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Fred Alpi (Traducteur)Julius Van Daal (Préfacier, etc.)Thierry Guitard (Illustrateur)
EAN : 9782952829274
278 pages
Libertalia (28/11/2008)
4.01/5   45 notes
Résumé :
Qui étaient les pirates ? Au nom de quel idéal ont-ils hissé leur drapeau à tête de mort, cet énigmatique " Jolly Roger " ? En quoi ont-ils perturbé durablement le commerce colonial et les traites négrières du début du XVIIIe siècle ? Dans cet ouvrage passionnant et novateur, traduit pour la première fois en français, Marcus Rediker raconte une fabuleuse histoire. Celle des quelques milliers de " scélérats " qui refusèrent de se soumettre à l'ordre mercantile et à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Figure emblématique des mouvements libertaires, la confrérie des pirates n'a cessé depuis des siècles, d'alimenter les imaginaires collectifs. Ces bandits, irrémédiablement représentés avec un bandeau, une jambe de bois, une boucle à l'oreille ou un perroquet sur l'épaule, ont fasciné des générations d'écrivains tant pour leur esprit rebelle que pour leur quête de liberté. Bête noire des flottes marchandes ou militaires, ces scélérats des mers (cf. titre original de l'ouvrage : Villains of all nations) ont semé la terreur sur tous les océans du monde au XVIIe et début du XVIIIe siècle (principalement aux Caraïbes, dans le Golfe de Guinée et à Madagascar). Pillant les navires et vivant au jour le jour de leur butin, ces Robins des bois des mers d'abord instrumentalisés par les couronnes d'Angleterre, de France et de Hollande pour contrer l'expansion coloniale portugaise et espagnole, ont fini par devenir indésirables : navigant sous les couleurs du macabre "Jolly Roger", les flibustiers dérangeaint par leurs moeurs dissolues et leur sauvagerie. Mais ce qui leur était reproché avant tout, était leur contrôle indiscutable des axes maritimes stratégiques de la marine marchande et de la traite négrière. Si les grands empires européens sont parvenus à mettre fin à leur activité en 1726, date de la fin de l'âge d'or de la piraterie, ces marins mutins souvent saoulés au rhum, ont laissé une empreinte durable héritée de leur code d'honneur : témérité et intégrité ne sont-ils pas leur mot d'ordre? N'ont-ils d'ailleurs pas été les premiers à instaurer un système social et égalitaire ? N'ont-ils pas été les premiers à revendiquer la non-appartenance à une nation ? N'ont-ils pas choisi une vie certes périlleuse mais placée sous le signe de la solidarité et de la liberté ? N'ont-ils pas enfin été des centaines à perdre leur vie pour défendre l'honneur du drapeau à tête de mort ? C'est à ces quelques questions que Markus Rediker, en tant que spécialiste du sujet, se propose de répondre...

Charles Bellamy résume très clairement l'esprit pirate par les mots suivants : "Maudit sois-tu, tu n'es qu'un lâche, comme le sont tous ceux qui acceptent d'être gouvernés par les lois que des hommes riches ont rédigées afin d'assurer leur propre sécurité. Ils nous font passer pour des bandits, ces scélérats, alors qu'il n'y a qu'une différence entre eux et nous, ils volent les pauvres sous couverts de la loi tandis que nous pillons les riches sous la protection de notre seul courage." (extrait de la quatrième de couverture). Que ce soit Barbe noire (Edward Teach), Batholomew Roberts, Calico Jack Rackham ou William Fly, qu'il s'agisse d'Anne Bonny ou Mary Read, tous ces célèbres pirates se sont démarqués par leur courage et leur ténacité face aux autorités impériales. Obéissant uniquement à leur code déontologique et oeuvrant sans relâche à la gloire du drapeau noir, ces assoiffés de la vie, ainsi que nous le montre Rediker, se plaisaient paradoxalement à défier la mort elle-même. Si l'image qu'ils véhiculent dans la culture populaire actuelle a encore tant d'impact (cf. les livres, les films, les jeux, les pirates informatiques ou le mouvement politique pirate), c'est bien le signe de leur influence durable. Ces scélérats n'étaient certes pas des enfants de coeur mais ils agissaient dans un souci de fraternité et d'égalité dont peu de communautés peuvent se targuer. Leur fierté mais aussi parfois leur cruauté n'est pas toujours bienveillante. Markus Rediker transmet toutefois une fascination et un respect contagieux pour les pirates malgré leurs travers et leur excès : symbole incarné et prégnant du contre-pouvoir à la sauce boucanier, les bandits des mers racontés par le spécialiste américain donnent à voir un idéal élevé auquel on se prend tous à croire. Dommage que l'étude s'enlise parfois dans de fastidieux chiffrages ou énumérations qui enlèvent un peu de la magie du récit. Dommage également que l'auteur reste enfermé dans un style par trop académique qui ternit un peu l'histoire brûlante des pirates. Mais ne vous arrêtez pas à ces infimes détails qui vous priverait d'une lecture captivante : battez donc pavillon noir et partez à l'abordage de cette sympathique étude !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Une étude très bien documentée sur ce que furent réellement les pirates et ce qu'ils représentèrent. L'ouvrage se concentre principalement sur le premier quart du dix-huitième siècle et la région des Caraïbes ainsi que sur la côte ouest de l'Afrique. Sont exposés tout aussi bien la vie à bord des navires que le contexte historique et les enjeux politiques; éléments de compréhension essentiels si l'on veut aller au-delà du folklore et des clichés.
Ainsi, on apprendra que les principales cibles de ces affreux pirates furent les bateaux négriers appartenant aux grands marchands d'esclaves basés à Londres. Honorables hommes d'affaire qui émargeaient souvent au Parlement anglais et usèrent de toute leur influence pour organiser la répression contre ces trouble-fêtes. Ces irresponsables, en effet, non contents de s'emparer des bateaux, libéraient les esclaves entravés au fond des cales, les traitant en égaux.
Quand on sait l'importance que prit l'esclavage en ces moments fondateurs du capitalisme moderne, on comprend la colère de ces honnêtes commerçants de l’establishment, frustrés dans leurs espoirs de gras bénéfices tirés du trafique d'êtres humains.
Tout sera fait alors pour donner des pirates la plus épouvantable image possible : violeurs, assassins, ennemis de la religion, déments sans foi ni patrie. D'autant plus que ces incontrôlables recevaient souvent un très inquiétant soutien populaire, les bougres ! Vraiment inexcusables.
De plus, ils avaient de scandaleuses habitudes de partage équitable du butin et de démocratie directe, élisant et destituant à leur guise leurs officiers : les monstres !
Comment concilier cela avec le profit dont tout le monde sait qu'il nait de l'asservissement ?
Un mot concernant cette édition française dont l'on regrettera l'illustration médiocre, pas vraiment à la hauteur de l'ouvrage.
Un extrait de la belle préface de Julius Van Daal :
"Nul parfum de "nihilisme" avant la lettre dans les dilapidations effrénées et l'intrépidité vertigineuse qu'ont décrites des chroniqueurs offusqués par cette fast life, ce vivre-vite jugé absurde, voire démoniaque. Bien au contraire : de cette fulgurance anarchique, de cette imprévoyance délibérée naissaient une volonté commune, une cohésion rebelle. Et ce goût du renversement se révélait propice à l'accomplissement des plus beaux exploits au détriment des ennemis de la liberté. Cette quête d'une vraie vie sur les eaux tumultueuses du négatif constituait une mise à nu tragique du système marchand, une réponse railleuse à son extension planétaire, une sagesse en mouvement. Dans le secteur hautement stratégique de l'offensive capitaliste qu'était alors le transport maritime, les pirates critiquaient en actes les aberrations du principe de rentabilité - et les âmes d'épiciers, les esprits policiers s'en trouvèrent à jamais désolés."
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Les pirates ont toujours fasciné et continuent de travailler notre imagination, que l'on soit enfant ou adulte, leur histoire, leur mode de vie, émoustille notre intellect. L'auteur est un fin connaisseur de la piraterie et nous invite à partager sa passion, en focalisant son écrit sur la période "reine" de la piraterie, à savoir la première partie du XVIII ème siècle. On comprend, un peu trop clairement d'ailleurs, que l'auteur éprouve plus qu'une sympathie pour ces écumeurs des mers. Si l'on imagine aisément que la discipline de fer des marines militaire et marchande de l'époque ont poussé plus d'un marin à se placer sous le Jolly Roger, on ne partage pas forcément l'idéalisation du pirate que l'on peut percevoir en fermant ce livre. L'analogie entre le pirate du XVIIIème et l'idéalisme égalitaire et prolétaire reste quelque peu, à mon sens, hasardeux. Les sabreurs sans Dieu ni Maître ne font pas forcément de vrais Robin des mers...Le livre donne en tout cas envie d'aller plus loin, et on se prend à seriner quelques mots bien sentis si l'on est pris d'un élan de misanthropie passagère: "Mille milliards de mille sabords, serpent des Mers! Jus de mousse avarié, arrière Naufrageur!
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Marcus Rediker est un érudit dans le domaine de la piraterie. Passionné depuis longtemps par le sujet, il livre cet ouvrage, pas trés long mais passionnant…

Et à travers ce livre, Rediker s'intéresse plus particuliérement à l'âge d'or de la piraterie. Celle de Barbe Noire par exemple. Mais il offre surtout une vision différente de ce que l'on pouvait attendre. Les pirates n'étaient pas tous des monstres sanguinaires. En fait, bien que hors la loi et amateur de boissons, et tuant si nécessaire, ils n'étaient pas forcément des monstres mais des marins ayant choisit de vivre à leur compte, sous la seule banniére du Jolly Roger. Alors bien entnedu, pour cela, ils pillaient des navires marchands. Et dans le lot, certains pirates étaient en effet sanguinaire. Mais pas tous. Ainsi, le livre va s'attarder sur l'organisation des pirates, leur hiérarchie, leur impact sur le systéme impact, la chasse qui leur fut donné par les états, les pendaisons. Mais pour autant, il ne s'agit pas d'un listing de faits et de dates. le tout est raconté, parfois de maniére un peu romancés, pour donner une cohérence à l'ensemble. le résultat est passionnant et se conclut par deux entretiens avec l'auteur, autour de ce livre mais aussi de ses autres oeuvres. Une belle découverte !
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Faire face à la mort comme condition nécessaire à la liberté.

Pour être tout à fait honnête, c'est à la préface que j'attribue la note maximale. Elle réussi l'exploit de fournir des informations passionnantes tout étant très poétique.

La préface est si riche que le reste du livre n'a pas grand chose à apporter d'autre. Certes l'essai approfondi très bien les thèmes déjà abordés mais de manière assez pénible et beaucoup trop longue. Les 300 pages n'étaient selon moi pas nécessaires.

Même si 100 pages avec ces informations m'auraient parues bien plus digestes, il n'en reste pas que cet essai est riche en découvertes.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Maudit sois-tu, tu n'es qu'un lâche, comme le sont tous ceux qui acceptent d'être gouvernés par les lois que des hommes riches ont rédigées afin d'assurer leur propre sécurité. Ils nous font passer pour des bandits, ces scélérats, alors qu'il n'y a qu'une différence entre eux et nous, ils volent les pauvres sous couverts de la loi tandis que nous pillons les riches sous la protection de notre seul courage." (extrait de la quatrième de couverture)
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Nul parfum de "nihilisme" avant la lettre dans les dilapidations effrénées et l'intrépidité vertigineuse qu'ont décrites des chroniqueurs offusqués par cette fast life, ce vivre-vite jugé absurde, voire démoniaque. Bien au contraire : de cette fulgurance anarchique, de cette imprévoyance délibérée naissaient une volonté commune, une cohésion rebelle. Et ce goût du renversement se révélait propice à l'accomplissement des plus beaux exploits au détriment des ennemis de la liberté. Cette quête d'une vraie vie sur les eaux tumultueuses du négatif constituait une mise à nu tragique du système marchand, une réponse railleuse à son extension planétaire, une sagesse en mouvement. Dans le secteur hautement stratégique de l'offensive capitaliste qu'était alors le transport maritime, les pirates critiquaient en actes les aberrations du principe de rentabilité - et les âmes d'épiciers, les esprits policiers s'en trouvèrent à jamais désolés.
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Ils choisissent une existence vécue intensément même si elle dure peu de temps. Ils construisent un monde meilleur que celui des navires marchands et militaires. Ils transforment la discipline brutale en un mode de fonctionnement plus souple et plus libertaire. Ils inversent les réalités des rations chroniquement maigres en de tumultueux et fréquents festins. Leur sélection démocratique des officiers contraste par sa force et son éloquence avec l'organisation quasi dictatoriale du commandement dans le service marchand et dans la Royal Navy.
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Un dicton couramment employé par les marins énonce: "il y a la vérole sur le pont supérieur, la peste sur les ponts inférieurs, l'enfer dans le château avant et le diable à la barre."
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L'ivrognerie et si courante parmi les pirates que la "sobriété apporte sur un homme la suspicion d'être un intrigant". On regarde comme un scélérat celui qui ne veux pas être ivre.
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Videos de Marcus Rediker (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcus Rediker
Marcus Rediker - Quel combat des Lumières pour notre époque ? De passage en France pour présenter la biographie qu’il a consacré à Benjamin Lay, un des pionniers, au début du XVIIIe siècle, de la lutte contre l’esclavage, l’historien américain Marcus Rediker a participé, au siège de l’Humanité, à un débat portant sur l’actualité des Lumières et de la Révolution française avec les historiennes Stéphanie Roza et Déborah Cohen.
>Géographie générale. Voyages>Récits de voyages>Voyages et aventures maritimes (53)
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