne et je peux te dire qu'une fois qu'on l'a perdue, on ne la remet plus jamais.
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Un jour, il s'était retrouvé face au cadavre d'une femme enceinte. Il avait d'abord hésité puis, lentement, il avait incisé le ventre saillant. D'abord la peau, les muscles, puis la poche dans laquelle se trouvait le petit être froid et visqueux, relié au corps de sa mère par un cordon. Il n'était pas plus gros que deux poings joints.
Michelangelo s'était mis à trembler et n'avait pu le tenir longtemps entre ses mains tant il s'était senti soudain mêlé au mystère du passage de la vie à la mort, à cet instant qui avait ôté tout espoir d'existence terrestre à cet être si fragile, à peine ébauché. Il avait juste eu le temps de remarquer que tout y était déjà : les membres recouverts d'un fin duvet, les doigts et leurs ongles, les paupières et leurs cils. Tout, sauf le cœur battant.
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Depuis la Grande Peste, toutes sortes de conseils ont été promulgués pour rester en bonne santé et le père de Michelangelo a toujours eu des idées très arrêtées à ce sujet. Par exemple, il exhortait son fils à se laver le moins possible. L'eau, selon lui, transportait les maladies et il fallait l'éviter. Il leur disait : « Buvez-la ! Mais seulement coupée avec du vin ! Et surtout qu'elle touche le moins possible votre corps. Elle pourrait, en pénétrant votre peau et vos orifices, vous apporter la mort ! »
Michelangelo suit scrupuleusement ses conseils et ne se lave presque jamais. Tout juste les mains et le visage quand la poussière de marbre mélangée à sa sueur forme une croûte déplaisante. Il considère que la crasse le protège des maladies. Et ils sont nombreux à penser ainsi. En fait, presque tous.
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Videos de Léonor de Recondo (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léonor de Recondo
Accompagnée de la violoncelliste Elisa Jonglar Venise 1699. Ilaria Tagianotte naît dans une famille de marchands d'étoffes. C'est une période faste pour l'art et la musique, le violon en particulier. À peine âgée de quelques semaines, sa mère place la petite Ilaria à la Pietà. Cette institution publique a ouvert ses portes en 1345 pour offrir une chance de survie aux enfants abandonnés. On y enseigne la musique au plus haut niveau. le prêtre Antonio Vivaldi y est maître de musique. Ilaria, jeune prodige, apprend le violon et devient la copiste du maestro Vivaldi. Elle se lie avec Prudenza, une fillette de son âge. Leur amitié indéfectible la renforce et lui donne une ouverture vers le monde extérieur. le grand feu, c'est celui de l'amour qui foudroie Ilaria à l'aube de ses quinze ans. Celui qui mêle le désir charnel à la musique si étroitement dans son coeur qu'elle les confond et s'y perd.
Dans le cadre du festival Italissimo 2024.
À lire – Léonor de Récondo, le grand feu, Grasset, 2023.
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