Erich Maria Remarque (1898-1970) est un des rares auteurs contemporains de qui j'ai lu systématiquement l'oeuvre, fasciné par son "
À l'ouest rien de nouveau" un monument contre la guerre, sorti initialement en 1929, quelques années avant l'avènement d'Hitler et son exil, mais resté un document humain intemporel.
Certains de ses romans, tel "
Arc de triomphe", "
La nuit de Lisbonne", "
Le ciel n'a pas de préférés".... j'ai d'ailleurs relu avec le même plaisir.
Je me réfère ici à une époque précédant mon adhésion à Babelio, bien que ma première année ici comme membre j'aie fait, le 7 août 2017, un billet de l'ouvrage relatif à sa liaison amoureuse avec l'ange bleu,
Marlene Dietrich, "Dis-moi que tu m'aimes".
Récemment, j'ai eu la chance de tomber sur un recueil de 6 nouvelles de Remarque, publiées à titre posthume en 1993, traduites en Français par Frédéric Nathan et éditées par Stock, l'année suivante.
La première nouvelle du recueil nous ramène aux tranchées de la guerre 1914-1918 et donc au sujet de son chef-d'oeuvre littéraire.
Elle nous relate comment Anna Thiedemann s'est débrouillée pour rendre raison à son mari, un revenant de l'enfer ayant survécu par miracle à la mort, mais devenu apathique et totalement indifférent à son entourage le jour, et la nuit souffrant de cauchemars.
Dans la nouvelle "
L'ennemi", nous restons dans le même contexte avec le récit du lieutenant Ludwig Breyer, qui raconte que le plus frappant de ses souvenirs du front ne fût pas les horreurs des champs de bataille près d'Ypres, Passchendaele, la Marne, Verdun,...
mais la vue, un jour de repos, d'un groupe de prisonniers français, les ennemis. "Le choc fut brutal...J'étais choqué que ce soient des hommes comme nous."
Dans "Retour à Douaumont" Karl Broeger rend visite à cet ancien village dans le département de la Meuse détruit en 1916 lors de la bataille de Verdun.
Johann
Bartok, jeune fermier qui vient de se marier, est envoyé, en 1914, à la frontière de l'est de l'Empire autrichien. Emprisonné dans un camp retranché pour mutinerie, il rentre 12 ans plus tard dans son pays, où il n'y a plus de chez lui, ni d'épouse.
Il y a aussi une "love story" : l'histoire d'amour de Gerhard Jäger, 19 ans, pour la belle Annette Stoll, 17 ans, qui se marièrent la veille du retour du jeune mari pour le terrible front de Flandre...
Dans la dernière nouvelle, l'auteur nous emmène dans l'horrible silence de Verdun,
après la bataille.
Je sais bien que les histoires de guerre sont tristes et dures à lire, mais
Erich Maria Remarque le fait avec une telle humanité et empathie que le lecteur reste galvanisé par les agissements et surtout les réflexions de ses protagonistes sur la bêtise de l'homme.